30 décembre 2011

Vadrouille de fin d'année toute illuminée !

Je m'absente de mon étang pour fêter dignement la fin de l'année loin de Paris.

Voici les photos de rattrage du Projet 52 sur le thème illumination. Elle ont été prise à Paris, à l'église St-Gervais. Un édifice que j'apprécie pour son ambiance de village médiévale; d'ailleurs, juste dernière, dans un jardinet, ce trouve un des prunus de Paris qui fleurit très en avance, parfois dès le mois de janvier. Si vous passer dans le quartier, je vous conseille le détour.

Je vous souhaite à tous une excellente fin d'année 2011. Amusez-vous bien, on se retrouve sous le signe du dragon, dans quelques jours !








29 décembre 2011

Exposition samurai au Quai Branly : voyage dans l'esthétique martiale japonaise


Si j'apprécie beaucoup la culture japonaise, je ne suis pas férue d'histoire médiévale. Le temps des samurai et son flot d'images d'Épinal n'a jamais suscité en moi une grand passion. Je me suis donc rendu à l'exposition organisée au Quai Branly plus par curiosité que par un réel intérêt.
J'en suis sortie conquise ! Une magnifique exposition à visiter d'urgence (jusqu'au 29 janvier 2012) si vous avez une attirance même légère pour le Japon.


Partir la fleur au katana

motif de Paulownia, F. Ruelle
Voici donc présenté une impressionnante collection de pièces d'armure, toutes en très bon état de conservation. On voyage ainsi dans le tumultueux passé du Japon. Les pièces sont classées par ordre chronologique, chaque époque est documentée de textes explicatifs concis et clairs.
Les différentes parties des armures sont nommées en français et japonais. A chaque fois, les informations sont toujours visibles et très pédagogiques.

La débauche d'inspiration végétale, surtout les fleurs, se retrouve partout. Les symboles floraux gravés dans ces armures conçues pour être des expressions brutes de virilité ont quelque chose de déroutant pour des Occidentaux. Un casque en forme d'aubergine m'a laissée franchement hilare.


Toute cette énergie inventive, ce savoir-faire consacré à l'art de tuer arrive à sublimer la laideur de sa fonction par la beauté de ses objets. La finesse des gravures sur les casques, la courbe gracieuse des sabres, le tissages complexe des costumes sont autant de trésors pourtant destinés à faire couler le sang. La théâtralité de l'armure est indéniable puisqu'elle servait tant à protéger qu'à effrayer. Elle était aussi l'expression direct du rang du samurai, dans cette société très hiérarchisée.

Le sujet pourrait rapidement devenir aride ou répétitif. Pourtant, la beauté des tenues surprend toujours. A mesure que l'on voyage, on comprend non seulement la minutie apportée à la fabrication mais aussi l'importance du bushido, la voie du guerrier, dans la société japonaise. La question des femmes samurai est également abordée. Au travers de l'armure, c'est toute la culture japonaise que l'on appréhende. L'exposition s'adresse donc à un public assez large.


Comprendre l'esthétique contemporaine japonaise grâce aux samurai

Toutes les pièces proviennent de la collection privée de Barbier-Muller, réputée être la plus belle du monde, exposée habituellement au Muséum de Dallas. C'est donc une occasion unique de voir ces chefs-d'oeuvre de l'artisanat guerrier.

Un film fascinant montre la fabrication artisanale d'un sabre. Encore aujourd'hui, des maîtres, considérés comme des trésors nationaux vivants, perpétuent les gestes et forgent des armes. J'ai eu la chance de visiter l'exposition avec Fanny Ruelle, illustratrice aux multiples talents dont celui d'avoir tester l'art de la forge.

Mon aversion pour la guerre a été émoussée par l'esthétique travaillée de ces pièces d'armures. Il est fascinant de voir que nombreux motifs mais aussi formes ont traversé les siècles. La culture pop n'a pas été épargnée par ce phénomène. Les fans d'anime de robots géants seront surpris de voir à quel point les productions télévisées actuelles puisent dans les costumes et les codes graphiques historiques.

