Liste des chapitres :
01 -
02 -
03 -
04 -
05 -
06 -
07&08 -
09 -
10&11 -
12 -
13&14 -
15 -
16 -
17 -
18&19 -
20 -
21 -
22&23 -
24 -
bonus -
épilogue
Nous voici arrivé presque à la fin de l'histoire ! Je tiens à remercier tous ceux qui la lisent. Surtout, n'hésitez pas à me laisser des petits commentaires, c'est très encourageant !
Si vous ne connaissez pas excellentissime série de la BBC "
Sherlock", voici
un article pour commencer.
Chapitre 22
Je me penche, juste pour lui enlever le verre de la main. Il penche la tête, dubitatif. Je l'attrape par le poignet, fermement :
— Viens par là.
Son regard est curieux quoique toujours distrait. Le bref échange avec Lestrade semble l'avoir déboussolé. Mais il se relève quand même, et me suit sans rien dire. Je l’entraîne vers l'escalier. Dans ma tête, il y a le vide de l'océan.
Un grand blanc qui reflète l’abîme du ciel.
Immense.
J'ai l'impression que mon estomac s'auto-digère, qu'un trou noir naît dans mes tripes. Je sens l'angoisse batailler avec l'attirance. Alors, à mi-chemin, je m’arrête. Une marche nous sépare. Assez pour être juste à sa hauteur. Me noyer dans son regard. Et les océans se fondent.
Ses mains sont nouées derrière ma nuque. Il n'y a plus que sa bouche, le goût boisé du Sherry et son arôme de noisette. Un grand blanc dans la tête. Et le reste du corps en fusion. Le silence tranquille est juste troublé par le ronronnement urbain. Et puis, il a le bruit organique de notre échange. Le gémissement étouffé, timide de Sherlock. Sa respiration saccadée. Et toujours, son regard, cette fois totalement focalisé sur moi. Que sur moi. Il me chuchote :
— Je ne te savais pas si passionné...
— Tu n'as encore rien vu...
Il laisse échapper un petit rire très sexy et sa main droite glisse entre nous.
— C'est moi qui te mets dans cet état ?
— Idiot. Oui c'est toi. Tu crois quoi, que c'est d'avoir vu Mrs Hudson ?
Sa langue coupe court à ma réplique. Ça nous prend un peu de temps pour arriver jusqu'à ma chambre. Il a perdu son peignoir en cours de route. Je ferme la porte. Et je vérifie qu'elle est bien fermée.
Après, en un temps record, je me déshabille. Sherlock me regarde, toujours dans son bas de pyjama. Avec une lenteur calculé, il s'assoit sur le lit, tire les draps et se dénude. Vaguement, je me souviens avoir voulu discuter d'un truc avec lui. Vérifier un truc...
— John ?
Sa voix a des accents d'incertitude en total contradiction avec la franchise de son regard, sa posture fière, séduisante. Bon sang, j'ai tellement envie de lui. Envie d'être avec lui. En lui aussi.
Soudain, je suis là, juste devant lui. Comme par magie. Je ne me souviens pas d'avoir bougé. Mes hésitations s'envolent comme de la cendre sous le vent. Je sais ce que je veux. Il le sait aussi. Il le veut aussi. Le reste on s'en cogne.
Le lit grince un peu sous notre poids combiné. C'est la première fois qu'il reçoit quelqu'un d'autre de moi. Je n'ai jamais ramené personne ici. Par égard pour Sherlock, ou Mrs Hudson. Ou, peut-être par égard pour moi. Cette chambre est un lieu intime, fonctionnel. Liée à ma vie avec Sherlock. Pas un havre, pas un refuge, juste un lieu neutre que j'ai toujours eu envie de conserver ainsi. Juste pour moi. Mais avec lui, c'est différent. Il est le remède à ma solitude dévorante. Lui, il a sa place ici. Naturellement. Comme son corps contre le mien, ses lèvres contre mon oreille qui me murmurent son désir. Me rappellent qu'il ne veut pas de capote. M'encouragent aussi quand j'hésite, parce que je ne veux pas qu'il soit mal à l'aise. Je sais quel inconfort peut engendrer une sodomie. Et les risques. Surtout quand on est pas préparé. Je suis médecin quand même ! En final, exaspéré par ma lenteur, il me saisit par les épaules :
— Je ne suis pas ingénu. Je ne suis pas fragile John ! Et je sais exactement ce que je veux.
