28 février 2013

La panne sèche...




C'est couillon, quand on vit dans un étang, de manquer d'eau. Depuis quelques semaines, je rame. À sec. Pas une ligne sur mes projets perso, mon roman végète dans un coin et mes appareils photos prennent la poussière. Bien sûr, c'est l'hiver. Et puis je ne suis pas sortie de Paris depuis trop longtemps. La méteo est peu propice aux promenades photo. Mais c'était surtout côté cœur et moral que cela flanche.


Ma vie est cool. Je ne me plains pas.
Comme tout le monde j'ai mes fêlures, mes contrariétés.




Il s'est passé quelque chose l'été dernier qui m'a fragilisé. Rien de grave. À l'échelle d'un humain, rien n'est jamais grave. Sauf la mort. Et encore, c'est plus définitif que grave. Je ne me sert pas souvent de ce blog pour déverser mes états d'âme, mais après tout, vu que je suis ici chez moi... Et puis, rien ne vous oblige à lire mes divagations !

Au mois d'août, je me suis disputée avec mon père. Ou plutôt, suite à une incompréhension débile, il a coupé les ponts. Il faut être deux pour une dispute et là, c'est unilatéral. Je ne suis pas une tête de mule, j'ai plus d'ambition que d'égo ; alors j'ai tendu la main. En retour, j'en ai mangé une sévère dans la tronche. Vraiment sévère. Comme je suis têtue et très optimiste, j'ai réitéré pour la nouvelle année.
En vain.




Au printemps je retourne à Nice pour voir ma maman. J'espère qu'à cette occasion, j'arriverai à jeter un pont au-dessus de ce gouffre qui me sépare maintenant de mon géniteur.
Voilà. C'est con.

Pas de drame, juste des humains incapables de communiquer. La source de bien des maux de ce monde. Mon père atteint un âge où sa vie se transforme en souvenir. Si certains petits vieux s'adoucissent avec le temps, d'autres se racornissent et leur quotidien rétrécit. De jour en jour, la fenêtre devient plus étroite, l'espace plus étriqué.

Je me demandais souvent comment dans des familles on pouvait arriver à ces situations ubuesques où des proches ne se parlent pas durant des années. J'ai toujours pensé qu'avec de l'énergie, un peu de tolérance, de l'amour et l'envie de se comprendre, il était possible de discuter. Le principe de la famille c'est qu'on s'aime, au départ, par devoir, par habitude. Pas parce qu'on se connaît ni qu'on a des affinités, mais à force de vivre, grandir ensemble, de se côtoyer, on s'aime.
Enfin, souvent.
Souvent aussi on aime ainsi des personnes qu'on aurait ignorées voire même détestées cordialement si elles étaient des inconnues.
Bizarrerie et charme des familles.



Je suis lucide.
Mon père ne changera pas.
Je l'accepte tel qu'il est, je n'ai pas vraiment d'autre choix. Cependant, je tiens quand même à me faire respecter. Les compromis ne me dérangent pas à condition que je n'abdique pas mon amour propre et mon éthique. Je voudrais retrouver cette relation que j'ai mis des années à établir avec lui. Nous sommes trop différents, impossible pour nous de nous comprendre et puis, en face de lui, je n'ai pas les bonnes armes.
Je sors toujours meurtrie du combat.

Avec le temps, j'ai trouvé des solutions, certes bâtardes, mais des solutions quand même, pour tenter d'avoir un échange, au moins un lien.
Il a tout foutu par terre. Je suis en colère. Un peu à court d'idée aussi. Je sais que je vais revenir à la charge. Encore tendre la main et tenter d'esquiver les coups. Je n'arrive plus à croire que ça sera facile, j'attends toujours cette compréhension, cet intérêt à mon égard que mon père est incapable de me donner. C'est pas sa faute. Il n'est pas câbler comme ça.

Mais ça fait quand même mal.



Et surtout, j'en ai MARRE que cette histoire me siphonne ma créativité et mon inspiration. Il est temps que je me passe à autre chose !