Une scénographie maitrisée

Si je n'ai pas développé une soudaine envie d'apprendre par cœur l'histoire de chaque clan, et si mon intérêt pour la période reste modéré, j'avoue que cette exposition a été un véritable choc visuel. J'ai été très surprise par la richesse graphique des tenues et des armes.

Ce qui m'impressionne le plus et de comprendre à quel point cette esthétique se retrouve dans le Japon contemporain. Les motifs traversent l'Histoire et ornent aujourd'hui des objets et des tissus bien inoffensifs. Et puis, l'armure des samurai, d'une inquiétante beauté, continue d'inspirer les artistes ; d'ailleurs, son influence s'est largement repandue hors de l'archipel. Un comble quand on songe aux efforts justement déployés par les guerriers pour que leur pays reste fermé !


Pour prolonger le plaisir, voici quelques illustrations de Fanny publiées avec son accord. Son blog : http://fannyruelle-unjouruncheval.blogspot.com




24 décembre 2011

Photo 52 : noël

c'est de saison !
L'avant dernier thème du Projet 52 est donc Noël.

Je vous souhaite de passer un très heureux Noël entouré de ceux qui vous aime. Mon étang est aussi au couleur de la fête avec son petit sapin de bois, ses décorations lumineuses et scintillantes.


La première série : Noël et ses symboles graphiques





La seconde série : jeux de lumière et de miroir



Enfin, la dernière, que je préfère, très personnelle. Quelques sensations en images de ce que la période des fêtes représente pour moi aujourd'hui...




23 décembre 2011

Séance de rattrapage du projet 52 : couverts

Voici la participation au thème couverts du projet Photo 52, prise dans les temps mais non publiée pour cause de machine en rade. Ce mot ne laissait pas vraiment de place à l'interprétation, le pluriel impliquant qu'on parle des "couverts" pour manger.

J'ai donc naturellement choisi ma collection de baguettes qui trône fièrement dans la cuisine. Elles sont utilisées quasi-quotidiennement. Une partie vient du Japon, chassées par mes soins, avec des longues tergiversations qui se concluent immanquablement par le même choix : un modèle avec un lapin.
Mon prochain défi quand je retournerai là-bas sera d'acheter des baguettes avec un motif autre que des lapinous !!




21 décembre 2011

Defi lecture "Images du Japon" : petit récapitulatif

Des envies de bouquins, de Japon, de découvertes ?

Je vous rappelle qu'un défi lecture est en cours dans l'étang. Toutes les informations pour participer ou juste trouver des idées sont dispos sur la page dédiée ici.


Voici un petit récap sur les nouvelles critiques :

- Magnitude 9, lu par Viny de Crazy Pooh, un ouvrage collectif qui rassemblent des illustrations faites en hommage au Japon et dont une partie des bénéfices (minimun 2 euro) est reversé pour les sinistrés du Tôhôku.

- Shiro et les flammes d'arc-en-ciel, lu par Céline du Journal du Japon. Un album illustré jeunesse sorti chez NobiNobi.

- Le gourmet solitaire, lu par Marie de Et puis

Seules trois courageuses ont donc participé. Un peu mou du genoux tout ça ! Quand à moi, j'ai lu pas mal, mais rien qui était sur ma liste ! Je viens quand même d'attaquer "Poèmes du thé".

Alors, on se motive. Et puis quoi de plus sympatique pendant les vacances de Noël qu'un peu de lecture, bien au chaud à la maison. Un livre, ça aide à mieux digérer un repas de fête :)

Edit du 22/12 : j'avais oublié la chronique de Marie >_< !

20 décembre 2011

Contes du Japon : petit voyage illustré au pays du soleil levant



L'hiver est une saison propice à la lecture des contes. On se souvient ainsi des plaisirs éprouvés enfants, du merveilleux, soudain à porter de mot. L'avidité de savoir la fin de l'histoire, parfois, de la tristesse ou une grande joie, en fonction de la morale plus ou moins simple. Les contes sont chargés de la mémoire d'un peuple, ils transportent dans leur sillage des émotions et des réflexions souvent très adultes.


Je vous propose aujourd'hui de découvrir Contes du Japon chez les Editions du Jasmin, avec des textes recueillis et écrits en français par une japonaise, Mayume Watanabe. Elle enseigne d'ailleurs notre langue dans son pays.
Le livre est illustré par le trait aérien en noir et blanc d'Eric Puybaret, un habitué de l'édition jeunesse.