Pour donner plus d'efficacité à ses propos, il guide ma main entre ses fesses, se cambre.
— Et je m'y suis préparé. Internet est un outil merveilleux pour faire des recherches sur des sujets en rapport avec le sexe. Un fois qu'on sait éviter les sites porno sans intérêt, il y a de nombreux blogs et forums qui expliquent, en détail et sans chichi, exactement comment procéder concrètement. Je ne suis pas innocent - Il m'embrasse avec une tendresse inattendue et répète encore – je ne suis pas fragile. J'ai envie de ça. Et pour l'instant, je suis juste...inexpérimenté. Mais tu sais à quel point j'apprends vite.
Je ne sais pas trop quoi dire et la franchise de ses propos me désarçonne. Distraitement, je lui caresse la joue. Je cherche les mots justes. Il secoue la tête avec impatience.
— John, John, John, on ne va pas y passer la nuit. Quoi que... Et avec un sourire canaille il ajoute : Je suis prêt. Mon hygiène est ok. La lubrification est ok – il guide ma main contre son anus pour illustrer ses propos – donc passe la seconde !
Et il me fait une démonstration très agréable de l'efficacité de son processus d'assimilation.
Après, tout n'est que chaleur et lumière.
Silence et cri.
C'est la première fois qu'il n'y pas de latex entre ma chair et la chair d'un autre. Les sensations sont brutes, directes. Sherlock apprend en effet très vite. Plus vite que moi. Je m'émerveille encore et toujours contre sa présence là, nu avec moi. Je sais qu'il m'offre une chose très précieuse. Mais, comme Sherlock est une personne très précieuse, la plus précieuse même, je ne m'angoisse pas. Prendre son temps.
Et quand, enfin, face à lui, lui devant moi, je vois l'orgasme qui l'emporte, je l'accompagne. La contraction de son sphincter autour de mon sexe est presque douloureuse. J'éjacule. En lui. Je me laisse aller contre son torse luisant de sueur dans la lumière douce de la lampe de chevet. L'odeur de sa transpiration, la moiteur de sa peau.
Je veux me souvenir de tout.
Le reflet dans ses yeux mi-clos, le noir de ses cheveux collés sur sa tempe claire. Chaque détail compte. Chaque détail contient notre échange. Et comme je ne comprends pas vraiment pourquoi avec lui c'est différent – mieux – je veux me souvenir.
Il m'enserre dans ses bras avec une force étonnante et m'embrasse, avec lenteur. Je réalise alors que l’absence de préservatif a un avantage supplémentaire, pas besoin de me retirer précipitamment pour éviter tout accident. Je reste là, juste à profiter de cet état post-coïtal flottant. Cotonneux. Je suis bien.
— John ? Tu m'écrases...
Sa voix m'ancre et de laisse derrière moi les nuages infinis. Ses bras m'encerclent et m’empêchent de bouger. Ses contractions n'auront de cesse de m'étonner. Il m'aide à basculer sur le côté, doucement, nos jambes toujours emmêlées, je sens mon sexe flasque être libéré de chaleur de son corps. Nos ventres gluants.
On reste ainsi longuement.
Ses doigts glissent sur mes joues. Je lui embrasse le bout du nez.
— Tu veux faire un brin de toilette ?
— Non. Je suis très bien ainsi. Son sourire s'élargit. Même si j'ai la désagréable impression d'être devenu incontinent.
— C'est un des avantages d'utiliser une cap...
— Nan !
— D'accord. Comme tu veux.
Sous le faible éclairage, ses cheveux paraissent d'un noir profond. J'observe la courbe acerbe de ses pommettes qui découpe des ombres étranges sur son visage. Il a quelques petites rides aux coins des yeux. Je me demande comment j'ai pu trouver une quelconque ressemblance entre lui et ce français. Peut-être dans son espièglerie hautaine...
