22 juillet 2015

Petit retour sur Japan Expo 2015 : se réconcilier avec la pop-culture en occultant son aspect mercantile, c'est possible !


Matcha dégusté sur le stand de la ville de Takamatsu (merci Julia !)


Attention, en préambule, je vous préviens, cet article risque d'être 1) bordélique 2) indigeste 3) totalement subjectif. Et en plus, je n'ai quasiment pas pris de photo donc si vous êtes là pour les cosplayeuses à poils, passer votre chemin avant d'être déçu ! Je regrette, j'aurai au moins dû photographier les cosplayeurs torse nu...

Je n'ai jamais été de ceux qui considèrent ce pays avec angélisme. Cependant, le déni révoltant post-Fukushima et la politique mise en place pour redorer l'image du Japon en ignorant la situation sanitaire et la détresse d'une partie de sa population a suscité en moi une immense colère. Au fil des mois et des années, elle s'est muée en rejet et distance, avec des conséquences concrètes dans mon quotidien. J'ai totalement arrêté de mater des animés et quasiment cesser de lire des mangas. Mon intérêt pour l'art contemporain est le seul intact de ce repositionnement. L'année dernière, j'avais eu le grand plaisir d'être bénévole à Japan Expo sur le stand d'une association de promotion des techniques picturales traditionnelles « Pigments et arts du monde », sous la houlette de Valérie Eguchi, peintre et animatrice d'atelier. Outre le plaisir d'être avec des amis et de rencontrer des personnes curieuses, pour qui le Japon ne rime pas avec manga, samouraï et sakura, je me suis petit à petit reconnectée avec sa pop-culture et l'aspect consumériste débridé que j'avais mis férocement mise de côté.

Forte de cette expérience, j'ai joyeusement rempilée sur le stand de l'association. Comme l'an passé, le programme était résolument artistique avec une exposition de tableaux, des ateliers gratuits et ouverts à tous (étegami, nihonga et origami) et en plus, une démonstration d'estampe absolument fascisante (je vous prépare un article dédié !). Etait aussi présent sur le stand les membres de Kokoro qui organisent des rencontres culturelles et linguistiques franco-japonaises sur Paris avec un réel objectif d'échange et non de drague déguisée !


Fanzine et droit d'auteur, quand certains confondent création et contre-façon


Bien sûr, j'ai aussi profité de ces quatre jours pour voir les copains, saluer les artistes que j'apprécie et faire quelques emplettes : principalement des ouvrages déjà précommandés avant le salon et surtout, des dessins orignaux. Avec plus de 250 fanzines présents, sans compter la zone des jeunes créateurs - où j'avoue se trouvent la majorité de mes potes - il est devenu difficile d'arriver à s'y retrouver.
Trop d'images, trop de sollicitations visuelles.
Le fan-art ne m’intéresse pas, la parodie non plus, ce qui supprime une majorité des stands présents. Je recherche des artistes en herbe capables d'affirmer un style original, talentueux et surtout, travailleurs. Aujourd'hui, n'importe qui peut imprimer un fanzine avec un dos carré collé, une maquette lisible et une jolie couverture. Cependant, si nombreux font illusion, le contenu est souvent au hétérogène voire décevant.
La difficulté est d'avoir l’énergie et la motivation d'aller chercher la perle rare dans cette jungle où on est vite noyé par le nombre, la foison de dessins et aussi, les pseudo-goodies où on trouve à la pelle Totoro et Hello Kitty.

Parce que Japan Expo est, pour beaucoup, l'occasion de se remplir les poches en espérant vider celles des visiteurs. Pour certains, le droit d'auteur et le droit des marques ne s'applique pas. Je ne parle même pas de la contre-façon professionnelle, mais juste des stands amateurs, qui se contentent d'acheter des bricoles en Chine et de les agencer pour en faire des bijoux ou autres conneries à pas cher, sans une once de créativité.
Cette tendance du « fric facile » est particulièrement présente dans l'espace soi-disant dédié à la mode où les quelques vrais créateurs, qui créent les modèles et fabriquent à la main leur produits, sont perdus entre les étales dignes d'un marché d'été avec des vêtements à bas coût et à la qualité douteuse. Difficile de faire le tri donc, fatiguant aussi. Japan Expo est devenu une machine gigantesque, bruyante, qui carbure au fric plus qu'à la passion.

