Insomnie carabinée, fatigue et stress. Dernier jour de l'année qui commence par une nuit trop courte, la tête encombrée de mots qui ne sortent pas et qui s'accumulent jusqu'à l'étouffement. Je doute de tout et de rien, surtout de moi, des choix à venir et des choix passés. Bref, c'est le boxon, mais c'est pas grave.
Une nouvelle année pointe son nez curieux et je reporte au lendemain bilans et résolutions. Je mets tout sous les nénuphars de l'étang qui flottent ainsi un peu au dessus de la surface miroir de l'eau troublée de l'étang. Demain sera un autre jour, une autre année, une autre aventure.
Et pour finir celle-ci sur une note bleuté et étrange, voici quelques photos de ma merveilleuse escapade d'octobre au Mont Saint-Michel. De cette journée automnale nimbée d'une lumière crépusculaire presque surnaturelle, j'ai rapporté quelques images de la baie. On se retrouve en 2016 !
Matcha est une grenouille qui vit au Japon, dans une petite mare douillette. Elle en pince pour son voisin timide. Elle aimerait bien fonder une famille avec lui, mais ses espoirs sont teintés par le souvenir d'un autre, décédé dans un tsunami. Cependant, c'est toujours la vie qui gagne.
Matcha est un album illustré et écrit par Eva Offredo. Il s'adresse aux enfants et distille des mots japonais dans un récit simple et direct qui parle du quotidien, du deuil et de la vie qui continue et même, se transmet.
Les dessins avec une gamme de restreinte (vert, kaki, gris et noir) s'inspire du procédés de l'estampe ou de le la linogravure mais y mêle également des aplats de couleur, du motif et un tracé des contours d'une grande finesse. Le travail graphique arrive ainsi à conserver un aspect à la fois brut et subtil.
Si je trouve le texte un peu léger, avec parfois une surabondance de mots japonais, le sujet elle m'a vraiment séduit. J'ai apprécié le choix d'une grenouille anthropomorphique, le traitement des sentiments amoureux, leur conséquence (un paquet de têtard) et la fin de l'histoire, avec une pointe d'humour. Je regrette les stéréotypes concernant le Japon et un erreur dans le glossaire (la base de la pâte miso est le soja).
Cependant, les illustrations méritent à elles-seules l'achat du bouquin. J'ajouterai enfin que la maquette et la fabrication de belle qualité en fond un objet à la fois résistant et beau.
Il y a deux semaines, la vie continuait son cours chaotique. Un
agrégat d'instants fluctuants, joyeux ou tristes, insouciants ou
angoissés. Et puis, dans la soirée, cevendredi 13 novembre,
l'impensable a fauché des vies. Le fanatisme, enfant de l'ignorance et
de la misérè, a débarqué sans être invité, au cœur de Paris.
Des morts. Trop de morts. Des blessés.
Des milliers d'endeuillés,
des millions de traumatisés.
Aujourd'hui, je laisse mes pensées, ma compassion, ma tendresse
flotter vers ceux qui restent, les accompagner un peu sur le chemin
plus terne. Je donne aux survivants un peu de ma force. Je donne mon
espoir que nous humains, trouverons des solutions, pour combattre cet
enfant maudit, le terrorisme, le fanatisme. Il ne se combat pas en
envoyant des bombes. Il se combat à la source : en veillant à
ce que chaque humain ait droit à avoir le ventre plein, un toit sur
la tête, la sécurité, l'amour de ses proches et sa liberté.
La guerre contre le terrorisme est déjà perdue. Puisqu'il est
l'enfant de toute les violences. Il ne se combat par avec la violence. Il s'en nourrit.
Alors, nous, enfant d'une des patries probablement la plus libre, la
plus cosmopolite et la plus tolérante du monde, levons-nous.
Marchons, main dans la main. Sans haine, sans vengeance dans nos
cœur.
Ferme dans notre acceptation des autres, dans nôtres
tolérances, dans nos croyances personnelles que nous n'imposons pas
à autrui.
