31 octobre 2011

1Q84 : ouverture de la trilogie de Murakami

Grâce à l'opération Les Matchs de la rentrée littéraire organisée par le site Priceminister, j'ai eu le grand plaisir de recevoir un exemplaire du dernier roman de Murakami Haruki, 1Q84 tome 1. Sans rien connaître de l'histoire, j'ai attaqué ma lecture, avide de découvrir quelles surprises étranges l'auteur réservait. Et le livre dépasse toute mes espérances...

L'étrangeté, une graine précieuse

J'aime attaqué une lecture vierge de toute opinion. Sans lire de résumé (j'ai eu quelques déboires avec des quatrièmes de couverture trop révélatrice), en ignorant les critiques. Cette fois, pas évident d'être sourde au battage médiatique. Un succès avant même d'être sorti. Comme j'aime énormément l'auteur, j'ai bravement fermé mes oreilles et ouvert mes mirettes.
Le plaisir est au rendez-vous !
Le titre, en forme d'hommage au 1984 d'Orwel, joue sur l'homophonie entre le chiffre neuf, qui se prononce kyû ou ku en japonais et la lettre Q prononcé à l'anglaise. 1Q c'est aussi 1 quarter, un trimestre en anglais, or le premier tome sous-titré avril-juin s'étend justement sur trois mois. En français le titre perd de sa saveur mais gagne en mystère.

Regards croisés

1Q84 alterne le point de vue de deux personnages, Aomamé et Tengo.

Aomamé est une jeune femme dynamique, saine et vigoureuse qui travaille comme coach de sport et professeur d'art-martiaux dans un club sélect. En parallèle à son emploi, elle rempli ponctuellement des missions d'un genre très particulier. Aomané complexe sur son nom ridicule (littéralement haricot de soja vert) et sa poitrine trop petite. Pourtant, la vraie fêlure est plus profonde, plus injuste.

Quand à Tengo, professeur de mathématique au physique avantageux d'ancien judoka, il s'entraîne avec assiduité à devenir écrivain. Si le style et la technique lui sont acquis, il manque d'un je-ne-sais quoi essentiel. Cette lacune pourrait bien être comblée quand une de ses veilles connaissances, un éditeur, lui propose un travail hors-norme à la légalité douteuse.

On suit Aomamé et Tengo dans leur quotidien, dans leur dilemme et leur engagement. On s'interroge sur leurs similitudes. Ses deux êtres partagent plus qu'une vie solitaire, faussement simple, faussement vide. On a envie qu'ils se croisent enfin, qu'ils se rencontrent...

Ni toute à fait la même, ni tout à fait un autre

Le roman s'ouvre en 1984 avec une reconstitution minutieuse de la période pour glisser doucement vers une réalité alternative. Le long d'un escalier métallique inusité, la perception d'Aomamé se modifie, la normalité établie et l'histoire se torde vers quelques chose de similaire et pourtant différent. La jeune femme le temps d'une décente périlleuse bascule de 1984 vers 1Q84 et nous entraîne dans cette autre réalité. Pas de Big Brother, pas de totalitarisme mais quelques événements ourdissent un présent subtilement différent, distillent un malaise croissant.

Cette impression est d'autant vive que Murakami rend ses personnages très réalistes, les ancre dans le quotidien. Les éléments capitaux de la vie comme le sommeil, les repas et le désir sexuel sont multiples. Aomamé et Tengo s'animent, prennent vie. Pourtant on sait peu de chose quant à leur aspirations. Il faut attendre patiemment que leur passé se dévoile pour mieux les comprendre. Murakami garde toujours une distance polie avec ses protagonistes. Quand les scènes sont crues, il manie une pudeur subtile. Et pourtant, on s'attache. Aomamé et Tengo se solidifie au fil des pages. Si leur essence reste insaisissable, on croit à leur existence. On est touché par leur vie.



