28 septembre 2018

Visite du musée Gustave Moreau, suite


Cette séance de dessin in-situ a été réalisée avec la présence réconfortante de Violette sans qui j'aurai eu beaucoup de mal à dessiner en public et aussi beaucoup moins de plaisir à découvrir ce lieu !

Pour ceux qui l'ignorent, je suis une quiche en expression graphique, mais j'éprouve beaucoup de plaisir à gribouiller.

Sujet 1 : dessiner l'escalier


Concours de verticales
Fonte du radiateur
Métal de l'escalier
Barreaux de chaise
Lattes du parquet
Tous se tirent la bourre
Lignes de fuite qui s'échappent, se carapatent

Horizon basculé. 



Paralysé par la difficulté de l’exercice, le regard bégaye. Impossible de le poser, calme et pragmatique. Je me souviens des courbes et de nœud de l'escalier à vis à Montréal, détail architectural typique des immeubles bas du Plateau. Malgré le temps passé sur le dessin, le résultat m'avait déçu. Ma maladresse doublée du décalage d'horaire
Aujourd'hui, juste mon incompétence technique et la tension d'être en publique. Nous sommes deux. Division des contraintes. La concentration. Fixer le détails. Comprendre l'articulation. Trop tard. Il flotte. Trop complexe. Trop sinueux. 
Il me reste le plaisir de partager l’exercice avec elle, elle qui n'avait aucune contrainte. Le simple plaisir de m'accompagner. Sœur de galère torsadées.


Sujet 2 : dessiner un détail qui représente pour vous le 19e
 



La banquette. La quintessence bourgeoise qui a fait irruption dans mon existence, la première fois que j'ai rencontré Pierrette et Jacques. D'eux, il reste dans mon quotidien cette banquette et ces deux fauteuils Louis « j'oublie toujours le numéro », d'un velours vert délicat. Délicat. Trace d'un monde qui perdure et que j'apprivoise, à mon plus grand étonnement. Ils auraient aimé vivre dans un décor comme celui du musée Gustave Moreau. Vie théâtralisée, réglée. Ménagerie de cristal et quelques chinoiserie. Une banquette. De tous les objets présents dans ce musée, cette banquette, m'a séduite par sa courbe replète et se dessin de fesse douillet. Fonction et design se marie à merveille.
Faut que ça shine !


Sujet 3 (facultatif) : dessiner votre vision / impression de l'accrochage



Sous la masse, l'amoncellement, la foison...
... je retiens l'absence.


L'article avec les photos de la visite, c'est ici !


26 septembre 2018

Visite en photos au musée Gustave Moreau



Je me suis inscrite cette année à un cours d'architecture et de dessin des ateliers des beaux-arts. Chaque semaine, une promenade ou une visite dans Paris est imposée avec trois dessins thématiques à réaliser, si possible, in-situ.
Le choix du premier cours a porté sur le musée Gustave Moreau, niché dans le quartier de La Nouvelle Athènes où je me suis souvent promené avec La Moustache, très friand de cette ambiance.

Je n'avais jamais mis les pieds dans ce musée et connaissais très peu ce peintre néo-classique, romantique, figure d'un 19e bourgeois et pourtant moins conservateur qu'on pourrait le croire. S'il n'a pas l'étrangeté et l'audace de Redon, que j'adore, j'ai été très surprise par son travail et surtout, j'ai trouvé le lieu merveilleux.

Cet hôtel particulier, apparentant aux parents du peintre, est devenu son atelier puis, de son vivant, il a aménagé comme un musée, en prévision de sa propre mort. Cela en dit beaucoup sur l'état d'esprit particulier de l'artiste. Les appartements sont des mausolées à la mémoires de ceux qu'il a aimé et vu disparaître au fil de sa vie. L'atelier, dans les étages supérieure, est une magnifique galerie surchargée de tableau où le visiteur est happé dans un monde à la fois poétique et terrifiant. Les influences bibliques et antiques se mêlent en une quête spirituelle étonnamment désincarnée. J'ai particulièrement appréciée la façon dont le peintre dessine sur des tâches de couleurs, des motifs floraux, créant dans la tourmente de très grands formats magistraux, des petits havres botaniques heureux et précis.

Je partage avec vous quelques photos, mon regard sur ce lieu. J'espère, cela vous incitera à la découverte (liens utiles plus bas). Dans mon prochain article, vous aurez droit à mes gribouillis, et des petits textes associés.

