Ferme dans le respect de la laïcité, dans le respect des
libertés, d'autrui mais aussi de notre liberté.
Dans notre amour, notre bienveillance pour les autres peuples qui
n'ont pas la chance d'avoir le ventre plein, le corps et le cœur au
chaud, et la tête libre.
Battons-nous pour eux, aidons-les à se libérer des jougs d'un
régime dictatorial violence, des jougs de l'ignorance qui les
maintient dans la peur et dans une vie étriquée.
Battons-nous pour
que les frontières soient ouverte en grand. Celles des pays, celles de
nos têtes, celles de nos cœurs, celle de nos âme.
Unifions nos efforts car nous vivons sur la même planète.
Les bombes ne sont pas la réponse à la misère et au désespoir qui
pousse d'autres humains à ne voir qu'un seul choix : celui du
terrorisme, abreuvé de fanatisme, galvanisé par l'illusion de
prendre enfin en main une vie qui leur échappe.
Aujourd'hui, je laisse mes pensées, ma compassion, mon amour flotter
vers les victimes, les morts et les vivants. Les victimes ici et les
victimes ailleurs.
Je donne à ceux pris dans les filets de l'obscurantisme un peu de
lumière.
Je donne mon espoir pour les enfants d'aujourd'hui et de demain, pour
un monde moins sombre, moins violent, moins craintif.
Je donne mon espoir aux vies à venir, qu'elles soient insouciantes.
Qu'elles soient heureuses et libres, filles de l'imagination, de l'ouverture et de l'audace. Qu'elles aient le luxe de pouvoir réfléchir, s'interroger sur tout, et tout remettre en cause.
En novembre, je découvre que certains exterminent juste ceux qui s'amusent et sont heureux. Parce qu'ils ne supportent pas qu'en France, nous sommes un pays où les gens sont ÉGAUX en droit. Hommes, femmes. Sans distinction de couleur, d'orientation sexuelle... et bien évidement, ÉGAUX en droits avec l'état de DROIT et DÉMOCRATIQUE qui prévaut sur la religion.
Atterrée. Groggy. Très fatiguée après une courte nuit à cauchemarder.
Ce matin, non, ça ne va pas bien.
Réveil craintif
Le réveil est difficile. Les réveils ont d’ailleurs été nombreux, violents. Un nuit de cauchemar, à ouvrir les yeux en panique, dans ma maison, enfin, mon appart, au cœur du 9ème. Tendre la main et vérifier qu'à côté de moi, La Moustache coince la bulle.
En sécurité.
Mes yeux restent ouverts, les images du dernier rêve persistent.
Une rue déserte avec une ambiance lourde. La peur au ventre. Je suis drapée dans le droit de me taire. Je cherche Franck.
Je me suis réveillée sans qu'il soit à mes côtés, je suis sortie le chercher. C'est dangereux, je ne devrais pas être dehors. Il y a les tunnels, les escalators d'un métro étrange, une image déformée de la réalité ; une zone de passage entre deux mondes, celui juste dangereux et l'autre, pire, où on risque sa vie.
Parce qu'ici, rien n'est sûr.
Et là, par terre, je trouve ses chaussons, comme le matin quand je me lève et qu'il est parti tôt travailler. Il y a aussi ses lunettes de soleil, celle de pilote qu'il a depuis plus de 20 ans et son téléphone portable.
Je ne peux pas le joindre. Pourquoi est-il sorti ? S'il ne rentre pas ? S’il ne rentrait plus jamais ?
Un cauchemar. Juste un cauchemar.
Un cauchemar de plus dans cette courte nuit.
J'ai de la chance, pour moi, ce n'est qu'un cauchemar...
Le vendredi 13 novembre : la journée de la gentillesse
Hier, c'était la journée de la gentillesse.
Hier, la soirée était bien entamé avec des amis chers, partager un repas, boire une (plusieurs) bonnes bouteilles, rire, échanger sur des conneries et des sujet très sérieux.