Sur un souffle d'air

Murakami réussit la gageure de créer des protagonistes réalistes dans une réalité légèrement altérée. Il réussit aussi à captiver le lecteur, à lui faire croire à ce monde. Lorsqu'il aborde dans son récit des thèmes sérieux et douloureux, la réflexion qu'il suscite n'est pas superficielle. Il allie un talent de conteur formidable à celui d'un agitateur de matière grise, un humain intelligent qui s'interroge sur le monde et l'humanité.
IQ84 parle pêle-mêle de dérives sectaires, de passage de l'utopie au totalitarisme, de maltraitances faites aux femmes (de la plus petite remarque misogyne aux violences les plus perverses infligées à des enfants), de solitude d'une vie urbaine, du rapport au corps qui devient un simple vaisseau de chair entretenue pour l'hygiène mais vide d'émotion...

Ces thèmes profonds ne sont pourtant jamais traités en frontal. Toujours de biais, avec discrétion et humilité. Cette approche fine est aussi celles choisie pour incorporer les références culturelles et la documentation probablement impressionnante que l'auteur a dû rassembler pour cet ouvrage.
Murakami est précis, mais jamais pédant.
Son ton reste facile, léger presque.
Un roman étonnamment rapide à lire et captivant. D'ailleurs, je cours m'offrir le second tome !



29 octobre 2011

Défi Nuancier : le brun de l'octobre


Chez Libelul, l'octobre se pare de brun pour fêter l'automne.

De mes promenades dans la campagne charentaise, j'ai rapporté des photos, beaucoup de photos. Voilà donc une sélection qui obéit aux règles du nuancier.

A l'honneur, le marron et ses déclinaisons. Feuilles, écorce et terre. Un camaïeux de brun, juste pour vous !






27 octobre 2011

Photo 52 : flou

Flou. Un mot doux et tendre, onirique et mystérieux.
Flou, c'est le monde quand je retire mes lunettes. Une perception simple, naturelle. Voir flou, ressentir du flou. Un état instinctif pour moi, aussi nécessaire et inconscient que respirer.

Le thème du projet 52 de la semaine était donc pour moi d'une facilité déconcertante. Le travail était différent : canaliser son inspiration débordante et surtout sélectionner les photos. D'ailleurs, heureusement que ma cop's Viny m'a aidé !!!
Pourtant, il reste encore beaucoup de cliché. Votre aide me sera précieuse pour déterminer l'élue de la semaine !


La première série : du flou floral




La seconde série : du flou au vent




La troisième série : du flou graphique




La quatrième série : du flou piquant




 La cinquième et dernière : du flou flou




Alors, quelle série préférez-vous ?


26 octobre 2011

Tuer le père : illusion sous acide


les matchs de la rentrée littéraire
J'apprécie Amélie Nothomb. J'aime l'écrivain et la femme publique avec son grain de folie, sa distance qui frôle l'arrogance et sa perversité, cultivée avec finesse. J'aime la façon dont elle se met en scène et brouille les limites entre fiction et réalité. Pour son dernier roman, Tuer le père, elle nous raconte un histoire censément vrai, comme pour Une forme de vie. Mais cette fois, Amélie n'est pas un actant, juste un auditoire attentionné qui prête l'oreille à une aventure rocambolesque et tordue.

Entre Végas et les grands-espaces...

Lors d'une soirée où sont réunis les plus grands magiciens du monde, Amélie (ou une narratrice déguisée habilement en Amélie Nothomb), fine observatrice, remarque la tension entre deux des invités. Le plus jeune, Joe Whip, est une célébrité. Alors que ses tours monopolisent les regards de l'assistance, un homme plus âgé l'ignore avec superbe et ostentation.
Curieuse, Amélie se renseigne et nous livre un conte moderne, l'histoire de ces deux hommes aux doigt agiles.

Joe Whip a eu une enfance malheureuse. Élevé par sa mère, une femme aux moeurs légères, il se retrouve livré à lui même à 15 ans. Or, il habite à Réno, petite ville où se trouve aussi Norman Terence, le meilleur magicien du monde. Il vit avec Christina, une jeune femme douce, une artiste d'un genre particulier.
Joe débarque chez le couple, en quête d'un maître. Une relation étrange se met en place entre ses trois êtres : Joe en quête de savoir, Norman qui se sent investi d'un devoir paternel, et Christina, femme idéale, incarnation de la beauté souple et sensuelle.  