Les photos ont été prises en aout 2012 à Saint Jean Cap Ferrat

10 commentaires:

  1. Si j'avais encore mon papa je saurais peut-être quoi dire (le mien a quitté ce monde sans prévenir alors que j'avais 19 ans, je n'ai même pas eu le temps de réaliser qu'on aurait dû se dire plein de trucs, s'expliquer, essayer de se comprendre, c'était déjà trop tard), mais je compatis grandement.
    Parfois je songe que ce genre d'épreuve nous oblige surtout à nous définir nos propres références, sans compter sur ceux qui auraient dû nous aider à démarrer dans cette vie. C'est absurde, mais l'énergie qu'on consacre à se lamenter sur cette absurdité finit par nous faire défaut, et la seule responsabilité qu'on ait vis-à-vis de nos géniteurs c'est bien, justement, de consacrer toute notre énergie à vivre la vie qu'ils nous ont donnée. Avec eux, c'est mieux. Sans eux, c'est déjà bien.

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  2. Je pense qu'à son âge, il ne changera pas. Je sais de quoi je parle, j'ai un paternel plutôt têtu aussi. Mais toi, tu peux encore changer ton approche, même si, je te l'accorde, ce n'est clairement pas facile.

    Pour ma part, c'est toujours moi qui ai fait le premier pas avec mon père. Mais je m'y suis habituée. A force, j'ai aussi eu quelques agréables surprises. ça ne dure pas longtemps, mais au moins j'ai su qu'il ne s'en fichait pas. C'est juste quelqu'un de très maladroit, qui n'arrive pas à exprimer ses sentiments, et qui fait tout l'inverse de ce qu'il devrait faire par provocation...

    Ton père ne doit pas être insensible à votre dispute. Je te l'avais déjà dit, par rapport à la remarque qu'il a faite à ta mère...peut-être qu'il a besoin de temps pour défroisser sa ride du lion.

    En tout cas, pour ta part, il me semble que ce n'est pas en toi que tu dois chercher la cause de ce qui te fait mal, ni dans ton père : il faut le voir comme le fait que si vous n'aviez pas été de la même famille, tu n'aurais certainement rien eu à avoir avec sa personne. C'est donc déjà pas un beau geste que tu fasses tant d'efforts pour tenter de recoller les morceaux.

    Je n'ai jamais cru qu'une famille pouvait être idyllique. Bien au contraire, c'est souvent difficiles. Parfois, on a beau être du même sang, on ne se ressemble parfois pas, ni n'avons rien de similaire. Alors, dans ce cas précis, il ne reste, à mon sens plus que l'application de la diplomatie.

    Et puis...si tu es aussi en colère, si ça te rend si triste, c'est bien parce que malgré toutes vos incompréhension, tu l'aimes...

    Et n'oublies pas : si tu puises dans cette énergie là, tu auras toujours des ressources incroyables et infinies...^^
    Les miracles sont-ils possible? J'aimerais y croire!

    Pleins de bisous ma belle.

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  3. Je sais que nous ne nous connaissons pas, mais j'admire beaucoup ta force et ton courage Kaeru, bien que cela ne doive pas être facile tous les jours. Est-ce que vous avez pu discuter de tout ce qui s'est passé entre vous en présence d'un tiers neutre et médiateur ? Y a-t-il d'autres moyens de communications avec lui que la rencontre directe (lettre, membre de la famille) ? C'est juste des idées en l'air auxquelles tu as déjà dû penser mille fois... Quoi qu'il en soit, je te témoigne ton mon soutien !

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  4. Kaeru,

    Mon commentaire ne sera sans doute pas très constructif mais en tant que "victime de spleen" également, je ne peux que te transmettre les conseils qui m'ont été prodigués :
    _ attendre que cela passe, prendre du recul (c'est normal d'avoir des bats... puis des hauts)
    _ s'essayer à d'autres formes/techniques d'écriture ou de photos
    _ s'essayer à d'autres formes d'art

    Pour la relation avec ton père, je ne sais trop quoi dire alors je dirai : courage... et puis souvent le temps fait son œuvre.

    Maïeva Voyage

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  5. Ah C'est donc ça ... Hum ...

    Une relation fondamentale dans la vie d'une jeune femme qui a été enfant au sein de sa famille: la relation Père-Fille.

    Cette relation qui dicte son propre regard sur soi-même, qui rassure et nous pousse hors du foyer, construire notre vie ailleurs.

