Juste une image. La lumière qui traverse un pétale, la lumière qui joue avec la trace organique irisée d'un insecte. La transparence....
31 juillet 2011
28 juillet 2011
"Kafka sur le rivage" bercé par le bruit du vague à l'âme
C'était le dernier livre dans ma liste pour le défi In the mood for Japan qui s'est achevé fin juin. Je prends enfin le temps de chroniquer ce chef d'oeuvre d'Haruki Murakami. Cet auteur a beaucoup de succès, à juste titre. Son style à la fois simple et étrange plaît au public et à la presse. Et moi aussi, je suis tombée sous le charme.
Un pèlerinage à Shikoku...
Comme pour Les bébés de la consigne automatique, je vous déconseille la lecture de la quatrième de couverture. Elle révèle quand même des événements qui se déroulent à la page 450... Ce n'est pas vraiment nécessaire de dévoiler ainsi certains mystères.
Si vous n'êtes pas familier avec le style de Murakami, je vous conseille en première rencontre de débuter plutôt par un ouvrage moins épais, comme Le passage de la nuit. Si vous êtes gros lecteur ou amateur de littérature contemporaine, alors l'expérience mérite le détour.
Kafka sur le rivage est un parcours initiatique, une invitation à laisser dernière soi ses doutes et ses préjugés pour se laisser guider par le flot, se laisser porter par la magie des rencontres et l'âme des lieux.
Murakami nous conte en parallèle deux histoires, deux quêtes qui raisonnent et convergent.
D'abord, il y a cet adolescent à l'existence écrasée par le poids d'un secret digne d'une tragédie grecque. Et puis, il y a un vieil homme marqué par une aventure bizarre survenue enfant et qui l'a rendu amnésique et illettré. Tous deux vont, chacun suivant sa route, se rendre à Shikoku, dans une petite ville de campagne, loin de l'agitation tokyoïte.
Une forêt d'arbres et de livres...
Malgré le nombre de pages conséquent, la narration reste fluide et d'une construction parfaite. L'écriture ne connaît aucun temps mort, aucune faiblesse. J'aime le style de Murakami, dans la retenue et la pudeur.
Pourtant, une fois les personnages établis et l'histoire mise en place, l'émotion croit, se déploie pour tout envahir.
Ce livre donne envie de lire, envie de lire dans une bibliothèque, envie de fouler le sous-bois d'une forêt profonde, envie de partir à Shikoku, parcourir la campagne et se retrouver.
Murakami nous raconte un lieu, sa magie sauvage et nécessaire. Il parle de ses refuges si importants et si purs qu'on a besoin d'y retourner ponctuellement mais où il nous est impossible de vivre.
Nous ne sommes qu'humain...
Et puis, la notion du "temps propice", et de l'attente est aussi au coeur de se roman où les rencontres se produisent toujours au bon moment, quand le personnage est prêt à recevoir les bénéfices d'une providence tantôt taquine tantôt clémente.
Un autre élément que j'ai énormément apprécié est la transformation par la découverte de la musique classique. Un personnage médiocre prend conscience de sa condition, se remet en cause et décide de se changer. Il ne s'agit pas du coeur du roman mais cet aspect m'a beaucoup touché.
L'âme allégée
Kafka sur le rivage est un livre heureux. Cependant, il n'est pas facile. Le héros, un adolescent prisonnier de la folie de son père brise ses chaînes, casse la dynamiques d'un cercle vicieux en enfreignant des tabous. Le voyage ne s'effectue pas sans douleur et l'amour n'est pas un miracle à l'eau de rose.
Mais on peut se défaire des charges que les autres nous imposent. Il est possible avec de l'obstination et de la patience d'aller jusqu'au bout, d'achever sa quête, d'être libéré !
Une oeuvre résolument positive, parfois dérangeante, mais sans aucune vulgarité ou complaisance. Elle me donne envie de continuer à lire cet auteur, qui me surprend toujours par son univers complexe, sa vision onirique et son intelligence.
Un pèlerinage à Shikoku...
Comme pour Les bébés de la consigne automatique, je vous déconseille la lecture de la quatrième de couverture. Elle révèle quand même des événements qui se déroulent à la page 450... Ce n'est pas vraiment nécessaire de dévoiler ainsi certains mystères.
Si vous n'êtes pas familier avec le style de Murakami, je vous conseille en première rencontre de débuter plutôt par un ouvrage moins épais, comme Le passage de la nuit. Si vous êtes gros lecteur ou amateur de littérature contemporaine, alors l'expérience mérite le détour.
Kafka sur le rivage est un parcours initiatique, une invitation à laisser dernière soi ses doutes et ses préjugés pour se laisser guider par le flot, se laisser porter par la magie des rencontres et l'âme des lieux.
Murakami nous conte en parallèle deux histoires, deux quêtes qui raisonnent et convergent.
D'abord, il y a cet adolescent à l'existence écrasée par le poids d'un secret digne d'une tragédie grecque. Et puis, il y a un vieil homme marqué par une aventure bizarre survenue enfant et qui l'a rendu amnésique et illettré. Tous deux vont, chacun suivant sa route, se rendre à Shikoku, dans une petite ville de campagne, loin de l'agitation tokyoïte.