Famille recomposée, décomposée

En un roman court aux phrases légères et percutantes, l'auteur excentrique narre l'histoire de deux vies, de leur destinée. L'originalité de ce titre est d'abord de mettre en scène les relations entre des personnages masculins.
Joe n'a jamais eu de père et les hommes que sa mère a fréquenté n'ont jamais pu satisfaire sa quête d'une image d'autorité et de modèle. Norman n'a jamais eu d'enfant et quand Jo arrive sur le pas de sa porte, il prend très au sérieux sa responsabilité de professeur. Il veut lui transmettre plus qu'un savoir-faire et des connaissances sur la magie. Morale et éthique du magicien sont au programme.

L'intrigue s'esquisse. Tout les éléments sont en place pour que le manque d'amour de Joe soit comblé et l'éveil d'un amour paternel chez Norman trouve un sujet d'affection. Il y a Christina.
La jeune femme, jongleuse avec des bolas enflammées, est si parfaite en amante et amie qu'elle m'a parut étrangement lointaine. Un mouvement, la grâce, quelque chose de sauvage apprivoisé. Elle est un catalyseur. A son contact Joe s'éveille au désir sexuel et le mécanisme bien huilé d'un complexe d'oedipe se met en branle. Mais est-ce vraiment ce qui se trame ?


Brelan truqué pour un bluff

J'avoue, j'ai lu le début du roman d'un oeil distrait, pas vraiment emballé par l'histoire. Forcément, la question des relations père-fil ne me touche pas. D'autant que la présence de Christina est étrangement évanescente. Pourtant, peu à peu, je me suis laissée avoir. Des petits détails, la bonté de Norman, son intelligence, l'ambiguité de Joe, la droiture de Christina... Me voilà donc dévorant les pages. Pour une fois, je me suis faite avoir en beauté.
Amélie Nothomb tend à structurer ses romans toujours de la même façon, un tic d'écrivain peut-être. Par conséquence, je suis rarement surprise. Je sens arriver les retournements et souvent, non seulement je les anticipe mais je devine même leur teneur. Là, j'ai été totalement bluffée. Je crois que cet inattendu a contribué à me faire aimer ce livre.

Après tout, les magiciens sont les rois de l'illusion mais surtout de la manipulation. Et Amélie aussi a un talent certain dans ce domaine. J'extrapolerais même qu'elle nous a mijoté avec Tuer le père une mise en abîme pas piquer des hannetons, un livre léger et drôle, avec une pointe de folie clinique.

25 octobre 2011

Soleil levant, soleil mouvant




Au son du piano qui coule, l'automne court à ma fenêtre.

Les cieux rougis par la fraîcheur matinale embrassent une brume furtive. L'automne s'élève de la terre, comme la nuit. L'automne s'arrache des champs, elle nait dans le sous-bois. La pointe des fougères se crispe et se dessèche. Des volutes humides se tendent, se tendent et bientôt un lac calme de brouillard nappe les champs
Les nuages rubis s'enfuient, laissant le bleu trop bleu s'entendre à l'infini. Quelques lignes moutonnent encore. Résistance inutile à la mer cobalt.

Les cordes se mêlent au piano, une symphonie contemporaine et absurde. Tout n'est que poésie.
Poésie et colère.
Poésie et tourment.
Le rosé devient rose lumineux, rose orange. Il déchiquette l'horizon, hache la forêt et donne au miroir des eaux ses trésors de mystère. La musique s'adoucit, ralentit. De nouveau le piano attaque et s'impose au devant de la scène.
Comme le bleu trop bleu de ce matin d'octobre où je quitte Paris.




Découpé des arbres. Des bouts de ce bleu. L'automne court à ma fenêtre, grandiose, remarquable. Très loin là bas, au delà des villages et des près encore verts, une pointe carmine. Il est huit heures passée.

Le soleil est levé.

J'ai souvent l'impression que ma vie s'oriente, se courbe, dans les trains. En quelques heures je vois à ma fenêtre plus de paysage, de variété de formes et de couleurs, que durant des semaines, des mois. Et si le minuscule me fascine, je me nourris pourtant d'espace et d'horizon.