Contes du Japon nous amène le long de ses dix-sept textes dans un voyage au pay du Soleil Levant, à des époques lointaines encore habitées de créatures fantastiques, d'objets enchantés, de plantes dotées de la parole... Ces contes issus du folklore sont parfois l'écho de ceux que l'on connait en occident, comme l'explication sur la présence de sel dans l'océan. On croise beaucoup de couple de vieillards attachants et sages et de jeunes hommes courageux.  Par contre, pas de diable ni de princesses !

Voyager léger...

L'écriture est fluide et enlevée, avec juste la bonne dose de dépaysement pour les enfants, une pointe de pédagogique pour apprendre quelques mots et quelques traditions sans devenir un ouvrage ennuyeux. On retrouve mises en avant des valeurs de fidélité, de respect aux divinités et au seigneur, mais ce livre surprend aussi par son humour délicieux sur les créatures monstrueuses (tels les oni dans l'histoire Le vieil homme à la bosse) et même sur la religion (La prière de la souris). 

Les amateurs de culture japonaise retrouveront ici certains des légendes qui sont très souvent reprise dans les mangas, les films et les livres. Des versions un peu édulcorées mais pleine de charmes.
Les illustrations aux traits précis empreintent aux estampes leur grâce et leur simplicité. Le travail en applat noir et blanc très élégant s'inspire de l'esthétique japonaise tout en restant accessible aux néophytes. 


Un très joli livre à la croisée des cultures pour raconter à voix hautes aux plus petits des contes venus de loin, ou à offrir à ceux qui ont déjà appris les joies de la lecture. C'est aussi une idée de lecture pour les participants au défi Image du Japon !

Le site de l'éditeur

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17 décembre 2011

Projet 52 : mémoire

Après une petite pause indépendante de ma volonté, me revoici pour les derniers thémes du Projet 52. Cette semaine, la 50ème,  est sous le signe de la mémoire. J'avoue, j'ai opté pour la facilité !

Et puis, c'est aussi une photo de réconciliation avec mon matériel informatique qui m'a causé bien des soucis. Le juxtaposer aux cartes mémoires de mes consoles de jeu le rend tout à coup plus sympathique.





Les informations techniques sont disponibles en cliquant sur les images dans l'album Picasa.

16 décembre 2011

Kamikakushi : chapitre trois

Voici enfin la suite de l'histoire Kamikakushi écrite en collaboration avec Virginie Blancher et inspirée par le Japon. J'avais été optimiste en annonçant la périodicité... Cependant, le projet est bien vivant !

Si vous avez rater le début :

Chapitre 3

Une fois au chaud, Michiko se prépare de nouveau du thé. Elle a repéré que le cabinet d'aisance était dans le jardin. Pas très pratique. Enfant, elle avait été marquée par le débat houleux entre son père et ses grands-parents pour l'installation des toilettes à l'intérieur de la maison et aussi la mise en place d'une ligne téléphonique... Ici, même pas besoin de chercher, elle est certaine qu'elle ne trouvera pas de téléphone.

En furetant dans la maison, elle découvre une pièce qui fait office de bureau. Plongée dans la pénombre, Michiko distingue une zone encombrée de meubles. Elle discerne les contours d'une table, de plusieurs bibliothèques et d'une commode avec des dizaines de petits tiroirs, comme pour ranger les remèdes des apothicaires. Le maigre éclairage parvient par une petite fenêtre avec juste devant un fauteuil bordeaux bien moelleux. Le bruit de la pluie est à peine atténué par la vitre. Dehors, le ciel est si sombre qu'on dirait que la nuit s'invite en avance. L'atmosphère vieillotte du lieu lui semble soudain propice à la flânerie. Elle se sent bien ici. Elle allume la lampe à huile posée sur la commode et continue son observation.

