19 septembre 2018

Elle s'appelait Isa, il s'appelait Antoine...



Elle s'appelait Isa, il s'appelait Antoine...

Deux accidents. Cette été, une jeune femme de même pas vingt ans. À la rentrée, un jeune homme si souriant. Je ne les connaissais pas. Pas de lien réel, juste celui distant de les savoir vivants. De connaître le bonheur qu'ils apportaient à leur proche, l'amour partagé, la joie de vivre. Un rire. Des yeux qui pétillent.

Des accidents. Le hasard. La vie passe par là. Deux décès qui ne m'affectent pas personnellement et qui pourtant me touchent. Un rappel de l'injustice, que tout peut se terminer maintenant, sans attente, sans délais. 
Un point final.
Rien.
La douleur des parents, de la famille. L'incompréhension, l'impact de l'absurde.

J'ai conscience de ma mortalité, des aléas d'un cœur qui bat.
Je fais partie de ceux sans dieu, sans système de croyance ou alors avec des croyances affaiblies par la pleine conscience de leur subjectivité. J'ai croisé la mort plusieurs fois. Dès mes cinq ans. Je l'ai croisée ado quand elle a fauché la petite sœur d'une copine. Et, à chaque fois, quand la personne qui meurt est jeune, je ressens ce violent choc de réalité.
Ce rappel qu'il n'y a ni justice, ni sens, ni dessein.
L'infinité du hasard.

Impossible de se rassurer, impossible de se dire « elle ou il a bien vaincu ». Impossible d'avoir ce sentiment d'un aboutissement, d'une fin naturelle programmée, logique, attendue. Pas de répit. Pas d'explication. Personne sur qui hurler. Personne à blâmer.

Juste la vie qui passe.
Ce qui reste, la douleur des proches. Et moi, embourbée dans mon empathie, incapable de réconforter. Je ne peux qu'écouter, entourer, aimer, compatir. Exprimer, maladroitement mes condoléances. Un mot sec et ampoulé. Un mot qui masque la sincérité de la sidération. Qui masque mon désir de partager et de porter un peu de cette peine.

Elle s’appelait Isa. Il s’appelait Antoine.

Des enfants qui inversent l'ordre des choses et passent l'arme à gauche en grillant la priorité à leur géniteur. 

Parfois, le monde est mal fait.
Parfois, j'aimerai pouvoir le réparer.



1 commentaire:

  1. Êtres de passage.
    Sommes-nous vivants, sommes-nous morts.
    La différence entre les deux, à quoi elle tient.
    Peu de choses.
    Que l'on compense par le meilleur de nous même tant que possible.

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Marianne