29 septembre 2015

Vamps, recueil d'illustrations de pin-up piquantes et pimpantes




Philippe Caza fait partie de ses dessinateurs et illustrateurs incontournables de notre époque. Il est lié à de l’avènement de la pop culture trash et geek qui démange et s'engage depuis les années 70. Artiste touche à tout, on retrouve son nom du cinéma d'animation à l'illustration de couverture de roman SF. Il est aussi un dessinateur de presse au crayon acéré, et un auteur de BD reconnu. Son dernier ouvrage, un recueil intitulé vamps, reflète cette virtuosité dans la diversité.


Pour ce livre, Caza a fouillé dans ses archives mais aussi dans ses créations récentes. Il nous propose une variation autour du thème de la vamp, femme séductrice, femme fatale. Apocope de vampire, le mot a une connotation sulfureuse, dangereuse. Les pin-up de ce recueil ne sont pas de gentilles nanas. Ici, elles sont, au mieux, inquiétantes et au pires, croqueuses d'homme au sens propre comme au figuré. 
Entre ces pages, nous découvrons une féminité débridée, sauvage, mystérieuse, libre dans ses pratiques. Loin de l'image habituelle des filles lisses qui tendent à cantonner le sexe faible à des stéréotypes souvent misogyne, les vamps de Caza séduisent et intriguent autant qu'elles dérangent. Ce n'est pas le calandrier Pirelli !


Habitué de l'esthétique de l'étrange, Caza manie les archétypes et les mythes, mélange les genres, brouille la donne avec dessins de guerrières viriles à la poitrine généreuse ou de créatures androgynes et filiformes. Un galerie d'illustrations qui surprend par sa grande variété, son humour noir et sa qualité graphique indéniable. Pas une once de vulgarité dans ce bouquin, par contre, certaines images sont franches, directes, crues, comme la vie.
Que vous soyez amateur du travail de Caza ou amoureux des femmes, voici un super bouquin à découvrir. Attention, il n'est pas diffusé par le circuit habituel mais vendu sur le web : http://www.bdebookcaza.com/

En effet, depuis quelques années Caza a décidé de « prendre une retraite » bien mérité. À savoir, quitter le monde de l'édition traditionnelle pour diffuser ses livres via une structure indépendante. Comme un artiste ne s'arrête jamais, il continue donc encore et toujours, de créer, inventer, tracer des courbes généreuses et d'autres surprenantes, pour notre plus grand plaisir. Ma bibliothèque a bon nombre de ses trésors que je me décide enfin à partager avec vous !

Le blog de Caza : http://philippe-caza.blogspot.fr
Son shop : http://www.bdebookcaza.com



23 septembre 2015

Malgré Fukushima, journal d'un écrivain en résidence à Kyoto



Livre ovni, entre journal de voyage et recueil d'impression subjectives sur le Japon, Malgré Fukushima a attiré mon œil avec son titre percutant et sa couverture sombre. Ici, point de nostalgie mais un regard contemporain, aiguisé et amoureux sur ce pays où l'impassibilité est un sport national.


Miscellanées de Japon


Eric Faye, écrivain couronné en 2010 du grand prix du roman de l'Académie française, signe un ouvrage très personnel dans sa vision du Japon et pourtant universel, dans sa curiosité et ses références culturelles.
Parti quatre mois en résidence d'artiste à la prestigieux villa Kujoyama, dans la ville de Kyôto, il est en quête de matériel pour un projet traitant de l’enlèvement de ressortissants Japonais par la Corée du Nord à la fin des années 70. Le sujet est douloureux et il est difficile de trouver des témoins prêts à s'exprimer. Ses recherches le font vadrouiller dans l’archipel.

Durant son séjour, il tient journal de bord où il consigne soigneusement ses rencontres, parfois avec de prestigieux écrivains Japonais, ses remarques et réflexions sur les lieux qu'il visite, les spectacles auxquels il assiste, les paysages dont il se nourrit. Un dialogue intérieur s'instaure sans fil conducteur autre que le hasard des rencontres, les aléas climatiques, les coïncidences de la vie et les observations souvent subjectives.

Le goût de la culture


L'ouvrage est inclassable. Truffé de références intellectuelles, souvent elliptiques, il s'adresse à un public curieux et, à mon avis, déjà amateur de culture japonaise. L'absence de note rend la lecture parfois difficile et je me suis souvent senti terriblement ignorante. Malgré cet aspect élitistes agaçant, le style est simplement merveilleux. Les phrases ciselées, tantôt poétiques et sensible,s tantôt teintées d'un humour piquant, sont un véritable régal. Malgré Fukushima se déguste par petites bouchées pour en capturer toute la saveur. Le dévorer conduirait à une indigestion de nom de lieu, de personne, de titre d'ouvrage et de film.
Un regret cependant, les photos en noir et blanc qui accompagnent le texte sont minuscules, souvent de piètre qualité et la maquette laisse vraiment à désirer.
Un livre à réserver au amateur de littérature et de Japon qui m'a laissé une impression mitigée et pourtant, très prégnante. Je ne regrette pas mon achat !


Pour découvrir l'ouvrage, il est partiellement en écoute sur France culture :
http://www.franceculture.fr/oeuvre-malgre-fukushima-de-eric-faye

Le livre chez l'éditeur José Corti :
http://www.jose-corti.fr/titresfrancais/malgre_fukushima_faye.html

Pour les curieux, le site de la villa Kujoyama
http://www.villakujoyama.jp


11 septembre 2015

Retour à la réalité



Après deux semaines de crapahutage en Irlande, coupée des média, avec comme seul contact fragmentaire mes photos postées sur les réseaux sociaux pour partager mon émerveillement et mes surprises, le retour à Paris est chaotique.
Très chaotique.

Je savais qu'un planning chargé m'attendait, que La Moustache reprendrait son activité professionnelle effrénée... Les retours à la maison s’accompagnent de leur lot de tâches nécessaires.
Rien de nouveau.
Cependant, j'ai sous-estimé les dégâts causés par l'irruption des nouvelles du monde dans mon quotidien, et comme souvent, la difficulté à mettre à distance l'idiotie et l'ignorance volontairement cultivée par certains.
Être en vase clos me tue. Fermer la porte n'a jamais été une solution viable pour moi. Je me construis dans le lien. Je crée dans le lien. Mes univers intérieurs se nourrissent et s'inspirent du dehors.
Sauf que là, j'aimerai un autre dehors. La violence banalisée, par les images, les propos ou le silence, s’immisce partout et abîme notre humanité.

Nous ne sommes pas équipé émotionnellement pour faire face au monde que nous sommes entrain de créer. La tragédie en Syrie est complexe. Une des causes est géographiques : des années de sécheresse ont conduit à l'abandon forcé des campagnes faute de pouvoir cultiver. Je ne parlerai pas des agriculteurs en France qui soutiennent la non dangerosité des pesticides, de l'absurdité des lois de l'Europe motivés par l'économie ou plus exactement la dimension financière de l'économie et non l'échange, ni même de la proposition de loi sur le droit d'auteur...
Encore une fois, l'absence d'éducation et aussi, le refus actif et conscient d'apprendre afin de ne surtout pas remettre en cause ses croyances, génère un bordel incroyable et surtout, beaucoup de morts.

Et moi dans tout ça ?
Et toi, malheureux, derrière ton écran (si tu me lis, t'es aussi probablement touché par cette situation...) ?

Je voulais parler de mon formidable périple, de tous mes supers projets pour la rentrée.
C'est raté.

Mais comme je suis une indécrottable optimiste, je vous laisse avec des jolis cieux, tourmentés et aussi, colorés d'espoir.