25 septembre 2013

Kyôto se révèle dans un beau livre d'illustrations de Priscilla Moore

Illustration de Priscilla Moore

Kyôto se révèle dans un beau livre d'illustrations de Priscilla Moore

Je vous avais parlé de mon soutien pour un super projet de collection de livre illustré lancé par les Éditions Nomades. Il a enfin pris vie et les premiers ouvrages sont imprimés ! J'ai eu le grand plaisir de recevoir «Fêtes et légendes à Kyôto » par l'illustratrice et peintre Priscilla Moore.

La ville hors du temps


Il s'agit d'une fenêtre merveilleuse sur un Kyôto du passé où tradition et merveilleux s'entre-mêlent. Pas de texte, juste des images magiques en double pages qui racontent des fragments d'histoires, des ambiances.

Les tableaux, réalisées selon la technique traditionnelle du nihonga, nous transportent ailleurs, dans un Japon sensible, fantasmé et pourtant encore bien vivant.
J'ai retrouvé le sentiment vif et persistant que j'ai eu lors de mes voyages là-bas : tu contemples un paysage, un jardin, un tori au bois vermoulus.
Et soudain, le présent se dissout dans la présence lancinante et diffuse des siècles. Ce n'est pas pas vraiment un retours dans le passé, tu es là, bien ancré dans ton temps, mais soudain, tu sens que le lieu est habité par tout ceux qui se sont tenus ici, avant toi, qui ont regardé le même lieu, l'ont embrassé d'un regard bienveillant et curieux, ont marqué leur mémoire d'une beauté indicible.

Le factuel de l'histoire n'est qu'un détail comparé aux émotions et aux mystères qui résident toujours, traversent les jours, les années et les siècles. Toujours le même enthousiasme, le même respect.

Le sens en l'absence de mot


Priscilla nous entraine sur un chemin étrange. Elle nous facilite l'expérience avec au début, des illustrations contemporaine d'un hanami sous la neige. Un hanami comme un écho aux milliers d'autres qui eurent lieu jadis, avec les belles dames parées de leur kimono. Les humains ne sont pas les seuls à admirer les cadeaux de la nature, les animaux aussi habitent l'archipel et la ville ancienne de Kyôto.

Tanuki et renard se glissent dans les pages, en observateurs des hommes. Ce sont des repéres facilement identifiable des mythes japonais, porteur de magie et de spiritualité. Priscilla lie le présent avec le passé avec comme fil conducteur une petite fille venue au masturi.

Illustration de Priscilla Moore

La technique de peinture qu'utilise Priscilla donne une impression de flou tendre, de douceur. Elle sais parfaitement équilibrée son récit sans parole en alternant entre des tableaux simples, directement perceptibles dans une esthétique accessible pour tous, avec d'autres, plus complexes. Elle nous promène alors, de scènes en scènes, et ses illustrations se construisent et s'enchaînent comme le storyboard d'un film contemplatif.
Le quotidien s'estompe et laisse place au mythes puis à des images qui ont des évocations spirituelles puissantes. Un livre construit comme un cercle, ou plutôt une spirale ascendante, un cycle éternel comme la vie de l'oiseau Suzaku (ou Hôô), version japonaise de la légende du phénix.
Un très bel ouvrage à admirer et à méditer.


Illustration de Priscilla Moore

C'est également un bel objet avec du papier épais et mat qui met en valeur les illustrations, une impression de qualité, une maquette simple et élégante. Je trouve juste qu'il manque un court texte informatif sur Kyôto et surtout sur les éléments culturels utilisés qui rendrait l'ouvrage plus compréhensible pour ceux qui connaissent pas ou mal la culture japonaise. Bien sûr, même les clefs de lectures, les illustrations nous parlent, cependant, je crains que leur magie et leur force soit un peu ternie.

Une interview de Priscilla Moore :
http://www.kochipan.org/article-interview-priscilla-moore-118824718.html

Son site officiel :
http://www.priscilla-moore.com/

17 septembre 2013

Golden Blog Awards : la grenouille entre en lice !


