11 mars 2013

Japon 311 : dans le silence, la vie et la mort





C'était il y a deux ans aujourd'hui. D'abord les craquements de la terre puis le grondement des eaux. Deux ravages naturels, deux catastrophes qui touchent l'archipel du Japon et laissent dans leur sillage des paysages dévastés dans le Tôhoku et des morts, des blessés et beaucoup de sinistrés.
L'homme ne peut rien faire contre les hoquets de la terre et de l'océan. Nos tentatives pour des constructions solides et des communications rapides limitent un peu. Mais il y a quand même tant de morts.
Tant de tristesse.
Un désarrois et une perte qui touchent tous ceux avec un peu d'empathie. Nous sommes solidaires et concernés. Le tremblement de terre et le tsunami font l'unanimité dans l'horreur.

C'était il y a deux ans aujourd'hui. Et c'est toujours là. Encore. Chaque jour, chaque seconde.
La troisième catastrophe. L'accident nucléaire de Fukushima. Ce n'est pas la planète qui vit, ce n'est pas la fatalité. Les actions des hommes sont directement responsables de cette monstruosité qui continue toujours, dans le silence. Invisible, la radioactivité continue de détruire et d'affoler les cellules.
La centrale continue de fuir. Toujours.
Et les victimes contaminées commencent à mourir. Mais cela ne s'arrête pas là. Dans leur avidité et leur matérialisme, les hommes ont menti, dissimulé la gravité, refusé l'aide, refusé d'évacuer les populations innocentes. Le gouvernement et les industriels, Tepco en tête, n'ont pas comme priorité de sauver des vies mais de sauver l'économie du pays. La complexité scientifique de la contamination sert à embrouiller les gens, à faire croire qu'on peut vivre dans des zones contaminés. À faire croire que la radioactivé et surtout l'énergie nucléaire sont compatibles avec la vie.

Aujourd'hui, à Fukushima, des enfants meurent. Et les responsables sont des hommes.

Aujourd'hui, au Japon ce n'est ni la terre, ni l'océan qui tue. Mais des hommes.

Parfois, le silence rime avec mort, oubli, indifférence.
Parfois le silence est ce qu'il reste pour exprimer son soutient, son respect, son recueillement mais aussi sa colère, son refus, quand on a épuisé tous les mots. Quand on a crié sa peine à en perdre la voix.
Parfois, le silence est tout ce qu'il reste pour se faire entendre de ceux qui ne respectent pas la vie.

Voici des photos prises lors de la minute de silence dans la chaîne humaine contre le nucléaire (sur la section à Opéra) qui a rassemblé à Paris des milliers d'humains dotés de conscience, d'empathie et de respect.

Aujourd'hui, je vous laisse dans ce silence. 


3 commentaires:

  1. WHAT HAPPENS NEXT, MOM?

    Des Mamans qui protègent leurs enfants
    Des Mamans qui expliquent le danger
    Des Mamans qui ont elles aussi besoin
    de soutien.

    Naoto Matsumura, lui aussi protège, explique et agit pour accompagner, nourrir, soutenir et soigner les animaux, eux aussi victimes de cette triple catastrophe.
    Cet homme est remarquable.

    ❤ Prions donc pour le Japon.
    Accompagnons-le.
    Soutenons ceux qui se battent
    contre l'inertie et perte de TEMPS.

    Puisse le gouvernement japonais faire les bons choix, afin que le Japon ne revive plus une tragédie pareille.

    Merci Marianne.
    Ton message est FORT ❤

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  2. Ah Marianne...ce silence m'a ramenée à la chaine humaine. A ce silence dans le recueillement mais surtout dans la fraternité, ensemble.
    Tu as raison de dire :

    "qu'aujourd'hui, à Fukushima, des enfants meurent. Et les responsables sont des hommes. Aujourd'hui, au Japon ce n'est ni la terre, ni l'océan qui tue. Mais des hommes."

    Toi au moins, tu as l'humilité et l'empathie pour l'admettre.

    Moi ma question reste sans réponse : comment faire en sorte que les gens puissent ressentir suffisamment d'empathie pour se mettre à la place des gens de Fukushima, à la place de tous ceux qui vivent l'injustice?

    Car c'est ça, l'intelligence du coeur : de tendre la main sans rien attendre en retour, pouvoir compatir avec son prochain et l'épauler dans les dures épreuves. Donner, faire preuve de générosité sans se féliciter, juste avec le coeur, très simplement.

    Fukushima pour moi n'a pas été que le silence : il a été le déclencheur.
    J'ai compté le nombre de vrais amis que je me suis fait depuis 3.11 : ces liens là sont les plus sincères, les plus beaux car ils sont mis à rudes épreuves.

    A la vie, à la mort.
    Pour le meilleur et pour le pire.

    ça fait 2 ans que je souffre, que j'ai mal, que je pleure, que je rage, que je hais, que je lutte, que je crie, que je frappe, que j'écris...

    J'ai tellement pleuré, ça m'a blindée comme jamais d'avoir si mal et de devoir être forte pour rester debout.
    On se vide par les larmes. Le grand balais d'Hercule passe devant ma porte.
    Et j'ai nettoyé toutes les scories qui obstruaient mon âme.

    Il en est resté de l'amour.
    Beaucoup d'amour.
    Toujours intact.


    Merci pour ton magnifique post et pour ta sincérité.
    Je t'embrasse.

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  3. Umiko et Aizen : merci pour votre commmentaire :) Je sais que nous sommes sur la même longueur d'onde !

    Aizen : j'ai l'impression quand même que l'évocation de l'accident nucléaire et ses conséquences devient moins tabou, notamment auprès des japonais. Même si nous sommes loin de la solidarité nécessaire qui permettrait l'évacuation, on en PARLE ! Par rapport à l'année dernière, je constate que les langues se délient et les yeux s'ouvrent. Trop lentement, c'est certain car la santé des enfants se dégrade.
    A force de parler, d'expliquer quelque chose passe, les informations circulent. Et c'est encourageant.

    Je t'embrasse TRES fort :)

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Marianne