5 juillet 2016

Les 10 fanzines de dessins à ne pas louper à Japan Expo !



Il est souvent reproché à Japan Expo d'être un super marché où on paye l'entrée et où les boutiques qui vendent du contenu pirate ont pignons sur rue. J'ai moi-même dénoncer le problème lors de mes comptes rendus des années passées. Pourtant, résumer l'évènement à ce triste fait occulte son incroyable richesse créative. En effet, Japan Expo rassemble des centaines d'artistes de France mais aussi d'Europe, qui viennent présenter leur travaux.


Petit préambule


Voici une sélection personnelle des stands d'artistes (illustrateurs et dessinateurs) qui sont pour moi incontournable et méritent même d'aller à Japan Expo juste pour les rencontrer. Mon choix se fonde sur :
- une qualité graphique professionnelle
- un style personnel affirmé (même si parfois encore empreint de l'influence de l'école d'art où ils étudient, pour les plus jeune)
- un soin apporter à la fabrication des objets (reproduction, fanzine, badge...) avec la encore des visées professionnelles.
Ensuite, mes autres critères sont eux totalement subjectifs et assumés : des thèmes qui me parlent et correspondent à mes gouts (donc rien d'humoriste ou de parodique) et un style graphique souvent éloigné des codes du manga commercial de type shôjo et shonen. Après, il y a aussi la dimension humaine qui rentre en compte. Outre le talent, j'apprécie aussi certains artistes pour ce qu'il sont, en plus de leur capacité à manier crayon, feutre et pinceaux avec technique et talent.


Deux collectifs où le talent n'attend pas le nombre des année

Nombreux sont les nouveaux fanzines collectifs qui apparaissent, survivent quelques numéros avant de s'évanouir dans la nature. J'ai découvert il y a quelques années deux titres qui m'ont particulièrement séduits par la maturité de leur graphisme, leur originalité mais aussi l'alchimie particulière du groupe, une association des artistes aux univers qui se répondent sans se confondre.

1 Nocturne E209 H5
Le collectif, créé par Estelle Hocquet, une jeune étudiante des Gobelins aussi talentueuse que motivée, regroupe plusieurs artistes qui proposent BD, sketchbooks, quelques goodies et aussi dessins originaux. Tout les projets sont personnels et les quelques fan-arts sont des interprétations d'inspirations où la sensibilité et le style de l'auteur insuffle une autre vie à l’œuvre d'autrui.

Estelle Hocquet (Mariposa Nocturna) : http://mariposa-nocturna.tumblr.com
Cette année, des nouvelles têtes rejoignent l'équipe :




2 Matryoshka N692 H6
Collectif de trois jeunes femmes bourrées de talent et d'une grande sensibilité graphique, elles signent des artbooks à couper le souffle. Je suis particulièrement touchée par le travail de Elk, aux aquarelles très lâchées et aux traits presque sauvages. Sur le stand, vous trouverez des fanzines d'illustration et probablement des originaux.


 

 Les fées du fantastiques


Pour beaucoup, Japan Expo rime à avec kimono. Pourtant, certains artistes présents ont surtout comme dénominateur commun le fantastique, qui brouille les frontières et se fiche pas mal des notions d'orient et d'occident.

3 Chane E211 H5
Chane fait partie de cette génération où les sources d'inspirations multiples rejaillissent dans une œuvre qui rentre mal dans une case aussi étriquée que « convention manga ». Après Angkor , son second livre Eluvitie nous dépayse sans nous faire voyager bien loin, puisqu'elle puise dans les paysages bucoliques et les mythes de la Suisse. Une BD auto-éditée dont la qualité équivaut largement celle des livres sortis dans le circuit conventionnel. Pour tout les amoureux de fantastique, de dessins généreux et tendres.



4 Laurence Péguy D203 H5
Longtemps inspirée par la saga Harry Potter, puis les vampire et l'univers gothique et flamboyant de Tim Burton, Laurence Péguy propose des livres là aussi d'une qualité pro. Fantastique, steam-punk, ses influences multiples nourrissent un univers graphique riche et cohérent. Elle réalise aussi sur son stand des portaits « burtonnien » de grande qualité qui font la pige au caricature SD souvent bâclées que certains n'hésitent pas à proposé à bas prix !

Laurence Péguy

 

Les fanzine à poils, exclusivement masculins

Oui, il y a à Japan Expo, beaucoup de fanzine yaoi (manga mettant en scène des personnages homosexuels avec la particularité qu'ils sont stéréotypés et souvent très efféminé et d'ailleurs, à destination d'un public au départ féminin). Il y a aussi des vrais fanzine gay aux histoires matures et assumées. Le lectorat est d'ailleurs sensiblement différent ! La cause LGBT étant chère à mes yeux, impossible de ne pas parler ici des deux incontournables du salon :

5 The Gardener (E 201, hall 5)
Un webcomics (disponible aussi en anglais) romantique mais pas gnangnan qui connait une version papier. Dessiné et scénarisé par Marc G, un pilier du fanzinat connu pour la série très fleur bleue « Rêve de lumière ». The gardener nous raconte, comme son titre l'indique, le quotidien d'un jardinier qui travaille pour un jeune homme aussi riche que naïf. Drôle et attachant.
Attention, The Gardener est invité sur le stand de Mxm Bookmark et Marc sera présent uniquement le week-end




6 Dokkun (M682 H6)
Là, nous changeons de catégorie. Bienvenu aux bears (ours). Il s'agit d'un fanzine qui assume totalement son propos gay, fier et surtout surtout poilu. Le contenu est interdit au mineur. Nous sommes aux antipodes des minets androgynes du yaoi traditionnel. Les BD proposée dans Dokkun évoluent plus dans la digne lignée d'un Tom of Finland. Le fanzine est traduit en anglais, en italien, en japonais et en coréen. 
Plusieurs artistes récurrents s'expriment dans ses pages (attention, interdit aux mineurs) :
- Fabrissou : fabrissou.tumblr.com


 

 

Les incroyables inclassable


7 Kokoro, le fanzine carritatif (C215 H5)

Kokoro (cœur, en japonais) est un fanzine qui a comme objectif, à chaque numéro, de lever des fond pour une associations caritative préalablement choisie. Cette année, il s'agit de « Maison Chance ». Les dessinateurs participants sont bénévoles, tous de grands talents (souvent des professionnels du milieu de l'édition ou de l'animation). Ils travaillent sur un thème en relation avec l’engament du bénéficiaire. Kokoro met la passion du fanzinat au service d'autrui et donne de la profondeur, du lien solidaire et du sens à un milieu souvent pourri par la soif de reconnaissance personnelle ou la cupidité. Une magnifique initiative servie par une équipe très pro, très sympathique. Le résultat finale est toujours un superbe recueil qui permet, outre la bonne action, de découvrir des artistes.





8 Jon Lankry (C215 H5)
Dessinateur au style reconnaissable comme un coup de poing en pleine tronche, vif et marquant, Jon Lankry sera présent sur le stand du fanzine Kororo (sauf le samedi). Garçon timide au talent incroyable, il signe « Zombi » la BD dont vous être le héros, ainsi que plusieurs recueil d'illustration inspirée de multiples univers. Il fait parti de ces personnes que j'ai le grand plaisir de retrouver à chaque convention. Cette fois, il propose un 48 pages couleurs de format A4.

Jon Lankry



9 Mageek (N672 H)

Attention, je vous parle d'un fanzine façon... magazine famine. Yep. Avec de la mode dedans. Yep. Et il est bon. Vraiment bon. Articles fun, intelligents, maniant avec finesse le second degrés sans basculer dans le potache ou la facilité. Mageek tient d'ailleurs plus du pro-zine avec une qualité de rédaction et de fabrication largement supérieur à certains titres vendus en kiosque. Il fonctionne avec des thèmes (j'ai lu et aimé le numéro 2 sur Docteur Who sans avoir vu un seul épisode de la série). Un hors série spécial Japon et Corée est disponible sur le salon.


 

10 Moemai, du manga à la française D201 H5


Aucun des fanzine précédents n'étaient dans la veine de ce qu'on s'attend à voir dans une convention manga, je vous en présente donc une artiste qui évolue avec talent dans ce milieu. Moemai, illustratrice et coloriste, a sorti de nombreux fanzines mais aussi des BD façon « french manga ». Son trait délicat reprend les codes graphiques du Japon où elle a séjourné, sans tomber dans la copie maladroite et facile. J'apprécie particulièrement la finesse de son travail, l'originalité de ses traitements et la grande sensualité de ses dessins.

Moemai


Et les autres ?


Comme je suis une grande malade, j'ai épluché toute la liste des exposants (plusieurs centaines) et regardé les sites lorsqu'ils étaient indiqués. Une journée a été nécessaire à cet exercice un tantinet fatiguant. Voici un liste des fanzines et artistes que je ne connais pas ou mal mais qui me paraissent mériter une visite. Certains sont très bon mais ne correspondent pas à ce que j'apprécie, cependant, je reconnais leur qualité !


Anna Karen N677 H6
Brown Rabbit B216 H5
Dragibuz P653 6 (style graphique très Disney, un des meilleurs du genre)
Dzaka B210 H5
Fanélia E 203 H5 (Fantastique proche de Chane, plus léché, très bon)
Hiraeth C 204 H5
Orpheelin C210 H5 (BD Fantastique, ligne claire, parfaitement maitrisé)
Niddheg D216 H5
Occuria Trigger S681 H6Lorigami R687 H6
Pulsart studio B195 H5
Sea Turtle M699 H6
Senri E213 H5
Tpui M676 H6
Yumyum studio D210 H5 (Fanart SD, le pionnier dans le domaine, existe depuis 15 ans!)

En conclusion


Du côté amateur, Japan expo regorge aussi de fanzines d'écriture, de stand de bijoux et d'accessoires faits par des petits créateurs. Si certains se contentent d'assembler des breloques made in china, d'autres les fabriquent de A à Z, avec leurs petits doigts de fées. Je n'ai ni la motivation ni les compétences pour vous parler des perles qui se cachent dans ces domaines-là. Mais je peux vous garantir qu'elles existent et méritent vraiment de prendre au moins plusieurs heures pour arpenter les allées à la fois de l'espace « jeune créateurs » du hall 5 mais aussi de l'espace dans le Hall 6 dédié aux fanzines. Trop de visiteurs l'évitent, sachant qu'il est le repère des boutiques à conneries contre-faites. 
Vous passez aussi à côté d'un des trésors du salon : ces passionnées, artistes en herbes, volontaires motivés qui font que depuis des années, les conventions manga restent un lieu d'échange, fun, léger mais aussi un vrai bouillon de créativité. C'est dans les allées de Japan Expo, sur les stands amateurs qu'on trouve les graines de la BD de demain, qui permettront à des milliers de lecteurs de rêver, de voyager, d'être émus.

2 commentaires:

  1. Excellent article et quel travail ! Vraiment très utile pour s'y retrouver un peu dans la jungle de la Japan Expo, je connaissais certain(e)s artistes mais j'en découvre beaucoup d'autres avec plaisir. Merci !

    RépondreSupprimer
  2. Merci, j'rai à la Japan Expo un peu mieux préparée grâce à toi :)

    RépondreSupprimer

Merci beaucoup d'avoir laisser un commentaire ici !

Il s'affichera un peu plus tard, après sa validation.

Marianne