Tous les ans a lieu un concours pour les blogs, ce sont les "Golden Blog Awards". N'importe qui peut participer et inscrire son site. Ensuite, il faut mobiliser ses visiteurs pour rassembler leurs votes jusqu'au 25 octobre. Un jury choisit ensuite des lauréats parmi plusieurs catégories.

J'ai donc décidé que l'étang serait compétiteur. Je suis lucide, je ne vise pas le podium ! Par contre, j'espère mobiliser un peu mes lecteurs fidèles. Le principe est simple, vous pouvez voter chaque jour. Il suffit d'un p'tit clic sur l'icône juste à droite.
Il n'est pas nécessaire de s'inscrire, y' a juste besoin d'avoir un index fonctionnel !
 



La blogosphère est immense, assez mouvante avec beaucoup de nouveaux venus mais aussi pas mal de disparitions. Ce concours est sérieux, il suffit de jeter un œil sur la liste des partenaires et c'est l'occasion de se faire un peu de promo. Un blog est par essence une expression personnelle. Je ne suis pas une adepte du sponsoring. J'ai été journaliste, rédac chef, et j'ai constaté de façon concrète les impacts qu'ont les annonceurs publicitaires sur les choix éditoriaux.

Ici, c'est mon espace de liberté.

La seule chose que j'ai à gagner est le plaisir de partager avec vous mes découvertes, mon amour du Japon mais aussi des choses plus intimes : des réflexions, des montées de rage, des textes et des photos avec des aspirations (plus ou moins) artistiques (totalement non assumées).

Donc, si vous avez une petite pensée pour cet étang, merci de prendre juste quelques secondes pour faire un petit "clic" de soutien. Bien sûr, pour les motivés, relayer l'info sur les réseaux sociaux serait vraiment très sympa.
Merci d'ailleurs à Caroline de Parisian Shoe Gals et à Umiko du Papillon et L'empereur qui sont plus efficaces que moi pour faire de la pub !

J'en profite aussi  pour rappeler aux utilisateurs de facebook que le blog a une super page pour être tenu au courant des mises à jour et notamment celle du tumblr  "A wish upon a pond".

9 septembre 2013

"Les années douces" de Kawakami : savourer la vie à tout âge, sans regret


Plusieurs critiques élogieuses m'ont donné envie de découvrir cette auteur japonaise contemporaine et je ne regrette pas ma lecture. Ce roman, à la fois très japonais dans le ton et le sujet, est aussi très universel puisqu'il parle des petites choses qui colorent la normalité et la fadeur du quotidien.

Une rencontre en forme de retrouvailles


Tsukiko a trente-sept. Sa vie s'articule autour d'un travail qui ne la passionne pas. Elle entretient un vide autour d'elle, ses relations humaines sont distantes. Elle semble flotter, juste traverser les jours sans passion, ses émotions éteintes et son regard baissé, elle se drape dans une solitude choisie. Pourtant, derrière cette façade lisse de femme active qui assume seule son existence comme un poids imposé, elle sait se faire plaisir.
Elle sait écouter et choisir ce qui est important. Quand, un soir, elle rencontre dans un petit bistrot, un de ses anciens professeurs de lettre du lycée, le maître, elle se laisse portée comme elle le fait toujours. Entre ce vieux professeur veuf depuis peu et cette femme qui refuse les relations amoureuses sérieuses se tisse un lien fait de conversations anodines mais aussi de leçons d'apprentissage diverses administrées avec sérieux par le maître à son ancienne élève.

Une étrange amitié nait alors avec cet homme malgré la différence d'âge et de position sociale. Au fil des semaines, elle réalise que son attachement est réel et sincère et elle se surprend à vouloir plus, à ressentir plus. Tsukiko, indolente et passive se révèle doucement, s'affirme. 


L'épanouissement dans la lenteur


La narration, du point de vu de Tsukiko, égraine des moments partagés entre les deux personnages : les courses dans un marché couvert, une balade en forêt pour cueillir des champignons, des promenades de fin d’après midi quand la nuit tombe, le passage des saisons avec le hanami... Le dénominateur commun de leur rencontre est souvent un vif intérêt pour la gastronomie et la dégustation de saké. Les plats consommés sont décrits avec une précision chirurgicale et donne l'eau à la bouche. Des plaisirs simples et sensuels partagés entre Tsukiko et le maître qui dépassent et transcendent toute les barrières et réconcilient de leur chamailleries.