J'ai encore plus d’admiration pour les irréductibles fanzineux qui se décarcassent, refusent la facilité et trouvent un équilibre entre la nécessité de rentabilisé leur stand et proposer des œuvres personnelles.
Découvrir des nouveaux artistes reste une excellente raison d'aller affronter la foule à Japan Expo.


Le stand du studio Mirage avec Morgil http://obsidiurne.com et Vyrelle

Et la culture bordel ?


Ma diatribe sur la contre-façon reste gentille car, cette année, un effort réel a été fait par l'organisation. Leur engagement était même inscrit noir sur blanc sur tous les panneaux d'information. A priori, la présence depuis plusieurs années des ayant-droits Japonais, toujours horrifiés de voir l'étendu des dégâts et l'absence d'action légale des organisateurs, est devenue plus problématique que les bénéfices engrenés en vendant de l'espace aux stands de piratage.
Cependant, tout est loin d'être rose. Aujourd'hui, les produits contre-faits tendent à être mélangés avec d'autres et sont moins visibles, plus dissimulés.

Tant que Japan Expo sera principalement un lieu de débauche financière où les gamins de la France entière (voire d'Europe) viennent pour claquer leur argent amassé depuis des mois et compenser leur frustration de ne pas aller au Japon, ce pays de leurs rêves, la culture restera un prétexte, une caution vaguement éducative d'ouverture sur le monde, qui justifie une soif avide de dépenser, de consommer.

Œuvre ou produit ?


Avaler son dernier manga ou son dernier épisode en râlant quand les auteurs ne vont pas dans la direction souhaiter par les fans, gueuler quand le temps d'attente est jugé trop long.
Bref, beaucoup oublient que les auteurs sont avant tous des humains. Nombreux sont les mangas (mais le constat est le même avec le comic et même la bd) qui ne sont pas des œuvres mais de simples produits commerciaux de divertissements où le lecteur exige un taux d'amusement suffisant.
J'aime lire, dévorer parfois quand l'ouvrage me tient en haleine, mais jamais me bâfrer jusqu'à la nausée. Là où le salon du livre décuple mon envie de lire, Japan Expo et son brouhaha assourdissant tend à avoir l'effet inverse. Pourtant, j'y retourne, et mieux (ou pire) j'arrive à occulter assez cette débauche afin de profiter sincèrement des personnes que je rencontre et, plus difficilement je l'avoue, des images, objet artisanats et autres que je découvre.

L'espace Wabi-Sabi : cette grosse blague...


Heureusement, pour la promotion de la culture japonaise, il y a l'espace « wabi-sabi ». Cette zone mise en place pour promouvoir avant tout l'artisanat traditionnel est devenu, avec les années, une zone fourre-tout avec comme dénominateur commun des prix délirants (le mini balais à 300 euros) ou le pire du kitch côtoie des objets fait main de très haute qualité (et technicité) ainsi que les horreurs des loisirs créatifs fait par des mamies japonaise.
C'est beau parce que c'est japonais ?!
Le résultat est un lieu sans cohérence, mal pensée, labyrinthique, avec une scène au milieu histoire que la foule s'amasse et empêche toute circulation. Après m'être faite avoir deux fois, j'ai fini par simplement contourner l'espace plutôt que de tenter en vain de le traverser. Bref, ce qui avait été il y a quelques années ma zone favorite du salon, un espace de respiration calme, de découverte sincère, et lui aussi devenu mercantile et surtout, sans âme.
D'autres stands indépendants commencent à prendre le relais et à montrer artisanat et art contemporain en provenance du Japon sans être confiné entre ces murs devenus prisons.

L'autel de cauchemars...


Fifille... où la présence douteuse de jeunette pour assurer la promotion d'un Japon vieillissant


Alors, oui, j'ai zappé les images qui m'ont dérangée, zappé les produit estampillés Ghibli à quelques euros, zappé les katanas en plastique et les produits alimentaires douteux, zappé l'artisanat tantôt magnifique et onéreux, tantôt d'un goût douteux et toujours aussi onéreux, par contre, il était impossible de mettre mes oreilles hors service.

