28 octobre 2010

Ego-trip from Japan

Parce que, aujourd'hui j'ai envie d'un peu d'ailleurs...

Une promenade loin de moi, loin d'un quotidien d'automne, et loin des années qui s'empilent. Je m'accorde une pause photographique pleine de souvenirs pour mes papilles, d'odeur de soleil, et d'idéogramme.

Un puzzle, des couleurs et une musique lancinante.


Fragments

So pink

À l'envers, ou presque !

Petit creux

So blue... avec intru

Auto-portrait architectural

25 octobre 2010

"Pour sanpei", chronique d'un bonheur pas si ordinaire...

Cette histoire s'ouvre sur des funérailles, celles de l'épouse de Sanpei, un sexagénaire peu loquace et renfrogné. Son fils, inquiet pour sa santé, l'invite à venir vivre chez lui, avec son épouse Reka et sa petite fille, Nano.

Un trésor de souvenirs


Le vieil homme, mal à l'aise, partage ainsi le quotidien d'une famille qu'il connaît mal. Ce sentiment l'oblige à sortir de la torpeur de son deuil pour participer à la vie domestique de la maisonnée. Il découvre alors un cahier tenu par Tsuruko, sa défunte épouse. Un véritable trésor !
C'est un recueil de notes pratiques sur les petits choses nécessaires pour effectuer les tâches ménagères mais aussi la cuisine, la couture... Ce savoir et ces astuces que l'on apprend ni dans les livres, ni à l'école, mais au contact de ses parents. Le cahier miraculeux abrite aussi les pensées de Tsuruko, ses observations sur les membres de la famille, leur goûts, leur histoire, leurs manies...

Au fil des pages, la présence désincarnée de Tsuruko guide Sanpei dans son apprentissage de "papi au foyer". Peu à peu, il s'anime, accepte la disparition de son épouse, et se tourne vers l'avenir.


La magie des petits rien


Les chapitres se suivent, croquant des scènes parfois cocasses parfois commune de la vie, des anecdotes qui nous concernent tous, avec une justesse touchante. On se retrouve dans ces personnages à la fois simples et complexes dans leur aspiration. Pas des héros, mais des gens normaux qui n'ont d'exceptionnel que leur singularité d'être humain. Pour Sanpei n'est pas une chronique comme les autres. L'auteur, Fumiyo Kono, excelle dans la description des petites gens, elle s'intéresse aux modestes avec un regard doux et compréhensif.

Le dessin de Pour Sanpei est un simple trait à l'encre sans fioriture ni trame. Quand au découpage, lui aussi très sombre, il réussit la gageure de mêler à la narration des petits passages en forme de mode d'emploi didactique. Il y a comme une impression d'hésitation tendre dans la finesse extrême du trait. Le soin de certains détails du décor contraste avec le minimalisme des visages qui pourtant ne perdent rien de leur expressivité. Ce dessin rentre plus dans les canons de la bande dessinée indépendante occidentale que ceux du manga grand public. Une originalité en phase avec le propos de Fumiyo Kono.


En effet, en filigrane, la mangaka aborde la question de la transmission. Au XXIème siècle, à l'ère de l'informatique, des réseaux sociaux virtuels, du mobile, on oublie parfois la chaleur et le bonheur d'une discussion avec ses proches. On se détourne de ceux qui vivent à coté de nous pour être noyé dans la masse.
Ce manga nous rappelle que la transmission passe par les mots, l'observation et le partage. En deux tomes, édités dans la collection "Made in" de chez Kana, on redécouvre la richesse et l'importance du quotidien. Un bonheur qui ne s'achète pas, qui se moque de la société de consommation. Un bonheur fort et solide que Sanpei regagne peu à peu.

18 octobre 2010

Si, par hasard sur l'pont des Arts...

...tu croises des cadenas accrochés par dizaines, sache qu'il s'agit d'une étrange coutume moderne.
Le résultat est inattendu.