Une forêt d'arbres et de livres...
Marée basse... |
Pourtant, une fois les personnages établis et l'histoire mise en place, l'émotion croit, se déploie pour tout envahir.
Ce livre donne envie de lire, envie de lire dans une bibliothèque, envie de fouler le sous-bois d'une forêt profonde, envie de partir à Shikoku, parcourir la campagne et se retrouver.
Murakami nous raconte un lieu, sa magie sauvage et nécessaire. Il parle de ses refuges si importants et si purs qu'on a besoin d'y retourner ponctuellement mais où il nous est impossible de vivre.
Nous ne sommes qu'humain...
Et puis, la notion du "temps propice", et de l'attente est aussi au coeur de se roman où les rencontres se produisent toujours au bon moment, quand le personnage est prêt à recevoir les bénéfices d'une providence tantôt taquine tantôt clémente.
Un autre élément que j'ai énormément apprécié est la transformation par la découverte de la musique classique. Un personnage médiocre prend conscience de sa condition, se remet en cause et décide de se changer. Il ne s'agit pas du coeur du roman mais cet aspect m'a beaucoup touché.
L'âme allégée
Kafka sur le rivage est un livre heureux. Cependant, il n'est pas facile. Le héros, un adolescent prisonnier de la folie de son père brise ses chaînes, casse la dynamiques d'un cercle vicieux en enfreignant des tabous. Le voyage ne s'effectue pas sans douleur et l'amour n'est pas un miracle à l'eau de rose.
Mais on peut se défaire des charges que les autres nous imposent. Il est possible avec de l'obstination et de la patience d'aller jusqu'au bout, d'achever sa quête, d'être libéré !
Une oeuvre résolument positive, parfois dérangeante, mais sans aucune vulgarité ou complaisance. Elle me donne envie de continuer à lire cet auteur, qui me surprend toujours par son univers complexe, sa vision onirique et son intelligence.
27 juillet 2011
Nuancier d'été, des bleus de rattrapage !
Juin était le mois du turquoise pour le défi Nuancier du blog de Libelul. J'ai laissé passer l'échéance prise dans trop d'activités. Et puis, le mois de juillet continue sur le bleu avec une autre teinte, l'indigo. Alors, pour cette fin de juillet pluvieuse, voici de quoi se souvenir de la couleur du ciel au delà des nuages !
Je profite de ma semaine en Charente-Maritime pour photographier du bleu et rattraper ainsi mon turquoise défaillant. Après tout, l'important est de participer, même avec un peu de retard !
Pour les curieux qui veulent en savoir plus :
- les trois premières photos ont été prise à La Rochelle,
- les deux suivantes (de la peinture écaillée) au port des Salines à Oléron,
- les trois suivantes de nouveau à La Rochelle
- l'avant dernière est toujours un poteau usé du port des Salines,
- et enfin, un mélange de gouache à l'Atelier de la Cabane
Si j'ai le courage, je compléterai la série avec les photos que j'ai oublié sur mon gros zordi à Paris !
Je profite de ma semaine en Charente-Maritime pour photographier du bleu et rattraper ainsi mon turquoise défaillant. Après tout, l'important est de participer, même avec un peu de retard !
Pour les curieux qui veulent en savoir plus :
- les trois premières photos ont été prise à La Rochelle,
- les deux suivantes (de la peinture écaillée) au port des Salines à Oléron,
- les trois suivantes de nouveau à La Rochelle
- l'avant dernière est toujours un poteau usé du port des Salines,
- et enfin, un mélange de gouache à l'Atelier de la Cabane
Si j'ai le courage, je compléterai la série avec les photos que j'ai oublié sur mon gros zordi à Paris !
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Marianne Ciaudo,
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26 juillet 2011
Bienvenue aux lecteurs japonais ! 日本の読者に ようこそ !
Merci !
"L'étang de Kaeru" est mentionnée sur un site japonais searchina.ne.jp. Il recense blogs et sites qui parlent de l'Asie en langue étrangère. Mon article sur la Japan Expo a été résumé et mis en lien ici.
C'est pour moi une grande récompense d'être ainsi mise en avant. Ce blog est le fruit de mon travail, il me demande une implication réelle. J'écris avec plaisir mais aussi rigueur (malgré les nombreuses fautes d'orthographes).
Être ainsi citée sur un site japonais m'honore et me donne des ailes !
Merci beaucoup !
「サーチナ」という日本のサイトが「L'Etang de Kaeru」に触れています。 アジアについての外国語のブログとかサイトはここに調査されてい ます。「JAPAN EXPO」という記事が要約とリンクされていたのはここです。
そういう風に触れられているのはいい報酬だと思います。 正直に本気でがんばっています。楽しんで厳格で書きます。 日本のサイトに現れているのは光栄です。とても感謝します。
本当にどうもありがとうございます。
(merci aussi à la traductrice bénévole ^_^)
"L'étang de Kaeru" est mentionnée sur un site japonais searchina.ne.jp. Il recense blogs et sites qui parlent de l'Asie en langue étrangère. Mon article sur la Japan Expo a été résumé et mis en lien ici.