La quotidienneté des échanges n'entrainent aucun ennuie pour le lecteur. Petit à petit, on sent l'évolution de la relation, on sent le fortuit glissée vers le volontaire. Ce qui commence comme une amitié de hasard devient un véritable lien dont on prend soin. Quand on sait à quel point il est incongru au Japon pour un homme et un femme d'entretenir une amitié, on a un regard plus attentif sur le roman. La différence d'âge notable est toujours présente, impossible à oublier. Pourtant, à mesure que la tendresse cède le pas face à une attirance bien réelle de Tsukiko pour le vieux professeur, Kawakami réussit à éviter le sordide. Avec poésie, l'auteur nous compte la naissance des émotions et des sentiments chez une femme qui, au départ, est anesthésiée, adaptée au moule social japonais se contenant de miettes de bonheur.


Un roman en forme de poème


Le style de Les années douces est simple, épuré, fluide. La lecture est aisée, rapide mais cependant toujours avec une poésie latente. Il n'y pas de grande envolée, pas de suspens. Pourtant, une fois commencé, il est difficile de lâcher . Une tranche de vie pas si anodine où la passivité et la souplesse apparente dissimulent une grande force et une grande passion. Un roman qui nous rappelle que derrière une façade de douceur aimable et de retenu polie une femme japonaise vibre, vit et choisit pour elle même contre la facilité et les normes sociale. Le personnage de Tsukiko n'a rien d'incolore, elle a le goût du sel et l’amertume du concombre mariné. A la fois ferme et tendre. Un roman qui nous rappelle aussi de prendre le temps de vie et d'apprécier. La vie est courte et les plaisirs sont éphémères. De ces instants volatils il ne restent que les souvenirs.
Une jolie découverte qui, outre son intérêt littéraire, propose aussi un voyage dans un Japon sensible et plus éloigné des images touristiques traditionnelles.

Enfin, parce qu'il m'est devenu impossible de parler du Japon sans songer à Fukushima, je vous conseille de lire le très beau texte que Kawakami a écrit juste après la triple catastrophe de mars 2011 :

Sable mouvant : Voyage en eaux sombres



J'ai collaboré à un disque, un double CD. Il est sorti, disponible à la vente sur plein de sites. C'est un disque enregistré en studio avec des musiciens pro, mixé par un super ingé son, qui passe sa vie dans les avions (quand il n'est pas en concert). Bref, un vrai disque, pas une démo bricolée dans un garage. Il serait temps que j'ai le courage d'en parler ici ! Pas de panique, je ne chante pas (ceux qui m'ont déjà entendu pousser la chansonnette seront immédiatement soulagés). J'ai juste écrit quelques textes, ce qui est plus dans mes cordes.

Les notes et les mots


J'aime les mots. J'ai été journaliste, je le suis toujours pour ce blog, un peu. J'ai écrit pour communiquer, pour informer, pour expliquer. Si je préfère raconter des histoires - l'écriture romanesque est sans conteste celle qui m’épanouit - j'aime aussi expérimenter avec des poèmes.

Il y a quelques années j'ai commencé à rédiger des textes pour un ami pianiste compositeur Nicolas Pabiot. Il m'avait donné comme base de travail quelques morceaux bruts, de la musique inclassable avec des mélodies assez tristes et des rythmes souvent cyclique.

J'ai adorée.
Même ces versions pas finies avec une mauvais qualité d’enregistrement m'ont touché. Ému. Un son qui m'a parlé, un son qui faisait écho à quelque chose de fort, de bouillonnant.
Alors j'ai écrit pour lui. J'ai écrit pour moi aussi. Pour expulser un trop plein d'émotions.




Nicolas a retenu sept de mes textes qui figurent aujourd'hui sur l'album. Vous ne trouverez pas ici de critique du disque. Je suis trop impliquée dans le projet pour être objective. Néanmoins, je peux vous donner quelques éléments factuels.
 La musique est variée, elle alterne entre le rock indé, l'électro, le rock assez couillu mais aussi vous trouverez des éléments plus expérimentaux. Nicolas est pianiste avec une solide formation classique et cela se ressent dans la composition. Il a longtemps été le pianiste de Marcel Kanche, et il a fait beaucoup de scène.
La production de Sable mouvant (maquette, mixage...) est totalement pro. On est proche d'un concept album puis qu'il y a un ton, un fil conducteur indéniable. L'album comprend 21 titres dont la moitié d'instrumentaux.


