Ces
dernières années, les méthodes d’apprentissage ont beaucoup
évolué. Applications sur smartphone, podcasts, chaînes de vidéo à
la demande comme Netflix où on peut mettre les sous-titres dans la
langue de son choix… L’accès aux langues étrangères devient
plus aisé et surtout moins onéreux. Il est temps pour moi de
dépoussiérer ma façon d’apprendre !
Bloquée
à un niveau débutant depuis trop longtemps !
J’ai
commencé mon apprentissage du japonais il y a des lustres par un
semestre à la fac de Jussieu, alors que je travaillais à plein
temps. J’ai validé un semestre puis, j’ai lâché l’affaire,
incapable de mener de front boulot et études. Plusieurs fois, j’ai
repris et même retrouvé mon niveau, progressé, avant d’arrêter,
et tout oublier ou presque. L’évaluation de mes connaissances est
déjà un problème en soi.
Il
y a un an, avant mon voyage au Japon, je me suis remise à
dépoussiérer mon japonais dans l’optique de me débrouiller sur
place. Nous allions dans un coin pas très touristique. J’ai
découvert avec l’application Duolingo (qui ne propose pour
l’instant que des cours de japonais pour les anglophones) une
approche ludique novatrice, bien éloignée de mon expérience très
scolaire. Le chaos de ces derniers mois a mis en pause mon
implication et mon envie. J’ai aujourd’hui du temps, beaucoup de
temps, mais peu de concentration. Je cherche donc des moyens de
recouvrer le goût de l’effort sans m’épuiser ni me décourager.
En plus, parler japonais me paraît un atout utile si je veux y
rester quelques semaines ou mois.
Que
vous soyez grands débutants, que vous aussi ayez connu des
tentatives d’apprentissage malheureuse ou intermittente, voici
quelques réflexions, liens et outils qui peuvent vous aider si vous
souhaitez parler et lire le japonais.
Avant
toute chose : pourquoi voulez-vous apprendre la langue ?
Cette
raison détermine en partie quel type d’enseignement mais aussi
d’investissement (temps, financier, énergie) vous êtes prêt à
mettre. Voulez-vous étudier la langue pour vivre au Japon ? Si
oui, avez-vous d’autres compétences professionnelles ?
Voulez-vous étudier la langue pour l’enseigner ? Pour être
bilingue ou juste vous débrouiller ? Êtes-vous curieux de la
culture et de l’histoire ou juste fan de pop culture ?
Connaître les raisons et aussi les motivations nous aide à évaluer
leur force et leur priorité dans notre vie. Cela a une conséquence
directe dans le choix de la méthode d’apprentissage.
Souvent,
on ne prend pas le temps de se demander « pourquoi » et
on passe directement au « comment ».
Attention,
le Japon a la cote et en naviguant sur le web, j’ai repéré des
trucs douteux qui jouent sur la soi-disant très grande difficulté
de l’apprentissage de la langue, de l’impossible mémorisation
des kanji à moins d’avoir THE méthode inventée par le super
formateur… Quand quelqu’un dit révolutionner l’apprentissage
d’une langue qui est pourtant maîtrisée depuis un siècle et
demi, je me méfie. Donc avant de casser votre tirelire, vérifiez le
sérieux de l’école, du prof ou du bouquin. Et surtout, essayez
déjà ce qui est gratuit ou très abordable.
Pour
ceux qui souhaitent consacrer leurs études aux Japonais, les
universités françaises ou
l’INALCO,
ou restent les solutions évidentes. L’apprentissage de
l’histoire, de la culture, de la linguistique sont compris dans le
cursus, pas toujours funky mais à la qualité éprouvée. De plus,
depuis mon passage sur les bancs de la fac, l’enseignement a évolué
avec par exemple des cours de culture populaire du XX ème siècle.
L’image d’austère et d’élitisme qui perdure ne
correspond donc plus à la réalité. Les débouchés sont cependant
restreints à certains champs, si vous n’avez pas d’autres
compétences : enseignement, recherche, traduction, interprétariat…
Il s’agit d’apprendre un Japonais parlé mais aussi littéraire.
