Takako Hirano |
Lundi, c'était le 11 mars.
Je vous ai déjà confié mes pensées sur ce triste anniversaire. J'avais envie d'être dans un lieu qui ait du sens, entourée de personnes qui partagent mon ressenti. Michiko Horie, une peintre vivant à Paris que j'aime beaucoup, a organisée un peu à l'arrache un événement à la galerie Metanoïa. Une séance de live painting avec d'autres artistes, dédiée au sinistrés japonais. Une journée pour se souvenir, pour cultiver son espoir et se soutenir.
Un moment passé dans l'échange, le dialogue et l'expression de nos craintes et de nos vœux pour l'avenir.
Un moment vraiment magique.
Après un discourt succinct mais émouvant, il était 14h46. L'heure où, il y a deux ans, un séisme de magnitude 9 a touché le Japon (heure locale). Une minute de silence où même le bruit de la rue semblait s'être éteint. Juste des respirations, quelques froissements de vêtements. Et, dans cette absence de son, un force presque palpable, une tension dans une direction unique. Quelque chose de très très fort et pourtant, retenu, pudique.
Des yeux un peu rougis, des dos raidis.
Puis, Michiko ouvre la danse des pinceaux et des mains.
Je n'avais jamais assisté à un tel spectacle. Trois peintres, Takako Hirano, Gideon Stein et Michiko se partagent un espace commun et s'expriment avec comme thème, une vague de prière pour le Japon, de couleur et de lumière. Accompagnés par la musique lancinante et minimaliste d'Otoms (Kentaro Suzuki, Satoru Kita et Imari Kokubo), un paysage, des formes, un chemin, des tourbillons naissent sur la toile et peu à peu l'espace vierge devient un monde où trois artistes dialoguent et créent.
Kentaro Suzuki |
L'émotion est là. Toujours. Comme la mer, tantôt douce et entraînante, tantôt violente et effrayante, une énergie incroyable se dégage. Le rythme des percussions, les notes du saxo et de la contre-basse se marient aux mouvements des mains, des corps qui s'agenouillent, se redressent, s'évitent sans se gêner, avec une complicité.
Le temps s'arrête et je ne réalise pas qu'une heure s'écoule ainsi, presque dans un état de transe. Le respect dont font preuve chaque peintre face au travail des autres, intervenants sur leur œuvre sans détruire, mais pour construire, me fascine et m'inspire.
Quand, une fois la toile couverte, la peinture achevée, la musique se tait et laisse aux applaudissements le soin de remplir l'espace d'une onde joyeuse. Le charme se rompt.
Michiko, Takako Hirano, Imari Kokubo (la tête baissé), Gideo Stein, Satoru Kita et Kentaro Suzuki |
Face à moi, une explosion. Dans mon cœur, une vibration qui perdure. Je me sens légère et connectée. La tristesse de cette journée s'efface un peu avec la chaleur humaine et le lien.
Merci aux artistes ! L'année prochaine Michiko souhaite de nouveau organiser un événement semblable mais doublé d'une vente de charité. Je sais que je serai de la partie.
À lire aussi dans l'étang, un article sur des artistes japonais à découvrir :
http://etang-de-kaeru.blogspot.fr/2012/01/exposition-dart-contemporain-japonais.html
Ce devait être un moment très émouvant !
RépondreSupprimerEn tous cas c'est une excellente idée ce live painting !
Un côté gardien des âmes pour la solennité de l'évènement et une part de thérapie personnelle, c'est presque complémentaire, vivants et disparus réunis.
RépondreSupprimerARC-EN-CIEL
RépondreSupprimerQu'est-ce que je vois?
Le lapin est là!
Le jardin est là!
Les vaches sont là!
Les cours d'eau
et les carpes se
dandinent
heureuses,
pendant que la mer,
balance doucement
l'embarcation
et un
petit enfant
dort
d'un sommeil
léger!
Et toi, que
vois-tu?
Aide-moi
à les retrouver,
ceux qui sont
disparus ...
La tortue,
le sait-elle?
Tout est prêt
pour leur
retour,
la
COULEUR
attend!
C'est
la
VIE ❤
Avec tendresse ✿ 海子