    Alors, cette relation est importante car, en quelque sorte elle nous fixe un repère important de la place de l'homme, du fiancé, du mari, du père dans notre vie de femme.
    Tout ça, reste très caché au fond de nous mêmes ...
    Tout ça se réveille quand une difficulté apparaît.
    Cela prouve de son importance.

    Le Temps qui passe, fige certaines personnes, les rendant incapables d'adaptabilité qui se présente à eux déstabilisante et inconfortable, sans même pouvoir se rendre compte de ce mécanisme.
    Ils se rendent ainsi handicapés dans la sphère relationnelle avec leurs proches.

    ✿ ✿ ✿

    Ta deuxième photo m'inspire!
    Y vois-tu une TORTUE?

    ✿ LA VIE EST FAITE DE JOIE ET DE TRISTESSE
    DE RENCONTRES ET SÉPARATION
    DE RÉUSSITE ET ÉCHEC ...✿

    C'est pour cela qu'elle est vivante la VIE!

    ❤ LA TORTUE ❤

    Les TORTUES vivent longtemps...
    Elles voient tellement de choses...
    Elles se déplacent lentement,mais sûrement...
    Celle-là, ne retient pas ses larmes...
    Que se passe-t-il au fond de son coeur
    Se sent-elle incomprise?
    Souffre-t-elle?
    Que lui arrive-t-il?
    Dame TORTUE,
    ne connaissant pas la raison de vos larmes,
    tout porte à croire
    que vous pleurez de peine!
    De qui, de quoi?
    Vous ne voulez pas me le dire?
    Vous ne pouvez pas me le dire?
    Pas d'importance!
    Vous suffit-il de savoir que j'ai vu vos larmes?
    Bien, je vous accompagne dans cette promenade, voulez-vous?
    Ah? Vous aimeriez bien goûter une tendre et verte feuille de salade?
    Je m'en vais vous la chercher!
    Je REVIENS vite!
    À mon retour, les yeux de la TORTUE brillaient!
    Pas de peine, non!
    De joie!

    Je t'embrasse bien fort Marianne.

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  6. Arf... Il faut savoir accepter que ce que l'autre est capable de nous offrir, et ne pas espérer mieux... malheureusement, je sais combien ce chemin est difficile. Et je compatis grandement à ta peine.

    Avec du temps, il reprendra peut-être contact avec toi. Difficile de savoir ce qui se passera.

    J'aimerais t'en dire plus mais je ne vois pas.

    Et pour ce qui est de la création, c'est vrai que la colère nous coupe les ailes, et s'en débarrasser est une nécessité vitale. (de la colère, pas des ailes ^^')
    La seule solution est de faire le deuil de la relation :(

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  7. Je n'ai pas à me plaindre de mes parents, il y a eu des accrochages comme pour tout le monde, mais en grandissant j'ai compris qu'il y avait des choses où c'était à moi de prendre sur moi, un peu comme tu le fais actuellement. J'ai l'impression, et je l'ai également observé dans la relation de mes parents avec leurs propres parents, que plus les gens vieillissent, plus ils s'octroient le droit de ne plus changer. On passe sa vie à se détester, et quand enfin on s'accepte tel qu'on est, on tombe presque aussitôt dans l'excès inverse : l'absence de remise en question. Je déteste cette excuse : "je suis trop vieux pour changer". On peut tous changer, on ne veut pas, c'est tout.

    Il y a peut-être un cycle : quand on devient parent, on s'adapte pour son enfant. Puis il grandit, et c'est à lui de tenter de nous comprendre. Jusqu'au jour où il sera parent à son tour... (je n'ai pas hâte : à ce moment-là il faudra que je me mette à la place de mes parents ET de mes enfants à la fois... Pfff ;) )

    Bref, le plus important pour toi c'est peut-être de faire en sorte de ne jamais avoir de regrets. Cela fait mal aujourd'hui de tendre la main à ton père, mais au moins plus tard, tu sauras que tu as fait tout ton possible. Courage !

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  8. Marianne,

    J'ai lu plusieurs fois ton article avant de me décider à te répondre, peur d'être maladroite dans mes propos...

    Une famille, ce n'est jamais simple, je connais un garçon qui n'a pas de famille "biologique" enfant de la Dass, il est très heureux comme ça car quand il entend certaines histoires familiales il se dit qu'il est bien heureux d'avoir échappé à tout ça, mais c'est un autre débat.

