Dan Simmons est surtout connu pour son excellente série de SF Les Cantos d’Hypérion, qui trône dans ma bibliothèque. En janvier, pour attaquer l'année gaiement, j'ai eu soudain envie de me relire une autre de ses oeuvres phares, L'échiquier du mal, en édition intégrale sortie chez Lune d'Encre.
Ce pavé de plus de mile pages est un thriller historico-fantastique qui nous plonge dans les heures les plus noires de l'histoire de l'humanité.
Humains VS monstres-humains talentueux
Nous suivons les destins de trois personnages malmenés et tordus par des êtres dotés d'un talent redoutable : celui de surimposer leur volonté à un humain lamba et de le contrôler, pouvant à terme, éradiquer totalement la personnalité première.
Saul Laski, un vieux juif survivant des camps de concentration, découvre à ses dépends l'existence de ces monstres durant la seconde guerre mondiale. Depuis, il n'a de cesse de poursuivre son bourreau nazi.
Nathalie, une jeune noire photographe apprends le meurtre de son père, assassiné par une de ces créature pour avoir été dans la rue, au mauvais moment. Juste une victime innocente d'un jeu complexe...
Et enfin, le shérif Gentry, intelligent et intuitif tente de démêler l'horrible affaire qui souille sa ville de Charleston. Et l'explication fantastique devient étonnamment rationnelle face à l'étrangeté des événements.
En face, il y a les autres, ceux doué de Talent, qui s'entre-déchirent aussi selon des règles mystérieuses et un mépris complet de la vie. Leur motivation : s'amuser, festoyer...
Stratégie implacable
Le livre est construit en trois actes, comme une partie d'échec, avec précision et minutie. Le point de vue du narrateur alterne entre les différents personnages, et peu à peu une trame complexe se dessine où les humains risquent leur sanité...
Outre le suspens et l'histoire bien ficelée, L'échiquier du mal est un livre très bien documenté sur la seconde guerre mondiale. Mais c'est aussi une peinture de l'Amérique puritaine des années 80, de son racisme, de sa pauvreté et des manipulations politiques.
Dan Simmons amorce aussi une réflexion plus globale pour comprendre les mécanismes qui engendrent la violence. Relire cette oeuvre aujourd'hui lui confère une force nouvelle : celle d'un témoignage quasi-historique avec un désir d'analyse et de théorisation des comportements humains les plus radicaux tristement actuelle.
L'échiquier du mal est une lecture haletante, avec une écriture assez neutre. Simmons n'est pas connu pour la qualité littéraire de son style, plaisant mais pas fabuleux.
Cependant, le livre souffre d'une accumulation de détails qui rend parfois la progression de l'histoire laborieuse. Quitte à paraître méchante, je pense qu'amputé de plusieurs centaines de page, il n'en aurait été que meilleur !
Malgré des longueurs, le bouquin mérite amplement qu'on s'y plonge. Si vous êtes amateur de thrillers intelligents et dérangeants, si vous avez envie d'un soupçon de science et d'une bonne dose de questionnement sur les tares de l'humanité, n'hésitez plus.
Et puis, pour les livrovoraces, plus de mile pages de lecture, cela permet d'occuper ses soirées pendant au moins une bonne semaine !
Pour en savoir plus, l'article de wikipedia sur le sujet est vraiment complet et passionnant.
J'aime beaucoup cet auteur. J'ai lu de lui le premier tome d'Hypérion. Je te le conseille.
RépondreSupprimerPar contre, j'ai ce livre dans ma bibliothèque mais je n'ose pas le lire. Pourquoi? Je ne sais pas :)
J'aime beaucoup ton blog. Les photos sont très jolies.
Au plaisir de te lire.
J'ai déjà lu la saga Hypérion :). Pour l'Echéquier, c'est vrai que c'est un pavé par toujours super fluide dans l'écrire, mais l'histoire est vraiment intéressante !
RépondreSupprimerMerci pour les compliments, je suis bien contente d'avoir découvert ton blog aujourd'hui !