Un océan suspendu scintille en lévitation juste au dessus de la pointe rougeoyante de grenat.


Je comprend que l'on puisse préférer être démuni de tout que de vivre enfermé, déraciné. Dans la lueur déjà aveuglante du soleil levant, je comprend que les œuvres des hommes sont peu de choses pourtant, poésie des mots, des sons et des images vivent en harmonie avec notre planète. Sans le piano, la magie serait plus terne, sans le stylo, l'émotion moins profonde.

Aujourd'hui j'ai regardé un dieu ancien s'agripper à l'horizon. Face à cette immensité rassurante, je contemple ma vie.
Je suis heureuse d'être ici.
Dans ce mouvement. J'appartiens au monde. Et même si parfois, on ne se comprend pas toujours, le monde et moi, je suis fière d'être arrivée jusqu'ici, jusqu'à maintenant.
Fière d'avoir mon souffle, ma poésie. Dans quelques jours j'aurai 36 ans. C'est moins que beaucoup, c'est beaucoup plus que certains. Beaucoup plus que tous ces enfants...
Est-ce que les enfants de Fukushima auront aussi un jour le bonheur d'avoir 36 ans ?

Déjà, le bleu s'assagit. Il blanchit.

Le jour s'est levé. 


24 octobre 2011

"Après le tremblement de terre" : quand les esprits dansent

Après plusieurs semaines sans lecture, pour cause de surmenage intensif, j'ai dévoré un trop maigre recueil de nouvelles Après le tremblement de terre de Haruki Murakami, un auteur que j'affectionne particulièrement. Six courtes nouvelles composent l'ouvrage, avec comme fil rouge, l'ombre du tremblent de terre qui a meurtrit la ville de Kobe en 1995.

Des bouts de vie et de solitude

Si l'écriture de Murakami reste toujours aussi fluide et souple, les récits sont plus denses que dans ses romans. En un nombre très restreint de pages, Murakami réussi à croquer des personnages vivants, complexes. Il dévoile leurs failles, leur fragilité.
Une porte s'entre-ouvre sur le coeur des protagonistes, tous des êtres en rupture penchés au bord d'un précipice. Ils vont accomplir un grand saut vers l'inconnu, qu'il soit salutaire ou révélateur.

J'ai particulièrement aimé la seconde nouvelle réchauffé par un feu de camps au milieu de la nuit, et la dernière, où un écrivain ami des ours voit sa constance enfin récompensée. J'avoue, la présence dans le livre d'une grenouille géante qui sauve Tokô a également contribué à mon plaisir de lecture...


Un peu à l'étroit...

Si vous aimer déjà l'auteur, Après le tremblement de Terre vous plaira sans aucun doute ; vous retrouver la pointe de mystère, la touche spirituelle et décalée qui le caractérise. Cependant, pour découvrir Murakami, je conseillerai plutôt un de ses romans. Le passage de la nuit est mon favori pour une initiation.
Je trouve que ces nouvelles malgré leur poésie ont comme un goût d'inachevé. Là ou Yoko Ogawa maîtrise le genre avec virtuosité, Murakami pêche peut-être par une trop grande complexité des personnages, trop de thèmes se tamponnent. Il me semble que cet écrivain est plus à l'aise quand les pages sont plus nombreuses. Il arrive à ne jamais céder au remplissage, aucune longueur dans Kafka sur le rivage qui court pourtant sur plus de 500 pages.
L'intérêt principal, d'après mon amie Anne, dans la lecture des nouvelles, est d'y trouver l'ébauche de certains de ces romans. C'est son ressentit à propos du recueil Saules aveugles, femmes endormies qui se trouve donc maintenant dans ma PAL.

22 octobre 2011

Photo 52 : oscillation

Oscillation. Un thème abstrait pour cette semaine, propice à toute les interprétations poétiques; et pourtant, j'ai choisi l'évidence matérielle, la simplicité, un objet qui oscille...



