22 juin 2012

L comme lisière


Lisière d'après le Petit Larousse Illustré 2006 : (n. f. orig. Incert.) Bord, extrémité d'un lieu ; limite.


Lisière est un mot de géographe, un mot pour les paysages. Des images de forêt en sylviculture et de champs bien rangés surgissent dans ma tête. La lisière est un espace, une zone entre deux mondes.
A la fois une protection, une zone d'expérience où, parfois, un liseron aventurier quitte la dune et sa lande pour la plage et son sable inhospitalier



La lisère appartient aussi à l'esprit. Je songe à cette zone flou de la conscience où imaginaire et rêves s'invitent sans qu'on leur demande.
Et puis, la lisière, je la ressens aussi comme un espace entre moi et les autres. Moi et l'univers. Une zone flou, d'énergie et de vibration. Parfois elle est immense, parfois elle s'amenuise tant que je me sens menacée.




Lisère est un mot pour les paysages d'écorces et de feuilles, de terre et d'humus. Lisère est un mot pour les paysages intérieures, coloré par les sentiments, fluant au gré des émotions, au gré des cogitations

Et cette lisière là, intime, invisible, je la découvre parfois bien présente, sous mes yeux. La lisère de la forêt contenue entière dans la bordure nervurée d'une feuille. Au-delà, le sous bois frais, de ténèbres et de mystères.




La lisière d'un champ, un chemin que l'on arpente sans risquer de fouler les jeunes pousses de blé, les salades timides ou les choux rondouillards. Une lisère qui se résume dans les pistils des herbes folles qui oscillent gentiment sous la brise.





La lisière est une promesse, un espace qui promet d'inconnu.
Elle promet la fin et le début.

11 juin 2012

Japonisme : 幻 - maboroshi - illusion


En japonais, 幻 - maboroshi signifie illusion, vision. 

Saisir l'évanescence, sentir vibrer son âme sur la même résonance qu'un lieu, le sentir habiter. Voilà, parfois, l'impression fugace qui m'étreint dans je rentre dans une église. Depuis mon premier voyage au Japon, en 2009, mon regard sur les lieux de culte s'est adouci.

Férocement anticléricale, j'avais beaucoup de difficultés à trouver la paix dans une église, même si j'ai toujours eu une grande admiration pour leur architecture et le poids humain de leur histoire. Des milliers de personnes qui viennent confier leurs espoirs et leur douleur au même endroit, cela marque les pierres.





Des heures passées dans les temples, les sanctuaires. Des heures dans leurs fabuleux jardins, assise sur un banc, près d'un étang sacré – a servir de casse-croûte aux moustiques.
Se sentir connectée, soudain un peu plus grande.

Un cadeau précieux ramener du Japon qui m'accompagne toujours.

Et dans une petite église de la ville portuaire de Fouras, baignée dans la lumière d'un soleil au zénith, j'ai tenté de capturer, avec les moyens du bords, l'atmosphère de ce lieu. 




Le projet "Japonisme" est réalisé en collaboration avec Anne et Viny

7 juin 2012

K comme kyrielle



Kyrielle, d'après le Petit Larousse Illustré 2006 : n.f. (de Kyrie). Longue suite ininterrompue.



Réveillée depuis 4h20 du matin. Contempler le plafond dans le noir avec des kyrielles de mots en farandole qui s'agitent dans mon crâne de batracien.
Autant se lever et écrire...

D'abord, se faire un thé. Observer les feuilles aiguilles du kukicha. Elles tombent en pluie de la cuillère de bambou dans la boule à thé en silicone bleu. Régler le timer. Quand le bip-bip amical retentit, verser le liquide dans mon bol vert du Japon. Celui taché par la théine, incrusté dans l'émail tellement je l'utilise. Des marques d'amour et de respect.

Nourrir le lapin. Régler comme du papier à musique, la bestiole ! Dès qu'elle me voit, elle attend sa pitance et une gratouille sur le museau. Opération réussie sans me faire arracher une phalange. C'est un lapin vorpale.
Il y a des risques.

Toujours, dans ma tête, les mots s'agitent, s'animent, dansent et s'accouplent en phrases bâtardes, tordues. A force de les laisser dans leur chaos allègre, de les observer, comme les feuilles du thé, je discerne des formes, des récurrences. Les phrases me paraissent soudain sibyllines. Elle s'enchaînent, une suite ininterrompue.

Une kyrielle jolie, structurée.
Parfois une spirale, parfois, quelques aller-retour, un flash-back. Parfois un ralenti quand elles s'allongent en circonlocutions compliquées. Parfois une accélération. Des phrases courtes, puis juste des mots mitraillettes. Je fais confiance, je suis le mouvement.



Et cette longue kyrielle colorée, joyeuse comme des lampions flottants sur une rivière pour un matsuri d'été, amène dans son sillage, mon histoire. Le récit se déplie, se déroule, suit le flot. La narration s'emmêle, fluide. Tout me paraît facile. J'oublie les heures à chercher de la documentation. J'oublie les heures de cogitation à agencer des pièces d'un puzzle qui refusent obstinément de s'emboîter. Des heures à contempler les trous béants du dit puzzle en cherchant à les glisser à la périphérie, pour ne pas nuire au tableau.
J'oublie les digressions, j'oublie le casse-tête de modéliser dans ma modeste cervelle un champs des possibles infini. Quantique. Des milliers d'arbres immenses avec autant de racines entrelacées que de branches enchevêtrées.

J'oublie les angoisses fébriles, l'envie dévorante.

Moi aussi, je suis le flot de la kyrielle de mots. Elle me guide, amicale, lumineuse, nourricière.


La journée commence bien !

Le projet Japonisme est en collaboration avec mes supers copines Anne et Viny.

1 juin 2012

Deux ans dans l'étang !!!


Voilà, déjà deux ans que je livre sur la toile images et mots, impressions de Japon et d'ailleurs.

Si ma présence est parfois erratique, j'essaye quand même de me tenir à la discipline d'au moins un message par semaine. Et, c'est toujours avec surprise et joie que je constate que, même dans les période de creux, vous êtes nombreux à venir dans mon étang.

Alors, merci à tous les fidèles, tout les visiteurs de passage, les curieux épisodiques !
Merci.
Écrire, photographie me rend heureuse.
Savoir que derrière l'écran, le virtuel du blog, il y a la chair et la vie, les yeux et les émotions des lecteur, est chaque jour une motivation, un soutien précieux.
Merci.

Une fois n'est pas coutume, voici une image de moi, sous le crayon inspiré de mon amie Anne. Elle m'a croqué en train de photographier !

©Anne Jacques

Regard fasciné
Le monde dans l'objectif
Nuque brûlante