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Voici pour bien finir l'année le dernier chapitre de Protection. Ce n'est pas tout à fait la fin. Je suis en train d'écrire un "bonus" qui paraitra la semaine prochaine, histoire de terminer l'année en beauté ! Et, il y aura aussi un p'tit épilogue.
Si vous ne connaissez pas excellentissime série de la BBC "Sherlock", voici un article pour commencer.
Chapitre 24
C'est un peu bizarre d'être ici.
Les murs verts et bruns donnent un aspect bourgeois et un peu distant à la pièce. Outre le certificat d'obtention de la ceinture noire de Judo du Kodokan, rédigé en japonais, il y a quelques photos dont une, un petit format d'un gamin obèse, derrière la porte est accroché le tableau périodique des éléments – comme s'il ne le connaissait pas par cœur – et des babioles, probablement d'une valeur inestimable sont exposées dans des vitrines. La chaîne stéréo est d'une grande qualité même s'il écoute rarement de la musique sans mettre le casque. Je l'ai entendu quelques fois quand il m'oublie et met le volume à tue-tête avec un concerto contemporain dissonant.
Sa chambre est plus personnelle, plus intime que la mienne, strictement fonctionnelle.
J'ai peu de souvenirs matériels de ma vie d'avant l'armée. Rien gardé de mon enfance, ni de mes études. Je trie méthodiquement et jette le superflu. Quand j'ai emménagé ici, je n'avais qu'une grosse valise et quelques cartons. J'ai amassé en un an et demi avec Sherlock plus de choses que durant le restant de ma vie. Et, quand je suis parti, meurtri et seul, j'ai abandonné aux ordures beaucoup de mes possessions, renouant avec un confort spartiate et simple. J'avais déjà trop d'images qui m’encombraient la tête et dont je ne pouvais me détacher facilement. Je ne suis pas d'une nature nostalgique, les objets inanimés n'ont pas d'âme...
Pourtant, je me sens bien ici, dans la chambre de Sherlock.
On dirait un sanctuaire.
J'ai cette impression tenace d'être un privilégié, d'avoir pénétré sa façade lisse et pénible du génie misanthrope et insensible. Pénétré. À tous les sens du terme. Quoi qu'il en dise, je sais que ses expérimentations en matière de sexualité n'ont pas été jusque là, en tout cas, pas avec un autre être humain. Ses hésitations sont touchantes et là encore, j'ai une conscience aiguë du cadeau qu'il m'offre.
Mycroft avait raison. Vivre avec Sherlock déchire le voile de la réalité et le champs de bataille apparaît nu, dans sa monstruosité fascinante.
Il ne reste qu'à participer !
Et dans ce chaos, méthodique et imperturbable, Sherlock navigue et apporte un ordre, une cohérence, des relations de cause-conséquence qu'aucun autre que lui n'aurait pu décrypter...
Source : http://society6.com/viverella |
L'approche expérimentale appliquée de Sherlock s'étend à tous les domaines. Il intellectualise, pose des questions même dans les moments les plus inopportuns. Pourtant, c'est tellement lui. Ça ne me gêne pas. Pour être tout à fait franc, son langage direct, cru sans être vulgaire, m'excite même. Dans ma vie privé, je suis d'un naturel casanier. Pour le sexe, c'est pareil. Je suis du genre à me limiter à ce qui plaît à ma partenaire sans forcément chercher à me contenter pleinement. Depuis que je fréquente aussi des hommes, même si ça a toujours été plus sporadique et jamais avec une relation suivie, j'ai découvert que le sexe pouvait être plus ludique, moins... conservateur. Même si je reste très traditionnel, surtout en comparaison à certain de ceux que je connais, j'ai appris à m'écouter plus. À demander.
Sherlock lui, n'a aucune pudeur, aucune limite. Il teste, verbalise son inconfort et son plaisir. Il souhaite arriver à un échange pleinement satisfaisant pour les deux parties. Je ne l'aurai pas cru si altruiste. Je découvre avec merveille ce nouvel aspect de son caractère qui m'avait échappé. Je comprends aussi que mes craintes sur son intérêt pour ma personne – qui m'avait paru soudain – est réel, profond. Il ne se force pas à quoi que ce soit. Il ne couche pas avec moi pour que je ne soit pas avec un autre – même si, le connaissant, c'est certainement aussi une des raisons. Mais pas la principale.
Je ne sais pas pourquoi ça a changé entre nous, je sais juste que ça me convient. À lui aussi, à tous les deux.
Le reste ne mérite pas que je m'y attarde.
Alors, quand il me plaque sur le lit avec force et désir, je le laisse me chevaucher sans plus m'inquiéter. Il n'est pas maso. Et dans ses yeux pétillants, un océan de plaisir m'invite au voyage. Il se mord un peu la lèvre inférieure, concentré. J'essuie du pouce un filet de salive avant de glisser le doigt contre ses dents. Il ouvre la bouche. J'aimerai qu'il me prenne. Je lui ai dit. Mais pour l'instant, il ne se sent pas prêt pour être plus actif. À demi-mot, je saisis sa crainte de ne pas être à la hauteur, et pire, de faire mal.