Et puis, le coup de téléphone de la petit sœur de La Moustache, pour savoir si tout allait bien. L’insouciance du diner qui s'envole par la fenêtre avec la vie d'anonymes.
L'incompréhension. Le choc.
Ils sont 120 ce matin qui ne rentreront pas chez eux. 120 à avoir gagné un aller simple pour le cimetière juste par qu'ils s'amusaient, par qu'ils passaient pas là, par ce qu’ils vivaient ici, à Paris.
Ils sont plus de 200 blessés, à se battre pour survivre, simplement pour avoir croisé le chemin d'autres humains qui ne pensent pas comme eux.
Liberté, égalité, fraternité. Une devise qui déplait à ceux qui ne conçoivent leur existence qu'en imposant aux autres leur mode de vie, leur croyance, leur foi. Merveilleux cette certitude qu'une entité supérieur leur arrogerait le droit de massacrer leur prochain et qu'il le font pour ELLE, qu'ils ne sont pas responsables...
C'est quoi votre définition du bonheur ?
Dans mon rêve, alors que je paniquais, une jeune femme vient m'interroger :
- C'est quoi votre définition du bonheur ?
Dans ma douleur, sa question me semble soutenable ; je la rabroue. Je l'entends se plaindre de ma réaction et, prenant sur moi, je retourne lui expliquer:
- Le bonheur, c'est d'être entouré de gens que j'aime, de les savoir heureux, c'est de savoir qu'autour de moins les gens sont heureux, même ceux que je ne connais pas. Savoir que c'est possible.
Il y a des écrans TV qui égrainent les noms des disparus. Je lui dis alors que j'aimerai avoir assez de compassion pour voir les terroristes comme des humains qui souffrent.
Mais je n'y arrive pas.
Parce que ce déchainement de violence est trop. Trop. Comme si cela amputait ma capacité à aimer, à espérer. A m'amuser.
Hier soir, je me sentais si mal que je ne pouvais plus lire, que je me suis forcée à éteindre mon téléphone mobile pour stopper le flot d'information.
Ce matin, je me sens encore plus mal.
Les attentats de janvier m'ont bouleversée et mis dans une colère noire. Ces abrutis touchaient à la liberté de la presse, la liberté d'expression la plus brute et la plus inaliénable : les mots et l'image. Je pouvais conceptualiser. Je pouvais analyser. Détacher les motivations politiques. J'arrivais à ne pas être noyée dans une douleur où la soif de violence peu à peu s'invite. J'arrivais à prendre du recul (si si je vous jure, malgré la teneur de mes article, j'ai modéré mes propos).
Dix mois plus tard, tout remonte, tout est pire.
Je crois que si on demandait à un terroriste « quel est votre définition du bonheur », il flinguerait simplement l'interlocuteur pour ne surtout pas se poser la question. Ne pas réfléchir. Appliquer aveuglément une soi-disant loi divine extraite d'un recueil de texte parcellaire tout juste bon, à mon avis, à se torcher le popotin.
Ne priez surtout pas pour Paris ! Ca suffit avec ces conneries de religion !
Et j'en ai marre. Marre de CES PUTAINS D'HISTOIRES DE DIEUX, de religions, de types qui pensent que les femmes sont une merde sous leur semelle. Marre de l'intolérance, marre des discours racistes qui ne vont pas manquer de flamber. Marre du FN. Marre des harceleurs en tout genre.
J'aime ma ville.
J'aime mon pays.
Et par défaut, pour moi, la journée de la gentillesse, c'est TOUS les jours. Même si je suis introvertie. Même si parfois je suis sauvage et je ne comprends rien à mes frères humains. Même si je suis une grenouille râleuse et qu'il m'arrive de blesser d'autres humains par mes propos, mes intentions sont toujours de propager le bonheur, que ce soit égoïstement pour ma pomme ou pour les autres.
Je n'aime pas les Dieux.
Je n'aime pas les religions
Je voudrais vraiment qu'on me foute la paix avec.