Le volume sonore de certains stands, comme Bandai, était proprement assourdissant, heureusement, l'espace réservé aux associations culturelles est excentré. Nous étions relativement protégés. Cependant, nous avons quand même subi une partie des dommages. Mon amie Julia, sur le stand de promotion touristique de la ville de Takamatsu, était en face d'une scène qui, durant quatre jours, a été constamment active.
Le menu du spectacle : des idoru à peine pubère et, devant elles, hurlant, gesticulant, deux rangées de "chauffeurs" de salle, des français payés pour mettre l'ambiance et transformer ces gamines anonymes venue du fond de leur cambrousse en star internationale. La taille des jupe était inversement promotionnelle au volume sonore et à la qualité musique. J'ai eu envie de revoir Perfect Blue et Dolls pour me laver de cette étalage sans pudeur d'une vacuité artistique totale et surtout, glauque à souhait.
Que des cosplayeuses (pas toujours majeures) minaudent avec des photographes (à 90 % masculins) en âge d'être leur père ou leur grand père est déjà limite. Mais là, l’importation de ces gamines comme de la viande qu'on pose sous les spots light et à qui on demande de secouer les fesses frise le vomitif ou l'appel assumé à la pédophilie.

Je ne sais pas quelle était la qualité des scènes qui étaient hors des deux halls, je ne parlerai que des spectacles que j'ai entraperçu en vadrouillant dans les allées. Avec un plafond immense et de multiples installations sonores qui se font la guerre, tout devient bruit. Alors, les micro à fond, la musique devient bouillie immonde. Les démonstrations de kimono, calligraphie, ou autre tradition demandant solennité et attention semblent un cirque ridicule. Quand au taiko, à part un supplice régulier pour nos tympans, je ne comprends même pas leur présence systématique chaque année, à moins que ce soit comme une épreuve initiatique : tu vas à Japan Expo, tu dois le mériter, tu dois saigner des oreilles.


Détail de "Enchanté" œuvre de Tsun



Consommation débridée de Japon, jusqu'à indigestion


Il me semble que l'écrasante majorité des visiteurs n'est pas là pour découvrir un pays mais pour acheter des produits estampillés Japon, comme si cela pouvait assouvir leur soif d'ailleurs, calmer leurs angoisses ou leur sentiment d'inadéquation. Des ado et des jeunes en recherche de tribu, d'appartenance à un groupe, tentent par leur présence, leurs costumes ou leur habillement de revendiquer leur singularité, leur passion. Sauf que leur sincérité et leur amour sont manipulés, dévoyés avec un seul objectif : consommer. Tant d'intérêts, d'envies de découverte qui s'échouent face aux sirènes du marketing, aux produits facile à avaler, avec assez de sucre pour faire passer l'amertume du poison.
Qui peut lutter face au marketing débridé des sociétés dont l'objectif est simple : amasser de l'argent ? La proposition de découverte n'est qu'un prétexte, et dont certains ne s'embarrassent même plus ?
J'ai conscience que ces constatations pourraient me qualifier de cynique. Cependant, à mon avis, le vrai cynisme vient de ceux qui se gavent sans respect pour l'acheteur, et aussi, probablement, d'une partie de l'organisation. Heureusement, il reste encore des espaces qui proposent des activités gratuites et des passionnés qui ne viennent que pour échanger (nope, je ne rentre pas dans cette catégorie, je ne suis pas assez altruiste pour ça. Par contre, les « vraies » membres de l'asso le sont !)

J'observe aussi un glissement parmi les participants. Il y a dix ou quinze ans, la raison principale des amateurs présents en convention était le plaisir, tenter de se faire un nom en partageant une passion avec leurs pairs, et aussi, pour les plus ambitieux, ou le plus talentueux, se professionnaliser sans jamais rechigner à l'effort.