Pas vraiment du goût des riverains. Les amateurs de l'aura "romantique" de Paris élèvent notre capitale au rang des sanctuaire pour l'Amour. Ces gens voient cette initiative comme un acte de dévotion, une déclaration concrète, gravée dans le laiton.


A mes yeux, le message d'amour se perd dans le sentiment d'abandon de tout ces bouts de métal suspendus futilement au grillage. Impossible de ne pas visualiser aussi les chaînes pour attacher vélos et scooters qui gisent au pied des poteaux de signalisation ou des grilles du métro, dans la crasse et l'urine.
Tristes témoins de la disparition souvent regrettée de deux roues infidèles à leur propriétaires, partis vers d'autres cieux avec des conducteurs plus téméraires et un poil chenapans.


Alors, accrocher un cadenas avec les initiales de son cher et tendre serait le remède pour fixer les sentiments amoureux ? Marquer son passage, l'union des coeurs, d'une famille ?
Un symbole matériel, un peu cheap, à l'image de notre société de consommation...

Au moins, ces cadenas sont photogéniques...


13 octobre 2010

Murakami au château de Versailles : rencontre pétillante

En préambule, je l'avoue : je n'ai aucune affinité pour les arts classiques. Ils ne m'émeuvent pas, au mieux m'amusent au pire m'ennuient. Le château de Versailles était pour moi une de ces curiosités à touriste, un joyau de l'architecture et de l'histoire de France posé dans le paysage, sans vraiment susciter une quelconque attirance de ma part.
La présence des oeuvres de Takashi Murakami a changé la donne. J'apprécie beaucoup le travail de ce monsieur depuis que je l'ai découvert à la Fondation Cartier en 2002. J'aime son art coloré, heureux et un poil subversif. C'était donc l'occasion rêvée pour visiter Versailles !

Tongari-kun

Pour ses contemporains, Versailles était un lieu d'audace, de découverte et souvent de débauche en tout genre malgré la pression morale et religieuse. Cette exposition est donc en accord total avec l'esprit festif du lieu, à sa mégalomanie frisant parfois le ridicule dans les détournements et les reprises des mythes antiques pour élever les rois au rang de héros et de Dieu.
Murakami crée des personnages inspirés de l'histoire japonaise et du quotidien, mêlant culture traditionnelle et mouvement populaire contemporain. Un bel accord avec l'étrange contraste du château de Versailles : dans un cadre baroque et pompeux, on accueillait les artistes et les tendances les plus modernes.
Voilà pourquoi je nie toute raison d'exister à la polémique stérile sur la présence de Murakami dans ce moment classé au patrimoine de l'Humanité. Quant à ceux qui ont crié à la pornographie, qu'ils regardent avec attention les statues des jardins ! Qu'ils se souviennent donc des activités menées dans les nombreux bosquets bien touffus...

Au pays des merveilles

Le château de Versailles ne m'a pas déçu avec son arrogance dorée, sa majesté d'esbroufe. Des pièces immenses, des plafonds qui se prennent pour les cieux, des angelots obèses, des peintures des grands de notre histoire et des grandes victoires. Assénant par l'image et la forme la splendeur du pouvoir et de la cour, Versailles diffuse encore son prestige dans les yeux de chaque curieux.
Au milieu de ces salles, les statues joyeuses et multicolores de Murakami prennent leur aise, animent un peu ces richesses usées et fendues par les siècles. Chaque oeuvre a été choisie en accord avec l'artiste pour faire écho au passé du château, parfois en hommage, souvent en pied de nez.

Kinoko Isu

On sourit devant l'auto-portrait replet de Murakami et son chien, et devant la perruque d'un empereur presque nu aux dimensions « super deformed » dans le style de la caricature manga !

Je regrette quand même l'éclairage pas toujours adapté surtout pour la première statue, Tongari-kun. Autre grief, célébrité de Versailles oblige, il faut subir le flot ininterrompu des touristes en groupe avec leur accompagnateur pas toujours très respectueux des visiteurs solitaires. J'aurai aimé aussi voir plus d’œuvres monumentales, mieux visibles. Cependant, apprécier en vrai, et pas juste en photo, certaines statues devenues cultes comme Miss Ko est une récompense qui vaut largement les doigts de pieds écrabouillés et les cotes meurtries par des coups de coude. J'exagère à peine ! Et nous étions un jour de semaine, hors vacances scolaire...

