30 août 2011

Challenge nuancier : réflexion en violet


Le violet n'est pas une couleur facile à capturer en ville quand on ne s’intéresse pas vraiment au devanture des magasins et encore moins à leur contenu.

Pour le défi Nuancier orchestré par Libelul, j'essaye de trouver la couleur dans mon quotidien, sans mise en scène. Il me serait facile de prendre une photo de ma garde-robe. Mise à part le jaune, toutes les couleurs sont là, bien à l'abris dans mes tirroirs.

Mais, je veux photographier la couleur libre, sa texture, sa réaction à la lumière. Dans ma démarche, il n'y aucun mérite à prendre un cliché d'une affiche, d'un objet juste par qu'il a la couleur demandée. Je veux capturer les nuances, les changements, les brillances au soleils, les jeux et les effets. Quelle ambition !

Autour de moi, j'ai des amis artistes peintres, dessinateurs, illustrateurs, graphistes et j'ai aussi des amies coloristes. Des fées de la couleurs au regard aiguisé qui, d'une touche, mélangent et transforment des tons inattendus.
Des marieuses de teintes, des curieuses amoureuses de tissus et textures qui arrivent toujours en nuances à associer sans jurer.

A leur contact, mon rapport à la couleur s'est modifié, mon regard s'est enrichi. Je comprend mieux l'importance subtile de la couleur à la fois dans une œuvre mais aussi au quotidien. 

La couleur est tellement présente dans ma vie que parfois, je ne la vois plus ! Chez moi, dans ma grotte, elle joue sur chaque mur, donne de la joie à l'ombre, éclaire la nuit qui vient trop tôt. Je n'ai ni soleil ni ciel, mais j'ai de la couleur à foison...

Alors, place au défilé de violet pour saluer la fin de l'été !












J'espère que ces photos vous ont plu. Et vous, la couleur dans votre vie, quelle place occupe-t-elle ?


29 août 2011

Le temps du rêve : survivre à quel prix ?

Voici une BD étrange et courageuse, totalement atypique, éditée chez Delcourt. Le récit du Temps des rêves nous plonge dans les horreurs absurdes de la Première Guerre mondiale. L'originalité est de se placer du point de vue de deux soldats australiens, l'un aborigène, arraché enfant à sa famille par la loi des blancs, l'autre, un officier de génie. Face à l'enfer, ils trouvent chacun un moyen de tenir, survivre.

Le temps du rêve, T1 chez Delcourt

Sous les bombes, des visions oniriques...

En Australie. Un soleil de plomb qui brûle un désert de terre rouge. Un ciel trop bleu. Une petite communauté tranquille voit la visite d'hommes en armes. Le missionnaire qui s'occupe de convertir les aborigènes est sommé de remettre tous les enfants. Dans une explosion de violence, les bambins sont enlevés à leurs parents pour être placé chez des familles de blancs respectables. Thomas est l'un d'entre eux.

Des années plus tard, on le retrouve soldat. Il est débarqué avec d'autres jeunes sur la péninsule de Gallipoli. La bataille des Dardanelles se prépare... Thomas ne s'en pas engagé pour soutenir la nation australienne, à peine née. Il est comme tant d'autres, perdus, incertains.
Seul noir du bataillon, il subit un racisme quotidien. A ses cotés, un jeune officier brillant, le lieutenant-colonel Stucker, voit dès le premier affrontement, ses idéaux s'effondrer.


Chacun va trouver la force de survivre, la motivation pour rester vivant dans cet enfer créé par l'homme. Si Thomas puise en lui, dans ses racines aborigènes, une énergie de vie, Stucker lui, croit au salut dans le combat, dans l'art de la guerre. Alors que les yeux de Thomas s'ouvrent sur un autre monde et accueille la magie des ancêtres, Stucker s'ancre dans un pragmatisme violent. Ces réactions radicalement opposées à une situation terrible génèrent de plus en plus de tensions...