Même si je suis hors-circuit sur les mangas et animes actuels, même si je n'apprécie pas le fan-art, je continue de croire que les passionnés ont leur place. Cependant, la monétarisation des loisirs brouille la donne. Il suffit de constater la perméabilité entre blogueur et journaliste. La confusion entre gagner de l'argent facile en parlant d'un sujet qu'on aime, et rédiger sérieusement un article avec un point de vue et une analyse, se retrouve dans tous les milieux. Dans un cas, il s'agit d'un loisir qu'on espère rentabiliser, dans l'autre, il s'agit d'un métier avec des compétences professionnelles, qu'il y ait ou non rémunération. Ce travers envahit aussi aussi le fanzinat, les petits créateurs d'accessoires ou de textile...
La difficulté est de connaître la valeur réelle des choses à la fois pécuniaire et créative : comment faire la différence entre un bijou fait main avec des matériaux de qualité et un bijou qui est juste un agrégat de plastique Made in China copié sur un modèle à succès ? Comment faire la différence entre un magnifique dessin qui n'est qu'un bidouillage photoshop pompé sur une œuvre connue et une version revisitée avec un style personnel ? Le prix n'est même plus un indicateur fiable. Des petits créateurs vendent à bas prix des chose de qualité alors qu'on trouve à prix d'or des trucs qui ne valent pas un kopeck...

Tant que beaucoup de visiteurs viendront à Japan Expo avec la fièvre acheteuse, il y aura en face des personnes pour leur refourguer de la merde. Triste constat.


Les créations de Rara Avis : http://fr.dawanda.com/shop/mezurashiitori

Une nécessaire vision sélective


Le Japon, depuis l'après guerre, tend à devenir un pays de contradictions franches plus que de contrastes. Parfois, je doute que ses aspects les plus antinomiques arrivent à conserver leur équilibre fragile. Je reste passionnée par certains pans de sa culture, sa spiritualité, son architecture, ses paysages, sa société névrosée voir parfois, franchement psychotique. Peu à peu, je me réconcilie avec sa pop-culture, de nouveau, je me replonge dans des mangas (J.P. Nishi, Asano...), je retrouve l'envie de regarder des animés. L'année prochaine, je sais que je retournerai là-bas, avec un projet photo sous le bras et aussi l'envie d'assister au festival d'art contemporain de Setouchi.
Japan Expo reste, avant tout, le lieu où je retrouve de nombreux copains, où je rencontre de nouvelles personnes. Un lieu d'échange où je tente d'ignorer ce qui m'agace voire me met en rogne. Je ne suis pas maso, j'y retourne car j'y trouve mon compte.

Depuis deux ans, à Japan Expo, pour moi, l'humain a pris le pas sur le reste. Je découvre, avec surprise, qu'on peut être lucide sans devenir blasée.
Encourageant, non ?



Sur le même sujet :
Un compte rendu plus nuancé sur le Journal du Japon :
- Mon p'tit article de l'année passé, axé principalement sur le stand de l'association :
- Voici une série d'articles que j'avais fait sur la convention en 2011 :Japan Expo : c'était mieux avant
- Je vous renvoie enfin à un article grandiose de l'Odieux Connard qui date aussi de 2011 :

10 juillet 2015

Le jardin des papillons, un livre pop'up joyeux et coloré

Je n'ai de cesse de m'extasier devant l'ingéniosité et la créativité de certains artistes qui manipulent le papier et le dessin afin de créer de merveilleuses sculptures pliables, contenues dans un simple livre. Lorsqu'on l'ouvre, un univers entier jaillit. Cette fois, voici un jardin de poche qui présente la transformation magique de la chenille

En sept tableaux, l'auteur, Philippe Ug, place le lecteur littéralement au ras des pâquerettes, le regard juste au niveaux des herbes. Il nous déroule du matin jusqu'à la nuit l'évolution des chenilles qui deviennent papillons. De la chrysalide à la parade nuptiale, sans oublier les prédateurs, voici un livre jeunesse absolument sublime qui n'oublie pas non plus d'être pédagogique. 
Chaque double page se regarde de face mais aussi de haut ; des myriades de détails sont dissimulés derrière les feuilles et les fleurs. Philippe Ug est un adepte de la simplicité des formes et manie la juxtaposition des couleurs avec talent. L'ambiance varie sensiblement entre les tableaux. Quand on tourne la page, on perçoit doucement le passage des heures, le changement d'ensoleillement, d'humidité et la différence dans l'activité des insectes.