Quelques coussins posés à même le sol, sur un parquet en bois sombre. Aux murs de multiples calligraphies mais aussi de grands kakemono avec des peintures traditionnelles à l'encre de chine qui représentent surtout des arbres, des sous-bois accueillants et giboyeux. Là un lièvre, ici quelques champignons.
Une pile de livres épais joue l'équilibriste sur un petit écritoire laqué. Plusieurs sont entièrement en kanji écrits si serrés qu'elle ne peut les déchiffrer. Mais certains ont de belles gravures. Elle les parcourt un moment. Les planches botaniques sur les fruits lui aiguisent l'appétit... D'ailleurs, il y a dans l'air une odeur alléchante.
Sur la table, elle trouve une boîte avec du riz, quelques légumes saumurés et deux oeufs durs. Comme elle est seule ici, elle en déduit que ce repas lui est destiné. Au pire, elle pourra toujours dédommager son hôte avec un peu de jardinage. Ce sera bientôt la saison idéale pour s'occuper du terrain.


Après le déjeuner, Michiko s'installe sur les coussins et fait une petite sieste. Elle passe aussi du temps à contempler les étranges calligraphies qui décorent ici et là les cloisons. Un des shôji est peint de fleurs étranges. Plus elle les contemple et plus il semble qu'elles racontent une histoire et qu'elle pourrait les lire comme un alphabet mystérieux. Bizarrement, il même s'il n'y a ni télévision, ni ordinateur, ni mobile pour parler avec ses copines, elle ne s'ennuie pas. C'est un peu comme un premier jour de vacances d'été. Quand les résultats des examens sont affichés et qu'on n’a pas à assister aux cours de rattrapage. La fatigue et la retombée du stress sont telles qu'on n’a pas vraiment envie de s'activer. Juste être au calme. Se poser un peu, réaliser qu'on a laissé derrière nous une tempête, que là, pour l'instant, nous voguons sur un lac à la surface miroir. Trop déboussolé pour profiter et pas assez énergique pour lancer un autre projet. On se laisse un moment porter par le courant, un souffle d'air...

Quand la nuit tombe, Michiko retourne dans la pièce principale. Elle se perd un peu en chemin. Elle aurait juré avoir tourné deux fois à droite après l'escalier en colimaçon...La maison est plus grande qu'elle n'y paraît. Elle essaye de mémoriser la disposition. Soudain, une odeur forte de feuilles en décomposition lui saisit les narines. Un bruissement léger. Elle n'est plus seule dans la maison.

* * *

Dans la pièce principale, un homme prépare le repas.
Une grande silhouette, un peu voûtée, emmitouflée dans un manteau de feuilles jaunes pourrissantes s'affaire. Il grogne doucement quand elle rentre. Michiko le regarde, un instant interdite. Un instant à peine. Elle interprète le son comme un mot de bienvenue et chuchote du bout des lèvres la réplique polie attendue.
Et puis, elle prépare du thé.

C'est la troisième fois aujourd'hui et ses gestes ont déjà acquis l'automatisme précis et vif de l'habitude. Elle ouvre la même boîte, celle du milieu. Les autres thé ont l'air vraiment délicat avec leurs feuilles vert blanc mousseuses comme un duvet, ou alors vert foncé, bien plates et au parfum herbeux. Elle aimerait bien les goûter...
Du coin de l'oeil, elle regarde l'inconnu.
L'homme a la peau sombre. Son visage semble épouser les ombres de la pièce. Difficile de déterminer sa carrure sous ce large manteau végétal. Il a des longues mains terreuses et les ongles si épais qu'ils paraissent griffus, comme les pattes d'une taupe. Ses cheveux crépus tout emmêlés sont retenus dans une corde d'où s'échappent des tiges tournicotées, vrillées, comme les sarments d'une vigne. Il prépare du poisson grillé. Le fumet met l'eau à la bouche.

Le repas est délicieux.
Michiko est intimidée. Malgré sa curiosité dévorante, elle n’ose pas lever les yeux sur l'homme assis en face d'elle. Il n'a toujours pas quitté son étrange manteau. Elle observe à la dérobée, sans jamais que son regard remonte jusqu'au visage de l'inconnu. Il est un peu étrange. Même si ses mains et ses ongles sont maculés de boue, ils ne salissent rien. Il s'est servi du saké dans une coupe de porcelaine dorée comme l'automne. Il le boit avec un claquement de langue appréciateur.
Michiko a terminé son repas.
Il ne reste pas un seul grain de riz dans le bol. Le riz était délicieux. Le meilleur qu'elle ait mangé de sa vie ! Meilleurs même que celui de son autre grand-mère qui tient un restaurant kaiseki à la grande ville. La jeune fille débarrasse. Il y a un seau d'eau claire pour faire la vaisselle avec un morceau de savon noir. Il ne doit pas être très tard, pourtant elle se sent si fatiguée. Ses yeux lui piquent...