Un dessin classique pour un scénario hors-norme

Le scénario, écrit par Stéphane Antoni, est vraiment surprenant. Il choisit un événement particulièrement violent et triste de l'histoire humaine pour insuffler une réflexion sur la cohabitation entre l'humain et la violence, une violence inhérente à notre condition même. La survie au péril des autres, les réactions face à la mort, à l'absurdité de la guerre... autant de sujets délicats évoqués avec intelligence et finesse dans ce premier tome.
Antoni n'enseigne aucune leçon. Il confronte deux visions, deux philosophies. D'ailleurs, si vos cours d'histoire sur la période sont, comme moi, un peu poussiéreux, je vous engage à vous rafraîchir la mémoire avant de lire la BD !

Le trait réaliste d'Olivier Ormière épouse parfaitement le récit. L'encrage soigné, les décors sombres mais suffisamment détaillés font revivre ce passé peu glorieux. Les visages sont expressifs, aisément reconnaissables. Je trouve le travail d'encrage particulièrement réussi, équilibré dans sa différenciation des plans.

Un seul bémol, le découpage est un peu trop académique à mon goût. La maîtrise technique incontestable du dessin et du story-board se lit dans la fluidité et le dynamisme des scènes d'action. Cependant, cet album mériterait peut être d'être un trait plus relâché, plus jeté. Une petite touche de fantaisie. Il y a peu de hors case et l'absence d'onomatopée rend la narration rigide. Mais peut-être que je lis trop de mangas et de comics ?!

Heureusement, la rigueur du dessin est contre-balancée par la couleur. Avec des aplats simples sur les visages et un sublime travail d'ombre et de lumière, Virginie Blancher met en exergue les émotions. Une simplicité apparente qui masque souvent la difficulté et la complexité du travail de coloriste. Les décors, plus texturés, noyés de soleil, sont d'une beauté à couper le souffle. Par contraste, la sublime esthétique des cieux rend la condition des soldats encore plus poignante.

Ajouter une légende
Le temps du rêve est définitivement une BD qui sort des sentiers battus. Si le genre historique et surtout le thème de la guerre ne sont vraiment pas mes lectures de prédilection, j'ai été séduite par l'originalité de l'approche. Je suis très curieuse de découvrir la suite.

Mon aversion pour la guerre est telle que je ne lis jamais d'ouvrage ou ne regarde jamais de film ou d'anime sur le sujet.

La baston oui, mais la guerre, dans toute son aberrante horreur, me dégoûte à m'en filer la nausée. Quelques soit les motifs, elle cristallise ce que l'humain a de plus sombre.

La plongée dans la culture aborigènes, avec sa cosmogonie poétique et sauvage éclaire ce thème d'une lumière purificatrice. Il nous rappelle aussi le passé controversé de la nation australienne, érigée sur l'éradication quasi-systématique d'une culture vieille de de 50 000 ans...

Liens :
Plus de visuels de planche sont disponibles sur le forum de Superpouvoir
Le blog de la coloriste Virginie Blancher

27 août 2011

Projet 52 : recherche


Les bords de Marnes de fin d'été

La recherche est une forêt, une mer, un désert. Au départ, tout semble homogène, infini, illogique.
Du chaos bouillonnant.
Des hypothèses à foison. Des questions sautillantes.

Et soudain, avec discipline et ouverture, l'esprit range, ordonne et trouve encore de nouveaux possibles. Rechercher des idées, des mots, des couleurs, d'autres mondes...Voilà une de mes activités favorites.

Au début d'un projet, quand la magie de la création se met en branle, quand on vient juste de saisir au vol le souffle de l'inspiration, la recherche pointe son museau curieux. On cogite, on réfléchit.
On échange.
De cette émulation naissent des idées neuves, resurgissent des vielles idées digérées, déformées, amalgamées à de nouvelles.

Je travaillais, étalée dans le gazon sur les bords de Marne, Virginie à mes côtes, les mains dans ses crayons. Les miennes sur le clavier. On papote, on se lance des pistes, on fouille.
Des idées.

Dans l'intervalle d'un battement de cœur, dans un silence, notre amour et notre inquiétude pour le Japon se transforme en histoire, en image. Encore, toujours, l'énergie circule. De la recherche en veux-tu en voilà !





Prendre des photos de ce moment.
Fixer l'instant, sa richesse, cette vitalité tranquille. Voici mon choix pour le thème photo de la semaine Recherche chez Bentoblog. Une interprétation assez personnelle, au bord de l'eau. Sur une rive débordante d'idées.

Ma participation de la semaine : cogiter dans le gazon

Les infos sur l'élue :

ISO  80
Exposition  1/400 s
Ouverture  2.8
Longueur focale  6mm

20 août 2011

Photo 52 : transport

Une vision aux couleurs acidulées des transports en commun parisien ! Voilà qui fera l'affaire pour la photo de la semaine du projet 52 sur le thème Transport; j'avoue, j'avais une autre idée mais pas le temps ni le courage de l'appliquer. Je ferai peut-être une cession de rattrapage...

Psychedick 70's


19 août 2011

A la campagne, user ses semelles à Romegoux

A la moindre excuse, je boucle ma valise rose et je saute dans le train pour la Charente-Maritime, au grand damne de la moustache. En juillet, mon amie Anne organisait un stage d'expression libre en peinture. Hop, voici la grenouille une nouvelle fois sur la route...


J'apprécie, quand je loge à la campagne, de pouvoir faire des promenades à pied. Vraiment à pied, sans prendre la voiture. Juste enfiler ses baskets, attraper mon appareil photo rose (je vous rassure, je n'ai rien d'une Barbie). Et zou, c'est l'aventure !
A force, je commence à connaître un peu les chemins autour de la maison. Comme point de repère : un grand château d'eau planté dans l'horizon évite de trop se paumer.


Le terrain est légèrement vallonné surtout du côté des vergers. Une promenade idéale en début de soirée. Nous quittons le bitume pour des chemins de terre qui sillonnent entre les champs de tournesols et le foin déjà fauché, roulé, rangé et prêt à être consommé. Miam.
Il y a aussi une zone protégée pour les oiseaux avec des haies vives, des plantes choisies exprès pour leur fonction garde mangé à piaf. Les volatiles doivent être heureux ici, à l'abri des chasseurs, le casse-croûte à portée de bec.


Au fil des saisons, le paysages change.
Si rien n'égale la beauté des cieux d'hiver au couchant, le paysage d'été se vautre dans le jaune avec les touches fantaisistes des fleurs des champs, toujours sur le pont.
Je les reconnais ces fleurs sauvages qui se fanent à peine coupées mais résistent, en terre, aux conditions les plus rudes. Elles égayaient déjà le terrain-vague où je jouais enfant. Elles décoraient de leurs guirlandes dansantes le grand carré d'herbes folles juste en face de ma maison. Ces herbes où les chats du quartier se bastonnaient gaiement.
Tant de fleurs dont j'ignore le nom mais dont je connais la couleur, la forme des pétales, l'odeur souvent évanescente.
Toujours là.




A la campagne, ma vie me semble plus longue, plus ancrée dans le passé. Les souvenirs surgissent sans nostalgie, se mêlent au présent en une petite ronde rigolote avant de se remballer dans les méandres de l'esprit.
A la campagne, je suis aussi ancrée dans le présent.
Rien ne vaut une longue marche sur le bas côté pour se vider la tête des soucis triviaux. Éviter la flaque d'eau, ne pas trop s'approcher des orties. Là un oiseau bizarre. Là une grosse chenille qui traverse le chemin et fait une pause déjeuner, totalement ignorante de l'observatrice monstrueuse qui colle son objectif à quelques centimètres de ses mandibules.



 
Ancrée dans le présent.
Je me sens plus légère, plus calme. Avec les années l'agressivité ambiante de Paris érode ma carapace. La masse humaine me fatigue.
Je suis capable en quelques secondes de perdre toute sérénité, d'avoir des bouffées de rage d'une violence inouïe. Je comprend ceux qui partent, las...
Et pourtant... Les humains ne sont ni plus polis ni plus respectueux ni même plus intelligents à la campagne. Ils sont juste moins nombreux. Et lorsqu'on vit moins dans nos cocons de béton, on se souvient que l'homme n'est pas équipé pour survivre dans la nature sauvage.
Il l'apprivoise – ou tente de la dominer – en façonnant des paysages. Peut-être qu'à la campagne, on subit plus les aléas de la planète ? Cela nous rend plus humble...



