Les
mots que tu ne m'as pas laissé dire, je te les ai écrits.
La
blessure, l'impuissance, la frustration, le renoncement aussi.
Sur
papier, coucher les faits, les émotions.
Sur
papier, proposer une solution d'ouverture, une possibilité, même
pas une demande.
Sans
froisser.
Sans
rendre les coups.
Dans
la pénombre et le silence, je suis sortie de toi.
Trop tôt. Pressée
par l’impérieux désir de vie.
Un lien de chair et de sang.
Invisible. Indéfectible.
Le
temps, les actes, les paroles tissent d'autres liens.
J'en
coupe certains.
Une
nouvelle fois, je sors de toi, de ton jeu, de ta réalité.
Sans
fracas, dans la lumière, en douceur.
Je
sors du silence sans un son.
Concise.
Précise.
Une
lettre état des lieux, un constat et un choix. Mon impuissance, l'impossibilité de communiquer. Alors, je me retire de la scène.
Je ne disparaît pas, je demeure en
coulisse, au calme et à l'abri.
Une
simple lettre.
Beaucoup
plus de sel que d'encre.
L'expression
d'un besoin vital : être entendu.
Un
papier plié alourdi de craintes, d'espoirs.
Une
main tendue effrayée d'être tranchée.
Je
repense au jardin d'une autre mère, à ses fleurs paisibles confiant leur
secret, dans le soleil d'une après-midi de printemps. Au têtards grouillants dans le bassin. Au vent.
La lettre,
dans le ventre d'une boîte, suit son chemin. Sur mon bureau, la
preuve de dépôt attend de retrouver l'accusé de réception.
Des
émotions contraires en suspens, fines et fragiles.
Des
pétales transparents. De la vapeur d'eau bientôt dissipée au
passage de l'été.
J'aime beaucoup. Il y a beaucoup de force dans tes mots.
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