Il
existe aussi des cours du soir
diplômant dispensés par l’université de Paris,
accessibles pour ceux ayant une activité professionnelle. Avec
quatre heures de langue par semaine et une heure et demie de
civilisation, cela demande de l’implication. Je n’ai pas fait les
calculs, mais si vous êtes sérieux et engagé, le coût sera très
probablement nettement inférieur à celui des écoles privées.
Si
vous voulez apprendre le japonais pour « parler » simplement
avec des gens, ou que seule la culture pop vous branche, un cursus
académique avec une progression assez lente risque de vous
décourager. Il existe d’autres méthodes d’apprentissage
peut-être plus en adéquation avec vos besoins et vos objectifs. Une
fois que vous avez déterminé « pourquoi » vous voulez
apprendre le japonais, il sera aisé de trouver « comment ».
Dans
mon cas, l’apprentissage de la langue, outre l’intérêt de
communiquer, et aussi de mieux appréhender la culture du Japon. En
effet, la structure même de la langue influe sur notre rapport aux
autres et au monde.
Un parcours d'apprentissage très chaotique
Dans mon cas, la
motivation première venait de mon boulot de pigiste manga et puis,
parce que des copains s’étaient inscrits à l’université, je les ai suivis !
J’ai commencé à la fac, avec une méthode adulée par
certains et mise au feu par d’autres, le
Minna
no nihongo.
A priori, elle fonctionne bien à condition d’être dans un cadre
d’un cours et pas en autodidacte. J’ai ainsi appris les bases de
la grammaire, un socle qui me reste toujours. J’ai aussi fait des
stages intensifs chez
Tenri
(avec
plusieurs heures de cours de soir durant quelques semaines). Pour
commencer, si vous êtes très motivé, et que vous avez un peu de
temps de cerveau disponible (par exemple durant les vacances) cela
peut être un moyen de commencer sur des chapeaux de roue et d’être
très vite capable de vous débrouiller. J’ai aussi suivi
les
cours de la Mairie de Paris,
pas cher mais avec des profs japonais pas toujours très qualifiés
pour enseigner, et surtout avec une progression très lente.
Attention
(bis) un natif qui donne des cours n’a pas toujours les compétences
pour enseigner. En France, si on veut donner des cours de français à
des étrangers, il existe une formation (FLE) avec une pédagogie
adéquate. Beaucoup de Japonaises (ce sont souvent des femmes)
donnent des cours alors qu’elles parlent très mal notre langue,
sont incapables de répondre à des questions précises de grammaire…
Les répétitrices engagées dans les universités doivent avoir
obtenu le Japanese Language Teaching Competency Test.
Une
personne qui a appris la langue adulte et parfois mieux à même de
l’enseigner que celle qui l’a intégrée doucement en étant
enfant. Cependant, les cours de conversation avec un ou une native
sont parfaits pour pratiquer. Aujourd’hui, il est possible de
trouver des solutions gratuites via des applications, notamment
Tandem (que je n’ai pas testé).
D’ailleurs,
j’ai moi aussi suivi des cours avec une prof japonaise qui
intégrait à nos échanges les notions de grammaire que je
connaissais déjà, tout en en ajoutant des nouvelles au fil des
semaines. Hélas, elle est subitement repartie au Japon. Cela avait
coupé mon élan car j’avais eu de réelles difficultés à trouver
une personne prête à me « remettre à niveau » sans me
faire acheter un énième manuel, et à un tarif tout à fait
raisonnable.
Après
mon voyage de l’automne dernier – dans une autre vie – j’ai
de nouveau lâché pendant quelques mois. Cette fois, m’y remettre
me semble plus facile. Comme préconisé plus haut, je travaille tous
les jours. J’ai du temps, j’y consacre donc plusieurs heures,
mais sans « bachoter » et en multipliant les approches
(révision par répétition espacée, lecture de la grammaire,
écoute, visionnage de vidéo et toujours, des séances de lignes).
Quelques
pistes pour commencer, reprendre où se perfectionner
En
préambule, le conseil le plus important : en
faire TOUS les jours.
D’abord,
si vous voulez parler la langue, il faut se retrouver en immersion.
