30 mai 2013

Art contemporain : les nouvelles tendances s'affichent à Montrouge



Une fois par an, dans un magnifique bâtiment de Montrouge se tient un salon d'art contemporain dont l'objectif premier est de faire découvrir les étoiles montantes. L'entrée est gratuite et durant quatre semaines (jusqu'au 12 juin), amateurs d'art mais aussi galeristes et jeunes aspirants artistes se croisent devant les œuvres d'illustres inconnus appelés à un avenir radieux, ou alors vaguement au soleil.


 Une chance de percer au grand jour !

Ils sont plus de 2700 à postuler pour ce salon annuel, et un peu plus de 70 à avoir passé la sélection drastique. Chaque personne reçue expose quelques œuvres dans un mini-espace qui lui est dédiée, qu'elle s'approprie et où elle peut mettre son ambiance. La particularité de ce salon est qu'il offre l'opportunité à des artistes (français ou en lien fort avec la France) jamais exposés et un peu hors des circuit habituels de rentrer dans le monde du marché de l'Art et des galeries.

 En effet, pas besoin de sortir des Beaux Arts - la voie royale pour ceux qui souhaitent vivre de leur art - le salon de Montrouge s'adresse à tout ceux qui ont du talent et surtout un propos, une expression propre. Une fois qu'on a été exposé à Montrouge, son nom, sa bio et des informations relatives à son activité restent toujours accessible via le site web. Pour les artistes, la visibilité qu'offre ce salon est juste incroyable. Voilà pourquoi ils sont si nombreux à tenter de participer !

Pour le visiteur, Montrouge est un creuset à la fois de jeunes talents bouillonnants d'idées, de concept qui expérimentent sans limite, et en même temps, un révélateur des tendances générales de l'art. La sélection ne se fait pas au hasard et donne le ton à la fois de ce qui est à la mode (et pas toujours intéressant) mais aussi des grands courants d'inspirations. C'est la première fois que j'y allais. En effet, la manifestation est surtout connu des professionnels plus que du grand public. C'est dommage puisque c'est gratuit et très varié. Même les réticents à l'art contemporain ont des chances de trouver leur bonheur.


Parfois, la diversité sent mauvais !

À Montrouge, on trouve pèle-mêle installations plastiques, vidéos, sculptures, mises en scène mélangeants différent médium afin de nous transporter dans une ambiance particulière, mais aussi des travaux de peintures, d'illustrations ou de photos. La scénographie très neutre sert à bien délimiter les espaces de chaque artistes et facilite la circulation sans se perdre. Pour autant, le lieu n'est pas froid et nous ne déambulons pas dans ce qui aurait pu être un marché aseptisé. Comme lors d'une visite d'un musée ou d'une exposition, il y a une étrange impression de cohérence malgré l'hétérogénéité des œuvres présentées.




Sur la totalité, une dizaine d'artistes ont vraiment retenus mon attention car leur mode d'expression correspond à ce qui me touche. Dans un prochain article, je vous les présenterai avec quelques photos.

Mon seul grief concerne un plasticien qui a fait deux œuvres en "odorama" et qui n'était pas dans une pièce séparée. La conséquence extrêmement désagréable a été de devoir supporter la puanteur acre et nauséeuse de son machin dans TOUT le salon qui se situe dans une immense halle. À l'entrée il y avait juste une effluve désagréable mais au fur et à mesure que nous nous approchions du fond du bâtiment cela a fini par parasiter la visite. D'ailleurs j'ai volontairement refusé de voir le nom du malotru qui avait eu cette idée de génie... (Même si, en final, le commissaire d'expo est quand même plus à blâmer que l'artiste dans cette affaire).

Je ne regrette absolument pas ma venue, je suis même retourner une seconde fois admirer les œuvres qui m'avaient séduite. Cependant, la visite aurait être plus sympathique si je n'avais eu le besoin compulsif de porter un masque à gaz ou au moins, une écharpe sur le nez (très utile vu qu'on est au moins de mars).

Un lieu adapté et détourné !

Trêve de bile, le salon de Montrouge c'est aussi un lieu : le Beffroi. Ce bâtiment des années 30 est tout entier dédié à l'art, avec des salles de projection, une étrange bibliothèque dans une serre... L'escalier lui même, monumental est habillé pour l'occasion du salon. Le bâtiment, d'une belle architecture marie un design contemporaine à la structure classique. Il est idéal pour ce type d'installation. C'est un lieu conçu pour l'art avec de beau volume, clair sans trop de lumière directe, assez neutre pour ne pas brouillé l'effet des œuvres et en même temps, assez typique pour qu'on sente toute sa spécificité.

Pourtant, à l’étage, on trouve aussi une installation étrange, un OVNI. En effet, Florence Jung qui à décidé de louer son espace à un traiteur bio « la guinguette d'Angèle . Dans une ambiance champêtre on peut ainsi prendre une petite collation. Tout les bénéfices sont également répartis entre chaque artiste afin de revendiquer l'égalité de l'art et le refus de la concurrence monétaire que le marcher et son système de côte implique.

Une utopie fleurie et tranquille qui éclate les frontières entre art et quotidien, et qui offre une parenthèse douce et belle. Nous avons profité du confort et de cette installation et de la bonne humeur de la jeune femme qui tenait la buvette. La météo maussade avec la température hivernale et ses averses glacées fut soudain oubliée.
Un lieu intemporel, tranquille, idéal pour discuter de toute les belles choses que nous avions vus tantôt...