Illustration de Virginie Blancher
Dans la chambrette, l'homme qui ressemble à de la terre lui a déjà installé son petit futon. Il a aussi sorti un pyjama. Dans le placard, Michiko trouve quelques habits et un nécessaire de toilette. Elle découvre avec stupéfaction une porte qui mène à une petite salle de bain avec une bassine d'eau tiède et un o-furo accueillant. Bizarre, ce matin, elle ne se rappelait pas de l'existence de ce bout de couloir. Elle a vraiment l'impression que la maison change. Qu'elle s'adapte...
Juste avant de s’endormir, Michiko fait un voeux. Elle fait un voeux pour qu'il y ait des toilettes et l'eau courante dans la salle de bain. Aller chercher de l'eau pour les aliments et la toilette ne la dérange pas vraiment... par contre, si elle doit remplir toute la baignoire... Et aller au petit coin en plein nuit, dans le jardin, par tous les temps... Elle prie très fort et frotte ses mains avec ferveur.

* * *


Pendant quelques jours, le quotidien de Michiko ne change pas vraiment. A part, bien entendu, l'apparition des toilettes, d'un coin cuisine et de l'eau courante ! L'homme, Tsuchi-san, part parfois tôt le matin, parfois il reste là toute la journée, surtout s'il pleut. Michiko l'aide de plus en plus dans la préparation des repas.
Elle aime bien cuisiner. Elle passe aussi de plus en plus de temps dehors, dans le jardin. Le mois de mars est clément, ou peut-être que les températures fraîches ne la dérangent plus trop. En fin d'après-midi, Tsuchi-san lui prépare un thé accompagné de sembé. Un des thés précieux. Il prend ensuite un livre et s'y plonge durant des heures. Dans le bureau, il y a maintenant un second fauteuil. Une des étagères de la bibliothèque regorge d'ouvrage en japonais. Alors, Michiko aussi choisit un titre qui la tente et s’assoit dans le second fauteuil. 

La première fois, c’est elle qui a commencé la lecture. Tsuchi-san la rejoignit alors qu’elle était déjà aborbée dans son ouvrage. Au bout de plusieurs minutes qu'il était ainsi installé à côté d'elle, Michiko osa observer sa figure, un peu. Il a les yeux en amande, si profondément enfoncés dans leur orbite qu'elle n'est pas certaine de leur couleur. Tout son visage est émacié, granuleux. Difficile de lui donnée un âge. Il ressemble à la terre toute craquelée d'une rizière asséchée juste avant l'averse. Tsuchi-san l'impressionne. Même s'il est peu loquace, il s'adresse toujours à elle avec gentillesse d'une voix de gorge rocailleuse. Il parle toujours doucement, pourtant ses mots portent une force, une puissance presque physique.
Quand il lui expliqua les quelques règles de vie et des interdits, Michiko songea qu'elle éviterait soigneusement de le mettre en colère. Elle imaginait sans peine cette voix profonde s'enfler comme une grondement sourd et funeste, comme les craquements terribles de la terre quand elle s'apprête à trembler...
Il lui a juste demandé de ne pas s'éloigner de la clairière pour l'instant et surtout de ne pas emprunter le sentier qui part de derrière la maison.

Michiko pourrait jouer un peu dans la forêt en pente douce mais le brouillard persiste toujours à l’orée du bois. Il paraît qu’à quelques centaines de mètres, un promontoire dégagé offre une vue sur toute la vallée. De toute façon, elle préfère pour l’instant rester à coté de la maison.  il suffit de regarder l’état du jardin pour avoir des milliards d’idées. Il y a tant à faire ! Elle sait toujours comment s’occuper. Et, même si elle ne s’éloigne pas, elle garde bien à l’esprit les recommandations de Tsuchi-san. 

つづく...
A suivre...