C'est pour moi une grande récompense d'être ainsi mise en avant. Ce blog est le fruit de mon travail, il me demande une implication réelle. J'écris avec plaisir mais aussi rigueur (malgré les nombreuses fautes d'orthographes).
Être ainsi citée sur un site japonais m'honore et me donne des ailes !
Merci beaucoup !
「サーチナ」という日本のサイトが「L'Etang de Kaeru」に触れています。
そういう風に触れられているのはいい報酬だと思います。
本当にどうもありがとうございます。
(merci aussi à la traductrice bénévole ^_^)
Même sur l'île d'Oléron, je n'oublie pas le Japon ! |
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23 juillet 2011
Petit compte rendu partial et subjectif de la Japan Expo 2/2
Suite de l'article qui se trouve ici
Japan Expo, un monde de contraste
Éviter les pièges !
La partie des stands éditeurs ne m'intéressait pas outre mesure. Les block-busters mis en avant ne correspondent pas vraiment aux titres que j'affectionne. Les auteurs japonais en dédicace ne sont accessibles qu'avec une motivation et une attente infinies. Bref, j'avais d'autres trucs à faire !
Par contre, j'ai passé un temps certains sur le stand de Picquer où les libraires - sympa et compétents - s'ennuyaient ferme. Je suis repartie avec le catalogue et une liste de bouquins en littérature japonaise chaudement recommandée. Si j'ai évité toutes dépenses, je risque bien de craquer dans un futur proche...
Les 5 portes, par Aurore |
Les boutiques diverses attirent foule et j'ai soigneusement fait des détours pour contourner toute la zone. J'ai quand même noté qu'avec les années, les produits de contrefaçon en provenance de Chine sont moins nombreux. La présence d'éditeurs japonais a mis un frein à ce trafic.
C'est positif !
Ensuite, j'ai fait le tours des amis ! Papoter et lâcher quelques billets pour acheter les derniers fanzines de personnes dont j'apprécie beaucoup le travail graphique. Il y avait dans les 200 fanzines, je n'ai bien sûr pas tout vu, mais j'ai fait quelques découvertes prometteuses et lâcher encore d'autres billets...
Je suis donc repartie avec dans mon sac :
- Les 5 portes d'Aurore Black Cat ainsi que quelques goodies (badges et magnet) toujours mimi et de bonne facture et un original fort sexy,
- le fanzine sur Sweeney Todd et le poème illustré Dragon de Laurence Peguy,
- les trois tomes du dôjinshi "Here be demons" et le sketchbook de Naniiebim.
- un carnet recouvert avec talent par du papier japonais et des cartes postales d'Emilie Even une passionnée des chiyogami
Je vous reparlerai plus longtemps de ces petites merveilles dans des articles dédiés.
La série "Here be demons" de Naniiebim |
J'aurai bien acheté le dernier sketchbook de Rann et quelques cartes par-ci par-là mais le budget était déjà explosé. Et puis j'avais prévu d'y retourner le samedi. Mes mirettes ont quand même étaient bien gâtées, notamment grâce aux dessins pêchus de la talentueuse Diana DC. Une p'tite minette à peine sortie de l'école, blindée de talent.
Diana DC, une illustratrice très prometteuse |
Fini de jouer !
Le lendemain matin, à une heure qui aurait été décente si je n'avais pas fait un gueuleton arrosé la veille, j'ai reçu un coup de téléphone de mon ancien boss japonais. Il avait besoin de renfort sur un stand. Le genre d'offre qu'on ne refuse pas, surtout quand le-dit ex-patron est aussi cool :)
Le reste du salon a été dans une optique radicalement différente de celle tranquille du jeudi. J'ai eu le grand plaisir de vendre les nendoroïds de Miku Hatsume fabriqué en exclu pour récolter des fonds pour la Croix-Rouge. Ainsi, je me suis sentie un peu utile...
Alors, le verdict de mes quatre jours est positif ? Oui, car j'ai adapté mon regard et mon attitude au lieu, aux opportunités. Positif parce que je suis une éternelle optimiste. Pourtant, certaines choses m'ont quand même agacée...
Liste non exhaustive de choses désagréables
Non que je veuille faire ma râleuse, mais certains trucs me rendent dingues, totalement intolérante et à deux doigts du meurtre....
1 : les gens qui puent
D'abord il y a la foule, sa densité, son bruit, son odeur. Certains ont une hygiène corporelle franchement douteuse et au bout de quatre jours, dans la chaleur moite de la verrière qui fait sauna, les effluves deviennent très nauséabonds.
Ambiance potache et envahissante |
2 : les gros en string (ou en sous-vêtement)
Japan Expo est LA grande messe des otaku, des ado kikoo-lol (et adultes aussi). Ce sont les jours de l'année où tout est permis. Une débauche d'habillement original, où le cosplay est prétexte à l'exhibition, où l'on s'affiche en princesse chamallow bonbon rose ou SM.
Il y a des choses que j'aurai préféré ignorer. Des parties du corps sur des tas de chair et de graisse que j'aurai vraiment souhaité qu'elles restent intimes. Certains n'ont aucune pudeur et sous prétexte de liberté imposent aux yeux un spectacle navrant qui brûle les yeux.