Le Métronome

Battre la mesure, sans jamais faillir
battre la mesure, et toujours souffrir
le clac clac se répète, met martel en tête
de l'artiste médiocre, de l'aspirant velléitaire
qu'il pourrait sortir de l'ordinaire

Battre la mesure est son avenir
Battre la mesure sans se contenir
le clac clac résonne, parfaitement synchrone
ressort au mouvement lent et oscillant
perpétuel marqueur objectif du temps

Battre la mesure de toutes les blessures 
Battre la mesure sans connaître l'usure
Des espoirs qui fanent de rester profane
Quand on veut jouer la musique des anges
Mais que l'on végète encore dans sa fange

 



Pour les informations technique, cliquer sur les photos. Elles sont accessibles facilement à partir de l'album Picasa.

21 octobre 2011

Le 150 ème !


Pour le 150 ème message du blog, je laisse le clavier à un être hors du commun, très présent ici, et sans qui mon étang ne serait pas tout à fait le même : mon appareil photo. Il subit les assauts répétés de mes mains gluantes de grenouille sans broncher. 
Si j'ai parfois envie de matériel plus sérieux, si je me sens parfois un peu limitée, j'arrive toujours en bricolant à obtenir un résultat qui me satisfasse. Avec patience et un peu de retouche, je m'amuse bien !



"Bonjour, je m'appelle Mon-Ptitlumix. 
Un patronyme étrange, je vous l'accorde, mais donné avec affection. Et c'est plus classe que la version alphanumérique aussi chaleureuse qu'un bloc opératoire. Je suis fier de mon nom. Je suis aussi fier de ma couleur rose, certes pas très virile, mais je m'en tamponne le coquillard. Moi, je brille au soleil.

Je passe le plus clair de ma vie sur la route, je suis un vrai baroudeur. Même si je ne paye pas de mine, tout riquiqui, à l'abri dans ma chaussette protectrice vert pomme. En presque deux ans, j'en ai vu du pays. J'ai même été au Japon. Et je ne vous parle même pas de l'origine de mes composants super performants.
Je suis toujours en déplacement. Un business man doublé d'un aventurier. Pas mieux pour séduire les gonzesses. J'ai même ma poche attitrée dans le sac à main de ma propriétaire. Elle ne part JAMAIS sans moi, alors qu'elle abandonne sans sourciller sa Moustache et son lapin vorpale.

C'est pas pour me filer de l'importance, mais je suis quand même un pillier de son existence. Alors, j'encaisse ses demandes les plus exotiques. Parfois c'est dur. Je suis à plat, j'ai l'autofocus qui flanche, la lentille qui fatigue. Mais je persévère, je ne lâche jamais le morceau. Et dans les moments importants, je suis toujours au top. Réactif.
Sans moi, cet étang serait bien fade.
Les gros réflexes rutilant et encombrant n'ont qu'à bien se tenir, c'est pas demain la veille que je serai au placard. Moi j'vous le dis ! Je suis rose, petit, et j'assure ! " 

Mes photos sont accessibles sur ma galerie publique : 
http://picasaweb.google.com/Kaeruchan
Je suis toujours friandes de vos remarques et commentaires.
C'est aussi grâce à vous que je m'améliore, que je teste de nouvelles choses. Rien ne vaut la pratique. D'ailleurs, Le projet 52 de chez Bentoblog est un entraînement hebdomadaire qui m'a bien fait progressé !

La Horde du contre-vent : roman de rage et courage

Une langue de terre ravagée par les vents. A l'aval, au calme : des hommes, une structure sociale, des villes, une civilisation. A l'amont, les contrées sont balayées pas des vents de plus en plus dévastateurs à mesure que l'on s'éloigne de la tranquillité bienveillante des lieux de l'aval. Ils deviennent si fort qu'ils peuvent raser des maisons, raser toutes traces d'implantation humaine. Un groupe d'hommes, une horde soudée tel un bloc arpente ce monde hostile pour percer le mystère de la source du vent, à l'extrême-amont.


Immersion en zone de tempête


Roman épique et haletant, La horde du contrevent est l'oeuvre magistrale d'un auteur français au talent rare, Alain Damasio. Depuis longtemps, je n'avais pas lu un tel bouquin de fantasy si puissant, si féroce. La horde du contrevent est aussi un livre exclusif. Il demande un peu de courage pour s'attaquer à sa falaise raide de 700 pages et son alternance de points de vue entre 23 personnages.
Moi qui jongle toujours avec au moins trois ou quatre bouquins en cours, j'ai dû tout mettre en pause pour me consacrer uniquement à la lecture de la Horde.