Alors, s'il vous plait, comme l'a dit Joann Sfar, ne priez pas pour Paris.
Nous voulons juste AIMER la vie. En profiter, boire, manger, écouter de la zic, danser, apprécier des films, des BD, des œuvres d'art qui nous font vibrer. Nous engueuler pour de faux et débattre de tout.
Nous aimons marcher dans les rues de notre ville, vieille, séculaire, avec des ossements sous les pavés, des étoiles invisibles accrochées dans le ciel orange. Des millions de touristes casse-pieds qui viennent découvrir les merveilles qu'on ignore à force de les croiser tous les matins, dans le pâté.
Nous râlons, nous chouinons et nous rigolons aussi beaucoup. Chacun, dans nos pénates, d'un côté ou de l'autre du périph, avec plus ou moins de potes, plus ou moins de thunes, plus ou moins d'espoir. Nous vivons LIBRES et nous nous AMUSONS.
Que reste-t-il de la vie quand il est temps de tirer sa révérence si ce n'est une collection d'instants éphémères, colorés et hétéroclites. Autant qu'ils soient les plus épanouissants et les plus enrichissants possible non ? Si vous avez besoin de croire en un Dieu, aux pokemons, aux p’tits hommes verts, ou aux licornes, ça vous regarde. Si cela vous rend heureux, tant mieux. Mais ne l’imposez pas aux autres.
S'il vous plait, ne priez pas pour Paris.
Envoyez vos plus belles pensées aux victimes, à leur famille.
Juste de l'amour.
Inconditionnel.
Cet article a été écrit sous le coup de l'émotion. Il est probablement truffé de fautes, pas très cohérent et pas construit.
Qu'on soit déjà amateur de Lovecraft, écrivain de l'indicible épouvante, ou juste avide de frayeurs et de bizarreries, cette anthologie regroupe plusieurs nouvelles d'auteurs français, tous passionnés par le mythe fictif crée par le génial maître de Providence.
Par delà la mort, toujours présent
Howard Phillips Lovecraft, méconnu de son vivant, est aujourd'hui un des l'auteurs phares de la culture populaire « geek » en raison de la grande influence de son œuvre tant sur de nombreux écrivains contemporains qu'au cinéma, dans les série TV... Sans compter les adaptations en jeux de rôle et jeux vidéo. Si les traductions en français, notamment des poèmes, sont parfois assez médiocres, la qualité de ses histoires mérite largement de mettre son nez dedans. Sa particularité est la mise en place d'un large panthéon de dieux primordiaux tous plus horribles les uns que les autres, et l'entretien volontaire du doute sur la dimension fictive de ses écrits.
Toujours très actuels, les textes de Lovecraft restent des sources d'inspiration pour beaucoup de jeunes écrivains. L'éditeur Livre Book a choisit une dizaine de nouvelles qui s'inscrivent dans le mythe Lovecraftien. Si le niveau du recueil est assez inégal, trois histoires m'ont absolument enchantées et méritent à elles-seules la lecture de cet ouvrage.
Tibériade de Nicolas Pages
Chamir, un jeune professeur en devenir, d'origine israélite, rencontre une femme dans l'université où il est stagiaire. C'est un moment charnière de la vie où l'étudiant devient un adulte avec des responsabilités. Le choix de la carrière est fait au détriment des sentiments. Plusieurs années après, Chamir participe à une expédition de plongée dans le lac de Tibériade. Au fond de l'eau, un mystérieux édifice serait apparu après un séisme. Dans les profondeurs, il va découvrir plus qu'une architecture démente.
Nicolas Pages choisit judicieusement un héro juif, parti-pris savoureux quand on sait que l’œuvre de Lovecraft est teintée par un racisme et un antisémitisme rampant. Le style est un hommage réussi au maître, sans tomber dans la caricature. La langue est châtiée avec une narration parfaitement construite. J'ai plus eu l'impression de lire un mini-roman qu'une nouvelle en raison de sa densité. Un texte d'épouvante qui aurait très bien pu se glisser au milieu de ceux des auteurs amis de Lovecraft.
