28 juillet 2011

"Kafka sur le rivage" bercé par le bruit du vague à l'âme

C'était le dernier livre dans ma liste pour le défi In the mood for Japan  qui s'est achevé fin juin. Je prends enfin le temps de chroniquer ce chef d'oeuvre d'Haruki Murakami. Cet auteur a beaucoup de succès, à juste titre. Son style à la fois simple et étrange plaît au public et à la presse. Et moi aussi, je suis tombée sous le charme.


Un pèlerinage à Shikoku...

Comme pour Les bébés de la consigne automatique, je vous déconseille la lecture de la quatrième de couverture. Elle révèle quand même des événements qui se déroulent à la page 450... Ce n'est pas vraiment nécessaire de dévoiler ainsi certains mystères.
Si vous n'êtes pas familier avec le style de Murakami, je vous conseille en première rencontre de débuter plutôt par un ouvrage moins épais, comme Le passage de la nuit. Si vous êtes gros lecteur ou amateur de littérature contemporaine, alors l'expérience mérite le détour.

Kafka sur le rivage est un parcours initiatique, une invitation à laisser dernière soi ses doutes et ses préjugés pour se laisser guider par le flot, se laisser porter par la magie des rencontres et l'âme des lieux.
Murakami nous conte en parallèle deux histoires, deux quêtes qui raisonnent et convergent.
D'abord, il y a cet adolescent à l'existence écrasée par le poids d'un secret digne d'une tragédie grecque. Et puis, il y a un vieil homme marqué par une aventure bizarre survenue enfant et qui l'a rendu amnésique et illettré. Tous deux vont, chacun suivant sa route, se rendre à Shikoku, dans une petite ville de campagne, loin de l'agitation tokyoïte.


Une forêt d'arbres et de livres...

Marée basse...
Malgré le nombre de pages conséquent, la narration reste fluide et d'une construction parfaite. L'écriture ne connaît aucun temps mort, aucune faiblesse. J'aime le style de Murakami, dans la retenue et la pudeur.
Pourtant, une fois les personnages établis et l'histoire mise en place, l'émotion croit, se déploie pour tout envahir.

Ce livre donne envie de lire, envie de lire dans une bibliothèque, envie de fouler le sous-bois d'une forêt profonde, envie de partir à Shikoku, parcourir la campagne et se retrouver.

Murakami nous raconte un lieu, sa magie sauvage et nécessaire. Il parle de ses refuges si importants et si purs qu'on a besoin d'y retourner ponctuellement mais où il nous est impossible de vivre.
Nous ne sommes qu'humain...

Et puis, la notion du "temps propice", et de l'attente est aussi au coeur de se roman où les rencontres se produisent toujours au bon moment, quand le personnage est prêt à recevoir les bénéfices d'une providence tantôt taquine tantôt clémente.
Un autre élément que j'ai énormément apprécié est la transformation par la découverte de la musique classique. Un personnage médiocre prend conscience de sa condition, se remet en cause et décide de se changer. Il ne s'agit pas du coeur du roman mais cet aspect m'a beaucoup touché.


L'âme allégée

Kafka sur le rivage est un livre heureux. Cependant, il n'est pas facile. Le héros, un adolescent prisonnier de la folie de son père brise ses chaînes, casse la dynamiques d'un cercle vicieux en enfreignant des tabous. Le voyage ne s'effectue pas sans douleur et l'amour n'est pas un miracle à l'eau de rose.

Mais on peut se défaire des charges que les autres nous imposent. Il est possible avec de l'obstination et de la patience d'aller jusqu'au bout, d'achever sa quête, d'être libéré !

Une oeuvre résolument positive, parfois dérangeante, mais sans aucune vulgarité ou complaisance. Elle me donne envie de continuer à lire cet auteur, qui me surprend toujours par son univers complexe, sa vision onirique et son intelligence.

10 commentaires:

  1. J'ai fini "le passage de la nuit" hier ,et j'ai lu tous ceux que je t'avais emprunté :) On en reparlera, mais ce livre est assez fort, je tenterai la lecture de d'autres Murakami, je crois !

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  2. J'avais parlé du bouquin, il y a quelques mois ici:
    http://www.wtfnord.com/kafka-sur-le-clivage/

    J'ai passé un bon moment sur ce livre, mais rien d'inoubliable.

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  3. Le titre me fait penser à "Einstein on the beach" de Philip Glass, je me demande ce que ça ferait de lire l'un en écoutant l'autre... :)

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  4. @Chrys : je te le recommande chaudement :)
    @Viny : une belle discussion en perceptive
    @ Bruno : hihi j'ai du mal à lire en écoutant de la musique surtout que ce livre parle aussi beaucoup de musique
    @ Jonas : je crois que nous pouvons tomber d'accords sur le fait que nous ne seront justement pas d'accord sur ce livre ^_^
    Je le considère définitivement comme une quête initiatique (qui peut se faire à tout âge et n'est pas limité à l'adolescence). Murakami Haruki est l'un de mes auteurs favori et je considère ce bouquin comme un vrai chef d'oeuvre !

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  5. Je n`ai jamais lu cet auteur pourtant si connu mais ce livre est justement dans ma PAL...depuis au moins 2 ans!!! Grace a ton billet je vais donc le remettre en haut de la pile et j`espere etre autant touchee que toi en le lisant ;o)

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  6. Bah comme je l'ai dit dans mon article, c'est un livre très accessible aux lecteurs occidentaux ce qui explique son succès chez nous.
    Mais pour autant, ce n'est pas le livre qui m'aura fait le plus kiffer ma race. Dazai Osamu (bambou bleu) ou Sôseki Natsume (Botchan) ont écrit des textes m'ayant largement plus plu, sans pour autant être particulièrement difficiles d'accès.

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  7. c'est le deuxième Murakami que je lis, j'ai adoré, j'attends sa prochaine parution à la rentrée avec impatience...

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  8. C'était le deuxième livre de Murakami que je lisais (après "Après le Tremblement de Terre") et il reste mon préféré (il est carrément dans mon top 10 de mes livres préférés).

    Il a une atmosphère, un rythme, une musique (dieu que je peste de ne pouvoir le lire en VO) vraiment magiques.

    Pour la petite histoire, je l'avais lu quelques mois avant de rencontrer celle qui allait devenir ma femme (et qui vient de Takamatsu), coïncidence assez amusante.
    D'ailleurs, je l'ai relu l'an dernier, pendant que j'étais à Takamatsu, mais la chose que je n'avais pas remarquée en le lisant la première fois, c'est que Murakami reste toujours très vague dans les descriptions des lieux, si bien qu'il est presque impossible de retrouver les emplacements des différentes scènes (chose que je voulais faire à ce moment-là), sinon le restaurant de Udon a côté de la gare (qui est en vrai est carrément dans la gare). :-)

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  9. @David *__* je trouve que c'est surtout une anecdote très romantique. Et en effet, Murakami s'attache à des détails insignifiants pour croquer une ambiance, sans donner le décor général. C'est une des caractéristiques de son style que j'adore et qui confère une certaine évanescence à son écriture...

    J'avoue que ce livre m'a quand même donné encore plus envie d'aller à Takamatsu... je suis influençable !

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Merci beaucoup d'avoir laisser un commentaire ici !

Il s'affichera un peu plus tard, après sa validation.

Marianne