13 décembre 2016

J'ai été modèle pour « Souvenirs de Paris » : la série photo de Chloé Vollmer-Lo !



Non, malgré mon physique de rêve et ma fraicheur, je ne vais pas entamer une carrière mondiale de batracien top-modèle. Par contre, pour la première fois, j'ai été prise en photo par une pro, Chloé Vollmer-Lo. Elle travaille sur une série intitulée Souvenirs de Paris où elle associe un lieu de la capitale à une personne qui a vécu ou ressenti quelque choses de fort, à un moment précis. Je partage avec vous cette expérience originale et intime.

Le premier janvier 2010


Je ne me rappelle plus du temps. L'almanach atteste qu'il faisait froid, gris. Pourtant, avec La Moustache, nous sommes parti en balade, main dans la main. C'est notre anniversaire, nous sommes en couple depuis onze ans. Nous déambulons dans Paris et nos pas nous amènent dans le quatrième, là où je vivais quand j'étais étudiante, quand nous nous sommes rencontrés. Nous passons derrières l’église Saint-Gervais, dans une petite allée pavée que j'affectionne. La rue des Barres.
Entre les immeubles se serre un petit square avec un cerisier du Japon que je viens admirer au printemps. Ce premier jour de l'année, la surprise est là, rose, incroyable ; dans ma main glacée, celle de Franck, chaude et vivante. Sous nos yeux ébahis, l'arbre, en fleur. En fleur un premier janvier !
Je n'en reviens pas.
Comme un miracle, un pied de nez de la végétation à la saison, à la ville. À la norme. À ce qu'on attend d'elle.
Je pense au Japon où je me suis rendue l'an passé pour la première fois et où je dois retourner encore, dans quelques mois pour un séjour plus long...
Il est vieux, ce cerisier au tronc noueux et aux branches tordus. Vieux et encore vert. Gracieux. Je regrette de ne pas avoir pris mon appareil photo pour capturer ce moment. Je le stocke dans mon cœur, précieusement.


Le 2 mars 2011


Je suis en vadrouille, seule, dans le centre de paris. Et me voilà, de nouveaux pas loin de la rue des Barres. Je fais le détour et il est toujours là. Moins en avance que l'an passé, mais toujours là. En fleur, encore une fois. Tout me revient. Le moment avec Franck, et le mois à Tokyo en été. L'impression d'immensité du monde, l'envie de découvrir, doucement, avec lenteur et précaution. L'envie de contempler jusqu'à user mes yeux, jusqu'à ce que les mots débordent, que les émotions se transforment en histoires, en poèmes. J'ai cette envie presque féroce de retourner au Japon, encore. Cette envie aussi de partager le voyage avec Franck, réticent sur le sujet.
Et puis, quelques jours plus tard, tout bascule, tout se fissure.

Les mois et les années s'écoulent. Les pavés toujours là. L'église et le monastère toujours là.
Comme un écho funeste, le vieux cerisier est abattu.

Le 8 juin 2016


Je rencontre Chloé pour la première fois en vrai. J'aime beaucoup son travail photographique. Sa sensibilité me parle, son regard m'intrigue, à la fois par sa proximité et sa différence. Je suis heureuse de prendre part à son nouveau projet artistique Souvenirs de Paris.
Je vis à Paris depuis plus de vingt ans. Nombreux sont les endroits rangés dans ma mémoires. Mais, quand je lui propose ma participation, je sais celui que je vais choisir. Une évidence. Cette année, un souhait s'est réalisé.
Un souhait que j'avais noué à un bambou, le 7 juillet 2010, au crépuscule, dans un temple à Tokyo, au Zenkoku-ji.
Retourner au Japon, et cette fois, être accompagnée de Franck.
Après le 11 mars, rien n'est plus pareil. Pourtant, avec le recul, ce souhait lui a perduré, intact dans la douleur et le désenchantement.

Le fantôme du cerisier me salue, une présence bienveillante dans mes souvenirs. Dans le square, aucune trace. Les émotions passent, furtives, pourtant, l'après est subtilement différent de l'avant. Petit à petit, invisibles, elles nous modèlent, s’imprègnent dans les lieux et j'aime à croire qu'elles les teintent doucement de nos espoirs et de nos rêves.


Je vous invite à regarder Paris sous l'angle de la mémoire d'inconnu, d'un moment capturé par l’œil vif de Chloé : http://chloevollmerlo.net/photo/perso/souvenirs-de-paris/
Je vous conseille aussi vivement de regarder le reste de travail perso :

9 décembre 2016

Nouvelle exposition pour la Grenouille : venez nombreux !

