25 septembre 2014

Ce crépuscule qui n'en finit pas...




« Je suis assise là, sur le quai Rauba-Capeu, à Nice. À la pointe. Là d'où je peux voir toute la baie. Sur mes oreilles, un gros casque audio, une protection, un tampon entre moi et la ville. Pourtant, les notes d'une guitare me parviennent quand même. Le soleil s'est couché derrière la colline. Le ciel incandescent rougit la Méditerranée. À quelques rues d'ici, ma grand mère agonise, et chaque jour, ma mère la regarde partir lentement.

Mes oreilles se dressent au son d'un japonais accentué. Un Français et une jolie Japonaise s'assoient à quelques mètres de moi et échangent des banalités sur la beauté du paysage. Sur les couleurs. La douceur estivale de cette fin septembre. 



Ma grand mère continue de mourir. Les enfants de Fukushima continue d'essayer de vivre.
Je souhaite qu'eux aussi arrivent à l'âge canonique de ma mémé. Cent-un an. 101 ans. Écrit avec des chiffres et leur symétrie, cela impressionne encore plus.

Le soleil a disparu depuis une bonne vingtaine de minutes. Le ciel vire au rubis glorieux avant de se teinter de fuchsia et même d'un rose barbie. J'entends les grincements de dents virtuel de la Moustache pourtant à mille kilomètres de là. Il n'aime pas trop le rose.

Derrière moi deux cyclistes s’arrêtent. L'un se plaint de la mauvaise qualité de son matériel et tente de soudoyer son comparse de lui prêter son vélo. Il marchande et supplie. L'autre cède, mais juste pour une courte distance. Leurs rires se noient dans la circulation de la Prom.
En contre bas, je sais que les derniers nageurs courageux regagnent la rive et profitent de la lumière fuyante pour se rhabiller.

Le couple mixte franco-japonais s'en va après moult photos prises avec le smartphone de mademoiselle et des petits cris aigus d'extase.

Le guitariste reprend sa musique nostalgique. Un morceau familier que je n'arrive pas à identifier. La mélodie cyclique m'évoque du Yann Tiersen ou du René Aubry.

La nuit s'installe maintenant. L'éclairage public au sodium clignote et se met en fonction, salissant toute la ville de leur orange malade. Si je m'attarde encore, ma mère va s'inquiéter.
De toute façon, je ne discerne plus les lignes de mon cahier, alors autant rentrer. Au dessus de ma tête, le ciel nocturne est souillé.

Le crépuscule s'achève, poussé dehors par la fée électricité. Une mort lente. Un anti-climax.

La fraicheur monte de la mer.
Il est temps de rentrer. »


Ce texte a été écrit il y a quelques jours, face à la mer. Aujourd'hui ma grand-mère n'en finit pas de vivre, ou n'en finit pas de mourir. Ce sont les mots de ma mère, quand elle revient de ses visites. 
Heureusement, je n'oublie jamais de regarder le ciel et ses couleurs changeantes.




19 septembre 2014

もののあはれ - Mono no Aware Project #14

Le projet Mono no Aware continue sont petit bonhomme de chemin.


Voici encore une série prise au cimetière du Château, à Nice. Un de ces lieux magiques où j'aime retourner sans cesse, toujours à l'affut d'une étrangeté, d'une bizarrerie, d'un détail mystérieux. Je peux me perdre de longue minutes dans la contemplation d'un reflet joueur, de l'usure de la rouille ou du charme surannée de fleurs en céramiques fatiguées.

D'ailleurs, je pars demain pour la Côte d'Azur pour une dizaine de jours. Je sais qu'en haut de la colline, sous les pins, des secrets m'attendent.





17 septembre 2014

Lilou et Filou : la BD remède de cheval contre la morosité !



Fanny Ruelle signe sa première BD jeunesse chez Glénat, Lilou et Filou, où elle nous raconte avec humour le quotidien de Lilou, une jeune cavalière motivée et de Filou, un canasson au caractère bien trempé, un peu flemmard et surtout très cabotin. La fine équipe enchaîne des gags incroyables sans jamais faiblir !

Du kiosque au libraire


Depuis des années, Fanny Ruelle dessine les aventures rocambolesques de Lilou et Filou pour la presse équestre. Les lecteurs du magazine Cheval Star connaissent bien les deux comparses et la sortie des planches en un premier album relié était attendue par les fans. Il s'agit d'une suite de sketchs variés, toujours très dynamiques et surprenants. Pas besoin de connaître les personnages ni même le monde du cheval pour apprécier l'humour décalé de la série. Sans aucune vulgarité, Fanny sait détourner les situations ou, au contraire, les prendre au pied de la lettre, pour créer un récit drôle avec une chute inattendue.

