31 mai 2011

Nuancier : en mai, le vert s'épanouit.

Vert. Une des mes couleurs favorites qui se décline de la fraîcheur aquatique du vert d'eau aux profondeurs vosgiennes de vert-bleus foncées.
Sans oublier le tonique vert anis et le doux vert amande. Le vert repose le regard.
Le vert calme.
 D'ailleurs, dans mon appartement, le bureau - l'antre de la grenouille - est un havre vert. Au ciel, le bleu pâle d'une journée ensoleillée. Sur les murs, un vert légèrement satiné qui moutonne gentiment au dessus des boiseries lazurées.

Le vert m'entoure, amical, incertain dans ses teintes du jaune au bleu. Un camaïeux de rêves champêtres, de forêts magiques, d'îles oubliées...

Alors, j'ai choisit pour le défi nuancier de ce mois de mai le vert de la chlorophylle. J'ai aussi trouvé charmant le vert artificiel d'un bois utilisé par les hommes, une veille peinture passée, écaillée, comme pour raviver les souvenirs de forêt à cet arbre mort.

La première série a été prise au jardin japonais du Parc de Bercy, la second dans une impasse de Montmartre.


Quatre moments de jeux



Précipices et aspérités

26 mai 2011

Une grenouille sous les feux de la rampe ! 2 / 2

Tadaaa ! Roulement de tambour... voici l'heure des révélations. Comme promis dans ce message, je vous révèle à tous quelques détails incongrus de ma vie de grenouille.


Catégorie : les habitudes alimentaire du batracien

1. Normalement, je mange à satiété, pas plus. Mais je suis un puits sans fond pour : les fraises, les cerises, les radis et les haricots blancs en salade.Tant que le bol ou le saladier n'est pas vide, je continue...
2. Je suis une gourmande modérée, tellement que cela devient ridicule. J'aime bien les biscuits. Y'a souvent un paquet qui traîne sur mon bureau (à condition d'avoir encore assez de place pour en stoker un). Pourtant je mets souvent plusieurs semaines à finir le paquet. Et mon moustachu râle parce que les gâteaux deviennent tous mous.
Là, ça fait deux mois que j'ai attaqué un tube de jelly beans...

Catégorie :  hygiène de vie

3. Je lis dans mon bain. Pendant des heures. Mon record perso est de 7h d'affilée (mais il n'est pas homologué).
4. je bois 1,5 litre de thé le matin et parfois autant l'aprem... Et la vessie d'une grenouille a une contenance réduite. Donc, je fais beaucoup d'aller retour dans le couloir de l'appartement, parfois en courant.

Catégorie : santé mentale 

5. Quand je suis invitée chez quelqu'un, je cherche immédiatement les livres du regard. S'il n'y en a pas, je me sens mal... 
6. Je convertis le prix de tout achat potentiel non nécessaire en livre : livre de poches, BD, livre grand format... Et j'ai deux monnaies : les livres neufs et d'occasion.  Cela donne des réflexions parfois cocasses dans les magasins sur la valeur de la paire de chaussures ou du t-shirt. Dans 90 % des cas, je repose l'article et vais m'acheter des bouquins. Le souci évident : mes étagères débordent...
7. J'ai une grenouille dans le ventre. En tout cas, c'est le truc que ma mère avait trouvé pour réussir à me faire avaler médicaments et repas réguliers. "Prend soin de ta grenouille, sinon elle va être malade" qu'elle disait...

Et maintenant, je pars à Lyon !
L'étang est en pause jusqu'au 1er juin :)


Les nénuphars sont en vacances !

25 mai 2011

Photo 52 : quotidien

Quotidien.
Une chose que l'on fait, que l'on voit tout les jours. Pour ce 21ème thème, je ne me suis pas creusée la tête.
 Il suffisait de sortir de la maison. Une fois n'est pas coutume, l'image est simple, immédiate sans histoire.
Et je poste même ma contribution au projet 52 très en avance... parce que je pars demain pour quelques jours !
 

Quotien : ma rue, mes repères...