Superflat Flowers

Plusieurs œuvres ont, elles, été réalisées exprès pour cette exposition. Elle sont conçues pour s'exprimer pleinement dans ce décor d'exception. Dans le salon de la paix, Superflat flowers reprend un thème récurrent dans le travail de Murakami pour jouer de son aura pacifique et bienfaitrice, décuplée par les miroirs et les larges fenêtres.
La visite s'achève par un all-over fleuri avec tableau, lampe et moquette. Une plongée dans l'univers heureux et fous de Murakami. A l'extérieur, une seule statue dorée, éclatante sous le soleil d'octobre. Elle trône, juste dans l'axe des jardins et du grand canal, visible de partout. Un immense Kappa devenu Bouddha, toutes dents dehors d'un coté, et de l'autre, le mystérieux sourire de ceux illuminés. 

Oval Buddha

Et si, la visite du château ne m'a pas donné l'envie de me plonger dans les livres d'histoire, celle des jardins m'a vraiment séduite. Même sans les oeuvres de Murakami, j'ai envie d'y retourner ! Si vous êtes amateur de l'artiste, ou simplement curieux de découvrir son travail et surtout son approche, très japonaise dans son fonctionnement, je vous conseille la lecture du numéro de BeauxArts consacré à l'expo.
Murakami est en effet à la tête d'une entreprise, Kaikai kiki. S'il conçoit ses oeuvres, leur fabrication utilise à la fois des procédés traditionnels – comme la dorure à la feuille d'or – et des techniques extrêmement modernes et pointues. Le coût de réalisation de chaque pièce est élevé ce qui n'empêche pas Murakami de soutenir activement toute une nouvelle génération d'artistes. Dans son sillage, on trouve des peintres de génies comme Aya Takano et Chiho Aoshima.

Une belle exposition, courageuse et magique.

Kawaii - Summer vacation

4 octobre 2010

Tôkyô : trois nouveaux albums photo !


Je viens de mettre en ligne trois albums de photos toujours sur les clichés pris en juin et juillet 2010. Je prends le temps de mettre une légende, des tags, de géolocaliser chaque cliché et de décrire les albums. Cela représente pas mal de réflexion et de temps  !
Alors, n'hésitez par à mettre un petit mot si mon travail vous intéresse ou vous touche. Je me sentirai un peu moins solitaire dans ma démarche...

Album Working
L'économie de Tokyo est déroutante. Bien sûr, le secteur tertiaire est roi avec sa marée quotidienne de salary men et d'office ladies qui se déverse dans les transports en commun. Mais, plus surprenant, on trouve aussi des industries en plein coeur de la ville et dans son immédiate périphérie, un immense marché aux poissons. Des travailleurs en uniformes et de multiples traces de l'activité inondent les rues de leur vie et de leur énergie.

Marché aux poissons

Gazon et fumée

Tôkyô n'est qu'une ville ultra-moderne, anonyme et grouillante. Quand on sort des quartiers branchés, que l'on s'enfonce dans les ruelles sans trottoir des zones résidentielles, on découvre un quotidien ciselé de petites maisons et de commerce de proximité. Entre chaque bâtiment, un espace. Cette précaution anti sismique modèle le paysage urbain et laisse la verdure s'installer dans les interstices. Devant les maisons, sur le bords de la route, sur les escaliers, partout arbres et plantes colonisent la ville. Entretenu avec soin, il donne à Tôkyô un air campagne déroutant et charmant.

Oeil

Proximité
Sous le soleil des mois de juin et juillet, Tokyo brille et devient un miroir à ciel ouvert. Chacun s'amuse des reflets de l'autre. Tours de verre et étendu d'eau sont autant de terrain de jeu pour rayon lumineux facétieux. Et quand la nuit tombe, le divertissement se teinte avec force et orgueil !

rêve

speed