19 janvier 2011

Library War : le rambo des bibliothèques ?

Quand une oeuvre parle de livres, mieux qu'elle incite à lire, j'ai immédiatement un a priori très positif. Toshokan Sensô (littéralement, la guerre des bibliothèques) est un dessin animé japonais en treize épisodes, sorti au printemps 2008. Il est adapté d'une série de romans pour adolescents de Hiro Arikawa, dont le premier tome est maintenant disponible en français chez Glénat.

Entre les encyclopédies, les revues et les romans, une mitraillette...

Cette série nous raconte les aventures remuantes et drôles de Kazahara, une jeune recrue bibliothécaire. Le contexte est particulier. Il s'agit d'une uchronie réinventant le Japon de ces trente dernières années.
Une loi d'amélioration des média est mise en place pour assurer un contrôle sur secteur, en prétextant une moralisation nécessaire et une protection de l'opinion contre les manipulations. Rapidement, le système est détourné. La censure touche bientôt tous les domaines culturels. Les bibliothèques sont le dernier bastion où les ouvrages ainsi touchés par l'opprobre sont encore disponibles au public.

Pour faire face à la radicalisation des actions du comité de censure, les bibliothèques se dotent d'un corps de défense. La situation évolue bientôt vers une guerre rangée. Un conflit étrangement encadré par la paperasserie administrative, avec des lieux définis et une plage horaire pour les combats. Quand on connaît l'ambiance martiale du Japon et le respect de l'autorité de son peuple, on comprend le réalisme de cette fiction d'anticipation.

La joyeuse équipe de bibliothécaires !


Dans ce contexte politique et social tendu où la lecture est menacée, s'engager comme bibliothécaire est un acte de résistance. Kazahara n'a jamais oublié sa mésaventure d'adolescente : elle s'est retrouvée par hasard au coeur d'une escarmouche dans une librairie et fut sauvée par un jeune bibliothécaire.
Impressionnée par la bravoure de "son prince", elle choisit cette voie dangereuse, contre l'avis de ses parents. Elle veut soutenir le droit à la lecture, surtout pour les enfants !
Mais elle déchante rapidement, harcelée par Dojo, un instructeur particulièrement exigeant qui n'est autre que son "prince". Ses supérieurs et ses collègues l'aident dans son apprentissage et peu à peu, la jeune femme s'affirme non seulement par ses compétences mais aussi grâce à son courage et à la force morale de son engagement.

Ici, on parle bien de la défense de la liberté de lire et de penser. Une liberté qui mérite de mourir pour sa protection. D'ailleurs, l'oeuvre s'inspire ouvertement de Fahrenheit 451. Le sérieux des propos est atténué par les inepties du quotidien, les situations comiques et des protagonistes haut en couleurs. Kazahara, une vraie machine de guerre, est aussi têtue qu'elle est fleur bleue et émotive. Elle a la larme facile sans être gnangnan : un tour de force ! Les personnages secondaires sont aussi très réussis, dans leur humanité pleine de contradiction.

Une distraction avec la réflexion de série et le style en option

J'ai découvert cette série avec la version animée, de très bonne facture. L'animation est de qualité (Studio IG), avec un travail de contour du chara-design dans la différentiation des plans soignés et esthétiques. Drôle et intelligente, la série bénéfice d'un bon rythme narratif. Et puis, en douze épisodes, avec un spécial, pas le temps de s'ennuyer ! J'étais donc très curieuse de découvrir l'oeuvre originale.

Cette dernière, d'une écriture passe partout, assez médiocre, a un peu de mal à installer l'action. Mais les éléments qui m'ont séduit dans l'anime sont bien présents, et avec plus de profondeur. La question de la liberté d'expression et de la censure est abordée sous des angles moins grandioses que les combats violents pour la sauvegarde des livres. On y trouve aussi des épisodes plus discrets et plus diplomatiques tout aussi passionnants.


La grande force de Library War réside dans la personnalité attachante de son héroïne. Remuante, un peu garçon manquée, elle est franche et volontaire. Dans l'adversité, elle révèle le meilleur d'elle même, ce qui ne l'empêche pas de craquer, une fois la crise passée. C'est un beau personnage féminin.
On pardonnera donc à l'auteur la faiblesse de son style car l'histoire, originale et dynamique, réussit à captiver tout en alliant des genres littéraires très différents. Un très bon divertissement entre aventure, histoire d'amour et politique-fiction. La série se compose de quatre volumes. Si vous n'avez pas le courage de lire le roman, je vous conseille quand même d'essayer la série animée !

La page de Wikepedia en anglais sur la série, très complète :
http://en.wikipedia.org/wiki/Toshokan_Sens%C5%8D

Le site officiel, en japonais :
http://www.toshokan-sensou.com

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Marianne