J'espère que ce chapitre vous a plus. Dans le prochain chapitre Michiko se fera une drôle d'amie !



11 décembre 2011

Bientôt le dégel...

Depuis la création de ce blog, les mises à jour ont toujours été régulières, malgré mes petits voyages et les aléas du quotidien. Le 2 décembre un crash de mon disque-dur a eu raison de ma motivation et de ma discipline.

J'ai perdu toutes mes photos de novembre...

Difficile d'expliquer le désarrois face l'inéluctable surtout quand le sentiment de culpabilité s'ajoute. Mes sauvegardes s'arrêtaient à la fin du mois d'octobre. J'ai donc irrémédiablement perdue des centaines de clichés déjà retouchés et triés. Des clichés sur des projets perso. Des moments particuliers où j'avais eu l'impression qu'enfin, après des mois à tâtonner, il se passait quelque chose...

Le mois de novembre a été un peu difficile. Une situation professionnelle instable, un attentisme qui me ronge. Et puis, un ras-le-bol de l'humanité, de impolitesse, du manque d'empathie.
Un mois tristounet.
J'ai tenue bon.
Et puis, l'agonie de mon disque dur a porté un sale coup à mon moral déjà bien entamé.

Rien de grave. Ma vie est plutôt cool. Mais parfois je fatigue. Là, pendant quelques jours, j'ai tout planté.
Le retour à la normal devrait être progressif quoiqu'un peu chaotique, surtout pour les projets photo.

Ma priorité financière n'est pas l'achat d'une nouvelle machine. Je me contente donc de mon netbook poussif (je ne peux pas taper du texte et écouter de la zic en même temps) et d'un portable vieillissant avec un disque dur de 40 GO.

Merci à ceux qui ont continué de passer ici même pendant les jours de gel.

Au passage, j'en profite que pour suivre les actus de blog et même un peu plus, vous pouvez me retrouver sur :
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Et enfin, si vous être des lecteurs réguliers avec un compte gmail, vous pouvez aussi devenir membre du blog (cf colonne de gauche, vers le bas) ! C'est encourageant de savoir qu'il y a un "gen derrière l'écran". Une information plus "humaine" et plus chaleureuse que la simple lecture des statistiques impersonnelles...



30 novembre 2011

Mes voisins les Yamada : sept ans de bonheur


Mes voisins les Yamada est une bd humoriste japonaise en quatre cases (yonkoma) parue dans la presse. Ishii Hisaichi raconte le quotidien d'une famille lambda qui s'attaque, avec motivation et bonne humeur, aux petits tracas de la vie. En France, nous avons eu l'excellente adaptation cinématographique réalisée par Takahata pour le studio Ghibli. En 2009, Delcourt a édité trois recueils regroupant sept ans de dessins.

Chronique d'une normalité animée


Pas besoin d'être calé sur le Japon pour apprécier l'humour franc et bon enfant de Mes voisins les Yamada. Une joyeuse cacophonie humaine règne dans cette famille typique avec Matsuko, la mère au foyer tête en l'air et paresseuse, Shige, la mamie râleuse et encore bien vaillante, Takashi, le père, salaryman débordé et un poil indolent.
Et bien sûr, il y a les enfants : Noboru, le fils aîné médiocre à l'école, préoccupé par sa puberté et Nonoko la benjamine espiègle en mode tornade, toujours prête à faire les quatre cent coups.

En quatre cases, l'auteur croque la vie de tous les jours, la vie normale et même banale. Avec talent, il met en exergue ces petits riens qui gâchent une journée où l'ensoleillent. Avec les Yamada, tout devient un combat, tout devient un défi ! La moindre mésaventure prend des proportions délirantes et pourtant, tout se règle toujours, avec légèreté et rire.
Pas de grand drame, pas de grande réflexion sur l'actualité ni de dénonciation. Pourtant cette BD philosophe sur les aberrations de notre monde moderne, sur les fêlures de la société japonaise et aussi sur ses valeurs et ses fondements.

Alors, prêt pour l'aventure ?

A chaque histoire, on sourit des situations à la fois si habituelles et si cocasses. On est touché par des personnages englués dans leur tracas qui arrivent toujours par une pirouette à se sortir des soucis. Au fil des pages, on s'attache, on apprend à les connaître. Et, on dévore sans sourciller l'intégralité des trois tomes qui comptabilise quand même plus de 1 000 pages !