3 : les cannettes de Coca
Cette année, la saleté habituelle a pris une nouvelle dimension de crasse et d'amas de détritus grâce à Coca-Cola. La société a distribué en non-stop des canettes pendant toute la durée du salon et sans mettre de poubelle.
Bilan : le salon a été littéralement pourri par les canettes écrasées, les canettes renversées jetées n'importe ou.
Sur le stand de Good Smile, nous avions sur le stand une table avec des prospectus. Nous étions juste à quelques mètres des hôtesses Coca. En 5 min chrono, la table a été recouverte d'une forêt de canettes... Garder les surface du stand propre a été un défi de tous les instants. Mon grand plaisir de la convention : rendre poliment les détritus à leur propriétaire en expliquant avec un grand sourire que ce stand n'était pas une poubelle !
Merci Coca... |
4 : les parents indignes
Certains êtres humains décident quand ils se reproduisent que la venue d'un enfant n'aura pas ou peu d'impact dans leur vie et leurs loisirs. Ils continuent donc d'emmener leur gosse de quelques mois au ciné (voir Hellboy 2 par exemple) au restau (jusqu'au milieu de la nuit) ou à Japan Expo (venir le samedi). Une poussette lancée à pleine vitesse dans la foule fait un bon pare-buffle.
Oui, il y a des cons partout. Mais, les cons qui se reproduisent sont les pires. Et le môme lui n'a rien demandé. Ça me rend dingue.
5 : la culture pouffe
J'ai été ado. J'ai couiné en allant à des concerts (de métal), je me suis habillée bizarrement (avec des t-shirts de métal)... Je comprends le concept de troupeau de minettes à demi-hystériques. Nan, sérieux. Je trouve même mimi les gothiques lolitas et les nanas habillées en cup-cake géant acidulé. La futilité est, paradoxalement, essentielle. Légère.
Sauf que quand la féminité se résume à la futilité et, qu'en plus elle a des velléité artistique... ça me rend dingue.
Des stands qui ratissent larges... |
Le "nail art" : parfois la curiosité pique les yeux... |
Vivement 2012 ?
Naruto, enfin splendide ! |
Je pourrai citer des dizaines d'autres détails qui m'horripilent ou me rendent triste (notamment la quasi-absence de toute solidarité pour les sinistrés du Tohoku, bien oubliés au milieu des portes-clefs Totoro et des milliers de mangas).
L'ambiance générale de Japan Expo me fatigue, la foule me fatigue, la bêtise et l'irrespect me fatiguent... Nous ne sommes plus dans une communauté restreinte. Les mangas sont un phénomène de mode, une partie intégrante de la culture de masse.
Et pourtant...
J'ai fait de belles rencontres. Et, sans parler des opportunités professionnelles, ce que je retiens de cette convention sera la découverte d'artistes, de leur sensibilité, un partage d'émotions, une grande énergie. Les cons, ceux qui portent fièrement leur identité d'okaku, celles qui réduisent leur existence à la couleur de leurs ongles, je m'en fous ! Pour qui sait regarder, la pop culture japonaise est un creuset d'originalité et d'inspiration. Japan Expo propose des expositions, des conférences, des possibilité de s'ouvrir à la richesse et à la complexité du Japon.
Alors, à l'année prochaine !
Time to go... see u next year |
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Marianne Ciaudo,
Réflexions
22 juillet 2011
Petit compte rendu partial et subjectif de la Japan 1/2-Expo
Cette année j'avais décidé de ne pas aller à Japan Expo.
J'avais deux raisons : l'une purement financière et l'autre plus sérieuse et plus difficile à expliquer.
Depuis le tsunami qui a frappé le Japon le 11 mars et la catastrophe nucléaire de Fukushima, mon regard sur le Japon a évolué. Et si mon envie d'y retourner continue de s'épanouir chaque jour, je suis très inquiète. Quelque chose a changé, s'est brisé. En allant à Japan Expo j'avais peur d'être confrontée à une masse d'otakus à demi-hystérique, guidée par une soif consumériste joyeusement ignorante des difficultés dramatiques qui touchent le Japon dans sa chair et dans son âme.
Ma bonne résolution a volé en éclat quand des copains (merci Ben, merci Bruno) m'ont proposé des invitations. Et me voilà en possession de deux entrées... Résolument optimiste et curieuse, toute frilosité envolée - ou presque - je saute sur l'occasion de découvrir de nouvelles choses. Me voilà donc partie le jeudi avec une liste assez flexible de stands à voir.
Des expo aux cœurs gros...
Je voulais impérativement voir l'exposition sur le Wabi-Sabi que j'avais ratée en juin. Je n'ai pas été déçu par la richesse et la qualité des oeuvres présentées, même si l'ambiance sonore se prêtait peu à la contemplation...
Il y avait aussi l'expo en hommage à Satoshi Kon. Là, j'avoue, la déception a frisé le dégout... Non seulement l'éclairage du lieu était peu propice à mettre les oeuvres en valeur, mais la population présente a achevé de me coller le blues.
J'ai été très affecté par la mort de ce réalisateur que j'avais eu la chance de rencontrer en interview pour la sortie de Tokyo Godfathers.