Alors, non seulement je vous conseille vivement de faire un tour au salon de Montrouge (facilement accessible en métro), mais en plus, arrêtez-vous au café éphémère à l'étage. Après tout, ce n'est pas tout les jours qu'on peut toucher et même s'incorporer à une œuvre d'art joyeuse et ouverte !


Le site officiel :
http://www.salondemontrouge.fr/

24 mai 2013

Le ciel de Neo-Tôkyô vu depuis le caniveau... Suite et fin



Pour lire le début de l'histoire c'est ici


Une odeur rassurante.
Son odeur. Une main fraîche sur ma joue. Du liquide sur mes lèvres. De l'eau ? Non, trop amer, plus nutritif. Une main sur ma nuque, ferme. Une décharge électrique dans le bras, la fracture est réduite. Cela va simplifier le retour à la normale. Il passe son bras sous mon torse et m'attrape fermement. Il m'aide à m'assoir. Le paysage devient net. Le ciel est d'un bleu plus doux. La journée s'annonce toujours chaude et pas un nuage sur l'horizon dentelé de la skyline.
— Je suis curieux de savoir quelle explication hautement intelligente tu vas me donner pour justifier ton état.
La voix enjouée de Vigo me tire de ma torpeur. Ses yeux noirs pétillent et il semble parfaitement à son aise avec son costume sombre sur mesure et ses chaussures cirées. Pourtant, sa cravate est légèrement de travers. Il porte la même chemise qu'hier matin. Un halo de grisaille sur ses joues creuses. Il n'a pas dormi. Une mèche brune s'échappe de sa chevelure bouclée, d'habitude domptée à coup de gel et autres produits capillaires ridicules. Je sens le renflement du holster quand il stabilise ma position.
Neo-Tokyo est l'une des mégapoles les plus sûre du globe, un endroit que nous considérons comme notre foyer. On ne se trimballe pas armé dans sa maison, pas même dans son jardin, à moins d'être un incurable paranoïaque. Vigo est un type prévoyant, mais pas un malade. Et il n'avait pas sorti l'artillerie hier soir quand je l'ai accompagné au club. Je me suis éclipsé juste après qu'il ait choisi sa marchandise. Une Philippine pulpeuse et majeure. Un cadeau du patron. Un de ceux qu'on ne peut pas refuser à moins de rendre certains de ses « amis » méfiants et si Vigo n'est pas parano, il fait en sorte que personne ne le soit à son égard.

Ses lèvres s'approchent de mes oreilles au moment où il me soulève et me met debout :
— C'est la dernière fois que tu fais ce genre de conneries. Je sais que la nouvelle sur Yamashita-san t'a contrarié, mais ce n'était pas une raison pour te foutre en danger.
Il inspire soudain mon haleine, son visage si proche qu'il me fait loucher. Et cette fois, le chuchotement cède sous la colère :
— Putain ! Tu as bu ?! Tu sais très bien quelles sont les conséquences...
Une respiration vive comme une lame. Rapide. Acérée.
J'entends les battements de son cœur s’accélérer à mesure qu'il réalise l'ampleur de ma bêtise. Il est hors de lui. L'odeur de ses émotions bouillonnantes me chatouillent les narines. Je me frotte les ailes du nez pour prévenir un éternuement. Je sens l'instant où il reprend le contrôle sur son tempérament fougueux. Il dit que c'est à cause de ses origines italiennes. Moi, je crois qu'il a juste un sale caractère. Je pourrai presque percevoir la diminution de sa pression sanguine.
Il n'a pas tord.
Apprendre qu'il est en contact avec Mère depuis tout ce temps alors qu'elle est sur ma hit-list m'a vraiment vraiment énervé. Je rationalise. Il a besoin de ses compétences pour comprendre ce qui arrive à mon organisme. Après tout, c'est elle qui a participé activement à ma fabrication. Elle reste une des meilleures généticiennes en vie depuis la Sale Guerre. N'empêche, ça fait des mois qu'il me ment... Certes, par omission, avec des sous-entendus, des subtilités de langage. Il sait si bien entourlouper le monde. Je n'ai plus l'habitude d'être de ceux qu'il arnaque. Je sais qu'il ne se considère pas comme mon maître et si je l'ai choisi, moi, cette décision est unilatérale...
Mes genoux me portent sans problème. Le liquide nutritif que j'ai avalé accélère mon métabolisme. Je m'étire, fait craquer mes cervicales et frictionne mon crâne avec assez de vigueur sur la ligne des fontanelles.
Il me jette un regard inquiet. Quand il parle, cette fois, sa voix a retrouvé tout son velour :
— K, je suis désolé de m'être emporté. Il est inutile de revenir sur le sujet. Laisse moi juste envoyer quelques échantillons sanguins à Arslan pour qu'il vérifie ta stabilité. Allez, viens, on rentre à Yanaka. Je suis garé un peu plus loin, devant le « Jardin du délice ».
J’émets un son, vaguement audible, vaguement humain à l'évocation du club de la veille. J'emboite le pas. Il ne se retourne pas, il sait que je suis à quelques pas derrière, aux aguets.