Au fil des pages, le caractère des deux héros s'affirme et l'auteur en profite aussi pour glisser un peu de pédagogie : l'équitation est avant tout une rencontre entre l'homme et l'animal, une jolie histoire de respect et d'affection. À la lecture de cette BD On sent tout l'amour de Fanny pour les chevaux et son expérience de cavalière qui lui permet de croquer avec justesse et simplicité des scènes hilarantes. Le dessin est efficace, très expressif, et va toujours à l'essentiel pour transmettre les émotions.


Du sport pour vos zygomatiques


Je ne suis pas une amatrice du genre humour (certains diront à raison que je suis même franchement réfractaire). Quand on me conseille une comédie ou un livre « drôle », je décline poliment en déclarant que je ne suis pas le public et j'évite ainsi un moment mortifère où mon interlocuteur tente en vain de partager avec moi son sens du comique qui me laisse de marbre. J'ai même une capacité spéciale qui consiste à ne jamais comprendre les blagues, demander des explications - ce qui est en général assez pénible - et finir par mourir d’ennui. Bref, tout le monde est gêné.
J'ai acheté la BD de Fanny parce qu'elle est mon amie et que je soutiens mes potes artistes. Je suis la première surprise d'avoir, premièrement apprécier, deuxièmement vraiment rigolé (là, je sais que certains vont demander des preuves).
Je vous encourage donc vivement à lire quelques planches et plus si affinité !


Fanny Ruelle est une artiste hors-norme. En effet, son style graphique ne se limite pas au dessin caricatural. Elle est aussi une aquarelliste de talent capable à la fois de croquer des paysages très réaliste et à la fois de faire des illustrations fantastiques notamment issue des bestiaires mythologiques. Licornes et dragons sont ses inspirations de prédilections. Fanny travaille aussi en trois dimensions avec la sculpture (essentiellement équestre). 


Peinture et encre, illustration originale en vente ici


13 septembre 2014

Rentrée décalée dans l'étang



Une petite grenouille dans son baquet

Cette année, tout mes repères temporels ont volés en éclat ; je ne trouve pas le souffle joyeux et motivant de la rentrée. Je suis déphasée.
En dérive permanente.

Passer les quatre premiers mois de l'année percluse de douleurs et immobilisée a tout déréglé. Rater la fin de l’hiver et la montée d'énergie du printemps. La vie repris timidement en mai et en juin, les accumulations des nécessités quotidiennes et des impératifs triviaux atteignent des sommets. Je voulais achever mon roman avant les vacances d'été. J'atteins l'objectif fin juillet avec espoir et frustration. Des températures d’automne et une pluie incessante rendre août triste et grincheux.

Voilà déjà la rentrée.
Je l'ai raté. Il y a du vide dans mon bureau. Du vide sur ce blog, un bordel incroyable dans mes projets photos.

J'ai la tête embrouillée. Je range la maison. Je trie. Pourtant, là-haut, cela reste le souk. Je jongle entre mes envies, mes pulsions, mes désirs et mes peurs. Je sais que j'avance. J'attaque les corrections de mon bouquins (merci à mes relecteurs pour leur aide précieuse), je prépare une expo photo.



Pourtant, le chaos persiste et s'étend. Une arythmie épuisante. Un chant discordant.
Cette année la rentrée dans l'étang est un hoquet asynchrone.

Et je m'interroge sérieusement sur l'utilité de ce blog.
J'ai toujours envie de faire partager mes découverte, de montrer sur la toile comment je vois le monde, comment je le ressens. J'ai la motivation. Peut-être est-ce l'organisation qui pèche ? Ou alors, j'ai juste besoin d'un bon coup de pied aux fesses. 


Dans les nuages...

Ces photos ont été prise en Normandie, du côté d’Évreux, sur le magnifique terrain de mon amie illustratrice Fanny Ruelle qui a des chevaux, des minettes et même une grenouille ! Son blog : http://fannyruelle-unjouruncheval.blogspot.fr

3 septembre 2014

Bye-bye mon lapin



Dans mon dos

Dans mon dos, il y a maintenant du vide.
Il y a maintenant du silence.
Il y a maintenant un espace disponible.
Un espace de souvenirs, de bruit de griffes qui grattent.

Dans mon dos, il y a juste un mur.
Un mur et des étagères.
Plus de vie.
Plus de connerie.
Plus de douceur.
Plus de kilos de crottes, plus de kilos de graines, plus de kilos de câlin.
Plus de blanc et noir taquin et râleur, territorial et intrépide.
Plus de lapin.

Dans mon dos
Presque dix ans de vie.
Ce matin, quelques heures de vide.

Bye-bye Sumomo.