Les oeuvres réalisées sont vraiment poignantes et les voir là, au milieu de péquins de passage préoccupés seulement par trouver leurs goodies Bleach ou One Piece, et avec des gamines pré-pubères assises devant les panneaux et en train de pique-niquer... non.
Illustration de Ben Fiquet |
Commissaire de l'exposition, Marc Aguesse, du site Catsuka, a pourtant effectué un travail remarquable. Les artistes français qui participent, proposent des illustrations en accord avec le monde particulier du maître. Beaucoup d'émotion et d'humour dans les oeuvres rassemblées là. Je souhaite vraiment que cette exposition puisse un jour se tenir dans une galerie...
Au vu de l'effet sur mon moral de l'hommage à Satoshi Kon j'ai décidé d'éviter l'espace "Gambare Japan" qui était relégué dans un coin, au delà de l'espace dédié aux boutiques. La position choisie avait le mérite d'indiquer clairement la place réservée aux préoccupations solidaires et humanitaires... Je m'y attendais. Mais c'était quand même triste...
Une convention pas à 100 % mercantile
Pour me remettre des mes émotions, j'ai passé un moment dans la partie où était concentrée les stands plus culturels : la Maison de la culture du Japon, des écoles de langues, des boutiques de produits japonais souvent vendus à des tarifs proche du vol... Et enfin, le stand incontournable (merci à David de Ogijima), celui de Shikoku Muchujin.
Une carte-guide de l'île de Shikoku était distribuée gracieusement avec des infos pour effectuer le pélerinage des 88 temples. Les personnes présentes, notamment Mie Ozaki, étaient toutes très agréables et elles m'ont donné le courage de présenter mon blog à leur concours !
J'ai réalisée plus tard que les activités culturelles et d'autres stands se trouvaient planqués à l'autre bout de l'immense halle. Il y avait notamment un espace d'exposition géré par la galerie parisienne d'art contemporain Metanoïa.
J'ai vu "en vrai" les oeuvres de l'illustratrice Tomomi Murakami et surtout j'ai découvert le travail de Michiko Horie. Un choc esthétique !
J'ai adoré son boulot. En plus elle était présente et s'exprime dans un français impeccable. Dans la mouvance d'artiste comme Aya Takano, ses tableaux très féminins sont à la fois tendres et sensuels.
Michiko Horie, de l'émotion sur la toile |
....A suivre !
Pour éviter un article trop long, la suite est ici.
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Réflexions
21 juillet 2011
Photo 52 : architecture
Lignes et courbes, harmonie et utilité.
Le mot architecture m'évoque l'urbain. Cette semaine, malgré une météo automnale j'ai quand même réussi à prendre quelques photos.
J'ai même eu le courage de faire deux montages sous Gimp. Un défi vu mes compétences fort modestes dans le domaine...
Voici deux propositions d'illustration du thème architectures pour le projet photo 52.
La première a été prise sur le chantier parisien du forum des Halles dont les jardins sont en pleine rénovation. La seconde vient directement de la Cité de l'Architecture, au palais de Chaillot.
Quelle est votre favorite ?
Le mot architecture m'évoque l'urbain. Cette semaine, malgré une météo automnale j'ai quand même réussi à prendre quelques photos.
J'ai même eu le courage de faire deux montages sous Gimp. Un défi vu mes compétences fort modestes dans le domaine...
Voici deux propositions d'illustration du thème architectures pour le projet photo 52.
La première a été prise sur le chantier parisien du forum des Halles dont les jardins sont en pleine rénovation. La seconde vient directement de la Cité de l'Architecture, au palais de Chaillot.
Quelle est votre favorite ?
Orange constructif |
Architectures d'intérieur |
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18 juillet 2011
Yotsuba, une vision pétillante et drôle de l'enfance
Quand je vais chez des copains, je passe un temps certain à explorer leur bibliothèque. Ma dernière découverte s'appelle Yotsuba, un manga très distrayant. Je connaissais de nom et surtout j'avais déjà zieuté les figurines mignonnes. Je pensais à tort qu'il s'agirait soit d'un truc moe soit d'un titre purement humoristique... Et quelle agréable surprise ! (je vous rappelle que je n'aime pas les trucs drôles).
Je suis totalement séduite par cette série. Non seulement j'ai dévoré les neuf tomes actuellement dispo en français mais je compte bien les ajouter sur mes étagères déjà sur-peuplées.
Quatre couettes magiques !
Ce manga raconte les aventures de Yotsuba, une enfant de cinq ans, qui vient d'emménager avec son père adoptif dans une petite ville. Elle se lie d'amitié avec la famille voisine composée d'un couple et de leur trois filles.
Yotsuba a un tempérament énergique et heureux, elle accumule les expériences et les jeux. Sa gentillesse et sa naïveté ne l'empêchent pas de faire des bêtises. On suit avec intérêt ses petits mensonges et ses erreurs de compréhension ou ses interprétations très personnelles des situations. Chaque chapitre se compose d'une histoire courte. Il n'y a pas de trame de fond, pas de grand drame, juste la joie d'un quotidien en perpétuel changement, vu par les yeux curieux d'une enfant un poil coquine et très remuante.