Je ne lui raconterai pas ma mésaventure de cette nuit.
Rien de bien intéressant et j'ai quand même un minimum d'amour propre, même si je suis une arme vivante. Avec le temps et surtout l'apprentissage des notions de libre arbitre et liberté, j'ai développé un égo. Avant j'avais honte d'échouer dans mes missions, d'être faible, honte et peur même de décevoir Mère. Aujourd'hui, parfois, j'ai juste honte si je ne me trouve pas à la hauteur. Et puis, bien sûr, j'ai toujours la crainte d'être de nouveau sans maître, abandonné, inutile, pire, être obsolète.
Périmé.
À jeter.
Une fois passé le choc d'entendre la voix de Mère au téléphone avec Vigo - j'ai surpris la conversation pas totalement par hasard, je savais qu'il me dissimulait quelque chose - je suis allé dans la maison de thé. Après trois heures de méditation je pensais contrôler ma rage. Mais le voir, au milieu des hôtesses, faire son numéro de charme, m'a soudain mis hors de moi. Je me suis souvenu, lui et Mère, au QG, il y a des années. Quand tout était simple. Quand j'avais le Maître, une affectation et une seule raison d'être. Et Vigo, si familier avec elle, cavalier même. Il l'appelle par son prénom mais avec moi, il utilise toujours son nom et le suffixe « san » comme si la distance des mots fabriquait une distance affective, atténuait son manque de retenue de jadis et sa fascination actuelle pour une femme qui a survécu.
Alors la vielle envie de sang et de tripe a surgi.
L'envie de viande crue et d'os qui craque sous la dent. Le liquide encore tiède qui gicle. La puanteur quand le sphincter se relâche. Je ne vais pas buter un quidam pour me calmer. J'ai trop de respect pour la Vie. Mère me l'a inculqué. Il m'en reste encore quelques miettes, de ce dressage systématique. Encore assez, pour passer mes nerfs de façon utile. Alors, je suis parti.
J'ai trouvé un autre club, un que je sais tenu par une branche assez annexe de rivaux de nos « amis ». Un endroit où je pourrais faire du grabuge sans risque. Avec ma dégaine, ma simple présence dans une boite de jazz mielleux - piètre devanture pour un commerce de femmes plus ou moins consentantes - était un appel aux emmerdes. J'aurai géré si je n'avais pas bu. La lumière tamisée, l'odeur de l’alcool, des parfums et de la transpiration. La musique suave, occidentale avec des cuivres, raisonnait sans agresser. Une mélodie assez mélancolique. La femme au bar, élégante, grande pour une Japonaise, en costume avec des bretelles et un nœud papillon, m'a servi un verre, sans rien me demander. Son regard noir avait une douceur presque familière.
Et j'ai bu.
Je ne sais pas pourquoi. J'ai bu.
J'ai écouté un moment la musique avant que plusieurs types ne viennent s'assoir trop près. Après, c'est un peu flou. Je n'ai pas tapé le premier ni répondu aux insultes insipides. J'ai répondu à la bousculade. Normal. Mais j'ai répondu sans enthousiasme. Mon envie de sang s'était comme dissoute dans le son sirupeux et dans le goût herbeux un peu amer de la boisson - un martini je crois. L'effet de l'alcool a été immédiat ; réflexes ralentis et difficulté de jauger la contraction des muscles. Je ne voulais pas tuer. Juste une baston. Un passe temps inoffensif mais rien qui puisse avoir des conséquences sérieuses. J'ai réalisé, horrifié, que soit je me défendais à pleine capacité de tueur méthodique soit je prenais une dérouillée. J'ai opté pour la seconde solution mais pas assez vite. Le videur avait déjà prévu les sbires du tenancier et mon problème a escaladé de clients crétins à yakuza débiles.
Et j'ai fini dehors, avec une bonne commotion cérébrale qui n'a pas arrangé mon jugement déjà endommagé par l'alcool.

Virgo déverrouille la voiture et s'installe à droite, à la place du conducteur. Je balaye la rue du regard. Il m'ouvre la portière et se penche un peu. Cette fois, il ne tente même plus d'avoir l'air cool ni de dissimuler sa fatigue. Je m'en veux.
— Je suis navré pour cette nuit. Je te présente mes excuses.
Ma voix est presque couverte par le camion benne qui passe sur le boulevard et le flot de taxi qui démarre quand les feux de signalisation passe au vert. Je monte dans le véhicule et met ma ceinture. Il me regarde et pose ses deux mains sur le volant.
— Ne recommence pas, c'est tout. Tu aurais pu m'attendre. Je suis resté même pas une demi-heure avec la fille.
Ses mains se crispent. J'acquiesce une affirmation. Sa main droite se relâche et ébouriffe brièvement ma chevelure - tignasse selon lui - blanche. Je vois mon reflet dans la vitre avec le résultat de son action : ma tête ressemble à un pissenlit prêt à semer aux moindre souffle.
Il sourit.
— La prochaine fois je suggèrerai à Kaneda autre chose en guise de cadeau. Pachinko ?
La promiscuité avec une population d'âge mûr qui a n'a plus comme rêve que de regarder le mouvement d'une bille de métal, en espérant gagner assez pour survivre jusqu'à la fin de la semaine en cours, m’insupporte. Je secoue vivement la tête de gauche à droite.
— Hum, tu as raison, trop bruyant. Un repas dans son restau de Ginza, celui réputé pour son sashimi ?
Encore une fois, je secoue la tête et exprime mon désaccord avec un vigueur redoublée.
— Tu as raison, j'avoue que si j'aime le poisson cru, le manger sur une bestiole encore vivante me coupe l'appétit. Alors, un passe d'une journée pour Kitty Land ?
Cette fois je grogne. Kaneda magouille aussi dans les parcs d'attraction. Ce type n'a peur de rien...
— Ha, je sais. Que tu lui files un coup de main pour sa prochaine interrogation ?
Je sens mes lèvres s'incurver. Je ne peux pas m'en empêcher. La torture est une technique nécessaire, une fonction de base à l'arme que je suis. Je n'y éprouve pas de plaisir, sauf si j'ai entre les mains quelqu'un qui a posé un problème à Vigo. Ou à feu le Maître. Ou une personne que j'apprécie... bon j'avoue, ces dernières années, l’exercice est devenue relativement plaisant mais cela reste une nécessité, pas un passe-temps.
— Tu manques d’enthousiasme. Peut-être juste un bon match de boxe, avec toi comme participant et moi qui mets un pari.
Cette fois je souris. Rien de mieux qu'un bon combat clandestin pour passer ses nerfs. Moins risqué et plus fun que ce que j'ai tenté d 'accomplir ce soir. Cette fois, je lui réponds :
— Ok, mais à condition qu'il n'y ait que du thé ou, à la rigueur du jus de fruit.
— Parfait. C'est une promesse !
Il met le contact et s'engage dans sur l'avenue Yasukuni pas encore totalement saturée, en direction de la maison.

