Pour la troisième année consécutive, en parallèle au salon du livre de Paris, l'éditeur Mazarine, appartenant à la maison Fayard, proposait aux auteurs de défendre leur projet devant un jury composé d'un éditeur, un blogueur et un libraire. Il suffisait de s'inscrire en ligne, gratuitement, en rédigeant un pitch, une courte bio et un résumé du projet. Évidement, je me suis lancée.
Saisir sa chance !
Avant de m'inscrire, même si j'étais tenté, je me suis renseignée sur l’événement. Merci à David pour l'info, sans que j'aurai peut-être encore raté le coche.
Sur le web, les retours très positifs des participants des années précédentes m'ont encouragé à tenter l'aventure. J'ai donc repris mon bâton de pèlerin et ressorti du tiroir le manuscrit que je démarche plus ou moins activement depuis septembre dernier. J'avais donc la certitude d'avoir sur mon texte achevé il y a deux ans, le recul nécessaire pour une présentation évitant le panégyrique.
Mon état de stress a contribué à saper le peu de confiance qui me restait. Mon objectif n'était donc pas tant de briller que profiter de la lumière ambiante. Rencontrer des éditeurs pro dans l'optique de présenter un texte est une chance assez rare.
Où, quand, comment
Pour ceux curieux du déroulement de l'affaire, qui souhaiteraient éventuellement participer l'an prochain, voici un compte rendu du machin :
- courant février : l'inscription en ligne.
On choisit son créneau horaire, on remplit une courte bio, une phrase d'accroche et un résumé du projet, pas nécessairement achevé et tout genre confondu (fiction, essai, autobiographie...)
- en mars, le samedi du salon du livre : l'épreuve !
Rendez-vous à l'horaire prévu avec la fiche d'inscription déjà remplie et une dizaine de page de son manuscrit.
Un seul conseil : dès février 2019 surveillez les réseaux sociaux
La bizarre aventure de l'enveloppe manquante
Ayant un doute sur la validité de mon inscription (je n'avais pas reçu de confirmation), j'ai contacté Mazarine avec l'adresse mail fournie pour l’évènement. Réponse rapide et rassurante. J'ai donc patienté jusqu'au samedi 17 mars.
Pour des raisons pratiques, j'avais pris le premier de 13h30 à 14h30. Je devais ensuite faire de passionnante courses de… carrelage.
Mes samedi sont exotiques.
Évidement, les participantes (car la gente féminine représentait une écrasante majorité) des tranches plus tardives sont venues avec une avance considérable. C'était un beau bordel dans le hall du café-restau l'Alcazar, où se tenait les festivités. Des dizaines d'auteurs en devenir, toutes plus flippées les unes que les autres, amassées dans le hall alors que dehors, le ciel jetait des seaux d'eau pour nous encourager.
Après, il a opté pour la neige, faute de confettis.
Dès le début, j'ai remarqué la gentillesse du personnel de Mazarine. Des éditeurs aux stagiaires, tout le monde sur le pont, accueillait et renseignait la bande de féroces écrivaillons plus ou moins pomponnés et plus ou moins humides (personnes ne pleurait, il pleuvait juste beaucoup).
Ma terreur (si, j'en étais là, ce n'est pas très glorieux) s'est atténuée grâce à la présence d'une sœur de plume, Leslie Guyon et d'autres vaillantes participantes du MOOC Draft Quest. Une commisération dans l'angoisse et l'anticipation de présenter, parfois pour la première fois, notre projet devant un professionnel reconnu.
Au moment de décliner mon identité pour vérifier ma présence sur le listing, je me rassure intérieurement « tu as demandé un mail de confirmation. En cas de pépin, hop, tu dégaines le smart phone. Tout va bien se passer ma fille ! »
Le rituel était le suivant : une fois le nom donné, une enveloppe mystérieuse était remise à l'auteur. La jeune femme proposait alors de suivre un « entrainement » à la présentation avec des équipes de communicants pédagogues et rompus à l’exercice.
Bien sur, qui n'a pas eu son enveloppe, malgré son nom correctement inscrit ?
Panique is back
J'ai donc abandonnée les « moocqueuses » à leur volonté de tester une dernière fois leur pitch et me suis glissé vers le fond, la main crispé sur le ticket numéroté qu'on m'avait remis.
Je voulais passé le plus vite possible.
Que tout se termine.
Pas d'enveloppe.
Mais j'ai mon ticket. Tout va bien se passer.
Une mélopée en boucle à laquelle je ne croyais plus trop.
Une jeune femme vint indiquer la démarche à suivre à ma compagne de droite :
— Si vous avez une table préférée, vous pouvez vous mettre devant, sinon, ici, ce sera votre tour juste après.
Elle réitère à ma compagne de gauche. Et moi, tintin...
Je finis pas l'attraper et, posément, lui indiquer que même si je n'ai PAS d'enveloppe, je suis une participante. J'ai résisté à l'envie de lui collé fébrilement mon ticket dans la figure pour attester de mon droit de présence. L'hystérie pointait son museau.
