Pour son dernier ouvrage Une forme de vie, Amélie Nothomb choisit l'auto-fiction épistolaire pour se mettre en scène dans un dialogue avec un lecteur hors du commun : Melvin Mapple, soldat américain basé en Irak et grand amateur de ses romans.
Bientôt, un échange se noue, entre malentendu et complicité. Quelque chose se passe entre l'écrivain belge et le soldat. Ce dernier lui confit le poids de son secret qui l'écrase littéralement : il est obèse. Depuis qu'il est en faction en Irak, il ne sait faire face à l'horreur de la guerre qu'avec une boulimie dévastatrice.
Encore une fois, le rapport au corps et à la nourriture – envisagé ici comme carburant et moyen de compensation mais non comme une source de plaisir gustatif – envahit le roman pour devenir le sujet central. Le corps est à la fois l'outil et le support de la création, littéraire dans le cas d'Amélie, un art brut, brutal même pour Melvin.
L'angle choisit pour traiter la question déroute et dérange. Une boutade, une provocation de la part de l'Amélie fictive et tout part en vrille. Outre la forme épistolaire, l'auteur insère des passages sur sa vie quotidienne. Ses réflexions acide s'immiscent dans les temps d'attentes d'une lettre de la part de son correspondant. Son regard particulier et sa logique souvent frisant l'absurde rendent la lecture toujours aussi légère et distrayante.
Pourtant, quelque chose dans ce livre m'a touché.
Fascination de la répulsion
Peut-être est-ce l'apologie de la relation humaine qui passe par le papier et la lenteur. Ce temps donné à la réponse qui rend l'échange profond. Un échange pourtant fondé sur un postulat de sincérité et de confiance qui peut s'écrouler comme un château de sable léché par une vague trop vigoureuse.
Et, au coeur du roman, il y a la question visqueuse de l'obésité ; ceux qui me connaissent savent que j'ai trois phobie : le vertige – j'y peux rien c'est génétique, le dentiste enfin, surtout le bruit des instruments et, les gros.
Le surplus adipeux provoque en moi un dégoût profond doublé d'une curiosité malsaine qui me rend incapable d'ignorer une personne obèse si elle est dans ma proximité.
Alors, les descriptions très graphiques et presque chirurgicale du corps enflé et monstrueux de Marvin suscitent en moi des émotions contradictoires violentes... Un délice !
De plus, j'apprécie la plume d'Amélie, je suis donc rarement déçue.
J'ai lu Une forme de vie dans la foulée d'Antéchrista. Une chance car les deux ouvrages s'enchaînent naturellement avec un clin d'oeil particulier.
Mon seul regret tient à la structure narrative. La construction est toujours la même. L'application systématique d'un schéma qui fonctionne bien me fatigue un peu. Pourtant, cela n'ôte en rien le plaisir de la lecture, puisque, dés le départ, il est aisé de savoir où l'auteur se dirige. Après tout, Nothomb n'écrit pas des thrillers !
D'ailleurs, écrivant cette chronique à froid, je réalise que j'ai de nouveau envie de lire ce roman...
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J'étais une grande admiratrice de Nothomb avant son dernier romain, de l'année dernière qui ne m'avait pas du tout plu.
RépondreSupprimerJe devrais peut-être m'y remettre avec lui, de ce que tu es dis l'histoire pourrait me plaire. En revanche, je suis d'accord pour la structure narrative, de roman en roman ça finit par en devenir presque plat, lassant...
Je suis partiale quand il s'agit d'Amélie Nothomb, mais "la forme d'une forme de vie " reste novatrice, malgré ses travers de construction. Si tu les lis, j'espère qu'il te plaira !
RépondreSupprimerj'ai bien aimé le roman de une forme de vie et d’ailleurs je l'ai choisit comme corpus de mon mémoire
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