Les informations sur les photos, de gauche à droite :

ISO: 800
Exposition:  1/160 s
Ouverture: 4.1
Longueur focale: 12.4mm

ISO: 400
Exposition: 1/13 s
Ouverture: 2.8
Longueur focale: 5.5mm 

ISO: 800
Exposition:  1/160 s
Ouverture: 2.8
Longueur focale: 5.5mm 

Une grenouille sous les feux de la rampe ! 1 / 2

Comme annoncé dans mon message précédent, la minette du Chat-Mallow m'a décerné un "award". Il s'agit d'une chaîne avec des contraintes minimes, rien à gagner et rien à perdre si ce n'est subir le design kitch de l'image associée !

Me voilà donc obligée sous la menace de vous révéler sept secrets honteux. Mais avant de passer aux détails croustillants, totalement égocentriques dont vous fichez probablement, voici l'aspect sympathique de l'award : je le le décerne à sept blogs que j'apprécie .
Les blogs choisis sont censés continuer la chaîne en respectant les règles ci-dessous. Cependant, n'étant pas super fan du principe, je ne couinerai pas (trop fort) si vous m'ignorez royalement !


Les règles du Stylish Blogger Award

1 . Mettre le logo (moche) sur votre blog : check
2 . Mettre le lien vers le blog de celui ou celle qui vous parainne : check
3 . Dire sept choses sur soi : cela viendra dans mon prochain message - oui je crée le suspens...
4 .  Nommer step blogs auxquels vous attribuez le prix  : check
5 . Indiquer les liens vers les blogs nommés : check
6 . Prévenir les personnes concernées : check
7 . Remercier la personne qui vous a attribuée le prix. Merci Chat-Mallow Check


Les heureux détenteurs de la patate "stylish"

1  Viny de Crazy-pooh.
Si vous trouvez l'Etang joli et accueillant, tout le mérite lui renvient. La demoiselle est une coloriste professionnelle qui a collaboré sur plusieurs BD de qualités (Hyde, Waterloo...) Illustratrice, photographe, et grande patouilleuse de matous, elle fait aussi de délicieux bento, dévore tout les bouquins qui lui tombent sous la patte, et s'habille en noir... et rose :)
C'est surtout une vraie amie bourrée de talent.

2 Bruno Bellamy de Bellaminettes.com
Le monsieur est dessinateur de BD, jardinier du dimanche, patouilleur de matou (lui aussi) et surtout pionnier du Net. Il a eu un site à l'époque où vous n'aviez pas encore de dent, un blog BD à l'époque où le mot blog n'existait même pas ! Mais il n'est jamais trop tard pour découvrir son travail : des pin'up sensuelles et douces, des lapins et des pingouins (c'est un peu réducteur, il fait des vraies BD aussi).

3 Aizen de Flying Squirrel attacks
Petit écureuil volant serein et altruiste, Aizen partage sur son blog tout son amour pour le Japon, son pays de naissance. Son engagement est sans limite, son énergie rayonne. J'ai découvert son blog en début d'année et depuis je lis avec attention ses messages, je réfléchis aux interrogations qu'elles soulève quand elle contemple le monde. Et quelques soient les mensonges et les horreurs qu'elle débusque, Aizen est une source infinie d'espoir, toujours en quête de solutions, pour tous.

4 Sophie de Wabi Sabi
Je ne connais de Sophie que son blog et sa plume. Nous partageons un intérêt démesuré pour la culture japonaise et une soif de découverte. D'ailleurs, depuis que je passer régulièrement chez elle, mas PAL augmente. Elle a refait il y a peu tout le design de son blog, clair, lisible et frais. Très "stylish" !

5 Melanie de Mademoiselle M
Mélanie est une tarée de bento. Et pas n'importe quel bento : les kyaraben ! D'ailleurs elle a même écrit un livre à ce sujet, bourré de succulente recettes originales ! Son blog parle de bento, de cuisine japonaise et de cuisine tout court. Attention, ses photos sont terriblement appétissantes. Vous risquez de lécher votre écran...