* * * * *


Cette histoire n'est un petit morceau d'un ensemble plus grand, un bout d'un puzzle que j'assemble pour me changer les idées. Ce projet est une sorte de récréation quand je rame trop sur l'écriture de mon roman en cours.

Si vous avez appréciez, dites le moi,  cela me motivera à continuer et à partager ce récit avec vous.


21 mai 2013

Kishi bashi : de l'electo-pop à mettre dans vos oreilles sans modération !



La vie est bien faite.
Je découvre un soir la musique étonnante Kishi Bashi via la sélection du site musical Deezer auquel je suis abonnée. C'est le coup de foudre ! Et je vois que l'artiste est en concert à Paris le lendemain, alors je me précipite. L'expérience est extraordinaire tant pour le son que le spectacle.


"151a" un premier album merveilleux !

Kishi Bashi est un musicien americano-japonais qui aime marcher hors des clous. Violoniste classique de formation, il bidouille les sons, innove, mélange instrument et voix avec beaucoup de talent.

Son premier album vient de sortir début mai en Europe. Le résultat est non seulement génial aux oreilles mais surtout dépaysant et joyeux. Résolument indépendant, sa musique oscille entre une pop sympathique et enlevé et de l'électro expérimentale. Il y a quelque chose qui marque, une originalité déroutante qui donne envie d'arrêter ce que l'on fait pour vraiment écouter et pas juste l'entendre.

Tout les morceaux ont une âme, une couleur. Certains sont enlevés et sautillants, d'autres plus mélancoliques et pleins d'émotions. Le chemin reste toujours léger, frais et pourtant, rien à voir une pop sitôt écoutée sitôt oublié. Kishi Bashi surprend et titille nos tympan.




Son album 151a joue sur les sons et aussi la signification même de son titre, comme l'a fait Murakami pour 1Q84. En effet, 151a se prononce"ichi go ichi e"  et fait référence à un concept japonais. Littéralement cela veut dire « un moment, une rencontre », la traduction est plus "seulement cette fois" ou "une seule chance dans tout une vie". Cette expression est très usité dans le zen et la cérémonie du thé. Il s'agit de l'accueil que l'on fait au visiteur en savourant l'importance de l'instant, conscience de l’éphémère. Chaque cérémonie est unique même si les éléments semblent les même. Ce concept nous invite à prendre soin de la rencontre.

Le sens de 151a correspond parfaitement au contenu de ce disque mais aussi à ce que j'ai ressenti à son écoute : la sensation vivre d'un instant précieux. D'autant plus magique quand on songe quelle sérendipité a conduit à ce que je le découvre exactement la veille de la présence de l'artiste dans ma ville.


 Photos promo : http://www.joyfulnoiserecordings.com/kishi-bashi/


The Kishi Bashi live experiment !

Kishi Bashi en concert est une autre expérience, une autre musique.
Dans la petite salle du Nouveau Casino et ses lustres baroques, Kishi Bashi prend toute son ampleur de joie et de fougue. Seul, il joue du violon et jongle avec les samples. Sa voix claire et haut perchée nous entraine, lancinante comme les sons de son instrument. Et puis, tout à coup, il enchaîne et passe au beat-box en guise de rythmique qu'il réutilise en sample dans la foulée.




Son énergie déborde de la scène, il danse, vivant et remuant. Il communique son enthousiasme et son plaisir de jouer et de chanter à un public conquis. Durant une heure, il réarrange ses morceaux leur donne une autre dimension. Une espèce d'énergie positive s'empare de la foule. Nous sommes heureux d'être là, ce soir, à profiter pleinement de cet instant. Une vibration commune et un partage autour d'un artiste généreux.

Quand je me retrouve dans la rue, avec mon amie Anne, nous sourions, le cœur léger, comme lavé par une vague d'humeur joyeuse. Avec mon vinyle sous le bras, La ville m'apparait soudain moins hostile, avec une musicalité nouvelle, pleine de promesse.
Merci l'artiste !