— Dis, pourquoi tu as choisis de te faire passer pour un norvégien ?
Un frémissement dans son expression.
— Si tu ne veux pas en parler...
— Non, non. Il continue de jouer avec les poils de mon torse. Et ça me chatouille un peu. Je trouve juste que tes sujets de conversations sont très... romantiques.
Je secoue la tête et résiste à l'envie de lui claquer les fesses.
— Je connaissais les travaux de Sigerson. Et le norvégien est une langue peu usitée dans le monde, il est donc moins risqué d'avoir son accent reconnu. Et puis, je ne connaissais pas grand chose de ce pays. Apprendre la langue, l’histoire, les structures gouvernementale, le fonctionnement de la société, tout cela m'a occupé la tête quand je n'étais pas concentré sur Moriarty et ses sbires. Et puis, je me suis souvenu de ton conseil, sur l’utilité d'avoir des connaissances générales. J'ai pris le temps de vraiment m'immerger dans la culture norvégienne, de ses traditions culinaires à sa musique populaire.
Au fur et à mesure de ses explications, le débit de ses paroles augmente et je sens sa fierté à me démontrer à quel point il a été malin dans son apprentissage exhaustif.
— Tu as été là-bas ?
— Non ! Pour quoi faire ?! J'avais tout à porter de main.
Je soupire.
— Sherlock. Tu es vraiment un idiot parfois. Ça t'a pris combien de temps ? Deux ou trois mois ? Il acquiesce, soudain méfiant. En une semaine, quinze jours max sur place, tu aurais saisi toutes les spécificités propres à ce pays. Avec ta capacité d'observation et d'analyse, tu n'aurais eu aucun problème pour te faire passer pour un local. Tu sais capturer l’essence des choses dans les détails ! Et tu aurais économiser des semaines de recherche...
J'aime son expression, prise entre la satisfaction d'avoir son intellect reconnu et l'agacement. Il sais que j'ai raison. Il se contente de m'embrasser en réponse. Après un échange assez... revigorant, il me glisse:
— Tu vois, sans toi, je perds un temps précieux.
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The head, the heart... and two bodies. Illustration de Anne Jacques |
Chapitre 23
Nous avons somnolé.
Et puis Sherlock fut motivé pour remettre le couvert, désireux en élève modèle de me montrer ses talents. Cette fois, nous avons vraiment pris notre temps. Explorer l'autre, se renseigner sur ses préférences, discuter sans tabou, entre deux sessions de caresses et de baisers. Tout est si naturel avec lui... Une découverte qui s'est conclue par une douche avant de s'écrouler au lit, Sherlock blotti contre moi, un air tellement satisfait sur le visage que j'ai dû m'endormir en souriant.
Je suis dans cet état étrange entre la veille et le rêve. Je voudrais retourner dans les bras de Morphée. Quelque chose cloche.
Je suis seul dans le lit.
Pourtant je lui ai dit.
Je lui dis que oui, en général, la présence de quelqu'un dans un lit était un facteur de mauvais sommeil. Que je faisais parfois des cauchemars violents et que je préférais épargner mes partenaires. Ou, plus exactement que c'était très personnel, que je n'avais jamais eu envie de partager ça avec qui que ce soit avant. Mais là, c'est différent. Je lui ai dit qu'il pouvait rester s'il le souhait. Je lui ai même dit que j'en avais envie.
Et pourtant, je suis seul.
Le réveil indique 3h17.
La place contre moi est encore tiède. Tout est calme. La nuit baigne ma chambre. La porte est fermée. J'ai soif. La bouche un peu pâteuse. Je me lève, allume la lampe et vais boire directement au robinet du lavabo, dans la salle de bain. Où est-il bien passé ? J'hésite. J'ai envie de savoir ce qu'il fabrique. Je ne veux pas être intrusif. Nous avons toujours fonctionné en étant indépendant. Enfin, surtout moi. Je me frotte les tempes. Ça m'agace. J'enfile mon pyjama et sors dans le couloir.