 


Du 19 décembre au 7 janvier je participe à une exposition collective Un seul grain de riz  à la Galerie Metanoïa, à Paris, sur le thème "Ange". Si vous passez par là, vous pourrez voir une série composée d'une photo et trois collages photo réalisée pour l'occasion.


Démarche artistique


Le mot "ange" vient du grec àggelos (ἄγγελος) qui signifie messager, un intermédiaire entre les hommes et le divin ou le spirituel. J'ai choisi de traiter cette contrainte thématique en partant de cet angle étymologique.

Mon approche consiste à s'interroger sur la nature possible à la fois du message et du messager : transcendance spirituelle, incarnation inscrite dans nos gènes comme une sorte de mémoire collective propre à l'Humain, une provenance encore plus mystérieuse et lointaine... Après tout, nos connaissances de la complexité de l'univers restent parcellaires et laissent la place aux spéculations les plus folles.

Mon caractère indépendant et ma soif de liberté s’accommodent mal d'un système de représentation du monde avec la foi ou la croyance comme seul fondement. Si je suis ouverte à l'inconnu, à l'ombre, à ce qui échappe au tangible illusoire et restreint de nos perceptions, je reste allergique à toute tentative de suivre une doctrine. Surtout quand d'autres humains s'arrogent le droit de juger de la bonne obéissance de la-dite doctrine.

J'ai donc délaissé le divin et la signification religieuse de l'ange pour une approche plus pragmatique, sans exclure une part d'inconnu. Je considère l'ange comme un trait d'union, un pointillé chargé d'un propos qui parfois nous échappe car codé ou brouillé, entre notre conscient et notre inconscient. Savoir l'écouter nous donne accès à une part souterraine et bouillonnante de notre être, une part de notre être capable elle-même, de saisir d'autre messages, encore moins accessibles, encore plus cryptiques, dont on ignore l'origine.




Mon travail ne porte pas tant sur la source du message - une part de nous même qui existe même si on la nie - que sur notre capacité à l'écouter, l'apprivoiser, le comprendre parfois, l’interpréter si nécessaire et surtout, à l'exprimer. Le messager se nomme alors intuition, inspiration. 
J'ai souhaité représenter des instantanés de l'évolution d'un sujet qui passe de la surdité à l'apprentissage de l'écoute, du décryptage et enfin à la compréhension du message. Le temps, dans la série, est volontairement suspendu, comme la fulgurance d'une révélation qui se niche entre les secondes. De l'extérieur, rien n'a changé. Le sujet est le même. De l'intérieur, sa perception de soi et du monde est ébranlée.

Pour représenter le paradoxe du message, à la fois simple et complexe, j'ai travaillé à la fois avec des couleurs froides et chaudes, des éléments figuratifs linéaires très nets et des éléments plus abstraits, flous. Les fragments de photo avec des branches m'évoquent une calligraphie d'un alphabet étrange.
Pour le dernier collage, la juxtaposition de bandes d'ambiance très différentes - urbaines et sauvages - traduit une harmonie momentanée, lorsque le message est reçu.



 

La tambouille de la grenouille


Je travaille à partir de tirages de mes photos que je sélectionne surtout en fonction des ambiances de couleurs et lumières plus que du sujet. En fonction de ce que je veux exprimer, j'affine encore ma sélection et me limite volontairement à un nombre restreint de clichés. 

L'acte - découpage, agencement, collage - par sa tangibilité me renvoie au moment exact de la prise de vue, son instantanéité et surtout son impossibilité à être reproduite. Si une photo numérique peut être tirée à l'infini, le moment où elle est prise, tout comme le collage, est unique, terminé. L'acte du collage contient une mort, une finalité. Ce qui j'exprime avec les collages est différent, peut-être pour moi, plus concret, que ce que je peux exprimer avec la photo. Pour cette série, j'ai mêlé photo et collage photo car justement, j'avais besoin de ces deux médiums pour réussir à transmettre le changement et une certaine nécessité.




Liste des œuvres présentées :
               
Silence - photographie, tirage sur papier lustré
Ouverture - collage de tirages photographiques
Dissonance - collage de tirages photographiques
Accord - collage de tirages photographiques

Travail réalisé en septembre 2016
Format avec cadre inclus : 15 x 20 cm
Tarif : 150 euro, encadré
Contact à la galerie : marc.higonnet@galerie-metanoia.fr

Le vernissage aura lieu le mercredi 21 décembre à 18h à la galerie Métanoïa : 56 rue Quincampoix, Paris