Une fois par an, dans un magnifique bâtiment de Montrouge se tient un salon d'art contemporain dont l'objectif premier est de faire découvrir les étoiles montantes. L'entrée est gratuite et durant quatre semaines (jusqu'au 12 juin), amateurs d'art mais aussi galeristes et jeunes aspirants artistes se croisent devant les œuvres d'illustres inconnus appelés à un avenir radieux, ou alors vaguement au soleil.
Ils sont plus de 2700 à postuler pour ce salon annuel, et un peu plus de 70 à avoir passé la sélection drastique. Chaque personne reçue expose quelques œuvres dans un mini-espace qui lui est dédiée, qu'elle s'approprie et où elle peut mettre son ambiance. La particularité de ce salon est qu'il offre l'opportunité à des artistes (français ou en lien fort avec la France) jamais exposés et un peu hors des circuit habituels de rentrer dans le monde du marché de l'Art et des galeries.
En effet, pas besoin de sortir des Beaux Arts - la voie royale pour ceux qui souhaitent vivre de leur art - le salon de Montrouge s'adresse à tout ceux qui ont du talent et surtout un propos, une expression propre. Une fois qu'on a été exposé à Montrouge, son nom, sa bio et des informations relatives à son activité restent toujours accessible via le site web. Pour les artistes, la visibilité qu'offre ce salon est juste incroyable. Voilà pourquoi ils sont si nombreux à tenter de participer !
Pour le visiteur, Montrouge est un creuset à la fois de jeunes talents bouillonnants d'idées, de concept qui expérimentent sans limite, et en même temps, un révélateur des tendances générales de l'art. La sélection ne se fait pas au hasard et donne le ton à la fois de ce qui est à la mode (et pas toujours intéressant) mais aussi des grands courants d'inspirations. C'est la première fois que j'y allais. En effet, la manifestation est surtout connu des professionnels plus que du grand public. C'est dommage puisque c'est gratuit et très varié. Même les réticents à l'art contemporain ont des chances de trouver leur bonheur.
Parfois, la diversité sent mauvais !
À Montrouge, on trouve pèle-mêle installations plastiques, vidéos, sculptures, mises en scène mélangeants différent médium afin de nous transporter dans une ambiance particulière, mais aussi des travaux de peintures, d'illustrations ou de photos. La scénographie très neutre sert à bien délimiter les espaces de chaque artistes et facilite la circulation sans se perdre. Pour autant, le lieu n'est pas froid et nous ne déambulons pas dans ce qui aurait pu être un marché aseptisé. Comme lors d'une visite d'un musée ou d'une exposition, il y a une étrange impression de cohérence malgré l'hétérogénéité des œuvres présentées.
Sur la totalité, une dizaine d'artistes ont vraiment retenus mon attention car leur mode d'expression correspond à ce qui me touche. Dans un prochain article, je vous les présenterai avec quelques photos.
Mon seul grief concerne un plasticien qui a fait deux œuvres en "odorama" et qui n'était pas dans une pièce séparée. La conséquence extrêmement désagréable a été de devoir supporter la puanteur acre et nauséeuse de son machin dans TOUT le salon qui se situe dans une immense halle. À l'entrée il y avait juste une effluve désagréable mais au fur et à mesure que nous nous approchions du fond du bâtiment cela a fini par parasiter la visite. D'ailleurs j'ai volontairement refusé de voir le nom du malotru qui avait eu cette idée de génie... (Même si, en final, le commissaire d'expo est quand même plus à blâmer que l'artiste dans cette affaire).
Je ne regrette absolument pas ma venue, je suis même retourner une seconde fois admirer les œuvres qui m'avaient séduite. Cependant, la visite aurait être plus sympathique si je n'avais eu le besoin compulsif de porter un masque à gaz ou au moins, une écharpe sur le nez (très utile vu qu'on est au moins de mars).
Un lieu adapté et détourné !
Trêve de bile, le salon de Montrouge c'est aussi un lieu : le Beffroi. Ce bâtiment des années 30 est tout entier dédié à l'art, avec des salles de projection, une étrange bibliothèque dans une serre... L'escalier lui même, monumental est habillé pour l'occasion du salon. Le bâtiment, d'une belle architecture marie un design contemporaine à la structure classique. Il est idéal pour ce type d'installation. C'est un lieu conçu pour l'art avec de beau volume, clair sans trop de lumière directe, assez neutre pour ne pas brouillé l'effet des œuvres et en même temps, assez typique pour qu'on sente toute sa spécificité.
Pourtant, à l’étage, on trouve aussi une installation étrange, un OVNI. En effet, Florence Jung qui à décidé de louer son espace à un traiteur bio « la guinguette d'Angèle . Dans une ambiance champêtre on peut ainsi prendre une petite collation. Tout les bénéfices sont également répartis entre chaque artiste afin de revendiquer l'égalité de l'art et le refus de la concurrence monétaire que le marcher et son système de côte implique.
Une utopie fleurie et tranquille qui éclate les frontières entre art et quotidien, et qui offre une parenthèse douce et belle. Nous avons profité du confort et de cette installation et de la bonne humeur de la jeune femme qui tenait la buvette. La météo maussade avec la température hivernale et ses averses glacées fut soudain oubliée.
Un lieu intemporel, tranquille, idéal pour discuter de toute les belles choses que nous avions vus tantôt...
Alors, non seulement je vous conseille vivement de faire un tour au salon de Montrouge (facilement accessible en métro), mais en plus, arrêtez-vous au café éphémère à l'étage. Après tout, ce n'est pas tout les jours qu'on peut toucher et même s'incorporer à une œuvre d'art joyeuse et ouverte !
Le site officiel :
http://www.salondemontrouge.fr/