6 Florence de Sucre-glace
Rencontre récente de la blogosphère, elle m'épate ! Elle m'épate parce qu'elle vit de sa passion pour la céramique et la vaisselle japonaise. Par qu'elle a trouvé le ton juste pour son blog sans publicité déguisée pour son activité. Parce qu'elle est sincère. Et puis, elle aime le thé, et ses chroniques de restaurants japonais mettent l'eau à la bouche. D'ailleurs, en ce moment, elle fait ses emplettes pour sa boutique au Japon.

7 Agathe de Parlons création
La demoiselle n'a ni un blog qui parle de Japon, de livre ou de dessin... Elle a un vrai blog de filles (certains doutent de mon genre) et je l'adore ! Dépitée de ne pouvoir créer avec ses petits doigts - elle a essayé - Agathe a décidé de parler du talent des autres. Et elle le fait très bien. Elle présente donc des petites créatrices motivées, originales qui font des objets de qualité. 

Bonne visite chez les copains ! Et bonne découverte...

24 mai 2011

L'étang fait sa star !

Tout d'abord, je partage avec vous deux nouvelles qui m'ont fait plaisir :

- L'Etang fait parti des quinze blogs sélectionnés pour les Golden blog, une récompense distribuée par le site Total Manga !

- la demoiselle du blog Chat-mallow m'a refilé la patate chaude du "Stylish blogger award". Pour une fois, je vais jouer le jeu et profiter de l'occasion pour parler de quelques blogs que j'apprécie beaucoup.
Je vais aussi vous révéler plusieurs secrets inavouables (ou presque) sur ma vie de petit batracien... Mais il faut patienter jusqu'à demain :P


Autre chose, si vous avez l'oeil expert, vous aurez peut-être repéré quelques petites nouveautés dans la colonne de droite :
- Après une page sur le site "Hello coton" (le vivier moelleux de la blogosphère à ovaires ), l'Etang a maintenant son compte Twitter !
- Et l'Etang a aussi sa page Facebook pour les aficionados des réseaux sociaux. Je vise les 100 fans pour le 1er juin, mais je crois être un peu trop optimiste !

Pour rester dans l'esprit communautaire, un lien est maintenant disponible pour acceder à mon profil Babelio, un lieu de rendez-vous virtuel pour les amateurs de bouquins.

J'ai également ajouté un petit agenda, avec la liste des expositions en cours que j'aimerai bien voir. J'essayerai d'être régulière dans la mise à jour :)

D'autres nouveautés sont en préparation ! Je vous laisse avec une devinette : qui est la grenouille et qui est le crapaud ?


22 mai 2011

Photo 52 : action

Une participation en forme d'hommage pour le thème du Projet 52 : Action. Le bruit du clap, les moteurs tournent.
La gélatine coloré sur les projos, la chaleur, la fébrilité.

Alors que le festival de Cannes touche à sa fin, voici ma contribution à "Action" avec en guest-star la camera de mon moustachu ainsi que sa main ! Pour les informations techniques, il suffit de cliquer sur les images.



Un,
deux,
trois...
Moteur !
Action !
Ça tourne !
Et nous rêvons...

18 mai 2011

Exposition Ofuda : le pouvoir de l'imagerie sacrée au Japon

Pour tous les passionnés du Japon mais aussi les curieux attirés par l'Asie et le bouddhisme, une magnifique exposition vient de commencer à Paris, au musée Guimet. Elle s'intitule "Ofuda" images gravées des temples du Japon.



L'ofuda est une image, un talisman sacré qui a les mêmes propriétés que l'image de culte qu'elle représente.

Cette exposition (du 11/05 au 12/09) nous présente une collection d'ofuda sélectionnée avec soin parmi les merveilles de la collection de Bernard Frank.
Elle fait voyager le visiteur à travers des siècles de croyance, de temple en temple et nous présente un aspect central de la culture japonaise : le syncrétisme entre le bouddhisme importé et le shintoïsme local.



Un pélerinage dans l'histoire japonaise 

Bernard Frank a collecté plus d'un millier d'Ofuda dont certaines très rares et très anciennes. Un travail de fourmi sur un objet de culte méconnu en occident et jugé banal pour les japonais. Cette exposition ne se contente pas de montrer des ofuda.