Cthul'hu, le déchu par Sébastien Tissandier
Le texte s'ouvre par une cosmogonie alternative qui raconte la création du monde selon quatre dieux d'une même fratrie. Cthul'hu, le cinquième frère, un poil arrogeant, refuse de jouer avec eux. Cependant, lorsqu'il constate à quel point il est intéressant d'avoir des adorateurs, il souhaite aussi participer, mais en tordant les règles. Voilà comment il finit pétrifié dans une pyramide, au fond d'un océan en attendant que sa malédiction soit brisée. John, un explorateur courageux et couillu, à bord de son sous-marin, va découvrir la prison du Dieu et conclure avec l'entité un marché étonnant.
Sébastien Tissandier signe une version drôle et déroutante du mythe, loin du ton sombre et désespéré de Lovecraft. Au départ désarçonnée par l'originalité du texte, j'avoue avoir été séduite par son humour de la situation, et aussi, touché par le message. Indécrottable optimiste, je ne m'attendais pas à la tournure de l'histoire qui m'a sincèrement émue.
La bonne étoile de Mathieu Dugas
Bobby Bouvier est une petite frappe, un raté attachant, fan du club de foot RC Lens, nommé par sa mère qui aimait trop la série Dallas. Sa morale est élastique cependant, il n'est pas un type méchant. Il s'est accoquiné avec deux autres malfrats et vivote de cambriolage. Quand il est envoyé avec ses comparses pour voler une statut bien spécifique dans un manoir étrange meublé d'antiquités amérindiennes, il ne se doute pas devenir un pion dans la fin du monde à venir. Bientôt, le job vire au cauchemar mais Bobby est né sous une bonne étoile !
Une version roman de gare à la gouaille débridée du mythe de Lovecraft, fun et rythmé, où ça défouraille à tout va et où les manipulateurs tendent à se prendre les pieds dans le tapis. Le style est rodé, la narration huilée, et le résultat fort distrayant ne manque pas de sel. Ici aussi, nous sommes loin de l'épouvante et j'ai particulièrement apprécié l'angle choisi.
Un appel à texte est actuellement en cours pour le volume 2 (jusqu'au 31 janvier) :
Madame Mo est une marque d'objets inspirés de la culture japonaise. Elle a été crée en 2003 par deux jeunes femmes, Pascale Moteki (graphiste et artiste) et Agnès Lafaye, qui assure la gestion de cette petite entreprise et possède aussi une jolie plume. La marque de fabrique reconnaissable de Madame Mo sont des personnages aux sourires béats avec un œil plus grand l'autre. Deux livres sont également disponibles aux éditions Philippe Picquier. J'ai craqué pour le second car il parle de nourriture et propose même des recettes.
Plongée dans la vie d'un petit restaurant
Voici un bouquin assez inclassable avec un format d'album jeunesse. Il comprend une vraie histoire, celle du quotidien du petit restaurant japonais dans l'adorable quartier de Yanaka à Tokyo. Ce quartier ce situe dans la Shitamachi, la vielle ville, pétrie de tradition.
L'écriture d'Agnès Lafaye, fluide, délicieuse comme les plats qu'elle décrit, s'adresse tant aux adultes qu'aux enfants. Elle mêle dans son texte de nombreuses onomatopées japonaises, une particularité de la langue, qui nous fait littéralement entendre les bruits des scènes qu'elle décrit.
Mois par mois, saison par saison, nous suivons Norio, le cuisinier, et Yoko, son épouse, dans leur vie et leur passion : préparer des bons plats pour leur client avec des produit frais, choisis avec soin.
Le récit est entre-coupé de recettes mais aussi d'astuces et mode d'emplois pour des bricolages, comme de l'origami pour fabriquer des étuis à baguettes, ou des décoration pour la table. Il ne s'agit pas de gadgets inutiles mais d'objets pratiques et jolis.