Je ne suis pas pressé. Le temps venu, je serai bien parvenir à mes fins. Et, aux vues de sa motivation et de son zèle, je n'aurai pas à entendre des mois pour mon désir soit assouvi.
Le voir ainsi, sur moi, une main sur mon torse, l'autre presque refermée, en train de se caresser, est le spectacle le plus bouleversant. Je pourrais jouir, juste à le regarder. Sa peau a la texture du marbre, veinée de bleu. Même les ecchymoses sur ses côtes sont belles. Je lui effleure l'arrête de la mâchoire.
Il me sourit.
En moi, je sens monter un geyser de plaisir, brûlant. Torrentiel.
Sur moi, Sherlock combat, recule le moment où il ne tiendra plus. Bataille pour conserver les yeux ouverts. Alors que ses mouvements deviennent plus saccadés, qu'une urgence sourde se lit dans tout son corps, je pose ma main sur la sienne et prends le relais.
C'est immédiat.
Juste quelques va-et-vient. Et je l’accompagne avec une violence peu commune.
C'est comme si un barrage avait cédé. Je me sens à la fois vidé et plein. À neuf. Comme si le sang et les os à l'intérieur étaient renouvelés. Si une force extérieure quasi-mystique m'avait rafraîchi de l'intérieur. Pourtant, quand j'ouvre les yeux, son corps avachi sur le mien, que je regarde ma main tendue, c'est la même chair. Les mêmes cicatrices. Les mêmes marques du temps. Mais à l'intérieur, à l'intérieur, quelque chose est différent.
Je ne comprends pas. J'ai trouvé une quiétude en moi. Un calme. Une sensation à la fois de sérénité infinie et de grand bonheur. Je ne savais pas. Je ne savais pas que je pouvais ressentir aussi fort. Je ne comprends pas l'émotion qui m'étreint. Ce n'est pas grave.
Sherlock me regarde, silencieux. Et je sais, en mon âme et conscience, que lui comprend. Ça me suffit.
Une maigre lumière blafarde pointe son nez par les deux fenêtres de la chambre. Hier, je ne me suis pas préoccupé de tirer les rideaux, trop occupé par des activités plus... intéressantes. Je n'ai aucune idée de l'heure qu'il peut bien être.
Et je m'en fous.
Royalement.
De toute façon, on est samedi. Barts se passera très bien de ma présence. Dans la nuit, Sherlock a encore réussi à s'approprier tout le matelas. Il dort en boule, exactement au milieu, ne me laissant qu'une portion congrue. Juste assez pour ne pas tomber du lit. Je n'ai pas fait de rêve, ou je ne m'en rappelle pas. C'est parfait ainsi.
J'hésite à me lever.
D'habitude, à peine les yeux ouverts, je suis déjà debout. Ce matin, j'ai envie de flemmarder. Je me cale contre le corps nu à mes côtés et somnole dans une tranquillité matinale douce. Sa chambre est moins bruyante que la mienne qui donne sur la rue. On y dort mieux.
Sherlock finit pas s'agiter. Il ouvre un œil. Me contemple surpris. Baragouine un truc totalement intelligible. Il n'est pas vraiment cohérent avant son thé du matin. Je ne peux m'empêcher de sourire devant sa mine fripée de sommeil et vaguement déconfite. Il grogne. Déglutit. Avale plusieurs grandes goulées d'oxygène avant de réussir à articuler :
— Je suis désolé ! J'ai dormi.
Je le regarde médusé.
— Oui... D'un autre côté, c'était la nuit. Ton lit, ta chambre. Où est le problème ?
J'assiste à la laborieuse mise en fonction de son cerveau. C'est un privilège rare que de le voir ainsi passer d'un stade semi-végétatif à son habituelle vivacité acérée.
— Je veux dire, ça ne t'as pas gêné que je reste ici la nuit entière ? J'étais vraiment épuisé.
Je lui ébouriffe sa tignasse déjà bien en pétard.
— Gros bêta.
Un baiser sur le front et un sur ses lèvres pour désamorcé la moue boudeuse déjà dégoupillée.
Je m'étire et m’apprête à me lever. Il me ceinture d'un geste maladroit trahissant son état pas encore tout à fait opérationnel.
— Attends.
Je ne me fais pas prier et le laisse s'installer contre mon torse. Je glisse une main sous sa tête et l'attire plus près.
— Comment te sens-tu ?
Il me jette un regard de pitié comme si j'étais vraiment débile de lui demander cette évidence.
— Pas réveillé.
Je reformule.
— Ton popotin. Ça va ? Pas de douleur ?
La nuit a été assez... passionnée. Parfois, en pleine action, avec le corps saturé d'endorphines, la frontière entre douleur et plaisir est perméable. Je veux vérifier qu'il aille bien. Au pire j'ai de la crème pour le soulager.