Si je devais donner une couleur à ce disque ce serait le gris anthracite, quand la nuit tombe à la campagne et qu'il n'y a pas la pollution lumineuse des villes. L’anthracite d'un ciel nocturne sur l'océan. Avec l'odeur de l’iode et la pourriture des algues. Les textes que j'ai écrit ne sont pas super youpi yop. L'ambiance générale est assez sombre sans être désespérée. Bref, amateur de Lady Gaga, de techno à quatre notes pour danser ou de variété fun et légère, vous risquez d'être surpris et d'avoir vos oreilles un tantinet secouées.



L'autoproduction : la liberté à un prix


En musique encore plus que pour le livre ou la BD, il est très difficile pour un artiste de réussir à sortir son œuvre. Aujourd’hui, les maisons de disque demandent un produit fini. En général, les jeunes artistes font un CD avec quelques titres accrocheurs, calibrés pour séduire. Ceux qui savent communiquer utilisent les réseaux sociaux pour faire leur promo, parfois avant même d'avoir sortir un single.
Nicolas avait tant de compositions qu'il a opté pour une autre solution, plus risquée et sans concession : auto-produire un double CD de 21 morceaux. Quitte à devoir faire un disque, autant aller jusqu'au bout ! Un pari courageux qui lui ressemble et qu'il assume.

La conception de Sable mouvant a coûté environ 10 000 € soit trois ans d'économie et beaucoup de travail. Pour Nicolas, tous les intervenants sur le disque qui travaillent et s’investissent doivent être payés.
Pour auto-produire, il faut d'abord un endroit pour enregistrer. Dans le cas de Nicolas, il a construit lui-même son studio. Ensuite, il faut un ingénieur son et des musiciens. Et puis il y a la réalisation de l’objet “disque” avec une création graphique pour la jaquette. À l’heure où la musique se dématérialise, le disque doit, pour justifier de son existence matérielle, être un bel objet.
Enfin, il faut enfin ajouter le coût du pressage. Pour la diffusion, les boutiques prennent une commission. À la fin, l'addition est salée.


Acheter, c'est soutenir.


Par disque vendu, Nicolas empoche 2 euros. Et moi, je gagnerai hypothétiquement des sous si il arrive à rembourser ses frais. Alors, si vous aimez son travail et que vous souhaitez le soutenir plus activement, il est aussi possible de faire un don via paypal sur son site. Non, il ne partira pas au Bahamas avec cet argent - sauf si vous êtes particulièrement généreux - mais il produira son second album. Parce qu’il a encore beaucoup de musique dans la tête...

Aujourd'hui, il est difficile d'arriver à exister pour un musicien dans la myriade de sons disponibles à l'écoute. Pour les mots et les photos, je connais le même soucis. L'effort ne suffit pas toujours et l'aide des amis, mais aussi de tout ces inconnus qui décident de filer un coup de pouce, est précieuse. Moi, j'ai de la chance. Mon blog ne me coûte rien et écrire demande peu d'investissement pécuniaire. Juste du temps et de l'énergie.

Collaborer avec Nicolas m'a aussi fait prendre conscience de façon très concrète de la difficulté d'être musicien. Hors, la musique est une éternelle source quotidienne d'inspiration et de bonheur. Pouvoir participer ainsi à l'aventure d'un disque m'a appris beaucoup. Pour la première fois, j'ai collaboré à quelque chose qui s'achève avec un produit fini.

Maintenant, il ne me reste qu'à terminer mon roman pour être (momentanément) comblée !




Le site de Nicolas :
http://nicolaspabiot.fr/

La page facebook :
 https://www.facebook.com/pages/Nicolas-Pabiot-page-officielle/435202883211122?fref=ts

Ecouter les 21 morceaux sur Deezer :
http://www.deezer.com/fr/artist/4158023

Studio U-Fly
https://www.facebook.com/UFlyStudio?fref=ts

6 septembre 2013

Burlesque Girrrl tome 2, du fond du gouffre, j'entends une mélodie lumineuse



Une double page simplement magique !

Si vous ne connaissez pas la super BD Burlesque Girrrl de François Amoretti, je vous encourage vivement à lire ma critique du premier tome. Sinon cet article va vous gâcher le plaisir car il est impossible de parler du second et dernier tome de la série sans dévoiler la fin du premier !!

La suite de l'histoire


L'histoire de Violette et Peter et leur groupe de musique rockabilly m'avait beaucoup plu. La complexité des émotions, la justesse du trait, la pudeur malgré un sujet sensuel et surtout la construction narrative, très bien ficelée, font Burlesque Girrrl une BD de grande qualité. La lecture du tome 2 m'a simplement laissée pantois. En comparaison, le début deviendrait juste "bon" tellement la suite est excellente !!!D'ailleurs, je ne suis pas la seule à le dire puisque l'album a remporter le prix du public du festival Bulles Zic !

Le cliffhanger terrible de la fin du premier tome m'avait retournée le ventre mais j'avais l'espoir que Peter avait survécu. Hélas, l'histoire s'ouvre sur le deuil de Violette et l'absence béante de son amour. Le vide est partout, il habite la chambre, l'intimité et le cœur de la jeune femme. Une louve blessée qui s'enferme dans sa tanière pour lécher ses plaies.

Puis, doucement, la vie reprend. Le parcours d’obstacle - même le terrain franchement miné - que le groupe a traversé n'a pas été vain. Même sans Peter, Violette reste une artiste, et la musique la fait vibrer. Même sans Peter, le groupe a une identité, une âme. Avec justesse, François nous conte la suite de l'aventure qui va mener Violette à trouver sa place sur la grande scène mouvante et parfois injuste de la vie.

Une BD magistrale


Ce tome 2 est une montagne russe d'émotions ; il commence au fond du gouffre et arrivé à la page 30, je n'ai pas pu retenir mes larmes... de rire ! François nous a concocté une scène d'interview télévisée mythique ! Une soupape légère, très drôle mais aussi intelligente qui change le ton et amorce un retour à la vie.
Pour le dessin, le découpage et le lettrage, ce tome 2 est au niveau du premier. François n'hésite pas à utiliser des pleines pages pour laisser exprimer toute la sensualité généreuse de Violette dans une approche graphique à la frontière entre BD et illustration. Il sait parfaitement équilibrer le vide et l'accumulation de détails pour caractériser précisément ses ambiances.

La mise en couleur de Nephyla est parfaite, elle met en valeur le dessins sans jamais "manger" le trait, pas d’esbroufe mais de la subtilité. Les dialogues, fluides, naturels, sont parfaitement intégrés. François sait raconter une histoire, mais il le fait avec sa sensibilité, sa patte, un style très affirmé qui pourtant ne nuit jamais à la lisibilité ou la compréhension. L'harmonie entre le dessin comme médium du récit, et l'illustration comme art d'expression des émotions, est parfaite.

Sortir de sa zone de confort et l'apprécier !


Ce que je préfère dans Burlesque est ce que je n'aime pas.
La formule est volontairement provocatrice. Je connais le travail de François depuis des années, avant même qu'il n'ait sorti son premier album chez Soleil.
À l'époque, je m'étais arrêtée sur son stand à une Japan Expo et quelque chose d’indéfinissable dans ses œuvres, ses encres, ses noirs, ses courbes et ses hachures m'avait séduit. J'ai suivi son boulot de loin, comme je suis beaucoup (trop) d'artistes. J'ai lu son blog, puis, je l'ai rencontré, discuté en « vrai ». J'ai découvert un homme sensible et complexe. Mon intérêt s'est doublée d'affection. J'ai continuer de suivre ses péripéties de dessinateur, une profession qui tient du sacerdoce !

Burlesque Girrrl est sa première œuvre en tant que scénariste, c'est l’œuvre de la maturité, de l’indépendance. On y trouve en vrac des veilles voitures, du rockabilly, des pin'up girondes, une esthétique très 50's et bien-sûr, du strip tease burlesques.
Bref, que des sujets qui soit 1) ne m'intéressent pas, soit 2) je n'apprécient pas.

Non, je ne suis pas maso, j'adore sincèrement cette BD avec tout ces thèmes dont je me contre-fiche ! Pourquoi ? Parce que Burlesque Girrrl parle avant tout de respect, de trouver le bonheur, de tordre le destin, de modeler sa vie en affrontant les pires crasse, en se relevant. Burlesque Girrrl nous raconte comment on peut attraper ses rêves, comment on les cultive.
Si ma féminité (ou mon absence de féminité dirons certains potes masculins) est très différente de celle de Violette, je me retrouve dans son caractère de louve, dans sa pugnacité, sa joie de vivre. Violette est saine. Courageuse. Violette respecte mais elle connait aussi les limites de ce qu'elle peut tolérer. Et quand pour se protéger il faut savoir se défendre, elle sait puiser en elle les ressources. Violette est une survivante.



François a du talent pour transmettre ses passions. La preuve, à la fin du livre avec un magnifique recueil d'illustrations hommages. Si Burlesque Girrrl parle beaucoup de féminité et de féminisme, François transcende le genre avec une histoire humaine qui s'adresse à tous ceux qui comprennent les mots amour et respect.
Alors, en conclusion, j'insiste sur ce point : même si l'histoire ou l'ambiance ne semblent pas vous correspondre, cette BD a toute les chances de vous séduire, mieux, de vous toucher et pourquoi pas, de vous accompagner sur votre chemin de vie.

François Amoretti est en dédicace à Paris le 7 septembre à la librairie Bulles en tête.

Le blog de François où il annonce ses dates de dédicaces :
http://francoisamoretti.blogspot.fr

Le blog de Nephylia :
 http://nephyla.tumblr.com/


Un entretien avec François Amoretti : 
http://www.hotandlittlethings.fr/bdillu/interviewbd/interview-de-francois-amoretti-pour-burlesque-girrrl-2/

2 septembre 2013

Tsutsugaki, textiles indigo du japon à découvrir au musée Guimet






Le Japon est connu pour la richesse de ses tissus et de leur motifs qui inspirent encore les créateurs contemporains. Le Musée Guimet propose une exposition qui a originalité de se concentrée sur un type de technique de teinture. Cela change un peu des kimono et de la peinture sur soie !


La teinture à l'indigo est particulière car elle fait apparaître les motifs en négatif. La zone dessinée ne sera pas colorée. On applique sur le tissus une colle spéciale puis on le plonge dans un bain d'indigo, ce pigment entre le bleu profond et le violet d'origine végétal. Les pièces présentées (Futon, habit de pécheur, nobori...) combinent parfois plusieurs techniques et sont en un très bel état de conservation.



L'exposition est avant tout esthétique même si des textes explicatifs donnent des informations sur les motifs. On trouve surtout des représentations issues de la nature mais aussi des animaux mythologiques. Les chrysanthèmes et feuille de paulownia foisonnent. La scénographie est intelligente. La mise en valeur des nobori (long pan de tissus utiliser à des fins spirituelles) exposés dans rotonde est parfaite. Ils prennent toutes leur ampleur, ainsi suspendus du plafond, immobile et coloré.



Les tsutsugaki sont des tissus précieux, fabriqués souvent pour des grandes occasion. Même s'ils sont méconnus et pourtant représentatifs de l'artisanat japonais. Le musée Guimet dans le cadre d'un été consacré au Japon, nous propose de découvrir ces chefs d’œuvre.

Cependant, j'ai vraiment regretté que l'exposition soit si limitée avec à peine une trentaine de pièce et des explications trop succinates sur la technique en elle-même. Comme lors de l'exposition sur le Thé, je trouve qu'il est nécessaire de visiter aussi le musée. Surtout, si vous y allez avant le 9 septembre, je vous invite à voir l'exposition de céramique au sous-sol, intitulée « L'art de Rosanjin ».



Plus d'info ici :
http://www.guimet.fr/fr/expositions/expositions-a-venir/les-tsutsugaki--etoffes-teintes-a-lindigohttp://www.guimet.fr/fr/expositions/expositions-a-venir/les-tsutsugaki--etoffes-teintes-a-lindigo