26 février 2015

"De la tarte au citron, du thé et des étoiles" la recette magique pour sortir de votre zone de confort !




Sous ce titre mystérieux et poétique se cache le dernier album jeunesse de Fanny Ducassé, illustratrice et conteuse de merveilles. Voici un petit bouquin d'une grande délicatesse qui nous incite à apprécier les petits plaisirs du quotidien tout en saisissant les occasions de partir à l'aventure !

Le monde plus vaste que le jardin


L'héroïne s'appelle Mustella, un nom qui évoque évidement les étoiles. Elle aime lire tranquillement au fond de sa baignoire son bouquin fétiche  Histoires à dormir debout. Sa vie s'écoule paisiblement avec la compagnie de son Saint-Bernard, Montagne, et de ses voisines Chérie-Coco, cuisinière spécialisée en tartes aux citron, et Veille, censé être centenaire, amatrice de thé et de chats.

Un jour, alors qu'elles sont toutes trois à jouer au badminton dans le jardin, Mustella voir passer, sur un petit vélo, un minuscule magicien avec un chapeau pointu. Sur un coup de tête, fascinée, elle décide de le suivre...

Fanny Ducassé a le crayon sensible et le verbe direct, souvent flirtant avec l'absurde. Ses dessins, d'une grande précision, font fi des règles établies. Elle choisit de ne pas d’embarrasser de la perspective. Ses compositions sont minimalismes avec les personnages, quelques détails essentiels à l'histoire et surtout, surtout, des motifs ! Une accumulation incroyable de motifs : fleurs, cailloux, textures variées...

Chaque illustration, en générale conçue sur une double page, s’observe avec attention. Les myriades de traits s'organisent, dialoguent et créent une ambiance incroyable sans jamais nuire à la lisibilité globale du dessin. Le choix de gamme chromatique se marie à la perfection avec l'ambiance de l'histoire : des jaunes, des verts, des roses et des bruns. Elle nous emmène du cœur de la jungle jusqu'au cieux, avec une richesse graphique incroyable.

Un livre qui scintille !


J'avais découvert le talent de Fanny Ducassé avec Louve, son précédent ouvrage (dont il faut absolument que je vous parle). Séduite d'abord par son dessin, j'ai hésité à acheter "De la tarte au citron, du thé et des étoiles" dont l'histoire et l'aspect poupin des personnages m'attiraient moins. Après une lecture attentive, je suis totalement conquise ! Voici encore un album qui prouve qu'on peut raconter avec simplicité et poésie une histoire à la fois profonde et distrayante.

En effet, en douceur, Fanny Ducassé nous fait glisser du quotidien plan-plan d'une jeune femme rêveuse jusqu'à la magie extraordinaire de la piste aux étoiles. Mustella lit toujours, mais elle partage sa passion et la communique aux autres. L'amitié intimiste du début se transforme en un réseaux vaste, où les échanges évoluent du jeu à l'entre-aide puis au partage du bonheur avec des inconnus. Ce petit livre, nous présente au départ trois femmes rondouillardes, casanières, enfantines. A la fin de l'histoire, elles brillent. Même le chien, Montagne, a son heure de gloire.


Sortie au édition Thierry Magnier, l'album est d’excellente facture : belle impression, couverture mate toilée de qualité, petit format adorable. Cet album est lumineux, espiègle, un poil bizarre, un poil obsessionnel dans l’amoncellement de motif (ce que j'adore), et surtout, très joyeux !

Le blog de Fanny Ducassé : http://fannyducasse.blogspot.fr/
Les illustrations originales sont à voir à Paris au "Musée de Poche" jusqu'au 4 avril : http://museedepoche.fr/

13 février 2015

Noyée dans les mots


En ce moment, mon peu d'énergie est tout entière consacrée à la relecture à voix haute de mon premier manuscrit. Je relis et relis encore, corrige les fautes, les erreurs de cohérence, améliore le texte pour qu'il coule clair et fluide.
Un travail à la fois fastidieux et laborieux.
Le temps de quelques heures, je mets de côté mes angoisses et mes doutes et focalise tout mon cerveau de grenouille sur des pages et des pages noircies.



Je n'arrive plus à tenir mon blog, malgré les nombreux sujets d'articles que j'ai envie de traiter et partager avec vous. Je ne sors plus faire d'escapades photographiques.

Je me noie dans les mots, et une fois que j'émerge, je me noie dans les craintes et les expectatives.
Mon roman est un gros pavé, plus de 800 000 caractères. Ce n'est que le premier tome d'une trilogie. Même si j'ai déjà attaqué le second, la masse des mots tend à me dépasser, m'écraser. Je ferme les yeux, refuse de regarder le chemin qui reste à parcourir et me concentre sur l'objectif à venir : achever cette dernière relecture et envoyer mon manuscrit à des maisons d'éditions.



Je ne suis pas naïve.
Je connais les difficultés pour transformé un manuscrit en « vrai » livre. Pour l'instant, je tente de limiter mes efforts à la tache immédiate.

Souvent, cependant, je me noie.
Je délaisse tout ce qui n'est pas ce foutu roman.
Dans ma tête, les mots-cailloux s'entrechoquent et s'usent. Se polissent sous le regard. Certains apparaissent soudain étranges et superflus, d'autres prennent leur place et leur sens.
Autour de moi, le poids écrasant de l'eau, lourde et insaisissable.

D'ici le printemps, j'espère, je respirerai à nouveau l'oxygène, les étoiles, les nuages et la sève. Mes poumons se gonfleront d'inspiration et d'espace.
L'apnée ne dure qu'un temps.


Les photos ont été prises en décembre dernier, sur la plage à Nice, à la tombée de la nuit.