Vous en voulez plus ?
Le site de l'auteur : http://kishibashi.bandcamp.com
Une interview très sympa : http://www.splashmysound.com/kishi-bashi-interview-12/
L'article de Camille qui était aussi au concert *_* : http://stendhal-syndrome.fr/2013/05/15/chroniques-culturelles/kishi-bashi-lodyssee-musicale/
Une autre critique de l'album : http://www.splashmysound.com/kishi-bashi-151a-l-lp-review-joyful-noise-recordings/
La page wikipedia : http://en.wikipedia.org/wiki/Kishi_Bashi

Une play list sur youtube pour écouter l'album : https://www.youtube.com/playlist?list=PL1kTIGE_bz77yq4BAWXP80d3LbB79qeXx

17 mai 2013

L'iode et le bleu des souvenirs.




Quelques jours à Nice, à flâner dans les rues piétonnes, à regarder la ligne d'horizon toujours changeante depuis la Prom. Quelques jours pour des moments privilégiés avec des êtres qu'on aime. Et surtout, quelques jours pour voyager dans les souvenirs, dans les méandres des histoires familiales.

Retourner à Nice, ma ville natale, était cette fois un voyage particulier. En décembre, j'avais fait le chemin seule, pour une rencontre privilégié avec ma mère. Cette fois, je voulais aussi tenter de combler la brèche avec mon père, béante depuis l'été dernier. Rétablir un semblant de normalité en toute conscience de nos différences et de son incapacité à me comprendre, à s'excuser pour les blessures infligées, parfois avec intention. À mes côtés, mon compagnon, un soutien moral tenace sous ses poils de moustache.

Ma mère et La Moustache


Le temps était changeant. Clément les premiers jours, il a viré à la pluie le jour où j'ai revu mon père. Pas un orage dévastateur, mais juste une pluie salutaire, pour nettoyer et du vent pour balayer la pollution. Du gris pas vraiment triste, du gris sans nostalgie. J'aime trop ma vie aujourd'hui pour regretter les illusions du passé.


Brochette de quidam tous nominés dans la catégorie "Senior"

Par contre, je sais profiter des petits trésors impromptus comme la vision océan de ces bocaux de pharmacien sur la brocante du cours Saleya.
Ma mère se souvient de son père herboriste et les anecdotes s’égrainent comme un chapelet précieux...

Un carton de santons en porcelaine pour glisser dans une galette maison ou décorer la crèche de Noël. Autant d'images fortes, de petits résumés de l'ambiance de cette ville.





Et quand je reviens à la maison, la besace pleine de photos, de pots de miel et de confiture, j'ai l'impression d'avoir accompli quelque chose de très grand. Très important.
Une chose qui me dépasse un peu, qui me lie avec ceux de mon sang qui sont morts bien avant, ceux que je n'ai jamais connus.

Mon regard sur la Côte d'Azur s'adoucit même s'il reste très affuté et manque de tendresse. Cependant, j’apprends à me concentrer sur ce qui me touche et j'oublie le reste.

Me voici de nouveau à Paris ; les mains me démangent d'écrire toutes ces histoires que je porte et que je nourris. Du bleu dans la tête et un océan infini et mystérieux dans le cœur. À explorer !


11 mai 2013

Regarde le ciel !


Demain matin, très tôt, je quitte Paris pour quelques jours. Direction Nice.
Je ne pars pas me mettre au vert, juste changer de couleur de bitume, changer d'atmosphère et renifler un peu d'iode.

Je vous laisse donc en compagnie de quelques photos, prises à Montmartre, en décembre.

Parce que si les immeubles nous grignotent l'horizon et nous écrasent, le ciel est toujours là, au dessus de nos têtes. Il suffit de lever les yeux pour changer un peu de perceptive sur la ville, sur la vie : les toits des immeubles en zic, le parasol des branches et les nuages... 
De la liberté à porté du regard !






À très bientôt !

10 mai 2013

Le ciel de Neo-Tôkyô vu depuis le caniveau...





Voici un petit texte pour le fun, une scène extraite d'un projet de roman que je construit comme un puzzle, quand mon projet actuel devient trop prenant ou que l'inspiration me manque. Bref, c'est une sorte de soupape quand je veux me changer les idées !

Mais cette prose a également été rédigée pour participer au défi organisé sur le blog de Caroline "Parisianshoegals". Les contraintes étaient multiples : utiliser le présent, faire une description urbaine inspirée d'un poème, et utiliser pour cela un certain nombre de mots imposés.
C'est la première fois que je me prête à ce type d’exercice et j'ai adoré ! Si vous voulez participer, vous avez jusqu'au 19 mai pour soumettre vos textes.



* * * * *


À genoux, je contemple le caniveau de Neo-Tôkyô. Un spasme. Encore un. Un mouvement flou, juste à la périphérie dansante de mon regard. Un coup. Encore un. Cette fois, je m'écroule, le bitume me râpe la joue. Mes boyaux se tordent, je vomis de la bile. Une masse jaunâtre, acide. Sa teinte me rappelle l'ambre gris des baleines. Et j'ai autant de grâce que le cétacé, échoué ainsi sur le bord du trottoir.
Deux paires de pompes devant mon nez : des converses avec un vieux drapeau délavé des States quand la notion de fédération et le mot « unis » avaient encore une signification, et puis des mocassins classos, en vrai cuir, d'après la texture. Probablement hors de prix. Un coup de pied m'explose l'arcade et ma vision se teinte de pourpre. J'ai déjà le nez cassé.
Un ricanement.
— Allez, viens, le môme a son compte.
— Ouais. T'as compris, hâfu, surenchérit le lascar s'adressant à moi, les types de ton genre n'ont rien à faire dans le Kabukichô. La prochaine fois qu'on te choppe, on te saigne.
Sombres abrutis. 