Les trois voisines ont chacune des caractères affirmés avec leurs habitudes. Ena, la benjamine est une élève modèle, douce et posée, très mature pour son âge. Fûka, la cadette, est lycéenne. Elle aime les t-shirts bizarres et joue volontiers avec Yotsuba malgré la différence d'age.
L'aînée, Asagi, une très belle femme, est étudiante. Toujours fourrée avec sa copine Torako, la rebelle de service, elle s'occupe de Yotsuba avec attention mais n'hésite pas à taquiner la fillette et ne lui cède aucun caprice.
Il y a aussi Jumbo, le meilleur ami du père de Yatsuba, un type à la taille impressionnante. Yotsuba le considère comme un membre à part entière de la famille. Dès qu'il arrive, elle cavale pour l'accueillir !
La galerie de personnages s'étoffe peu à peu et on les découvre humains, complexes et attachants. Tout ce petit monde cohabite avec la petiote, s'inquiète, l'aide à grandir mais aussi renoue avec la fraîcheur de l'enfance et la spontanéité. Yotsuba est parfois très ignorante et parfois étonnamment mature avec un langage châtié, des formules de politesse qu'elle répète fièrement.
Un bol d'air vivifiant et hilarant
L'auteur, Kiyohiko Azuma, déjà célèbre pour la série Azumanga Daioh, choisit un ton beaucoup plus intimiste et plus subtil pour cette oeuvre. Son dessin s'affine, devient plus réaliste avec des décors très soignés. Le design de Yotsuba et des autres enfants reste simple et très stylisé alors que les personnages adultes bénéficient d'un traitement graphique différent.
Mais c'est étonnamment avec les visages d'enfant épurés à l'extrême qu'Azuma révèle tout son talent. Les expressions sont variées et très touchantes. L'utilisation de gimmick assez courants dans les codes visuels du manga est maîtrisée ainsi que les trames, présentes mais avec parcimonie. L'encrage un peu gras au départ s'affine en cours de série. Alors, si comme moi vous préférez des styles graphiques plus traditionnels ou au contraire, franchement très originaux, laissez quand même leur chance aux dessins de Yotsuba.
La narration assez posée fonctionne très bien. Et l'intérêt et la force de Yotsuba c'est avant tout son ton et son talent pour nous distraire et nous toucher. Certain passages sont vraiment hilarants. J'ai ris à gorge déployée pendant toute la série.
Ce qui différencie Yotsuba des titres humoristiques habituels c'est son intelligence, sa tendresse et sa justesse dans la descriptions de la perception du monde par des yeux d'enfant.
Les erreurs de jugement de Yotsuba qui comprend souvent de travers ces êtres étranges que sont les adultes nous renvoie à notre propre enfance, nos bêtises, nos rêves, notre vision du monde teintée de mystère et de fantastique. L'imaginaire infini et toujours en effervescence de la fillette colore la vie de ses proches d'une magie et d'une naïveté salutaire.
Un retour à une vision positive et merveilleuse de l'existence. De la légèreté joyeuse. Et une narration qui prend son temps, nous laisse contempler le décor, apprécier les changements de saisons, s'adapter au rythme de la nature.
J'avais besoin de cette lecture. Elle fait du bien.
Un autre élément qui m'a énormément séduit est l'ancrage profond de Yotsuba dans la culture japonaise. Un bon complément au livre Japon, 365 us et coutumes de David Michaud.
Si l'enfance et sa fraîcheur a un caractère universelle, les anecdotes de Yotsuba sont résolument japonaises. De la fête des morts aux matsuri d'été célébrés dans le temple du quartier, on découvre ces éléments vivants et ordinaires du Japon si exotiques pour des occidentaux.
Yotsuba, en tout simplicité, transmet un message d'amour, de bienveillance et avec le sourire ! J'espère que vous aussi vous aurez beaucoup de plaisir et de joie en lisant les tomes de cette série. Le 10ème volume devrait sortir en France chez Kurokawa en novembre 2010 avec une ré-édition de la série, actuellement épuisée !
Un excellent dossier d'analyse sur le site de Manga-news
http://www.manga-news.com/index.php/report/Yotsuba
Le site de l'éditeur Kurokawa :
http://www.kurokawa.fr/site/yotsuba_t1_&100&9782351420713.html
15 juillet 2011
Photo 52 : fête
Cette semaine, inspirée peut-être par le calendrier, Kty de Bentoblog, la maîtresse de cérémonie du projet Photo 52 a choisi comme thème fête.
Ce mot évoque immédiatement la clameur d'une foule, la musique trop forte, le ridicule de l'ivresse, la fatigue d'un lieu trop plein de monde, trop plein de sons. La fête telle que beaucoup l'apprécient est pour moi un calvaire social, une longue liste de désagréments frisant l'insupportable.
J'aime les fêtes en comité restreint, les fêtes en plein air comme les petits pique–niques d'anniversaire, les soirées avec quelques amis autour d'une table joliment dressée à déguster un plat préparé avec soin accompagné d'un verre de bon vin. La fête est agréable si elle est une rencontre entre amis, ou avec des inconnus liés par des amitiés ou des passions communes.
La fête est connivence, joie, complicité.