Elles sont associées avec les statues du panthéon bouddhique dont elles s'inspirent et partagent les vertus sacrées. Ces statues appartiennent au fond du Musée Guimet. Cette mise en scène donne au visiteur le plaisir de contempler toute la richesse d'un pan de l'iconographie religieuse japonaise dans toute sa variété.


Apprendre à regarder

Si pour la novice que je suis, toutes les statues se ressemblent de prime abord, lors d'une observation plus fine, je réalise qu'elles diffèrent par de multiples signes distinctifs assez fascinant à repérer : position des mains, objets tenus, divers détails parfois assez incongrus ...

Les ofuda permettent aussi de suivre les modifications des images religieuses à mesure que le bouddhisme s'est inséré dans la culture japonaise du VI ème siècle. Les talismans perdent de leur caractère hindou pour peu à peu se conformer à une imagerie typique de l'archipel nippon.

Pour chaque ofuda, des textes très riches et bien rédigés nous guident avec simplicité. Malgré des connaissances très limitées dans le domaine (elles se résument à la lecture d'un Que-sais-je sur le bouddhisme) cette exposition m'a passionnée.
En plus, j'ai eu la chance de bénéficier d'une visite guidée par Matthias Hayek, un ami qui a participé à l'élaboration du catalogue et surtout au délicat choix des oeuvres à exposer. Son humour décalé a conféré à cette excursion un ton assez surréaliste !

Mon seul regret, je n'ai pas eu le temps de refaire un second tour pour mieux observer. Il ne me reste plus qu'à me rattraper en lisant le catalogue exhaustif de l'expo !
Alors, si vous avez la chance de passer par la capitale, soyez curieux !

Quelques liens :
- Informations pratiques sur le site du musée Guimet (Paris)
- Plus d'images des ofuda exposées sur le site du Collège de France

Tôkyô, Nezu-jinja

15 mai 2011

Photo 52 : animal

Animal. Thème qui résonne comme le son sourd d'un tambour, comme l'odeur acre de la terre, le bruit de la pluie en forêt, les bruissements nocturnes d'une faune sauvage.
Animal. La douleur des crocs qui déchirent, des dents qui mastiquent, les mandibules qui découpent. Les griffes qui labourent, les ongles qui rayent, arrachent. Le pelage, le plumage, la chitine luisante, la peau... Animal.

Des organismes métazoaires complexes, plus d'un million d'espèces connues... et la seule qui s'impose violemment à mes yeux, c'est l'homme. Pas moyen de m'imaginer photographier autre chose pour le 19ème  thème hebdomadaire du projet Photo 52.


1 : Animal et poils 2: Animal et peau

Pour les informations sur les photos, merci de cliquer dessus.
Je remercie mon libraire préféré pour m'avoir prêter un bout de bras pour l'expérience !

9 mai 2011

Petits crime japonais : amoralement votre !

Recueil de huit nouvelles corrosives écrites par Nishimura, ce petit livre se dévore en un clin d'oeil. Plaisant, ludique même, ce policier se focalise sur des messieurs et mesdames "tout le monde" au quotidien sans surprise. Mais à la première occasion, tout bascule.

Bien sous tout rapport ?


Nishimura nous raconte des épisodes de la vie de japonais bien lisse, des japonais assez moyens. Au départ, ils restent sages, dans leur vie bien rangée. Des individus lambda d'une normalité morose, sans drame ni passion. Le stéréotype du japonais obéissant et affable. Leur apparence inoffensive nous est même sympathique.
L'auteur se joue des clichés positifs : un salaryman éreinté et dédié à son travail, un policier altruiste qui aide les vagabonds à trouver un abris temporaires, une jeune femme inquiète pour son voisin dépressif, une richissime papi charitable...
Tous nous séduisent avec une bonne action par ci, une attention par là. Mais, dès le premier dilemme moral, dès le premier grain de sable, c'est la débandade de la morale. Et les apparence se révèlent franchement trompeuses....