A l'aube (image de la création papier sans les textes)


Avec le soleil au zénit



Le choix du papier mat, rend le livre plus salissant mais flatte mieux la sélection minutieuse des teintes. Le jardin des papillons est un ouvrage fragile, à manipuler avec soin, comme les petits bêtes qu'ils nous présente. Le travail de découpe, pliage et collage m'impressionne par sa finesse et son soin. J'ai la sensation d'avoir entre mes mains tout l'éphémère d'un jardin que je peux contempler jusqu'à plus soif. Entre le livre et l'objet d'art, Le jardin des papillons trouvera une place de choix dans la bibliothèque des amateurs de verdure et de graphisme joyeux.
Ce livre m'a permit de découvrir Philippe Ug qui est un habitué de l’exercice et, si vous êtes amateur de pop'up, je vous conseille vivement la visite de son site. 
 




Le Jardin des Papillon, 18.5 euros, aux éditions Les Grandes Personnes
Site de l'auteur, Philippe Ug : http://www.philippe-ug.fr

1 juillet 2015

Sinon, j'ai fini d'écrire mon premier roman...




Voilà. Je l'ai enfin fini. Fini d'écrire, fini de le faire relire, fini d'incorporer les corrections, fini de le relire à voix haute et de découvrir encore des nids de faute, des erreurs de cohérence et surtout des répétitions et des tics d'écriture qui ne peuvent pas décemment être qualifiés de style.
Le manuscrit - ou plutôt tapuscrit - est prêt pour le jeu de la roulette (russe?) des éditeurs !


Un bouquin sur rien, ou presque


Mon premier roman, intitulé « Écharpe d'Iris » raconte le quotidien d'un jeune franco-américain, Maël, fraîchement débarqué à Paris pour tenter de reprendre en main son existence partie en vrille. Il décroche un emploi de vendeur dans un salon de thé nouvellement créé. Ce pourrait-être le nouveau départ auquel il aspire tant.
Tranche de vie contemplative, l'histoire se déroule à une moment charnière de la vie de Maël. Il s'agit d'un premier tome d'un trilogie où chaque volume reste indépendant puisque centré sur un personnage différent, mais toujours évoluant dans le milieu du thé.

Difficile pour moi de définir le genre ce bouquin où les thèmes abordés sont en vrac, l'homosexualité, le thé, le Japon, la quête de soi et du bonheur, l'amour et l'amitié, la sérendipité des rencontres... Une amie m'a décrit le manuscrit comme un « livre d'ambiance » et c'est vrai que cela résume assez bien mon travail. Pas de fantastique, pas de meurtre, pas de grand drame, pas de romantisme ou de saga fleuve. Juste des petites choses du quotidien et des choix souvent triviaux, parfois plus cruciaux, qui mis bout à bout, composent une vie, construisent un homme.
Outre raconter une histoire, qui est à mon sens le fondement de l'écriture romanesque, je voulais aussi communiquer une vision positive de la vie. Cela pourrait semblait arrogeant, mais ce projet a comme objectif de rendre les gens heureux. Quant à la lecture du texte, une amie m'a dit « ton roman m'a filé la banane » j'ai eu le sentiment d'avoir été comprise, d'avoir touché juste. J'ai eu le sentiment que toutes ces heures passées prenaient leur sens.

Écharpe d'Iris s'adresse à un public curieux, qui apprécie de prendre le temps de regarde, qui apprécie la lenteur. Je ne sais pas s'il est nécessaire de s’intéresser aux thèmes abordés dans le bouquin où si mon histoire a assez de piquant pour captiver des lecteurs. Mais, je pense qu'au moins, ceux qui trainent régulièrement leur scandale en plastique dans mon étang devraient apprécier !



Empiler des mots : la construction laborieuse d'une histoire


Écrire ce livre a été un long chemin solitaire, car malgré les soutiens chaleureux de mes proches et de mes supers béta-lectrices, l'acte d'écrire s'accomplit seul. Cela a été aussi une lutte contre moi-même, mes peurs d'échec, ma tendance à procrastiner, mes peurs d’abandonner et surtout ma très grande peur de ne pas être à la hauteur de mes ambitions. J'ai placé la barre haut. Très haut.