La série est parue dans la collection shampoing, réservée au coup de cœur de Lewis Trondheim. Cette heureuse initiative empêche Mes voisins les Yamada d'être étiquetée “manga”, un genre qui décourage encore certains amateurs de BD.

Pourtant, le sens de lecture japonais est scrupuleusement respecté. Le lettrage et la traduction de qualité nous livre une lecture fluide. Le choix des notes de bas de page pour éviter une adaptation trop  française conserve ainsi tout la saveur originale du livre. Si Mes voisins les Yamada est un concentré de Japon, il est aisé de suivre avec affection ces aventuriers du quotidien.

L'humour tendre d'Ishii dépasse les frontières et nous reconnaissons tous un collègue, un voisin, la fille d'un copain dans ses protagonistes haut en couleurs ! Une série optimiste pour illuminer vos longues soirées d'hivers !
Un dossier de qualité sur le film chez Buta-connection :
http://www.buta-connection.net/films/yamada.php

25 novembre 2011

Tomomi Murakami : une exposition champêtre et poétique !

Vite vite ! Vous n'avez qu'une semaine pour admirer les tableaux de l'artiste Japonaise Tomomi Murakami à la galerie Métanoïa à Paris (jusqu'au 30/11). C'est grâce à mon amie Anne (encore elle) que j'ai découvert le travail d'illustration de Murakami, à la fois très japonais dans sa thématique et très occidental dans le traitement des sujets. D'ailleurs, la jeune femme apprécie la France et notre langue qu'elle utilise souvent pour donner des titres à ses tableaux.



Son œuvre, figurative et simple, est facile à aborder avec ses traits épurés et des thèmes heureux : des petites filles qui dansent, des enfants qui jouent, d'adorables lapins... Et pourtant, il ne s'agit nullement d'illustrations niaises et sans âme. Il y a dans les aplats impeccables, le choix judicieux des gammes de couleurs tranchées, une volonté joyeuse, une vie débordante.

Murakami arrive à se détourner des stéréotypes pour créer un univers où la joie réchauffe les cœurs sans qu'un excès de sucrerie et de kawai nous gâtent les dents.

Quand Murakami dessine l'automne, elle choisit simplement des pieds fins chaussés de geta qui foulent l'herbe parsemée de feuille d'érable. Une vision délicieusement traditionnelle peinte avec une technique totalement contemporaine. D'ailleurs, si beaucoup des peintures exposées sont à l'acrylique, Murakami est aussi habituée à l'outil informatique.

Des mirettes ébaubies !

Depuis quelques mois, je regarde régulièrement les travaux postés sur sa page Facebook. Les voir "en vrai" change tout. J'ai ressenti une vague de bonheur, tiède et douce. J'ai eu le grand plaisir de discuter avec elle avec mon japonais, digne d'un enfant de deux ans, et son anglais, nettement meilleur que mon japonais.

Quand je lui ai parlé des émotions très positives de ses peintures, elle m'a expliqué, avec un sourire radieux, que le moment dédié à la peinture était un moment précieux et joyeux ; c'est cette émotion vive qui s'échappe des tableaux, bondissant comme un petit lapin, pour surprendre le visiteur et lui communiquer sa bonne humeur.
Murakami sera présente samedi 26 novembre pour le vernissage. Une raison supplémentaire de faire un détour !

D'ailleurs, la galerie Métanoïa est vraiment un lieu agréable dédié à l'art contemporain asiatique. J'ai découvert son existence lors de Japan Expo, et depuis, je passe régulièrement pour y découvrir de nouveaux artistes.

En plus, l'accueil est toujours cordial ! Ce qui n'est pas une évidence dans les galeries de la capitale, surtout si, comme moi, on porte sur sa personne sa totale absence de potentiel d'achat ! D'ailleurs, les oeuvres de Murakami sont des petits format vraiment abordables. Une idée pour Noël ?!



Le site officiel de Tomomi Murakami (en japonais) :

La page Facebook de Tomomi Murakami :

Le site de la galerie Métanoïa :