Le goût piquant de la transgression


Autant d'historiettes, d'anecdotes presques, écrites avec une plume légère, une pointe d'acidité, une touche d'humour. Si le mécanisme est bien rodé, l'originalité des situations nous surprend à chaque nouvelle ! Le suspens bien dosé et le retournement final cruel et surprenant.
Avec un talent délicieux, Nishimura croque les travers des hommes quand ils se contentent de paraître bons, gentils, alors que ces qualités ne sont que superficielles, sans jamais être ancrées dans leur coeur, dans leur âme.

Après "Les bébés de la consigne automatique", j'avais envie d'un livre simple et facile. Mon moustachu m'a conseillé avec à propos cet ouvrage. Un petit polar de qualité, pas bête, et qui en plus offre un voyage dans un Japon réaliste et attachant de la fin des années 70. D'ailleurs, j'ai très envie de lire les autres titres de cet auteur !

Tôkyô, fin de journée pour des salarymen


Biographie de Nishimura Kyôtarô  :
http://www.shunkin.net/Auteurs/?author=119

7 mai 2011

Photo 52 : proche

Le thème de la semaine passée, Loin, m'avait donné du fil à retordre. D'ailleurs, pour la première fois depuis que je participe au projet Photo 52, je ne suis pas satisfaite de mon travail.

Proche a pris la même tournure fatidique avec enchaînement de ratés, idées manquées et frustration. Je voulais impérativement traiter le sujet non pas sous l'angle de la distance physique objective mais avec le ressenti.

Patchwork sur gazon

Fraises de guinguette

Proche, proximité de cœur et d'esprit.

Proche. Je pense encore au Japon et aussi à des amis. Particulièrement à Virginie avec qui j'ai collaboré pour un dessin, parce qu'on se comprend sans les mots et qu'on aime croiser et affronter nos regards artistiques, nos opinions.
Je ne suis pas douée pour photographier les gens, rendre leur sincérité et leur originalité. Je me débrouille mieux avec les objets et les végétaux.
Aujourd'hui, sous un soleil généreux d'été précoce, nous étions une joyeuse bande réunie pour un pique-nique festif, dans le jardin japonais du Parc de Bercy.
Virginie vient d'avoir 30 ans.

Intrus

Et tribu !

Le sentiment très fort de proximité s'est invité sur l'herbe, entre les boîtes à bento, le rire de Morgane, le flegme de Laurent. Il s'est glissé entre Estelle et le pouce verrouillé à la bouche de sa petiote. Mon moustachu corrosif allongé tel un romain décadent. Kanae et ses okonomi-yaki à se damner. Et bien sûr, Virginie, un sourire fermement accroché aux lèvres, l'appareil photo juste à côté, et les crayons de couleurs dans le sac à main.

Un chouette moment d'une tranquillité guillerette et complice...

Un chouette moment où je me suis sentie proche de tous ces êtres humains...

Colorful

Okonomi-yaki and co

Pluie de katsuobushi

Picorer

Huummiam...

Korokke ball !

Festival Piquant


Mon choix : pique-nique et partage
Cliquer sur l'image pour les info

3 mai 2011

Les bébés de la consigne automatique

Ryu Murakami est un écrivain japonais contemporain connu pour ses explorations des sentiments humains les plus vils. Ce roman paru en 1980 au Japon anticipe sur les travers de la société en se projetant une décennie plus tard. Il raconte les destinées mouvementées de deux frères d'abandon.

Une plongée vers les grands fonds

En préambule, je vous déconseille vivement de lire la quatrième de couverture qui, en quelques lignes, dévoile la quasi-totalité de l'intrigue. Idem pour la préface qui propose une analyse intéressante sur le livre mais révèle trop d'éléments. A lire une fois le roman achevé.

Plusieurs bébés sont retrouvés enfermés dans des cellules métalliques de consignes automatiques, dans l'air brûlant et étouffant d'un été caniculaire au Japon. Seuls deux survivent à l'horreur, mais elle laisse un traumatisante indélébile.

