11 septembre 2011

Six mois après, le Japon...

Six mois après...

Six mois après, il ne se passe pas un jour sans que mes pensées s'envolent vers le nord-est du Japon. Six mois après, l'absurdité de la catastrophe me laisse toujours sonnée, toujours ce sentiment d'impuissance. Face au hoquet de la planète, notre technologie, nos connaissances sont balayés. Il reste la misère humaine, la tristesse de la perte.
Bien sûr, le Japon n'a pas le monopole du malheur. Il suffit de lire un peu les journaux.
Je ne sais pas vraiment pourquoi le sort du Japon m'émeut autant. Pourquoi avec ce pays, ce peuple, mon empathie s'hypertrophie jusqu'à étouffer les autres cris, les autres tristesses... Mais c'est ainsi, pour moi et pour certains autres de mes amis.
J'ai appris à l'accepter.

Ce qui ne change pas, c'est mon envie de retourner au Japon. Et comme je sais que ce besoin inquiète mes proches, surtout la moustache, j'ai décidé d'être prudente. Mon prochain voyage là-bas se fera probablement dans le sud. Parce que je veux visiter Shikoku.

Ce qui a changé, c'est que j'ai pris conscience que si les dégâts naturels sont imprévisibles et terribles, la conjonction entre ces catastrophes et les actions humaines, les constructions humaines, génèrent des conséquences proprement terrifiantes et largement plus dévastatrices. Il faudra des milliers d'années au sol de la région de Fukushima pour oublier les ravages... pour que la terre soit purifiée.

C'est un lieu commun, nous savons tous que l'homme est capable du pire comme du meilleur.
En situation de crise, l'homme peut faire preuve d'un égoïsme et d'une cruauté terrible mais aussi d'une abnégation, d'un courage et d'un altruisme émouvant. Je ne sais pas qui l'emporte dans ces élans d'énergie entre l'amour et l'indifférence voire l'individualisme haineux.
Je ne sais pas comme je réagirai dans si ma vie était en jeux...

Parce que cette douleur est toujours là et que je ne suis pas d'un naturel masochiste ni fataliste, j'ai décidé de la sortir, la coucher sur le papier.
Pendant plusieurs semaines, plusieurs mois, j'ai discuté avec des amies pour savoir quoi faire, comment agir. Au quotidien, nous essayons de limiter notre impact sur l'environnement. C'est peut-être une goutte d'eau dans l'océan, une démarche stérile ou ridicule, mais je l'assume. Et elle me permet de fonctionner.

Dessin de Virginie Blancher

Mais cela ne suffit pas.
Alors, avec mon amie Virginie, nous avons décidé qu'une catharsis s'imposait. J'ai choisi les mots. Virginie a choisi le dessin. Un projet commun germe avec notre amour du Japon comme terreau, nos pensées d'espoir comme engrais.
Je voudrais que nos larmes ne soient pas celle qui abreuvent cette petite graine. Je voudrais une pluie claire et pure pour que naisse une jolie histoire avec des jolis dessins. Un travail qui ait du sens mais aussi qui apporte sourire et légèreté. C'est mon vœux.

Dans quelques jours je posterai ici le début de notre histoire.

Et si nous arrivons à faire que ce projet soit professionnel, nous voulons que nos droits d'auteurs et tout les bénéfices soient reversés à des associations japonaises. Parce que je n'ai que mes mots et Virginie que ses traits et ses couleurs pour apporter de l'aide.
C'est notre vœux. Notre prière.



Sur le même sujet : http://etang-de-kaeru.blogspot.com/2011/06/fukushima-degainez-vos-consciences.html

7 commentaires:

  1. Voilà une prière qui vient du coeur. J'espère qu'elle sera entendue.

    Tu sais, ça fait 6 mois maintenant, et ma rage a laissé la place à une conscience de plus en plus globale, à des inquiétudes plus vastes.