    Je ne sais pas comment te conseiller, chaque histoire, chaque vécu dépend de tant de facteurs et de paramètres...

    Le temps suffit parfois à régler les choses, il te faudra être très patiente et prendre la décision de retourner à la charge dès que ton coeur te le soufflera, quitte à t'en reprendre une autre sévère dans la tronche, ou de couper les ponts pendant un temps.

    Peu importe la décision que tu auras prise, il faudra te libérer de ce fardeau qui t'empêche d'avancer et de continuer à construire ta vie, beaucoup de choses découlent de la relation père-fille ou mère-fille.

    J'espère que tout s'arrangera pour toi et lui, ainsi que pour ta mère qui doit aussi être affectée par ce mal-être.

    Amicalement.


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  9. Merci à TOUS ! J'ai enfin l'énergie pour vous répondre. Je ne me suis pas vraiment attendu à avoir des retours sur ce message. Je l'ai écrit pour me débarrasser de quelque chose de douloureux, pour passer à autre chose.

    D'ailleurs, je ne voulais même pas spécialement écrire sur mon père. C'est sorti tout seul...

    @Bruno : c'est justement parce que je sais, d'expérience, que j'ai la chance d'avoir mes deux parents en vie, que l'absurdité de la situation me pète encore plus à la tronche. Lors du fiasco de cet été j'étais avec une amie qui avait perdu son père juste quelques mois auparavant. Et puis, durant mon séjour, la voisine de ma mère, âgée d'une trentaine d'année, est également décédé.
    J'ai conscience de la fragilité de l'existence, de façon très très vive. Du coup, je trouve cette "dispute" encore plus débile T_T !!
    Ce qui ne m'empêche pas de passer à autre chose et faire des trucs qui me font du bien !

    @Camille : je suis totalement d'accord avec toi sur l'importance d'agir de façon à ne pas avoir de regrets :) Quand au fait d'avoir du mal à changer en vieillissant, j'ai aussi des contre-exemples flagrants. Mais, comme tu le dis, tout est une question de volonté. Et dans ce domaine, seule la personne peut trouver la force et la motivation.

    @Soylent : merci d'avoir pris le temps de laisser un mot !! Je crois avoir déposée une bonne partie de mon fardeau à la parution de cet article ^_^




    @Aizen : merci pour ton message et on écoute ! Je suis bien d'accord avec toi : j'aime mon père, malgré ses défauts, et j'apprends aussi à modérer mes sentiments afin de ne pas culpabiliser et ne pas donner plus qu'il ne peut recevoir.
    Ma colère s'est tarie et s'il reste de la tristesse, je me sens quand même mieux ^__^

    @Dadaria : ma mère s'est retrouvé un peu au milieu du champs de bataille. Mais, mes parents étant séparée, elle n'est pas vraiment une partie "neutre". La situation l'attriste aussi. Quand à la lettre, c'est l'option que j'ai choisi en début d'année. Et là, pour ma prochaine visite, j'ai décidé d'opter pour le texto histoire de le prévenir de ma venue :)
    Je trouve des moyens de communication qui ne risquent pas d'être violent pour moi. Mais j'essaye encore, parce que je suis têtue.

    @Maïeva : merci :) une fois les mots publiés ici, je me suis sentie vraiment mieux. Et depuis, j'ai fait plein de photos !!

    @Umiko : *___* je peux toujours compter sur ta poésie pour me donner le sourire et alléger mon coeur, quelque soit sa lourdeur. MERCI

    @Fanny : pas d'inquiétude pour la colère, je sais m'en débarrasser vite fait !

    @






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  10. Ton père reprendra peut-etre contact avec toi. Mais peut-être pas. Je n'ai pas vu ma soeur depuis plus de 10 ans. Mes parents non plus. Ma famille non plus. Elle est partie sans laisser d'adresse. Avec le temps, la douleur diminue, évolue , la colère disparait. Il reste juste de l'incompréhension. Et de la tristesse. Elle est toujours avec sa colère tout en ignorant que des membres de sa famille ne sont plus de ce monde.

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Merci beaucoup d'avoir laisser un commentaire ici !

Il s'affichera un peu plus tard, après sa validation.

Marianne