Hashi, plutôt timide, maligne ouvre la bouche pour s'excuser. Il est toujours accompagné de Kiku, pas doué avec les mots mais toujours prêt à s'exprimer avec les poings, surtout pour défendre son "frère".

Ils grandissent dans un orphelinat, pas vraiment malheureux, mais sans jamais oublier pourquoi ils sont arrivés dans ce lieu. La tragédie du rejet plane toujours. D'ailleurs, les deux enfants développent très tôt des troubles comportementaux sérieux, une tendance à une espère d'autisme étrange. Ils servent de cobaye pour une thérapie révolutionnaire et avant-gardiste. Remis d'aplomb, ils sont déclarés aptes à être intégré dans une famille.

Mais leur adoption, les tentatives à une vie normale n'effaceront jamais vraiment les blessures. Des explosions de violences, des actions totalement impulsives et amorales ponctuent leur enfance et leur adolescence. Bientôt, il apparaît avec une triste froideur que leurs destins sont liés, l'instabilité de leur vie reflétant celle de leur condition mentale.

Apnée en eau trouble...


Le ciel enchevêtré de Tôkyô
Les rencontres qui parsement le livre sont autant de plongée dans un univers boueux, pervers où la raison se dissout. Un vagabond motard à demi-fou, une jeune top modèle qui vit avec un crocodile, un producteur homosexuel mégalomane... Les personnages oscillent tous entre folie et normalité médiocre et lâche.

Personne n'insuffle de l'espoir et de la lumière. Et si les hommes sont perdus, il suffit de regarder leur environnement pour avoir un début d'explication à cette descente aux enfers.

Il y a aussi le mot magique et mystérieux "datura", une solution espérée à l'horreur, une quête... Une vision excessivement pessimiste du Japon.

Si on replace le livre dans son époque, Murakami a signé une vision étrangement prophétique des média, du monde de la mode, de la musique et surtout de la publicité. Le superficiel règne en maître et l'individu se noie, seul, abandonné. Certains éléments sont très marquants tel que l'Ilot de la drogue, un no man's land en plein Tokyo où sévissent drogue et prostitution ; il rappelle le Bronx des années 80.
On retrouve souvent des zones de non-lieu similaires dans la culture indépendante japonaise. Un lieu sans loi, où toute les perversions sont possibles et où étrangement, la solidarité entre les habitants n'a pas disparu.

Le roman est servi par une écriture simple, très maîtrisée et toujours directe. Ryu Murakami ne fait pas dans la fioriture et sa technique est irréprochable. Il décrit sans prendre de gant scènes de violence, de sexe, un quotidien sans issue et des dialogues mentaux en déséquilibre constant, toujours à danser au bord d'un gouffre dément.

…suivie d'une asphyxie


Tôkyô dans le flou nocturne
Pourtant, malgré les qualités de l'écriture et l'originalité de l'histoire, j'ai décroché à mi-parcours. Perdu la curiosité de connaître l'avenir de Hashi et Kiku. Perdu la crainte qu'ils basculent, perdu la sensation désagréable face à ces visions sombres.

Trop de maladie mentale, une surenchère dans la bizarrerie. Plutôt que de me laisser entraîner dans ce tumulte, l'histoire m'a ennuyé, les destins tragiques des personnages m'ont fatiguée sans m'émouvoir.

Et la narration s'est dirigée comme un missile exactement vers l'objectif que j'avais deviné, sans aucun détour.
J'ai donc terminé le bouquin de plus de 500 pages avec la désagréable impression d'être passée à coté de cet ouvrage. Par contre, j'ai eu terriblement envie relire Bleu presque transparent. Tous les éléments qui m'ont séduite dans Les bébés de la consigne automatique étaient déjà présents dans ce premier roman que j'avais adoré.

Alors, je peux au moins rayer un titre de ma PAL, et de ma liste pour le défi  "In the Mood for Japan", mais un goût de regret persiste quand même : l'absence d'émotion, juste une grande lassitude. Et vous, l'avez-vous lu ? L'avez-vous aimez ?


Petit complément challenge :
Challenge Murakami : Le passage de la nuit de Haruki Murakami
In the mood for Japan : liste mise à jour