Un moment partagé ensemble, que l'on discute à bâtons rompus, que l'on échange des plaisanteries stupides, que l'on danse ensemble, que l'on s'amuse, se mette la pâtée aux jeux vidéo... La fête insuffle bonheur et légèreté.
Alors photographier la fête, la fête que j'aime était un vrai défi. Loin des manèges, des cotillons je voulais photographier son ressenti, le plaisir du partage, d'une rencontre grisante, de la découverte de goûts communs, de la magie d'un instant.
J'ai choisi de capturer un peu de la chaleur de la lumière, l'intimité d'un éclairage, des couleurs à la fois vives et douces. Une fête incandescente pour se réchauffer de joie, se brûler de bonheur sans avoir le lendemain l'âpre tristesse de la cendre.
Pour les infos techniques, comme d'habitude, il faut cliquer sur les images :)
Instantanée de joie |
Précieux |
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Marianne Ciaudo,
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Vie de Grenouille
12 juillet 2011
Japan Expo, c'était mieux avant ?!
Une fois par an, le premier week-end de juillet, se tient Japan Expo, au nord de Paris. Ce salon est devenu un événement européen. Une grosse machine bien huilée qui attire des dizaines de milliers de visiteurs et qui génère des bénéfices considérables ainsi qu'une visibilité pour les acteurs de ce marché juteux.
Cerisiers en Fleur aux branches flamboyantes (détail), par Makino Machiko |
Culture de masse
Avec plus de dix ans à traîner mes baskets en convention je me sens toujours newbie. Il faut dire qu'autour de moi je ne compte plus ceux qui apprécient la culture japonaise depuis plus longtemps, et qui sont souvent plus jeunes. Bref, ils sont vraiment tombés dedans tout petit !
J'ai découvert les mangas et par ce truchement, la culture pop japonaise en décembre 1999. A l'époque le phénomène commençait juste à sortir d'une communauté restreinte. En une dizaine d'années, les mangas et l'animation sont passés d'un loisir apprécié par quelques illuminés à un phénomène de masse. Très très rentable.
Être otaku est devenu une fierté en Europe, et même au Japon le mot s'est un peu galvaudé, il est devenu moins gluant, moins repoussant. Des oeuvres comme Densha okoto ou Genshiken adoucissent l'image. Pourtant, il suffit de faire un tour le week-end à Akiba pour être confronté à la réalité franchement peu ragoûtante. On trouve même sur ce blog des photos assez édifiantes d'otaku dans leur pires travers.
Et la curiosité, bordel ?!
Je ne dirai pas le "Japan Expo c'était mieux avant" qui signifie qu'on est mûr pour le joyeux qualificatif de "vieux con". Le monde du fanzinat évolue et, si les vieux de la vieille sont soit devenus pro, soit ont déserté le navire, je pense que la relève est assurée. Cependant, mon regret est que ce goût pour le Japon devenu à la mode attire un public moins curieux.
Une jolie Miku chez Good-Smile |
Les fans d'il y a 10 ans n'étaient pas plus intelligents ni plus doués, par contre, ils étaient indubitablement plus curieux.
Et ceux d'il y a 15 ans encore plus.
Il fallait découvrir les auteurs et les séries par soi-même, faire un effort pour dénicher son bouquin, souvent disponible qu'en japonais et dans peu de lieu. Venir à Paris était parfois la seule solution pour se procurer ses mangas et ses cassettes vidéo (oui je parle d'un temps que le moins de 20 ans...)
L'explosion de la culture pop japonaise est concomitante des nouvelles technologies, de l'avènement de l'Internet qui facilite grandement la diffusion de l'information.
Alors oui, j'avoue, je regrette la curiosité et le goût de l'effort qui animaient les fans de la première heure.
Ils n'étaient pas forcément plus tolérants, sortaient rarement leur museau de leur pré carré de manga et d'animation pourtant ils avaient pour assouvir leur passion une obligation de recherche, de partage.
Et demain ?
Quand je vois le professionnalisme de certains fanzines d'aujourd'hui, avec des dos carré-collé, des stands à la décoration parfaite, et le sourire avenant des dessinateur amateurs, je reconnais une évolution bénéfique. Cette tendance à un fanzinat qui flirte avec le prozine s'accompagne aussi de tarifs plus élevé et donc moins abordables (souvent plus de 8 euros).
Les fanzines de Morgil, l'étape avant l'édition pro |
Même si une écrasante majorité des visiteurs de la Japan Expo ne connaissent la culture japonaise que par la lorgnette du mangas, de l'animation, du cosplay, elle s'ouvre quand même sur le monde. Et certains vont plus loin, regardent des films, découvrent la littérature, s'intéressent à l'histoire, à la société, et même apprennent la langue !
Alors, même si la culture japonaise présentée à la Japan Expo est fragmentaire et peu représentative de la richesse de ce pays, elle est une porte d'entrée colorée, facile et aguicheuse sur un univers bien plus complexe et bien plus fascinant. Tel un substrat riche et fertile, prêt à révéler ses mystères et son incroyable capacité nourricière si on prend le temps de gratter un peu.