Sans être dans le pays, il y a aujourd’hui des solutions grâce
aux outils numériques. L’important est de ne pas se décourager et
de tenir sur la durée. Pour cela, l’économie de sa volonté
facilite grandement les choses. Plutôt que de procrastiner, de se
dire « qu’il faut s’y mettre » et négocier chaque fois
âprement avec soi-même quand on flanche, il existe un truc simple :
faire de l’apprentissage de la langue une habitude aussi solide que
se lever le matin. Cela implique de travailler tous les jours, au
moins 30 minutes. Tout le monde peut le faire avec les podcasts et
les applications : dans les transports, en marchant (à moins d’un
km de chez soi et avec son attestation en poche), en nettoyant son
foyer… Si le japonais est une priorité pour vous, vous trouverez
le moyen de gagner du temps.
Encore
une fois, savoir pourquoi on veut apprendre donne la motivation,
après il faut déterminer quelle méthode nous convient pour ne pas
se décourager.
Conseil
numéro 1
Apprendre en intensif hiragana et katakana rapidement afin de
ne PAS PASSER par le rômaji (alphabet latin). Il est absurde
d’apprendre le japonais sans son système d’écriture. Deux à
quatre semaines est la durée idéale, définie par l’université
et aussi préconisée par d’autres enseignants. Si des appli
gratuites peuvent vous aider, je vous déconseille d’investir dans
cette étape basique. Elle demande un réel effort et permet de
mesurer votre motivation à apprendre la langue.
Pour
les débutants qui aiment les applications ludiques, Duolingo reste
pour l’apprentissage du vocabulaire de base et la révision des
kana un outil fun. Après, je trouve qu’elle est rapidement limitée
lorsqu’on veut progresser rapidement.
Je
n’ai pas essayé, mais
les
vidéos de Julien Fontanier
plaisent
beaucoup. Ses cours sont gratuits, très structurés. Par choix de
vulgarisation, il utilise ses propres termes pour expliquer la
grammaire qui peuvent être différents de ceux qu’on trouve dans
les manuels.
Pour
ceux qui ont besoin d’un support papier ou qui ont envie de
progresser à leur rythme (et non à celui imposé par la vidéo)
j’ai beaucoup utilisé
Le
Japonais en manga
(ne
faites pas attention aux dessins tout moches). Les nombreux tableaux
récapitulatifs pour la grammaire et la conjugaison sont des aides
précieuses. Seul bémol : la présence de rômaji,
que je trouve désagréable, et pire, ne vous motivera pas à
apprendre les syllabaires rapidement.
Conseil
numéro 2
Apprendre en parallèle les bases de la grammaire et les kanji (surtout ne pas
laisser les kanji à plus tard. Il y a beaucoup d’homophones en
japonais).
J’ai
commencé comme beaucoup à apprendre avec le Kanji
to Kana.
Les
kanji dans la tête
est
une référence récente souvent citée : plutôt que de classer les
idéogrammes par ordre de fréquence, il fonctionne par clef et par
regroupement visuel. Cependant il n’y a pas les lectures
(prononciation), ce qui est pour moi rédhibitoire.. Dans le même
style, le Manuel
de Kanji Usuel,
chez l’Asiathèque est bien meilleur, mais hélas épuisé. Ce type
d’ouvrage coûte assez cher, une quarantaine d’euros. Attention,
vous pouvez trouver des manuels moins chers comme Kanji
Kakitai
!
Cependant il ne compte que 600 des 2 141
kanji officiels.
Pour
le début, vous commencerez en apprenant par exemple tous les kanji
listés à la fin du manuel le Japonais
en manga.
Cependant, investir dans un manuel de
kanji
sera
nécessaire. Je vous conseille aussi l’application kanji study (en
français malgré son nom). Non seulement elle est très complète
mais permet d’adapter l’ordre d’apprentissage en fonction de la
méthode que vous suivez.
En
effet, apprendre les kanji
au
fur et à mesure de leur introduction reste le plus simple et le plus
facile pour les associer à du vocabulaire et surtout, les utiliser !
Si vous êtes autodidacte, comme repère de temps, en première année
de fac, il y avait 370 kanji
à
apprendre sur 22 leçons (une par semaine), ce qui est raisonnable en
masse de travail.