La construction du récit et surtout son rythme m'ont demandé beaucoup d'efforts. Avant d'attaquer le projet, j'ai commencé par avaler un bon nombre de livre sur l'écriture afin de connaître les règles et les mécanismes du récit et de la narration. N'ayant pas confiance en moi, me former est toujours la première étape quand j'attaque un truc.
Entre l'idée et le manuscrit fini : treize ans. Yep, même si j'adore les lapins, mon rythme ressemble plus à celui d'une tortue grabataire. Bien sur, je n'ai pas bosser en non stop, il y a eu des looongues pauses. C'est lors du Nanowrimo 2012 que j'ai attaqué sérieusement la rédaction. J'avais déjà depuis des années une feuille de route précise avec le résumé détaillé de chacun des soixante chapitres qui constituent la trilogie. Les fiches personnages, les fiches de lieu et la la majorité de la documentation nécessaire étaient déjà là, prêts à utilisation.

Je me suis tenue à une règle de base : écrire doit rester un plaisir. Vulgairement parlant, si on se fait chier quand on écrit, il a fort à parier que le lecteur se fera chier à la lecture. Cela ne signifie pas pour autant qu'écrire est facile. Tant sur le plan intellectuel qu'émotionnel et même au niveau physique, écrire demande un effort réel, constant et parfois, comme pour une performance sportive, on doute de réussir. Le tome deux est déjà entamé et il me fiche moins la trouille que le précédent. (pour l'instant).




Écrire, relire, et après ?


Le plus difficile reste-t-il à venir ? En effet, il reste encore à affronter l'étape de la publication, avec, dans sa poche, mon immense trouille, la pire de toute. Il ne s'agit pas du rejet en tant que tel mais ce qu'il représente : ne pas plaire, ne pas obtenir la validation, ne pas être aimé.
Être édité est un parcours du combattant. Même s'il y a quelques « recettes » pour ne pas être recalée dès le départ par un lecteur, la chance de réussir à placer son premier manuscrit reste infime.
Je suis cependant beaucoup plus détendue dans la mesure où, une fois le texte envoyé, son avenir ne sera plus entre mes paluches. D'un naturel patient, je ne redoute pas l'attente.

Mon prochain défi est donc la lettre de présentation de mon projet, puis les envois aux éditeurs. Le seul qui me vienne naturellement en tête est « Acte Sud », une évidence non seulement parce que je dévore beaucoup de leurs ouvrages mais aussi en raison de la tonalité de mon texte. Ma priorité est de choisir des éditeurs sérieux dont j'apprécie le catalogue et avec un système de diffusion correct. Pour l'instant, l'auto-édition n'est pas une option. Si, une fois achevée l'écriture de mon troisième tome, la pile de refus des éditeurs « traditionnels » menace de m'engloutir, je me poserai la question.

D'ailleurs, si vous travaillez dans le milieu de l'édition, de la librairie ou que vous êtes familier du procédé de « pêche à l'éditeur », n'hésitez pas à me laisser vos conseils en commentaire. Ils seront les bienvenus !



Photos prises au Jardin Albert Kahn

Sur le même sujet :
Article sur le NanoWriMo 2014 : http://etang-de-kaeru.blogspot.fr/2014/10/national-novel-writing-month-5-bonnes.html
Article sur le NanoWriMo 2013 : http://etang-de-kaeru.blogspot.fr/2013/11/keep-calm-and-write-50-k-lecriture-est.html
Article sur le NanoWriMo 2012 : http://etang-de-kaeru.blogspot.fr/2012/12/nanowrimo-bilan-dun-mois-de-novembre.html

Petite réfléxion sur l'écriture et les émotions : http://etang-de-kaeru.blogspot.fr/2014/11/ecrire-dans-leau.html
Petite réfléxion sur l'inspiration : http://etang-de-kaeru.blogspot.fr/2013/04/linspiration-une-energie-mysterieuse.html