Les débuts ont été laborieux : l'auteur a choisit de paginer à rebours son ouvrage et de signifier l'alternance de points de vue par des signes typographiques au lieu des noms. Si cette gymnastique m'a agacée – j'ai trouvé le choix pédant et volontairement compliqué – rapidement pourtant je me suis faite happée, aspirée dans ce monde où l'environnement impitoyable modèle les hommes dans leur chaire, endurcit leur caractère et leur volonté.
Je vous conseille vraiment d'attaquer la lecture avec au moins deux heures tranquilles devant vous. Sinon, vous risquez de décrocher et passer à coté d'un livre qui a sa place à coté de cycle comme Dune, Le seigneur des Anneaux, Hypérion...


Voyage vers l'inconnu

Le début de l'histoire est simple : la horde fait face à une tempête si terrible qu'elle risque bien d'être balayée. On les rencontre pour la première fois, ces vingt-trois héros, dans des conditions terrible, face à la mort, face aux risques imminents de lapidation par un vent si violent qu'il est solide. Une entrée en matière à la Zelzany, directement dans l'action. Peu à peu, le monde se met en place, on apprend à connaître les aspérités et les failles de chacun.
L'objectif annoncé est simple : atteindre l'extrême-amont en marchant car seul la confrontation avec les formes successives du vent permet de s'endurcir assez pour réussir. Cette horde est la 34ème. Toutes les autres ont échoué. Et le vent chuchotte qu'elle pourrait bien être la dernière, l'ultime horde...
Conteur merveilleux de la trempe d'un Gaiman, Damasio fait vivre son monde, nous le présente avec habilité. Avec patience, il construit son récit sans nous assommer d'éléments, il préfère nous plonger dans le bain, nous laisser boire un peu la tasse, tousser. Et quand on respire enfin, on est totalement accroc !


Attention chef d'oeuvre qui décoiffe !

Je ne vous dévoierait rien de plus sur l'histoire de La horde du contrevent. Elle allie la simplicité d'une quête linéaire et fanatique à la complexité de la vie, le désir de comprendre pourquoi et comment le monde fonctionne, d'un point de vue scientifique mais aussi philosophique.
Damasio ne contente pas de raconter, il transcende le romanesque et propose des théories, échafaude une réflexion sur la nature humaine. Il explore des sujets connexes, étend sa trame, et l'histoire gonfle pour devenir protéiforme, mouvante. La force de Damasio et de ne jamais perdre son récit. Les digressions ne sont pas un étalage de connaissances, les anecdotes sur le vécu des personnages ne sont pas de la poudre au yeux.
 Chaque ligne, chaque mots est réfléchi, utile, nécessaire. Au centre de ce maelström de vie et d'aventure, il y a le vent. Le vent qui façonne la planète et les hommes. Le vent qui écourte leur vie mais qui lui donne aussi son sens, sa beauté, sa magie.

Difficile de synthétiser en un article court mes impressions et analyse sur ce bouquin, tellement il m'impressionne. J'emploie avec conscience le terme de chef d'oeuvre. J'ajouterai aussi que la langue est délicieuse. L'auteur a accompli un travail remarquable sur l'étymologie des mots afin de créer des néologismes notamment pour termes techniques propres à son monde.
Géographe de formation, j'ai été très sensible à la précision et à l'exactitude de ses extrapolations sur la conception de son univers. Par le choix des mots qu'il tord et déforme pour adapter à cette terre, Damasio donne vie à son livre.

Damasio est un grand écrivain. Il réussit à faire de la littérature sublime avec de la fantasy ; ce genre où les auteurs délaissent trop souvent le style au profit de l'histoire, oubliant que la lecture c'est aussi savourer des mots, des phrases, des rythmes.
Comme écouter le vent...

