21 décembre 2018

La nuit la plus longue...




Le solstice d'hiver. L'amoureux des ombres. Les vieilles peurs qui entravent et la fragile lumière d'une bougie pour conjuguer les mystères, le trop grand, l'incompréhensible, ou simplement, le bizarre et le dérangeant.

Cette nuit de décembre exacerbe le besoin de lumière, de chaleur. De contacts aussi. Elle ravive les absences et rend les présences et leur continuité plus précieuse.

Bientôt l'année nouvelle et sa cohorte joyeuse de résolutions, d'absolutions, de vent frais. Vider, trier, créer l'espace physique et mental pour accueillir la p'tite jeunette. J'ai envie d'un grand ménage, comme la tradition japonaise qui consiste à briquer la maison et purifier notre lieu de vie sur les derniers jours de décembre.
Nettoyer du sol au plafond et surtout, se séparer des choses inutiles et cassées, à moins que leur esthétique de l'usure ou leur importante affective ne mérite d'être élevée au rang d'objet précieux.
Envie de vide et d'un plein choisi.



Cette année j'ai déménagé.
J'ai gagné en lumière. J'ai gagné en chaleur.
J'ai perdu en ombre et en humidité.



J'ai gagné de la confiance en moi.
J'ai perdu ma capacité à m'adapter aux autres au détriment de moi.
J'ai perdu une amie.

J'ai gagné de l'équilibre, ou plus exactement, en capacité de récupération dans mes déséquilibres.
J'ai gagné des mots, des dessins, des odeurs.
J'ai perdu des rancœurs.
J'ai retrouvé l'espoir pour une relation que je pensais perdu.

J'ai retrouvé mon envie de dessiner.
J'ai perdu le courage pour remplir des puis sans fond.
J'ai gagné en légèreté, en richesse, en diversité.
J'ai perdu mes réticences à dessiner. J'ai lâché prise sur ma créativité, mes tentatives de la mettre dans des cases étiquetées. J'ai lâché la bride. Parfois, elle se barre. Alors j'attends son retour.

J'ai gagné en discipline. J'ai gagné en liberté. J'ai gagné en souplesse.
J'ai perdu des illusions. J'ai perdu l'illusion qu'on a un impact sur les autres, qu'on peut montrer un chemin clair dans une forêt d'ombres.
Je me suis perdu dans la foret.
J'ai apprivoisé des ombres. Les miennes.
J'ai laissé les autres.
J'ai gagné un peu en sagesse, perdu un peu en innocence, en croyance de puissance, de contrôle.

J'ai perdu un kilo.
J'ai gagné un kilo.

J'ai gagné un cœur gros.
J'ai perdu quelques litres.

J'ai gagné en amplitude, en racines, en étoiles, en silence, en filaments étranges. En possibilité. En connexions neuronales. En amour.


Bilan neutre ? Ça dépend des dimensions, des perceptions.
Après cette nuit, il y aura une pause, une hésitation. Puis, encore une fois, la nuit refluera. Un nouveau cycle. Une nouvelle saison qui pourrait sembler figée pourtant, elle est une préparation sourde et tranquille à la fête à venir.

Je vous souhaite une belle nuit, une belle fin d'année. 


14 décembre 2018

Rouillée





Rouillée
Les doigts gourds
Le cerveau boueux
Fausses excuses. Pas dupe.
Pas vraiment.
La peur au commande. Le ventre noué.
Anticiper c'est ne pas vivre au présent. Ne pas vivre.
Pas vraiment.




L'automne tire sur la fin. Langueur de la nuit en quête de toute puissance. Phase d'hibernation ou d’apitoiement ?
Art is the guarantee of sanity Louise Bourgeois



Croquer n'est pas créer. Exercer le regard, affuter ses outils n'est pas créer.
Se disperser, se nourrir, picorer. Revenir au papier, à l'encre.





Dissoudre l'angoisse dans le faire. Dissoudre les doutes dans le présent. Dissoudre un peu de soi dans les mots. Dissoudre la souffrance et ces choses qu'on porte malgré soi. Un bain d'acide. Ronger le métal pour que la forme apparaisse.

Se débarrasser de la gangue. Nettoyer le cerveau.
Attiser le sang. Raviver les nerfs. Réveiller les doigts.
Accepter les excuses. Même les siennes. Même fausses.
Accepter la peur aussi. Repenser à F. Herbert.
Sourire.