    Plus je fais de veille informationnelle et plus mon inquiétude ne se contente de se focaliser sur le Japon seul: car tout cela est dû à une façon de penser, à une façon d'organiser et de concevoir le monde. C'est problème et un processus global, une tare qui concerne au final le monde et notre planète toute entière.

    Mon coeur bat pour le Japon, mais se battre pour cette cause au final m'a permis personnellement de m'ouvrir encore plus au monde, et à tous les autres cris de désolation: car le gâchis, la destruction de l'environnement, l'arrogance humaine, la lâcheté, la criminalité, les mensonges, la manipulation de masse, l'hypocrisie des médias, l'opportunisme et enfin la corruption sont des symptômes qui concernent les peuples du monde entier.

    Le Japon ne s'en sortira pas seul, et pas si l'humanité ne comprend pas qu'il est l'heure de se mettre totalement en question, de changer de mode de vie. En 100 ans, nous avons détruit bien plus que tous nos ancêtres...

    La preuve en est que Fukushima n'est que le début d'autres catastrophes massives. Elle peut se reproduire ailleurs, et ravager de la même façon d'autres peuples, d'autres territoires...C'est alors qu'il faut dors et déjà que cette catastrophe serve de leçon et de garde fou.

    Nous n'avons qu'un seul Japon et aussi q'une seul terre. Nous n'avons nul par ailleurs où aller. Personne ne peut fuir ni se cacher.

    Bises.
    Et merci encore pour tes mots sincères et ton amour pour le Japon

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  2. Très joli projet :)
    Hâte d'en voir le résultat ^^

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  3. Belle initiative ! Les traits de Virginie me rappelle Natsume Yûjinchô est-ce que c'est volontaire ? J'adore le folklore japonais et ses yôkai, c'est tout simplement magique. As-tu lu Kaidan de Lafcadio Hearn ?

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  4. François > oui, pour ce croquis ( qui en réalité sert à illustrer l'article et ne fait pas partie du projet), j’avais envie de dessiner un kitsune, c'est l'un de mes yokai préférés :) et je suis en effet une grande admiratrice des animés et autres mangas traitant du sujet, donc Natsume Yûjinchô...La référence ici n'est donc pas involontaire, mon style de dessin n'est pas fixe et dépend de mes envies graphiques :)

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  5. @Aizen : merci pour ton looog commentaire. Ton dévouement et ton énergie à communiquer sur la catastrophe et ses conséquence m'impressionne et me motive.

    Oui, nous n'avons qu'une seule Terre. Et elle ne nous appartient pas. Il serait enfin temps qu'on prenne soin d'elle... J'aimerai qu'enfin, l'Homme apprenne de l'Histoire et de ses erreurs...

    @Jonathan : merci ! Pour l'instant on avance un peu dans le brouillard mais nous sommes motivées !

    @François : tu as vu juste. Nous sommes toutes les deux très fan de Natsume, Mushishi. Quand au style de Viny, il est très marqué et assez japonisant, même si elle maîtrise des techniques assez varié. Va voir son site, il est pas mal de croquis !
    Je connais de nom Kwaidan mais je ne l'ai pas lu. Il faut donc que je mette la main dessus.

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  6. "Oui, nous n'avons qu'une seule Terre. Et elle ne nous appartient pas. Il serait enfin temps qu'on prenne soin d'elle... J'aimerai qu'enfin, l'Homme apprenne de l'Histoire et de ses erreurs..."

    Je l'espère très fort aussi... depuis déjà un bon moment... Croisons les doigts...

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  7. J'espère de tout coeur que votre projet va fonctionner, la démarche est très belle.

    Comme Aizen, je pense non seulement au Japon mais au monde dans sa globalité, aux médias, aux mensonges, je crois que Fukushima m'a fait me rendre compte de beaucoup de choses. Moi qui ne m'intéressais que de très loin à la politique et ce genre de chose, aujourd'hui je me sens investie d'un devoir de mieux m'informer et d'informer mes proches...

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Il s'affichera un peu plus tard, après sa validation.

Marianne