Hâfu. Half. 
L'insulte tombe à plat. Il croit que mon teint blafard et mes cheveux blonds blancs sont le fruit d'un métissage. Quel con, s'il savait, il se ferait dessus. Je n'ai pas l'énergie pour remuer ma langue, alors je ferme ma gueule. Le bout de mes doigts picotent. Les deux branques s'en vont, d'un pas tranquille. Je renifle. L'air siffle contre le cartilage endommagé de ma cloison nasale. J'échantillonne leur odeur et la range dans le coin dédié de ma mémoire.

J'ai été con, je ne supporte pas l'alcool. Cela brouille tout, ralentit mon métabolisme et fout le bordel dans mon processus de régénération. Cela me met tellement en vrac que j'ai même une illusion de douleur, comme si mon cerveau d'arme vivante s'humanisait soudain. Comme si l'information pouvait se transformer en sensation déplaisante.
Un goût de fer dans ma bouche. Je crachote du sang.
Sous ma peau, le bitume est tiède. Il n'a pas plu depuis une semaine. Un record en cette saison malgré l'humidité ambiante qui excède les 90 %. Il est quatre heure du mat et la température dépasse déjà les 30 degrés. Canicule et alcool, deux éléments qui m'engourdissent, me détraquent. C'était vraiment débile de chercher les ennuis. Et le bitume est tiède. Poussiéreux. Acre. Je sens la transpiration mouiller mes aisselles et mon dos. J'adresse une prière aux Dieux pour une averse purificatrice.
Mon cou est raide, trop raide. Une autre vague de nausée, l’œsophage me brûle, mais cette fois, je ne gerbe pas. Je n'ose pas bouger. Les yeux ouverts, je contemple la rue et ses néons vacillants dans la blancheur d'une nuit d'été mourante ; je somnole, les paupières à demi-closes, l'ouïe aux aguets, le reste au repos. Ça serait trop con de me faire planter ou pire, dépouiller. Quand les premiers rayons touchent le verre des buildings, une explosion aurore me crame la rétine. Fleur de souffre et rougeoiement avec des reflets incarnats sur le métal. Les vapeurs méphitiques des égouts desséchés détournent mon attention sur un sens moins infirme.
Depuis que le connard m'a filé un coup avec sa batte sur le rocher, j'ai le nerf optique gauche qui déconne. En temps normal, le quartier est dans des tons criards avec des enseignes et les écrans de publicités qui présentent des galeries photos de bouffes ou d'hôtesses stéréotypées. Deux types de nourriture pour des besoins différents et tout aussi instinctifs. Mais, là, les couleurs s'apparentent à un feu d'artifice permanent. Violent. Aveuglant. Un hanami qui dure des heures, dans le silence relatif de la ville endormie, un hanami qui survit même au levé du jour.

Je pourrais bouger le bras, attraper mon phone et lui demander de venir me chercher. L'appeler à la rescousse. J'imagine sa tronche, à me trouver là, étendu par terre, à plat ventre, une queue de renard à proximité, la gueule en sang, le bras gauche fracturé, et les deux rotules hors-service. Je bouge mes doigts de pieds et doucement, relève un peu les jambes. Les rotules ça va mieux, j'ai quand même encore assez de jus pour régénérer.
Pathétique. J'aurai presque honte.
Je mobilise toute mon énergie et j'arrive à me rassembler un peu, ramener le membre endommagé pour éviter qu'un soulard ne marche dessus. Un gémissement et j'arrive à hausser une épaule, me regrouper en contractant au maximum la ceinture abdominale, passer sur le côté, constater que j'ai au moins une côte fêlée mais déjà presque ressoudée, et enfin, m'étaler sur le dos. Le mouvement m'envoie dans les étoiles. Pourtant, il est déjà cinq heure passée et la nuit s'est carapatée, ou presque. Elle trainasse encore, à l'ouest, au-delà de la ligne aérienne de la Yamanote qui surplombe le quartier et se faufile entre les tours couleur cendre. Je devine la ligne céladon du mur végétal qui borde la voie. Le premier train vient de passer. Je me souviens soudain de la texture sous la pulpe de mes doigts du grès de mon premier bol en raku, qui git broyé dans les décombres de mon ancien foyer. Là où le Maître a perdu la vie. 