Après une attente paradoxale, pénible ET agréable, à deviser avec d'autres candidates, le temps du numéro de claquette est venu.
L'absence de MON enveloppe a pris dans mon crâne de grenouille une importance incommensurable et j'ai évidement commencé à partager mon désarrois sous les yeux ébahis (mais bienveillants) du jury. Heureusement, j'avais les infos manuscrites dans ma pochette.
Le déroulé de l'entretien d'une dizaine de minutes fut grosso-modo le suivant :
- On m'a demandé ma bio. J'avais prévu de commencer par le pitch, le résumé, puis la bio. Re-panique exprimée avec force de mots confus par votre serviteur.
- Proposition aimable du jury devant mon hystérie maintenant galopante : faites donc dans le sens qui vous convient.
- Moi : non non non ! Je m'en tiens à ce qui est demandé.
- Ont suivi quelques questions sur mon activité bloguèsque et sa portée (j'ai dissipé tout possible malentendu sur ma notoriété et influence). Une écoute vraiment agréable et une attitude d’intérêt pour mettre à l'aise.
Étonnamment, je ne me suis pas pris les pieds dans le tapis. J'ai parlé de mon projet, résumé l'histoire et exposé mon intention.
Quand à la fin, on m'a demandé si j'avais des questions, prise de cours, j'ai de nouveau regarder le jury avec un air de merlan fris.
Pour conclure...
Mon impression générale est très positive en raison de l'attitude des interlocuteurs (qui ont rigolé plusieurs fois à mon état) mais aussi de tout le personnel présent. J'avais préalablement lu plusieurs articles de blog vantant l’accueil du Mazarine Book Day jusqu'à la lie. Méfiante et un chouia cynique, j'ai mis cet enthousiasme général sur la crainte de la critique, pour ne pas se faire « griller » dans l'édition.
Mon expérience s'inscrit dans ces retours dithyrambiques.
Si, par chance, ma prestation a été mémorable, je doute que ce soit pour l'originalité de mon texte. Le truc dont je suis assez satisfaite est d'avoir réussi à établir un dialogue avec les membre du jury, même si ce n'était pas vraiment super calibré ni même super calculé.
Pour chercher la petite bête, je dirai qu'au départ, en raison de la foule, je me suis sentie perdue (et puis je n'ai pas eu MOM enveloppe).
130 auteurs inscrits, à raison de 10 minutes par personnes, cela fait non seulement du temps de passage mais aussi beaucoup à débriefer. La foule m'impressionne toujours. Il me semble que les organisateurs ont été pris de court par la première vague d'arrivée. La situation s'est régulée assez vite.
Mazarine, avec son approche ouverte et généreuse (chaque participante repartait avec un grand format de leur maison et quelques bricoles sympa, cahier, stylo, pop-corn...), dépoussière la route d'entrée dans l'édition toujours pavée d'embuches. Si éditer un premier texte reste parcours du combattant, rencontrer « en vrai » un professionnel, soumettre son projet et se présenter demeure un exercice précieux et formateur.
Dernière info utile : les retours prennent entre deux semaines et quatre mois.
Je ne sais pas ce qu'il adviendra de mon texte, mais l'an prochain, si un de mes projets achevés correspond à la ligne éditorial de Mazarine ou de Fayard, je rempilerai !
Un autre avis sur le sujet à lire sur le blog Mécanisme d'histoire
J ai bien rigolé en t imaginant avec ton stress et tes yeux de merlan fris !
RépondreSupprimerQuelle aventure positive en tout cas !
C'est drôlement bien, cet effort d'une maison d'édition de rencontrer les auteurs en vrai. :)
RépondreSupprimerJe ne démarche plus les éditeurs depuis longtemps, mais ça faisait un moment déjà que, même pour des maisons d'édition avec lesquelles j'avais déjà travaillé, la consigne était toujours "envoyez un PDF", ce qui fait qu'on n'était plus une personne, juste une adresse e-mail (à laquelle il n'est donc pas du tout embarrassant de ne rien répondre du tout). Or rencontrer les gens en vrai, ça fait une sacrée différence.
Du temps où on pouvait encore contacter les éditeurs pour prendre RDV et aller leur présenter un projet en vrai, c'était super intimidant les premières fois, mais au bout d'un moment c'était devenu un exercice que je trouvais plutôt sympa. Parce que bon, c'est des gens, quoi, comme nous. Ils ont juste une activité différente, mais très intéressante puisque complémentaire de celle des auteurs, donc faut vraiment pas avoir peur de les rencontrer, au contraire. J'y allais toujours en partant du principe que j'allais apprendre des trucs (sur le fonctionnement de la boîte, le marché du livre, tout ça). Faut pas hésiter à leur poser des questions, je pense que ça leur fait plaisir de savoir que les auteurs s'intéressent au monde de l'édition, et pas juste à leur bouquin. :)