Le wabi-sabi dans la tourmente de Japan Expo |
Dans mon prochain article, vous aurez un vrai compte rendu de mes quatre jours de convention avec un focus sur mes auteurs de fanzine favoris, mes petites découvertes et les trucs qui m'ont énervés. Parce que la grenouille est un batracien râleur !
Sur le même sujet :
- Petit compte rendu partial et subjectif de la Japan Expo 1/2
- Petit compte rendu partial et subjectif de la Japan Expo 2/2
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Marianne Ciaudo,
Réflexions
9 juillet 2011
Photo 52 : en ville
Vite vite, entre les courses du samedi et un latage de tronche à un Grand Ancien, je m'arrête pour prendre la photo de la semaine !
Le théme : En ville. Le cliché retenu est le second, avec les Converses de mon moustachu.
Info techniques :
SO : 80
Exposition : 1/250 s
Ouverture : 2.8
Longueur focale : 6mm
Le théme : En ville. Le cliché retenu est le second, avec les Converses de mon moustachu.
En ville : à l'ombre des géraniums |
En ville : partage aléatoire du bitume |
Info techniques :
SO : 80
Exposition : 1/250 s
Ouverture : 2.8
Longueur focale : 6mm
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Marianne Ciaudo,
Photo
Pourquoi retourner au Japon ?
Cette question était posée par le site kanpai.fr pour un concours. Même si mon texte n'a même pas été retenu parmi les finalistes, j'ai eu plaisir à réfléchir à cette question. J'ai eu plaisir à écrire sur ce sujet qui me touche. Et j'ai envie de le partager avec vous.
"Difficile de synthétiser tout ce qui m'attirent au Japon en une raison unique. Un courant profond, une force de gravité immuable, m'attirent vers ce pays. La confrontation du rêve à la réalité n'a pas ternie ma fascination. Par deux fois, j'ai été au Japon. L'été dernier j'ai même eu la chance de séjourner un mois à Tokyo. Pourtant, l'envie est toujours là, dévorante, tapie au creux du ventre et prête à rugir à la moindre sollicitation. Impérieuse, sauvage.
Ce besoin de Japon, quasi vital est si intime, si primaire qu'il me parait artificiel de le qualifier de "raison". C'est le coeur, les tripes, l'âme qui s'exprime. Le cerveau n'a que peu de chapitre !
Alors, puisque pour ce concours je dois bien cerner avec des mots la raison principale pour laquelle j'aimerai repartir au Japon, je la résumerai en un mot : inspiration. Je ruse puisque ce mot recouvre trois significations distinctes ; ma raison est donc plurielle.
Ciel |
D'abord, il y a la respiration. Le sens premier d'inspiration. Prendre une inspiration profonde. Avec une grande goulée d'oxygène vivifiante, gonfler ses poumons d'un air légèrement iodé, d'une énergie pure. Aérer son corps et sa tête, se couper de son quotidien. Au Japon, j'ai inspiré un vent nouveau, j'ai retrouvé le goût de la flânerie, le goût de la lenteur.
Ensuite, il y a l'inspiration artistique. La richesse culturelle de ce pays à la fois si proche et si lointain est un terreau fertile. J'ai découvert le plaisir de la photographie.
La solitude du regard où seules les formes et les couleurs comptent. Autour de soi tout s'estompe, tout disparaît. Le monde se concentre dans une image. Le souffle tranquille d'une magie éphémère nous caresse. Là bas j'ai découvert qu'on pouvait regarder avec intensité des détails minuscules et des paysage immenses. L'esprit vide de contrainte de stress, j'ai retrouvé l'envie d'écrire.
Trésor |
Et enfin, il y a l'inspiration étymologique,
spirituelle. Dans les temples, dans les jardins japonais, sur les rives des étangs sacrés, mon âme s'est éveillée.
J'ai apprivoisé une notion jusqu'alors étrangère : la sérénité. J'ai découvert une joie immobile dans la contemplation d'un tori, dans les pistils d'une fleur, dans la goutte d'eau qui s'écrase sur le bitume tokyoïte. Fermer les yeux, boire une gorgée de thé vert. Sentir les émotions des lieux se lover dans mon coeur, me porter avec un élan naturel, m'intégrer au monde. M'accorder.
Prière |
Du Japon, j'ai rapporté avec moi, en moi, toutes ces inspirations.
Depuis mon voyage, mon rythme cardiaque, mon regard, mes mots ont changé. Une transformation subtile, douce, et irrémédiable.
Pourtant, mon envie de retourner là-bas est toujours présente. Parfois latente. Parfois violente. Je sais que cette inspiration ne peut survivre éternellement coupée de sa source nourricière. Par encore. Un jour, peut-être, j'aurai assez de Japon en moi pour vivre loin sans être en état de manque. Aujourd'hui, je suis encore sur le chemin.
Et même si le Japon a souffert, avec sa terre souillée et son peuple meurtri, le Japon demeure un refuge pour les voyageurs et les âme égarées. Un phare. Un pont entre le contemporain et l'originel, entre les hommes et les kami."
Maintenant, cher lecteur, à moi de vous poser la question : pourquoi avez-vous envie de retourner (ou de partir pour la première fois) au Japon ?
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Vie de Grenouille
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