Sans dead-line, sans objectif, sans discipline, impossible de sortir des mots. Impossible d'avancer. Je suis de ceux qui, à l'école, attendait la veille pour faire leur rédaction. Pourtant, j'aimais écrire. Je réfléchissais au sujet à peine les devoirs étaient donnés par le professeur.
La difficulté ne réside ni dans le plan, ni dans l'élaboration mais dans le "faire". Où, plus exactement, dans cet espace mental fragile et évanescent où je prends la décision de "m'y coller". M'y mettre.
Marcher sur l'air
Ce espace temporel est un gouffre.
Avant, tout est virtuel, les mots sont là, dans la pensée. Après, je suis assise à mon bureau, au travail. C'est dans ce laps de temps que tout ce joue, tout bascule. Il existe des trucs, des mécanismes simples pour inviter l'inspiration et combattre une concentration erratique. Il faut être en condition, le ventre plein - sinon la tentation de se lever pour grignoter est grande - la musique adéquate ou le silence profond, l'éclairage optimal, la boisson favorite - un thé et sa tasse assortie. Une fois le rituel accompli, enfin, les mots passent du cerveau au bout des doigts.
Pourtant, la terreur est toujours là.
Quelque soit l'expérience, quelque soit les précautions d'usage, j'ai souvent l'impression décourageante que m'y coller, m'y mettre, sera toujours un combat. J'essaye de penser au plaisir qui vient après, une fois le robinet à phrases est ouvert en grand. Quand le texte coule à flots joyeux. Quand les hésitations et l'auto-censure sont noyées par les idées, la joie sincère et ravageuse d'écrire. Quand les émotions m'habitent fortes et fluctuantes.
À chaque fois, c'est le même cirque. La procrastination guette. La confiance s'évapore. Le gouffre s'approche, sombre et insondable. Il faut commencer à le traverser pour que le pont suspendu invisible de l'inspiration prenne le relais de cette angoisse familière. La confiance donne des ailes, littéralement. Après, même si écrire n'est pas facile, écrire devient heureux.
Avec plus de 20 chapitres dans les pattes, plus de 120 000 mots au compteurs, relus avec soin et déjà soumis aux regards scrutateurs d'amies (plus ou moins) objectives, je pensais que ce foutu moment horrible et flippant allait disparaître. Que je pourrais m'assoir sans peur, me mettre à écrire. Mais non.
C'est l'inverse. Plus la fin approche et plus ma terreur grandit ; tant et si bien que je me retrouve ralentie, presque à l’arrêt.
Quand le sprint se transforme en marathon
Je voulais finir mon roman pour la fin de l'année. Je suis tombé sur un os. Ou plutôt un tas d'os. Un squelette complet même, probablement de dinosaure, vu le retard que j'ai accumulé. Plus qu'un seul chapitre. Un foutu chapitre dont le déroulé est déjà écrit.
Et ça coince.
Ça coince tellement que mon corps est parti en vrille. Toujours aimable et réactif quand il s'agit de me signaler mes égarements : névralgie aiguë additionnée à toutes les saloperies possibles. Quitte à être malade autant cumuler, histoire d'être certaine que je me trouve physiquement dans l'incapacité d'écrire. Somatisation mon amie.
Aujourd'hui, ça va mieux.
Après dix jours de pause à me pâmer sur les qualité de remboursement de ma mutuelle, je retrouve enfin la capacité physique à me mettre au travail. Au passage, je tiens à remercier tout ceux qui me soutienne via le blog, facebook et autres réseaux sociaux. Certes, je perds du temps à glandouiller par là, mais je trouve aussi de la motivation et du courage.
Ceci était un article totalement narcissique et pas vraiment constructif, si vous l'avez lu jusqu'au bout, je suis quand même surprise !
Les photos ont été prises dans les Vosges, à Saint-Maurice-sur-Moselle, un petit matin de septembre. D'autres clichés sont à voir ici :
- http://etang-de-kaeru.blogspot.fr/2013/12/bleu-mouille-et-bleu-vibrant-laurore.html
- http://etang-de-kaeru.blogspot.fr/2013/10/des-chevaux-dans-les-pres.html