Il me sourit, dévoilant toutes ses dents. Une mimique assez drôle avec ses yeux encore bouffis et ses boucles brunes en bataille.
— Ça tire un peu. Rien de méchant.
— Bien.
— John, à propos de cette histoire de contraintes à notre collocation...
— Oui ?
Sa voix me paraît incertaine et je crois que la fatigue n'y ait pour rien.
— Moi aussi j'aimerais bien mettre une règle.
— Je t'écoute.
— Disons qu'il s’agirait plutôt de réciprocité. Vu que ton intimité me concerne et que j'ai donc mon mot à dire, j'aimerai que toi aussi tu sois impliqué.
Je le regarde sans vraiment comprendre où il veut en venir.
— Je veux bien respecter ton intimité, tes affaires. J'aimerai que tu respectes les miennes aussi.
Là, les yeux ronds, je ne capte vraiment plus rien. Sa main glisse sur mon torse. Visiblement, il essaie de faire des couettes avec mes poils...
— Considérant que nous avons une relation, une liaison même, en plus de notre partenariat de travail, d'un genre particulier je l'avoue, que nous vivons ensemble en collocation avec un partage des pièces communes mais aussi de nos chambres, nos intimités sont donc très mêlées, au sens propre comme au figuré ; or je tolère très mal tout corps étranger qui envahit mon espace, donc le tien. Par conséquence, par respect pour moi, je te demande de ne ramener personne d'autre que moi dans ta chambre et dans ton espace personnel.
Quelle belle démonstration. Je me retiens de rigoler, et je le serre plus fort.
— Sherlock, si tu veux me demander de ne pas coucher ailleurs, sache que j'ai toujours été fidèle dans mes relations. Même quand elles n'ont été qu'épisodiques. Déjà parce que ça limite les risques sanitaires et surtout, j'ai déjà tellement de difficultés à en entretenir une que je ne vais pas jongler avec plusieurs.
— Même tes partenaires masculins ?
— Ils se comptent sur les doigts d'une main. Et si leurs mœurs sont différentes des miennes, me savoir bi n'a pas changé ma conception des relations entre deux êtres humains.
— Ok. Tu me promets alors ?
Ah, je me doutais qu'on arriverait là. Je savais qu'à vivre de nouveau avec lui, j'abdiquais toutes mes chances d'avoir une once de vie privée pour le restant de mes jours. J'échange avec bonheur ma solitude sèche et stérile contre ce quotidien là. Au moins, avec Sherlock, je ferai des économies en restau, fleurs et chocolats. Il a des goûts simples. Pour lui faire plaisir, il suffit de parcourir assidûment les pages «faits divers » des journaux et lui trouver le meurtre le plus sordide, le plus bizarre.
— Oui, Sherlock. Je donne à ma voix un accent faussent solennel. Je te promets une fidélité totale et absolue tant que tu ne te remets pas à fumer où à consommer des médocs sans discernement.
Il me fusille du regard.
— Tu te fous de ma gueule ?
— Oui.
S'en suit une séance de lutte qui s'achève par un baiser et un Sherlock totalement réveillé, même sans son thé. Je me lève enfile mon pyjama et fait mes exercices quotidiens d'étirements pour mon épaule. Sherlock sort de la chambre à poil avant que je n'ai pu lui râler dessus.
De la cuisine, j'entends le cri de Mrs Hudson suivi d'une remarque sur un ton réprobateur de Sherlock. Il revient dans la chambre, vaguement penaud, me toise, prend sa robe de chambre, l'enfile dans un geste théâtral et sort sans même l'attacher, les pans voletants derrière lui.
Nouveau cri de Mrs Hudson.
Home sweet home.
L'épilogue et pour les curieux, le bonus !
source : http://whodyathink.deviantart.com/art/2B-or-not-2B-221B-316089966?offset=20
source : >_< pas trouvée ! Si vous l'avez, merci de me laisser un commentaire !
j' ai l'impression que cela a etre un peu comment dire ? folklorique au 221 b maintenant?
RépondreSupprimerrien a redire tout est bien vue j' ai beaucoup aimé meme les appartées plus que privées!!!!j attend le bonus avec impatience meme si cela veut dire la fin de PROTECTION MERCI POUR CE CADEAUX DOMY
Merci encore pour tout Kaeru ! Tes efforts sont vraiment payants !! da-daria
RépondreSupprimerMerci pour cette très belle fanfic. Je l'ai trouvée admirablement bien écrite, si douce, si jolie, tellement... johnlock !!!
RépondreSupprimerJ'ai hâte de lire le bonus.
Merci encore.
Merci BEAUCOUP pour votre fidélité !
RépondreSupprimerJe vous souhaite une très bonne année :)
Je viens de mettre en ligne le bonus, j'espère qu'il vous plaira. C'est assez différent du reste de la fic, mais pour l'épilogue, je reviens à quelque chose de plus "classique".