Sur le boulevard, pas loin, la circulation reprend ses droits et si je ne me bouge pas, un bon citoyen va venir voir ce que je magouille. L'izakaya en sous-sol vient de fermer. Le patron est sorti, m'a coulé un regard curieux, a décroché son noren, et remballé la carte avec précipitation. Il a vu le sang. Un couple illégitime avec un quadragénaire bedonnant et une nana qui semble à peine majeure sort d'un immeuble avec bar à putes à tous les étages. Enfin, à hôtesses. Le Japon a toujours maintenu une façade de pudibonderie comique. La fille a les yeux verts, mordorés comme un chat. Une Aberration. Elle hésite un instant. Elle reconnaît ce qu'elle pense être un compagnon d'infortune, issu d'une bidouille génétique ou pire, un rejeton de la Guerre Sale. Mes yeux rouges, ma peau d'albâtre, translucide presque, avec le réseau de mes veines qui dessine la carte étrange de mon circuit sanguin. La fille sent le sexe, le shôchû mal distillé, une fragrance acidulée et le musc. Je retrousse le nez, retrousse la lèvre supérieure et dévoile mes canines brillantes de salive dans une grimace qui n'a rien d'amicale. Ma gorge vibre. Un grognement sourd. 
 Ok.
 Je suis plus endommagé que prévu.
Elle détourne la tête et se serre contre son compagnon. Ils accélèrent le pas, elle manque de se tordre une cheville. Je scrute ses jambes nues qui s'éloignent dans le ciel majorelle d'un petit matin tranquille. Ses chaussures rouges vernis claquent. Un battement qui raisonne sur les murs lisses d'un building de verre. Un écho au pouls dans ma tempe. Je sens une accélération, un flux rapide. Je cligne des paupières, le ciel vire au lavande à moins que ce soit parme ou bien orchidée. Un nom de fleur. Puis, depuis la périphérie, le gris mange tout, un gris tourterelle - j'entends leurs battements d'ailes - puis anthracite et corbeau. J'émets un son. Karasu. Un croassement.
Rideau. 
* * * * *


Si vous êtes arrivé jusqu'ici, merci de m'avoir lu !!

Dans les conditions de participation, il y a une limitation de longueur. Pour m'y tenir (à peu près) j'ai dû tronquer la scène. Est-ce que cela vous tente que je publie la suite ? 


6 mai 2013

Une histoire de cheveux !



Ranger son lieu de vie permet aussi de ranger sa tête. Et se pomponner, prendre un peu soin de son corps a le même effet vertueux. En se lavant, en s'habillant pour se sentir jolie, on nettoie un peu de l'amertume et des frustrations qui s'accumulent dans notre cœur. On s'accorde du temps, on cultive sa confiance. J'ai découvert avec surprise que, parfois quand on n'a pas le moral, rien ne remplace un petit tour chez le coiffeur !



Oui, je vais vous parler de cheveux...

J'ai longtemps négligé mon apparence physique ou plus exactement, y consacrer un effort et surtout un budget très minimum. Pour moi, l'important était d'avoir des fesses propres. Le maquillage, l'habillement et le fait de s'apprêter étaient superflus et même inutiles. Une paire de Doc vertes, un jean ou une mini-jupe et un t-shirt à l'effigie d'Obituary ou d'Iron Maiden taille XL était l'expression tangible de ma féminité. Avec les années, j'ai troqué les doc pour des chaussures plus confortables et appris à mettre des fringues plus seyantes (selon mon opinion, en tout cas).
J'ai trouvé un style qui me correspond, un style harmonie entre ce que je suis et ce que j'ai envie de montrer.
Par contre, j'avoue, la tignasse est restée en plan. Adolescente et même jusqu'à plus de 25 ans, mes cheveux ne croisaient pas de brosse tous les jours et la coupe était maison. Quand on a les cheveux longs, payer une fortune pour qu'une personne enlève dix centimètres au lieu des deux demandés, tout en déblatérant des inepties sur le dernier reality show de la TV poubelle ou pire, de la vie sexuelle de stars, membres d'une royauté quelconque ou célébrités sur le retour (rayer la mention inutile) me paraissait d'un masochisme crasse. J'ai donc apprivoisé les ciseaux avec plus ou moins de succès et continué de mettre toute ma thune dans des livres et des BD.






Nouvelle Scène, ça (dé)coiffe !

Un jour j'ai compris que les coiffeurs n'étaient pas tous les mêmes. Je n'achète pas mes bouquins à la Fnac et j'évite de faire mes courses alimentaires en grand surface, je choisis des solutions alternatives, je donne mon argent à des personnes qui le méritent. J'ai découvert qu'il existe des coiffeurs indépendants, des vrais artisans avec une passion. Des personnes sympas, compétentes et qui aiment leur taff.

Parfois, certaines choses prennent du temps à faire leur chemin dans mon crâne de grenouille. Après des années à me tailler le bazar toute seule, j'ai donc confiée ma tignasse entre les mains d'un tiers, en me disant « au pire, ça repousse ».
La grande surprise fut la suivante : couper les cheveux fait du bien à la tête, ou plus exactement, au moral. Je ne doute pas que pour beaucoup ce genre de révélation n'attend pas d'avoir la trentaine bien entamée, mais dans certain domaine, je ne suis pas très avancée (ok, voire totalement et irrémédiablement à la masse).






Mon choix de coiffeur a été conditionné par sa capacité à couper la tignasse de La Moustache qui a sur la tête une masse indomptable s'apparentant d'abord à un balai brosse, puis à champignon atomique et enfin au casque d'un playmobil en fonction du cycle de repousse.
Un coiffeur capable de s'en sortir avec ça mérite forcément ma confiance. Voilà comment j'ai atterri chez Nouvelle Scène, un salon tenue par Aleksandra. Elle est seule dans sa boutique et c'est donc un service totalement personnalisé de l'accueil chaleureux jusqu'au choix de la musique. Au passage, il vaut mieux aimer le gros son et l'electro, si vous êtes fan de Julio Iglesias et Julien Clerc, vous risquez de vous sentir en terrain hostile.





