23 février 2011

Ghost Hound : science sans conscience...


L'abondance de séries d'animation japonaises rend parfois le suivi des nouveautés acrobatique. J'ai tendance à stocker les titres qui m'attirent, quitte à les regarder plus tard, parfois, beaucoup plus tard. En ce début d'année, j'ai enfin visionner Ghost Hound, sorti à l'automne 2007. Et quelle claque...

Voyage astral

L'histoire se concentre sur trois lycéens. Liés par une étrange capacité de projection astrale, ils deviennent amis.

Taro souffre d'un traumatisme profond : onze ans plutôt, lors d'un kidnapping, sa soeur est décédée dans des conditions horribles. Après le drame, le père de Makoto, un de ses camarades, se suicide en se tranchant la gorge. Les deux fait divers laissent leur empreinte dans cette petite communauté campagnarde du nord de Kyushu.

L'arrivée d'un nouvel élève, Masayuki, curieux comme un chat, donne l'impulsion aux deux adolescents pour tenter de comprendre les mystères de leur passé. Animé chacun par des motivations intimes, les jeunes se lancent dans une quête quasi obsessionnelle de la vérité.

Dans cette bourgade tranquille, au creux des montagnes sacrées, les contrastes entre tradition et modernité sont exacerbés. Une entreprise de biotechnologie qui expérimente au mépris de toute déontologie cohabite avec des activités ancestrales comme celles de la famille de Taro, éleveur de Saké.

Les cultes locaux gardent encore de la vigueur avec la grand-mère de Matoko, prêtresse d'un culte sectaire jadis très influent. Dans un autre temple, accroché au flanc de la montagne, vit une enfant aux yeux grands ouvert sur l'invisible...

Et, enfin, il y a l'ombre du barrage en amont. Une partie de la vallée a été engloutie, là où se trouvait un hôpital. Un lieu abandonné, à demi enseveli sous les limons. Des boues agitées d'esprit qui ne devraient pas agir sur notre réalité...

Ces créatures que les adolescents "voient" quand, endormis, ils glissent hors de leur enveloppe charnelle et accèdent au monde des esprits, une dimension parallèle qui se superpose à la notre. Ils supputent que c'est là, dans cette autre réalité, qu'ils trouveront des réponses. Mais l'impact de leur actions dépasse leur investigations, bientôt d'autres forces se mettent en branlent.

Pour le plaisir des yeux et des oreilles


Produit pour par le studio IG pour fêter son 20ème anniversaire, Ghost Hound est une série qui demande un effort intellectuel certain.

Cet ovni, ce bijoux étrange demande de l'attention, de la concentration. D'ailleurs, il suffit de regarder les noms du staff pour connaître le niveau de qualité : à la conception, Shirow Masamune, à la réalisation Nakamura Ryûtarô et au scénario Konaka Chiaki.
Trois noms dont le talent sonne comme des douces promesses, un éveil pour les esprits assoupis par la mollesse et la médiocrité. Et mes attentes ont été comblées. Sciences et spiritualité se mêlent, s'interrogent et se confrontent dans un scénario construite méticuleusement. Peu à peu, on découvre l'ampleur des dégâts, les personnages secondaires apportent des touches de plus en plus complexes.


Attention, Ghost Hound n'est pas une série facile. Les dialogues sont ardus avec des concepts scientifiques qui demandent parfois de faire quelques recherches. Le rythme est lent – mais sans longueur – avec une mise en place du scénario. Ghost Hound se mérite. Fan de SF, de cyber-punk mais aussi de chroniques quotidiennes, de tranche de vie contemplative, j'ai trouvé tout les éléments qui me touchent et mettent ma cervelle de batracien en ébullition.

Le cara-design, très neutre est compensé par une animation de qualité, pas démonstrative, mais efficace. Niveau visuel, l'anime est de bonne facture sans être extraordinaire.
Le design, les couleurs et la qualité du décor concourent à donner un aspect passe-partout. Comme si l'image venait après les mots, après le récit et surtout, après les bruits. Une neutralité volontaire pour mieux surprendre à vos oreilles !

Le travail de la bande son est juste incroyable. Je ne parle par de la musique, sympa sans être extraordinaire, mais bien des bruitages, des effets sonores qui contribuent à une impression de lourdeur, de pression. L'ambiance de certaine scène ne tient parfois qu'à des petites modification subtiles dans la bande son. Elle entretient un niveau d'angoisse latent.


Ghost Hound : générique

Ghost Hound est une série déroutante. On ressent la claustrophobie d'une monde sous marin écrasé sous la pression de l'eau, cette même sensation que l'on peut avoir dans une forêt trop veille, quand les arbres sont trop hauts, trop proches et masquent le ciel. Psychanalyse et spiritualité se mêlent dans des théories séduisantes, qui associées à la froideur des neuro-sciences conduisent des humains à jouer à Dieu. Nos trois adolescents se débattent avec leur héritage de névroses mais aussi d'amour. Et le titre du dernier épisode, "passage" donne le ton initiatique de la quête.

Un anime d'excellente qualité qui s'adresse à un public restreint, mais qui ne fait aucune concession. Pour mon plus grand plaisir !




5 commentaires:

  1. moi aussi je stocke les animés sur le pc , je devais le regarder celui là mais je l'ai encore pas fait. Faut vraiment que je m'y remette .

    Le dernier que j'ai visionné c'est Urakawa under the bridge , te je doit dire , j'ai bien rigolé !

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  2. Il me semble que SHIROW n'est pas pour grand chose dans cette série. Porteur du "concept". ("Original creator" ou comme on dit en ce qui le concerne : "quand la poussière dans mon tiroir prend vie".)

    L'ambiance de cette série m'a fait oublier sa mauvaise clôture manquant d'ambition quand les enjeux et discours présentés jusque là promettaient largement plus.
    J'ai vu en Ghost Hound une tentative ratée pour KONAKA de renouer avec le succès de Serial Experiments Lain, avec des réflexions trop dispersées et mal agencées.

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  3. J'ai vu cet anime et je l'ai aussi bien apprécié même si je pense qu'il cible un public bien précis avec son mélange de psychologie et de science fiction. Excellent ton article !

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  4. Midori : Je n'ai pas terminé Urakawa, très chouette mais fatiguant à mon goût. Mais, comme diraient les copains avec justesse, je n'aime pas l'humour :P
    Faudrait quand même que je m'y remette !

    Ileca : Je pense aussi que Shirow a été surtout un nom pour "attirer" du public. Vu le type de série, c'est pas un mal...
    Contrairement à toi, j'ai apprécié la fin pour des raisons que je ne dévoilerai pas, histoire d'éviter des révélations majeures.
    Si certains thèmes rappellent Lain, le sujet est, à mon avis, très différent. Mais, il faudrait que je remate la série. Je l'ai vu il y a des années...
    En tout cas, merci pour ton commentaire pertinent

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  5. Ce n'est pas sur les thèmes que je rapproche SEL et GH mais sur l'ambition de lier tout un tas de théories pointues entre elles. C'est exactement ça, GH est ambitieux dans le genre "je vais te révéler les secrets de l'univers" et c'est pour ça que la fin m'a déçu, parce qu'elle ne répond pas correctement aux promesses que la série a lancées. Je m'attendais vraiment à changer de religion.

    Ghost Hound demeure une expérience agréable bien au-dessus de ce qui se fait en ce moment.

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Il s'affichera un peu plus tard, après sa validation.

Marianne