Je manque de me vautrer la tronche dans l'escalier en glissant sur la robe de chambre de monsieur. Le satin glisse bien. Je me rattrape in-extremis à la rampe. Je peste. Lâche une ou deux insultes bien senties. Impossible qu'il continue de roupiller avec le bordel.
Le salon est plongé dans la pénombre. Sherlock est planté, nu, au milieu de la pièce.
Il se retourne vivement quand j'allume la lumière et se protège les yeux d'un geste rageur. Mes mains se crispent sur le tissu bleu qui a failli causer ma mort. Il est agité. Ses pupilles sont dilatées et il a la chair de poule.
J'inspire longuement.
— Ça va ? Tu n'arrives pas à dormir ?
— D'après toi ? Même moi je dors à 3 h du mat !
J'inspire de nouveau.
— Tu ne veux pas revenir te coucher ?
— Tu préfères dormir seul.
Je ne sais que répondre. Je crois que je préfère l'avoir à mes côtés. Mais je ne suis pas certain. Pas encore. Tout ça, tout ce qui se passe entre nous est si nouveau, si instable. Comme marcher sur une plage avec des sables mouvants. Chaque pas demande un effort de vérification, une attention extrême. C'est usant. Je me faufile derrière lui et pose la robe de chambre sur ses épaules tendues. Doucement, il oscille et se laisse aller contre mon torse. Lui aussi fait des efforts. Un peu de temps et les mots viennent, sincères :
— Je préfère savoir que tu dors à mes côtés plutôt que tu erres tout seul dans l'appart.
— D'accord.
Il ne fait aucun geste et n'as pas l'air de vouloir bouger. Son regard s'accroche quelque part dans la cuisine. Ou au-delà.
— Tu veux dormir dans ta chambre ?
Un mouvement imperceptible du menton. Et soudain, je comprends le problème. Sherlock n'a quasiment pas mis les pieds dans sa chambre depuis son retour. Maintenant qu'elle est rangée et prête à accueillir son occupant, il a probablement envie de regagner son confort. Je sens son poids basculer encore plus contre moi, s'appuyer franchement. Je me stabilise.
— Alors viens, moi, je tombe de sommeil.
Ce n'est pas tout à fait vrai. Son attitude m'inquiète un peu. Je pensais que ce qui s'était passé aller rétablir une sorte de normalité entre nous, je commence à réaliser qu'il faudra plus que coucher ensemble pour retrouver l'harmonie qu'il y avait avant. Sherlock est un être complexe. Et je ne suis pas le seul à avoir été blessé par les événements.
J'ai subi.
Il a choisi.
Néanmoins, il a souffert. Je le pousse gentiment. Arrivé devant la porte close de sa chambre, sa main hésite un peu. Il l'ouvre avec précaution et allume la lumière. Il se comporte comme s'il était en terrain hostile alors que dans la mienne, de chambre, il semble maître des lieux. Je secoue la tête et prends les devants.
Défaire le lit, attraper le fil électrique de la lampe de chevet, trouver l'interrupteur, éteindre le plafonnier qui m’aveugle. Je tapote les oreillers propres. Il n'a pas bronché, toujours à l'entrée de la pièce. Alors je m’écarte. J'ai oublié un truc en haut. Immédiatement, il m'attrape par le coude.
— Tu as dis que tu préférerais dormir avec moi.
Je dépose un baiser exaspéré sur son front.
— Oui. Et tu m'as l'air un peu énervé pour dormir. Je monte chercher le tube de lubrifiant.
Cette fois, un large sourire lui barre le visage.
— Pas besoin, tu en trouveras un sous l'oreiller. J'ai pris mes dispositions.
— Hun hunh ?
— Tu as raison, je n'ai plus vraiment sommeil en fait. Et j'ai envie de tester quelque chose.
Il s'approche et me susurre de douces propositions parfaitement indécentes. Malgré ma fatigue, une partie de mon anatomie réagit à sa voix basse, à moins que ce ne soit sa simple présence, soudain si proche. Il a les mains glacées. Et j'entreprends de le réchauffer avec zèle et exhaustivité.
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C'est de saison ! |