L'ambiance du lieu est très rock, avec des affiches de nanas tatouées, et surtout, partout des photos de chanteurs, des pochettes de disques, parce qu'ici, la musique a autant sa place que les bigoudis. La clientèle va des petites mamies du quartier qui viennent pour leur mise en plis à des loustics appartenant à des tribus plus extrêmes, punk ou gothique, en passant par les parents qui ramènent leur bambins.
Quand on se fait couper les cheveux chez Alex, il y a forcement un môme qui se colle à la vitrine pour lui faire un coucou ou même rentrer comme une flèche pour lui donner un bisous. Ici, c'est simple, amical.
On se tutoie.
On discute, on partage et on découvre.





Le temps file.
Quand on se retrouve dans la rue, délestée de 60 euros pour une coupe et une teinture, on a le sourire au lèvre, de la zic plein les oreilles, les pieds légers, et puis, surtout on vient de se faire une copine...


Et je précise que oui, cet article est de la publicité assumée pour ma cop's Alex et que c'est totalement gratuit de ma part ! Ce n'est pas demain la veille que l'étang sera un blog avec des messages "sponsorisés".
Je remercie Anne (la modèle) et bien sûr, Alex, de s'être laissées photographiées !

Info pratiques :
Nouvelle Scène, coiffeur pour homme, femme, enfant et grenouille
40 rue Rodier
75009 Paris
tel : 01.42.81.27.63
Tarif indicatif pour une coupe femme 30 euros.

3 mai 2013

Exposition : Marie Laurencin, le portrait sensible


La liseuse, vers 1913

Le nom de Marie Laurencin n'est pas inconnu en France, pourtant, c'est au Japon que l'on trouve ses plus fervent admirateurs et collectionneurs. Le musée Marmottant, à Paris, rend enfin l'hommage mérité à cette femme peintre avec une magnifique exposition. La plupart des œuvres proviennent de collections privées, c'est donc une occasion unique pour découvrir l'oeuvre de cette femme talentueuse.

Douceur du pastel et caractère du trait

Marie Laurencin a cette particularité d'avoir testé beaucoup de techniques, d'avoir navigué dans plusieurs grands courants picturaux sans néanmoins s'enferrer dans un style défini et facilement indentifiable.
Elle a fait des essais, mais toujours suivi son chemin, son expression propre.

Si au départ elle est influencée par le cubisme et les fauves, elle évolue toujours tant dans son trait que dans sa gamme de couleur. Même ses toiles restent encore empreintes d'un certain classicisme pour ses sujets, elle s'en libère avec une approche très particulière notamment un travail de la couleur merveilleux ; moi qui n'est pas un intérêt démesuré pour le figuratif et les portraits, j'ai été absolument conquise par ses tableaux.

Car, chez Marie Laurencin, la couleur fait tout.

Ses visages sont lumineux, magiques. Elle travaille certains de ses tableaux avec la technique du verdaccio qui consiste à mettre une couche de vert gris sur la toile, le rendu donne une lumière particulière aux visages qui semblent luire de l'intérieur, un peu comme chez Renoir.
Les portraits de Laurencin se caractérisent aussi par une grande finesse et beaucoup d'élégance, avec un port de tête impeccable, et une impression de grace presque éthérée.

Les aléas de sa vie et surtout son amour pour Apollinaire, se lisent dans ses toiles. Exilée en Espagne durant la première guerre mondiale, son travail de la période respire la tristesse et une certaine léthargie. Son art atteint sa pleine maturité avec les années 30, elle s'émancipe alors des influences extérieures, se nourrit de la folle ambiance de l'époque et sa peinture prend une dimension fantastique. D'ailleurs les portraits laissent peu à peu la place à des sujets personnels. Des décors champêtres et des animaux apparaissent, toujours au coté de jeunes femmes. La baisse de sa vision a aussi des conséquences sur sa manière de peindre et confère à ses tableaux ce flou et cette douceur si caractéristique.





Une exposition à ne pas manquer !

La scénographie de l'exposition est de grande qualité. On circule bien dans l'immense sous-sol du musée Marmottan, espace toujours dédié aux expositions temporaires. Le choix de la couleur des murs, un parme doux, est particulièrement intelligente : elle complète celle des tableaux sans les brouiller et renforce encore la féminité palpable qui s'en dégage.

Je vous conseille aussi vivement l'achat du catalogue : les reproductions sont de qualité, les textes soignés et bien documentés. Après la frustration de ceux médiocres et chers de l'expo sur Hiroshige et Van Gogh, je me suis faite plaisir !

Il reste, des tableaux de Marie Laurencin, une impression persistante de visages féminins, une carnation de porcelaine, des airs de femmes-enfants, comme des poupées dociles, et ces yeux noirs profonds.
La gamme colorée de gris, rose, vert et bleu avec des teintes très fondues contrastée violemment par le noir des yeux se retrouve dans des artistes contemporains comme Aya Takano. Je trouve d'ailleurs qu'il y a dans la douceur et dans l'élégance des silhouette une sensibilité très japonaise. Il n'est donc pas surprenant que la majorité des toiles présentes à cette exposition provienne du musée à Tokyô entièrement dédié à la peintre. Il aura fallu attendre plus de cinquante ans après sa mort pour qu'une telle rétrospective soit organisée en France. Il vous reste donc jusqu'au 30 juin pour en profiter !

Pour en savoir plus, je vous conseille ces deux articles :

http://www.evous.fr/En-fevrier-2013-grande-exposition-Marie-Laurencin-au-musee-Marmottan,1180400.html

http://www.franceinter.fr/evenement-exposition-marie-laurencin

Le site du musée Marmottan pour les informations pratiques :
http://www.marmottan.fr/



Autoportrait, 1905



Mademoiselle Chanel, 1923