18 octobre 2011

Mode d'emploi pour un atelier rutilent : du temps et de l'huile de coude

Pour quelques jours de tranquillité, je quitte Paris pour la Charente-Maritime, chez ma super cop's Anne. Depuis septembre, je suis prise dans la tourmente, entre un futur et hypothétique travail dont la charge devient très réelle et les aléas d'un quotidien remuant, fait de plâtre et d'envies d'écriture.

Ici, même les chiffons sont des artistes...
Il n'y en a pas deux pareils !
Pour deux petites semaines, je vais avoir mes journées illuminées par des séances d'expression libre colorées dans le joyeux atelier de la Cabane. Je vous avez déjà raconté mon ressentie de l'expérience et son déroulement concret. Je vais vous en dévoiler un peu plus sur les instants qui précèdent la magie, la basse besogne nécessaire pour que les participants profitent pleinement de l'activité !


Un lieu polyvalent et toujours accueillant


A l'Atelier, il y a les séances de peinture qui dure 1h 30. Et puis, il y a le reste du temps que passe Anne pour que tout soit prêt, propre et en bon état. Cela lui prend en général une bonne heure avant et après la séance pour installer et ranger.


D'abord l'atelier est un lieu polyvalent où Anne fait aussi de la peinture pour elle. Pour les séances d'expression libre, le lieu se transforme. Elle masque les grandes fenêtres par des panneaux de bois recouvert de papier craft.
Puis, au centre de la pièce, elle installe la table palette et ses couleurs guillerettes. La peinture utilisée est de la gouache totalement naturelle comme les pinceaux qui sont fabriqués par un artisan, à la main. Le coût du matériel est non négligeable.
Pour bien l'entretenir, il faut s'en occuper un peu tout les jours : mélanger la peinture, nettoyer et mouiller les pinceaux...
Anne accroche aussi les tableaux qui se sont par terminés au mur. Il s'agit de feuilles formats raisin. Parfois, elle doit seule fixer des grands formats de plusieurs feuilles en veillant à bien les ajuster pour qu'il n'y ait pas d'interstices. Anne est aussi la reine de la punaise !

L'heure de la trempette
Recyclage de couverte pour les mélanges
Les peintures aussi, on les hydrate !

Le grand ménage !


Une fois la sérance finie, vient le temps du rangement. Il faut attendre que les tableaux sèchent avant de noter au dos le nom de leur auteur et les archiver dans les pochettes correspondantes. Elle archive aussi avec soin les dessins au stylo effectués par les enfants pendant les pauses.

Ensuite, il y a le nettoyage. La tablette palette souffre à chaque séance. Les accidents sont nombreux, surtout avec les tout petits qui bousculent et font tomber les pinceaux avec des coudes baladeurs. Après chaque séance, Anne repeint la table pour qu'elle soit toujours impeccable. D'ailleurs, les peintures et pinceaux souffrent aussi. Parfois, il y a des mélanges accidentels, très gênant quand des couleurs claires comme le blanc, sont souillées.

Enfin, une fois que tout est rangé, nettoyé, les minettes de la maison viennent faire le tour du propriétaire histoire de faire les inspecteurs des travaux finis et de semer leur bouler de poils partout... et Anne sort l'aspirateur. Tous aux abris !!!


Tout est fin prêt !


14 octobre 2011

Photo 52 : automne

Cette semaine, la photo du projet 52 s'inspire de la saison, avec son thème automne. J'ai profité d'un déplacement à Rouen pour rendre visite à des amis perdus dans la campagne normande.

Au détour d'une petite promenade, dans l'air humide de la fin de mâtiné, j'ai observé.

Cette année, l’automne se lit d'abords dans le sous bois. Les fougères commence à brunir, se flétrir. Et déjà le sol se cache sous un tapis de feuilles mortes. Malgré les bottes en caoutchouc, je n'ai pas eu le courage de m'aventurer dans la forêt vallonnée et boueuse.

Le bord de la route dévoile facilement ses merveilles. Comme mon escapade était courte, je me suis contentée de saisir l'immédiat et le facile, à porté d'un déclic.


La découverte sur le bord de la route...

une observation fine...

Le choix : trois petites châtaignes serrées dans leur bogue


Les informations techniques sur la dernière photo :
ISO  80
Exposition  1/100 s
Ouverture  2.8
Longueur focale  6mm