La liseuse, vers 1913 |
Le nom de Marie Laurencin n'est pas inconnu en France, pourtant, c'est au Japon que l'on trouve ses plus fervent admirateurs et collectionneurs. Le musée Marmottant, à Paris, rend enfin l'hommage mérité à cette femme peintre avec une magnifique exposition. La plupart des œuvres proviennent de collections privées, c'est donc une occasion unique pour découvrir l'oeuvre de cette femme talentueuse.
Douceur du pastel et caractère du trait
Elle a fait des essais, mais toujours suivi son chemin, son expression propre.
Si au départ elle est influencée par le cubisme et les fauves, elle évolue toujours tant dans son trait que dans sa gamme de couleur. Même ses toiles restent encore empreintes d'un certain classicisme pour ses sujets, elle s'en libère avec une approche très particulière notamment un travail de la couleur merveilleux ; moi qui n'est pas un intérêt démesuré pour le figuratif et les portraits, j'ai été absolument conquise par ses tableaux.
Car, chez Marie Laurencin, la couleur fait tout.
Ses visages sont lumineux, magiques. Elle travaille certains de ses tableaux avec la technique du verdaccio qui consiste à mettre une couche de vert gris sur la toile, le rendu donne une lumière particulière aux visages qui semblent luire de l'intérieur, un peu comme chez Renoir.
Les portraits de Laurencin se caractérisent aussi par une grande finesse et beaucoup d'élégance, avec un port de tête impeccable, et une impression de grace presque éthérée.
Les aléas de sa vie et surtout son amour pour Apollinaire, se lisent dans ses toiles. Exilée en Espagne durant la première guerre mondiale, son travail de la période respire la tristesse et une certaine léthargie. Son art atteint sa pleine maturité avec les années 30, elle s'émancipe alors des influences extérieures, se nourrit de la folle ambiance de l'époque et sa peinture prend une dimension fantastique. D'ailleurs les portraits laissent peu à peu la place à des sujets personnels. Des décors champêtres et des animaux apparaissent, toujours au coté de jeunes femmes. La baisse de sa vision a aussi des conséquences sur sa manière de peindre et confère à ses tableaux ce flou et cette douceur si caractéristique.
Une exposition à ne pas manquer !
La scénographie de l'exposition est de grande qualité. On circule bien dans l'immense sous-sol du musée Marmottan, espace toujours dédié aux expositions temporaires. Le choix de la couleur des murs, un parme doux, est particulièrement intelligente : elle complète celle des tableaux sans les brouiller et renforce encore la féminité palpable qui s'en dégage.
Je vous conseille aussi vivement l'achat du catalogue : les reproductions sont de qualité, les textes soignés et bien documentés. Après la frustration de ceux médiocres et chers de l'expo sur Hiroshige et Van Gogh, je me suis faite plaisir !
Il reste, des tableaux de Marie Laurencin, une impression persistante de visages féminins, une carnation de porcelaine, des airs de femmes-enfants, comme des poupées dociles, et ces yeux noirs profonds.
La gamme colorée de gris, rose, vert et bleu avec des teintes très fondues contrastée violemment par le noir des yeux se retrouve dans des artistes contemporains comme Aya Takano. Je trouve d'ailleurs qu'il y a dans la douceur et dans l'élégance des silhouette une sensibilité très japonaise. Il n'est donc pas surprenant que la majorité des toiles présentes à cette exposition provienne du musée à Tokyô entièrement dédié à la peintre. Il aura fallu attendre plus de cinquante ans après sa mort pour qu'une telle rétrospective soit organisée en France. Il vous reste donc jusqu'au 30 juin pour en profiter !
Pour en savoir plus, je vous conseille ces deux articles :
http://www.evous.fr/En-fevrier-2013-grande-exposition-Marie-Laurencin-au-musee-Marmottan,1180400.html
http://www.franceinter.fr/evenement-exposition-marie-laurencin
Le site du musée Marmottan pour les informations pratiques :
http://www.marmottan.fr/
Autoportrait, 1905 |
Mademoiselle Chanel, 1923 |
Je suis passée devant le Musée Marmottan en allant chez Monsieur l'autre jour et cela m'avait donné très envie. Ton billet confirme cette première impression. Très bel article !
RépondreSupprimerMerci Marianne pour cette jolie découverte.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup son autoportrait ❤