5 novembre 2012

Japonisme : 祈り - inori - prière

Petite séance de rattrapage sur un thème qui a été un peu délicat à aborder :祈り, inori, prière.

Je ne priais jamais.
J'ai eu une éducation résolument athé.
La prière était pour les grenouilles de bénitier.
La prière était pour les faibles.
La prière était inutile.

Et puis, j'ai été au Japon.


J'ai marché dans les jardins des temples et des sanctuaires. Je me suis purifiée la bouche, et les mains. S'incliner. Frapper deux fois dans ses mains pour attirer l'attention du Kami du lieu. Faire un veux. Encore, s'incliner humblement, et lancer une pièce dans la boite à offrande. Souvent, une pièce jaune trouée de 5 yen, pour plus de chance.

Un vœux pour soi, et surtout un vœux pour ceux qu'on aime.

Et j'ai compris l'essence de la prière. Pas besoin d'avoir une croyance spécifique, une religion avec un joli label dessus. Les souvenirs surgissent et les émotions sont là, toujours aussi vives.



Je dis souvent que là-bas, j'ai eu un choc spirituel. Je n'ai pas d'autres mots pour qualifier mon expérience. Le vocabulaire me fait défaut pour expliquer la profondeur du changement, la clarté que j'ai perçu.

Alors parfois, je prie.
Ma prière ne rentre pas dans les clous. Ne s'adressent pas à un dieu comme le conçoivent beaucoup d'autres. Ma prière n'a pas besoin d'écoute, pas besoin de système ou de structure pour s'envoler.
Je prie. Il faut juste que le lieu soit habité, sinon, je n'y songe même pas.



Je me souviens, enfant et adolescente, d'heures passées à contempler la mer. D'heures passées seule en forêt, dans un terrain vague, sur des chemins de campagne. Je réalise alors que la prière n'est pas si étrangère à mon existence. Je n'avais pas compris. Le Japon m'a permis de retrouver quelque chose que j'ai toujours eu.

À Tôkyô, ses jardins et ses lieux de cultes, ses quartiers résidentiels arborés étaient des invitations constantes à la prière. À Paris, c'est plus délicat. L'agressivité et la violence de la société n'ont pas de filtre. Mais parfois, lors de mes marches solitaires, je trouve un jardin, une église vide d'humain.



 Et j'adresse une prière...


Japonisme est une projet réalisé en collaboration avec Anne (trouveuse de mots magiques) et Virginie.  

4 commentaires:

  1. Quand il ne reste plus RIEN,
    reste la prière:
    la RENCONTRE
    avec
    l'essentiel!
    ✿海子✿

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  2. Petite correction, on jette une piece trouve de 5 ou 50 yens, la piece de 500yens n'est pas trouee^^
    Je suis catholique mais je n'ai jamais ete une vraie pratiquante, enfant, ma marraine m'emnenait parfois a la messe du dimanche matin et malgre les cours de catéchisme pour faire la communion je ne l'ai pas fait. J'aime beaucoup l'ambiance des temples et des sanctuaires au Japon, quand je fais dans un temple,je fais parfois une petite priere, mais je me sens comme une usupatrice car je ne suis pas croyante.

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  3. @Okasan : tu es toujours d'une grande sagesse...

    @frenchynippon : c'est l'inflation :P Tu as raison, j'ai corrigé ! C'est celle de 5 yen qui porte bonheur. En tant qu'étrangère au japon, le sentiment d’illégitime est assez fort. Les première fois, j'étais dubitative, j'avais envie de faire le geste mais peur moi de ne pas être à ma place. Alors, j'ai regardé, copié. C'est devenue une habitude. Le shinto étant plus un agrégat de croyance qu'une religion figé, je me suis sentie plutôt dans mon élément. Quand au bouddhisme, je partage certaine idées sans l'embrasser entièrement.

    Avant de partir au Japon j'étais anti-cléricale. Je me suis adoucie. Je ne peux pas prier dans une église s'il y a une messe ou trop de monde car à ce moment, j'éprouve justement cette impression d'usurpation.

    Mais, quand je suis seule, là seul l'ambiance du lieu compte. Après tout, la notion de croyance est tellement vague et immense...

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  4. Ah, comme je te comprend, je ressent la même chose sur ce sujet...

    Je parle même aux plantes que je plante, comme un vœu pour qu'elles poussent bien ^^'

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Il s'affichera un peu plus tard, après sa validation.

Marianne