Conseil
numéro 3
En faire TOUS les jours (oui, c’est le même que le conseil de
préambule). Il est facile d’utiliser Duolingo chaque jour puisque
l’application est conçue ainsi, avec des défis, une ligue, des
bidules à débloquer. Si on commence ainsi, on prend l’habitude
d’étudier un peu chaque jour. Par contre, rapidement, vous allez
sentir ses limites.
L’écoute
est importante. J’ai commencé par des animés et des films.
Cependant, aujourd’hui, j’ai besoin d’une écoute plus dense.
Je suis donc passée au podcast, entièrement en langue japonaise.
Les scripts sont en général disponibles sur un site, ou il peut y
avoir des vidéos du texte. Essayez de trouver un podcast avec un
sujet et une voix qui vous plaît.
Une
langue est faite pour communiquer, comprendre l’autre. C’est con,
mais quand on étudie, parfois on oublie cette évidence. Si on a
envie de comprendre ce qui est raconté, l’attention nous coûtera
moins d’effort et à la fin, le plaisir l’emportera. Ce sera plus
facile de mettre en place une habitude si on éprouve la fierté
d’avoir compris, la saine frustration d’avoir raté un truc qu’on
sent juste à porter, la curiosité et la joie de découvrir la
culture, ou même de suivre un podcast avec du suspens !
Pour
l’apprentissage des kanji
et
du vocabulaire,
la
technique de répétition espacée
a
fait ses preuves. L’application Anki (libre sous Android, payante
sous iPhone) est la solution idéale. Elle n’est pas super
intuitive (pour moi en tout cas), mais des tutoriels sur YouTube vous
expliquent son utilisation. Pour ceux qui utilisent la méthode Minna
no Nihongo, l’application
Minna
no Flashcards
propose
une révision rapide et simple. Je pense d’ailleurs qu’elle peut
aider tous les débutants, car le vocabulaire est basique et utile.
Si
vous regardez le temps passer sur les réseaux sociaux, dégager une
demi-heure ou même une heure par jour pour bosser le japonais est
raisonnable. En combinant par exemple Duolingo le matin durant dix
minutes, Anki à midi durant vingt minutes, et un podcast ou un animé
de 20 à 30 min, vous varierez les plaisirs. Il faut aussi se
caler des sessions plus costaudes, au moins une ou deux fois par
semaine, pour apprendre la grammaire et la conjugaison.
Dès
que vous vous sentez vaguement prêt à baragouiner, il est possible
de trouver des correspondants pour des échanges de langue. Je n’ai
pas encore testé l’application Tandem, mais elle est plébiscitée.
Conseil
numéro 4
Tenez bon, mais si vous abandonnez, comme moi, sachez qu’il est
plus facile d’apprendre une seconde fois ce qu’on a déjà appris
et oublié. Cela permet de « lâcher » un peu la pression.
Même si, dans mon cas, je suis lasse de toujours tenter de retrouver
un niveau intermédiaire que je n’ai, pour l’instant, pas réussi
à récupérer. On verra si, mi-décembre, j’ai réussi à tenir
mon défi.
Bon
courage à tous et surtout, n’hésitez-pas à laisser en
commentaire les livres que vous appréciez, ou ceux qui vous ont
déçu. Je vais dans un prochain article vous donnerais une
recommandation de podcast que j’apprécie.
Mise à jour : voici une liste de podcasts qui pourraient vous aider que vous soyez débutant ou intermédiaire.
Conseil
numéro 5
Excepté pour Duolinguo, je ne vous donne que des références en
français. À moins d’être bilingue ou d’avoir une connaissance
approfondie de la grammaire, conjugaison et syntaxe d’une autre
langue, il me paraît important d’apprendre le japonais à partir
de sa langue maternelle. De la même manière qu’une personne
native sans compétence adéquate n’est pas la mieux placée pour
enseigner la structure du japonais, passer par une langue tierce,
comme l’anglais, risque de rendre les choses plus difficiles et
pire, d’induire des erreurs. Par contre pour les
kanji
et
le vocabulaire qui demandent de la mémorisation plus que de la
compréhension, le passage par l’anglais ne me paraît pas
problématique.
Un article du blog
http://etang-de-kaeru.blogspot.com/2021/01/quelques-podcasts-pour-apprendre-le.html
Récapitulatif
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