6 février 2014

Écrire, au péril de soi (ou presque)


Sans dead-line, sans objectif, sans discipline, impossible de sortir des mots. Impossible d'avancer. Je suis de ceux qui, à l'école, attendait la veille pour faire leur rédaction. Pourtant, j'aimais écrire. Je réfléchissais au sujet à peine les devoirs étaient donnés par le professeur.
La difficulté ne réside ni dans le plan, ni dans l'élaboration mais dans le "faire". Où, plus exactement, dans cet espace mental fragile et évanescent où je prends la décision de "m'y coller". M'y mettre.

Marcher sur l'air


Ce espace temporel est un gouffre.
Avant, tout est virtuel, les mots sont là, dans la pensée. Après, je suis assise à mon bureau, au travail. C'est dans ce laps de temps que tout ce joue, tout bascule. Il existe des trucs, des mécanismes simples pour inviter l'inspiration et combattre une concentration erratique. Il faut être en condition, le ventre plein - sinon la tentation de se lever pour grignoter est grande - la musique adéquate ou le silence profond, l'éclairage optimal, la boisson favorite - un thé et sa tasse assortie. Une fois le rituel accompli, enfin, les mots passent du cerveau au bout des doigts.

Pourtant, la terreur est toujours là.
Quelque soit l'expérience, quelque soit les précautions d'usage, j'ai souvent l'impression décourageante que m'y coller, m'y mettre, sera toujours un combat. J'essaye de penser au plaisir qui vient après, une fois le robinet à phrases est ouvert en grand. Quand le texte coule à flots joyeux. Quand les hésitations et l'auto-censure sont noyées par les idées, la joie sincère et ravageuse d'écrire. Quand les émotions m'habitent fortes et fluctuantes.



À chaque fois, c'est le même cirque. La procrastination guette. La confiance s'évapore. Le gouffre s'approche, sombre et insondable. Il faut commencer à le traverser pour que le pont suspendu invisible de l'inspiration prenne le relais de cette angoisse familière. La confiance donne des ailes, littéralement. Après, même si écrire n'est pas facile, écrire devient heureux.

Avec plus de 20 chapitres dans les pattes, plus de 120 000 mots au compteurs, relus avec soin et déjà soumis aux regards scrutateurs d'amies (plus ou moins) objectives, je pensais que ce foutu moment horrible et flippant allait disparaître. Que je pourrais m'assoir sans peur, me mettre à écrire. Mais non.
C'est l'inverse. Plus la fin approche et plus ma terreur grandit ; tant et si bien que je me retrouve ralentie, presque à l’arrêt.


 

Quand le sprint se transforme en marathon


Je voulais finir mon roman pour la fin de l'année. Je suis tombé sur un os. Ou plutôt un tas d'os. Un squelette complet même, probablement de dinosaure, vu le retard que j'ai accumulé. Plus qu'un seul chapitre. Un foutu chapitre dont le déroulé est déjà écrit.
Et ça coince.

Ça coince tellement que mon corps est parti en vrille. Toujours aimable et réactif quand il s'agit de me signaler mes égarements : névralgie aiguë additionnée à toutes les saloperies possibles. Quitte à être malade autant cumuler, histoire d'être certaine que je me trouve physiquement dans l'incapacité d'écrire. Somatisation mon amie.

Aujourd'hui, ça va mieux.
Après dix jours de pause à me pâmer sur les qualité de remboursement de ma mutuelle, je retrouve enfin la capacité physique à me mettre au travail. Au passage, je tiens à remercier tout ceux qui me soutienne via le blog, facebook et autres réseaux sociaux. Certes, je perds du temps à glandouiller par là, mais je trouve aussi de la motivation et du courage.


Ceci était un article totalement narcissique et pas vraiment constructif, si vous l'avez lu jusqu'au bout, je suis quand même surprise !


Les photos ont été prises dans les Vosges, à Saint-Maurice-sur-Moselle, un petit matin de septembre. D'autres clichés sont à voir ici :
- http://etang-de-kaeru.blogspot.fr/2013/12/bleu-mouille-et-bleu-vibrant-laurore.html
 - http://etang-de-kaeru.blogspot.fr/2013/10/des-chevaux-dans-les-pres.html

5 commentaires:

  1. mais non, mais non, cela fait du bien de pouvoir écrire ce que l'on ressent, après tout, vous êtes chez vous....... et puis nous autres, "" les lecteurs "" ont est toujours du même coté du récit,une fois qu'il est fini, rarement du coté du ressenti "" de l'auteur (e) "" je trouve que c'est finalement un privilège....... BON COURAGE domy

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    1. Je ne veux pas croire que ce texte ne soit absolument pas constructif et encore moins à du narcissisme croassant !
      Tu fais preuve d' humilité et de remise en question et ça c'est plutôt rare de nos jours...

      La fin d'un roman est aussi importante, si ce n'est plus, que le roman en lui même, ton imaginaire est à son comble à cet instant d'écriture il est normal que tu prennes ce recul nécessaire, enfin à mon sens.

      Ta névralgie t'a sans doute permis de rompre avec ce blocage pour mieux rebondir aujourd'hui, ne te fixe surtout pas de date butoir et laisse le temps faire, les mots viendront quand tu seras prête, je pense très bientôt...

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    2. Merci Domy pour votre fidélité :)

      Soylent : je crois qu'il s'agit plus de manque de confiance en moi que d'humilité ! Mais je préfère ton interprétation, elle est plus glorieuse. Je suis d'accord avec toi sur la remise en question. Impossible pour moi d'avancer, d'écrire et d'être créative sans introspection.

      Tu as raison aussi sur le coté bénéfique du break forcé. J'ai enfin commencé mon dernier chapitre hier. Quand l'intuition et l'envie prennent le pas sur l'angoisse et la crainte de se tromper, tout devient plus juste.

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  2. bon courage à toi pour la suite
    hate de te lire
    jolis photos au passage également

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  3. Finalement ne s'agissait-il pas d'écrire encore ? Différemment, certes, mais écrire... Un moyen peut-être d'apprivoiser ces mots que tu aimes et pourtant qui parfois effraient... Commencer, c'est aussi s'approcher du moment où ce sera fini et lorsqu'on approche de la fin, c'est parfois pire encore, en tout cas c'est ce que j'éprouve parfois, différemment le moment où...

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Marianne