25 octobre 2010

"Pour sanpei", chronique d'un bonheur pas si ordinaire...

Cette histoire s'ouvre sur des funérailles, celles de l'épouse de Sanpei, un sexagénaire peu loquace et renfrogné. Son fils, inquiet pour sa santé, l'invite à venir vivre chez lui, avec son épouse Reka et sa petite fille, Nano.

Un trésor de souvenirs


Le vieil homme, mal à l'aise, partage ainsi le quotidien d'une famille qu'il connaît mal. Ce sentiment l'oblige à sortir de la torpeur de son deuil pour participer à la vie domestique de la maisonnée. Il découvre alors un cahier tenu par Tsuruko, sa défunte épouse. Un véritable trésor !
C'est un recueil de notes pratiques sur les petits choses nécessaires pour effectuer les tâches ménagères mais aussi la cuisine, la couture... Ce savoir et ces astuces que l'on apprend ni dans les livres, ni à l'école, mais au contact de ses parents. Le cahier miraculeux abrite aussi les pensées de Tsuruko, ses observations sur les membres de la famille, leur goûts, leur histoire, leurs manies...

Au fil des pages, la présence désincarnée de Tsuruko guide Sanpei dans son apprentissage de "papi au foyer". Peu à peu, il s'anime, accepte la disparition de son épouse, et se tourne vers l'avenir.


La magie des petits rien


Les chapitres se suivent, croquant des scènes parfois cocasses parfois commune de la vie, des anecdotes qui nous concernent tous, avec une justesse touchante. On se retrouve dans ces personnages à la fois simples et complexes dans leur aspiration. Pas des héros, mais des gens normaux qui n'ont d'exceptionnel que leur singularité d'être humain. Pour Sanpei n'est pas une chronique comme les autres. L'auteur, Fumiyo Kono, excelle dans la description des petites gens, elle s'intéresse aux modestes avec un regard doux et compréhensif.

Le dessin de Pour Sanpei est un simple trait à l'encre sans fioriture ni trame. Quand au découpage, lui aussi très sombre, il réussit la gageure de mêler à la narration des petits passages en forme de mode d'emploi didactique. Il y a comme une impression d'hésitation tendre dans la finesse extrême du trait. Le soin de certains détails du décor contraste avec le minimalisme des visages qui pourtant ne perdent rien de leur expressivité. Ce dessin rentre plus dans les canons de la bande dessinée indépendante occidentale que ceux du manga grand public. Une originalité en phase avec le propos de Fumiyo Kono.


En effet, en filigrane, la mangaka aborde la question de la transmission. Au XXIème siècle, à l'ère de l'informatique, des réseaux sociaux virtuels, du mobile, on oublie parfois la chaleur et le bonheur d'une discussion avec ses proches. On se détourne de ceux qui vivent à coté de nous pour être noyé dans la masse.
Ce manga nous rappelle que la transmission passe par les mots, l'observation et le partage. En deux tomes, édités dans la collection "Made in" de chez Kana, on redécouvre la richesse et l'importance du quotidien. Un bonheur qui ne s'achète pas, qui se moque de la société de consommation. Un bonheur fort et solide que Sanpei regagne peu à peu.

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Marianne