Liens :
Pour découvrir le quartier de la Nouvelle Athènes :
Le site du musée Gustave Moreau :

19 septembre 2018

Elle s'appelait Isa, il s'appelait Antoine...



Elle s'appelait Isa, il s'appelait Antoine...

Deux accidents. Cette été, une jeune femme de même pas vingt ans. À la rentrée, un jeune homme si souriant. Je ne les connaissais pas. Pas de lien réel, juste celui distant de les savoir vivants. De connaître le bonheur qu'ils apportaient à leur proche, l'amour partagé, la joie de vivre. Un rire. Des yeux qui pétillent.

Des accidents. Le hasard. La vie passe par là. Deux décès qui ne m'affectent pas personnellement et qui pourtant me touchent. Un rappel de l'injustice, que tout peut se terminer maintenant, sans attente, sans délais. 
Un point final.
Rien.
La douleur des parents, de la famille. L'incompréhension, l'impact de l'absurde.

J'ai conscience de ma mortalité, des aléas d'un cœur qui bat.
Je fais partie de ceux sans dieu, sans système de croyance ou alors avec des croyances affaiblies par la pleine conscience de leur subjectivité. J'ai croisé la mort plusieurs fois. Dès mes cinq ans. Je l'ai croisée ado quand elle a fauché la petite sœur d'une copine. Et, à chaque fois, quand la personne qui meurt est jeune, je ressens ce violent choc de réalité.
Ce rappel qu'il n'y a ni justice, ni sens, ni dessein.
L'infinité du hasard.

Impossible de se rassurer, impossible de se dire « elle ou il a bien vaincu ». Impossible d'avoir ce sentiment d'un aboutissement, d'une fin naturelle programmée, logique, attendue. Pas de répit. Pas d'explication. Personne sur qui hurler. Personne à blâmer.

Juste la vie qui passe.
Ce qui reste, la douleur des proches. Et moi, embourbée dans mon empathie, incapable de réconforter. Je ne peux qu'écouter, entourer, aimer, compatir. Exprimer, maladroitement mes condoléances. Un mot sec et ampoulé. Un mot qui masque la sincérité de la sidération. Qui masque mon désir de partager et de porter un peu de cette peine.

Elle s’appelait Isa. Il s’appelait Antoine.

Des enfants qui inversent l'ordre des choses et passent l'arme à gauche en grillant la priorité à leur géniteur. 

Parfois, le monde est mal fait.
Parfois, j'aimerai pouvoir le réparer.



7 septembre 2018

Fin d'un hiatus ?





L'absence de mouvement ici signifie étrangement de grands mouvements ailleurs, dans mon quotidien, dans mon cœur, dans mon crâne.


Voilà des mois de rédactions épisodiques d'articles alternées avec de silences prolongés puis des tentatives de jeter quelques poèmes et quelques photos avant de sombrer dans une lente disparition. Un sursaut cet été, depuis les bords d'une piscine, les yeux brûlés par les reflets aléatoires. Trop de mouvements. Trop de lumière. Une dernière poussée, une main qui s'agite mollement. Je suis encore là. Je ne lâche pas.


J'ai croisé sur la toile des interrogations sur l'avenir même du média « blog », son existence et sa visibilité noyée par le flux ininterrompu des réseaux sociaux, de leur suprématie. Je n'ai jamais eu ici de réel impact. Mes ambitions de toucher le monde, d'y imprimer une marque, même microscopique, se dissolvent avec l'âge.



Je continue mon chemin.
Moins ici.
Plus sur le papier, dans les piles de cahier et les fichiers de travail en vrac. Plus dans les forêts, celles de terre et celles d’œuvres d'art. Celles d'eau, d'image et de musique étranges.


Flemmarde, j'ai délaissé l'étang trop accaparée par l'écriture et surtout, un projet de migration.Il nous aura fallut une année pleine pour trouver LE lieu. Enfin, déménager après plus de quatorze ans dans la grotte que je partage avec La Moustache. Enfin, un nouveau nid, perché, planqué. Un nid encore en construction, mais déjà accueillant.


J'ai maintenant ma pièce, une chambre à moi.
Par les fenêtres, une source intarissable de bien-être, de vitamine, d'inspiration.
Peut-être que cette rentrée sera aussi un renouveau de l'étang ?