Des images et de la vie
Bien sûr, l'ouvrage est illustré par les dessins sémillants de Pascale Moteki. Avec quelques aplats de couleurs coordonnées avec soin, elle campe l'ambiance, et nous voilà transporté dans un petit coin de Japon accueillant. Ses légumes et fruits sont particulièrement réussis, toujours facilement identifiables si vous souhaitez ensuite partir à leur recherche chez votre maraîcher ou votre épicerie asiatique. J'ajouterai que j'ai testé plusieurs des recettes alléchantes : elles sont vraiment faciles et rapide à réaliser, et le résultat est délicieux !
Les fruits et légumes japonais est un livre familial et amical, entre un recueil de nouvelle culinaire subtil et un album jeunesse pour s'amuser. Il nous offre tout les contrastes de la culture japonaise qui mélange allègrement le brut et le délicat. Les auteurs ont aussi donné une dimension internationale avec des personnages de tout horizon et une grande ouverture sur le monde. Si je devais résumer ce bijoux surprenant je dirai « partage et plaisir ». D'ailleurs, j'ai tellement été séduite que j'ai très envie de m'offrir le premier tome qui traite des fêtes japonaises.
Si vous ne connaissais pas les produits de la marque Madame Mo, je vous invite à faire un tour sur leur site http://www.madamemo.com. Elle allie un design coloré et heureux au fonctionnel. Ses création sont chargées de sens comme ses manches à air en forme de carpes koi qui sont traditionnellement accrochés pour la fête des garçons en symbole de santé et de force. Papiers, cahiers, et petits objets déco ont depuis des années attirés mon regard.
Je précise que cet article n'est absolument pas sponsorisé, même si il est écrit sous le regard coquin de la grenouille de Madame Mo qui illustre un syllabaire japonais !
Madame Mo sera en dédicace à Paris le 6 novembre et il y a aussi une tombolas d'organisée. Le lieu : la boutique Loulou Addict 25 rue Keller 75011 Paris, de 16h à 20h. Plus d'info sur la page facebook de Madame Mo
En ce moment, je rédige ma lettre de soumission du roman que je vais envoyer aux éditeurs. J'ai donc lu beaucoup de conseils divers et parfois contradictoires sur le sujet avant de me lancer. Ce n'est que la première étape d'un parcours du combattant que tout les écrivains se doivent un jour d'affronter, s'ils souhaitent que leur texte passe du tapuscrit au livre. Je partage avec vous quelques réflexions et trucs utiles que j'ai glané.
Choisir à qui envoyer son texte
En me renseignant sur la probabilité d'avoir mon premier roman édité, j'ai été catastrophée par le constat suivant : les maisons d'édition croulent sous les manuscrits (plusieurs centaines par mois, entre 500 et 600 pour Actes Sud). Et, très nombreux sont ceux qui jamais n'auraient dû leur être envoyé (à la louche, un tiers!). Outre les nécessaires relecture par des tiers, de préférence dans le milieu de l'édition ou des lecteurs avertis et objectifs (ni votre meilleur pote, ni votre maman), avant d'envoyer son projet, deux choses sont à définir :
- quel est le genre du texte : essai, poésie, roman, théâtre, biographie...
- quel est le public : jeunesse, tout public, amateur d'un genre défini (policier, SF...), les habitants de ma région, les amateurs de pêche à la mouche, mes parents...
Ces deux critères vont vous aidez à décider si vous passer par un éditeur. Si oui, de quel taille, quel type, avec quelle diffusion. C'est idiot d'envoyer une thèse à un éditeur de littérature générale, de la poésie à un éditeur de polard, un roman à un éditeur d'essai. Ça paraît évident non ? Pourtant, chez Actes Sud, ces envois intempestifs totalement à côté de la place représente un tiers des textes reçus. Un beau gaspillage de temps et d'argent, à moins d'avoir des actions chez La Poste.
Une fois l’écueil du mauvais aiguillage évité, il reste à étudier en détail le catalogue et les collections de ou des éditeurs qui vous sembleraient potentiellement intéressés par votre œuvre. