20 juin 2011

Dilvish le Damné : la fantasy selon Zelazny

J'ai toujours aimé les récits fantastiques. Ado, j'ai éclusé avec méthode les rayons SF de la bibliothèque municipale. Le souvenir de La terre mouvante de Roger Zelazny m'a accompagnée des années. Trouver ce livre totalement épuisé était devenue une quête. Et quand j'ai enfin remis la main dessus, j'ai dû me rendre à l'évidence : si l'histoire était fabuleuse, la traduction était un désastre. Heureusement, la collection Lune d'Encre a réparé cet affront !

Grâce à une nouvelle édition, intégrale, sous le titre de Dilvish le Damné, ce chef d'oeuvre de la littérature de fantasy retrouve toute sa flamboyance. Non seulement le bouquin a été retraduit mais surtout, les nouvelles inédites précédant le roman ont enfin été publiées en France !

Dilvish est un mage très puissant.
De sa gloire passée, il reste des légendes qui courent dans ce monde médiéval fantastique où les magiciens sont à la fois redoutés et admirés. Dilvish est mort depuis des siècles, et pourtant, le revoilà fringant !
Métis elfe, équipé de bottes magiques, il est de retour des Enfers, chevauchant une étrange monture de métal, Ténèbres. Le cheval, doté de parole (et à la langue bien pendu), tient plus du démon que de l'équidé.

En une série de courtes nouvelles, nous suivons les aventures mouvementées de ce duo, avec des sauts de puce temporels. Le dénominateur commun : l'ombre de Jélarak, un sorcier maléfique qui terrorise jusqu'aux élites, plane sur le destin de notre héros. Se venger de cette némésis fantomatique est en effet l'unique objectif de Dilvish. Et quand il s'arrête en chemin, il n'oublie jamais cette nécessité impétueuse qui lui dévore les tripes.


Après la succession de onze nouvelles, le roman prend une dimension plus épique. L'histoire se déroule dans des terres mouvantes où les lois de la magie sont altérées. Au centre, un étrange château. Pour Dilvish, Jéralak serait enfin à portée de lame et de sorts.
L'intervention de Dieux très Anciens, directement inspirés du panthéon tentaculaire et gluant de Lovecraft, tord le genre de la fantaisie vers le récit mythologique si chatoyant et baroque qu'il devient drôle.


Zelazny est surtout connu pour l'excellent cycle des Princes d'Ambre qui revisite les mythes celtiques. Sa verve et son style coup de poing, dynamique et toujours dans l'action, se retrouvent dans Dilvish le damné. 
Petit à petit, le passé tumultueux du magicien se révèle sans utiliser l'artifice de long flash-back. L'auteur laisse de petits indices discrets et arrive à camper des personnages avec une épaisseur psychologique, sans céder aux affres de l'introspection.
Dilvish agit, se retrouve dans la mouise, et fonctionne à l'instinct pour se sortir de ses mauvais pas. Il ne tergiverse pas, n'a pas de dilemme moral, mais il n'est pas exempt de sentiments. Au fur et à mesure des nouvelles, le personnage se révèle plus complexe, et très ironique.

Zelazny utilise les poncifs du genre, manie avec distance et humour les stéréotypes sans jamais tomber dans la farce. Et, la virtuosité de son style, littéraire sans être ampoulé, donne un ton à la fois distrayant et palpitant. Un roman qu'on dévore avec plaisir, qui remplie la tête de paysages étranges, de beautés exotiques vaporeuses, d'héros pas causants, de combats grandioses et de créatures démoniaques, horribles et un poil ridicules.
Un régal, même pour ceux qui, comme moi, n'apprécient pas outre mesure le genre fantasy !

3 commentaires:

  1. Bon, bah devant tant d'enthousiasme, je ne peux que noter!

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  2. Marie :) merci. Tiens, le liens vers ton site est cassé, il manque le "c" du .com.

    Tu habites à St-Maur ?! Je passe de temps en temps là bas et la bibliothèque me fait envie :) Et c'est vraie que la Griffe noire a une certaine réputation !
    Merci pour ton assiduité ici !

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  3. Oui, je suis à St-Maur. La bibliothèque a l'air très belle depuis qu'ils l'ont refaite, mais je n'y ai pas encore mis les pieds.

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Merci beaucoup d'avoir laisser un commentaire ici !

Il s'affichera un peu plus tard, après sa validation.

Marianne