Alors, histoire parfois d'oublier que je n'ai qu'un carré de ciel gris, je mets plein de plantes devant ma fenêtre, et dehors sur le bord. Et puis des grands pots dans la cours. Je regarde mes érables, mon marronnier, lilas, althéas... Je songe à leurs racines un peu à l'étroit, à leurs feuilles qui subissent la pollution et l'attaque massive des pucerons.
Mais elles survivent.
Avec un peu de soin et d'attention... Seraient-elles plus heureuses dans un jardin ? Peut-être. Elles ne comprennent pas le privilège d'être à deux pas des amis, des musées, du ciné, des bibliothèques. Quand les privilèges perdent de leurs attraits, je m'éloigne quelques jours.
Avec les années de vie à Paris, les jours deviennent des semaines, et parfois, à mon retour, les privilèges ressemblent quand même à un marché de dupes....

  
 

13 août 2011

Photo 52 : à la campagne

Cette semaine je n'ai pas pris de photo, j'ai trié et retouché l'existant !

Après avoir pas mal fouillée dans mes photos de juillet, fait un billet sur mon week-end Normand et un sur une balade en Charente-Maritime, j'ai sélectionnée une série.
Voici donc mon interprétation pour à la campagne. 

 


 


Je suis curieuse de savoir ce que ces photos évoquent pour vous !

Pour accéder au données techniques, cliquer sur la photo puis, à sa droite, sur  "page des détails complets".

12 août 2011

A la campagne, en Charente-Maritime

Toujours inspirée par le thème hebdomadaire projet 52 à la campagne, je continue de trier mes photos. Cette fois, je vous emmène à La Renaudière, en Charente-Maritime.



C'est un village. Même pas, c'est un hameau.

A chacun de mes séjours en Charente-Maritime, je le traverse en voiture. A chacun de mes séjours, je souhaite m'y promener à pied.
Cette fois enfin, avec mon amie Anne, nous avons pris le temps...

Les quelques rues de La Renaudière ont dévoilé un peu de leur mystères, entrouvert leur jardins, montré leur vielles pierres, leurs maisons retapées et les rires de leurs habitants ici entrain de préparer un barbecue, là encore courageusement entrain de monter un mur de pierre à l'ancienne.
Un chien se fait sa promenade du soir, indépendant. Il croise notre route, vaguement curieux de voir ces deux inconnues.

Dans la lumière rasant d'une soirée de juillet, j'ai laissé mon regard s'émerveiller, fouiner sur le bas coté à la recherche d'une fleur des champs prête à jouer à la top-modèle, s'accrocher aux pentes moussus des toits, à la taule rouillée des appentis... J'aime cette campagne vivante et tranquille.

Tous au dodo !

D'une coté de la route, un champs de tournesol. En face, des poules caquettes, stupides et belles. Dans un enclos voisins, les oies cacardent et, nous nous éloignons un peu du grillage, méfiantes. Ces volatiles ne sont pas très avenants...


Bois et métal : tout est végétal...

Plus loin, le chemin fait un coude. Des dizaines de roses trémières parées d'un camaïeux de roses habillent les murs, tout chauds de restituer un peu du soleil de la journée. Un jardin de pots empiète sur la route, cactus et plantes grasses fièrement alignés.

En rang d'oignon

Un physalis agite ses lanternes orangés dans la brise du soir. Je me souviens du Japon, du matsuri des Hôseki à Asakusa...
 

Pavillon pour escargot avec déco japonanisante

Les couleurs profondes du crépuscule se teintent soudain de nostalgie, d'un sentiment étrange. Le manque de Japon lové dans mes entrailles depuis un an se mêle à la joie tranquille d'être ici, dans cette campagne accueillante.
Ici où il est plus facile de se souvenir de l'essentiel..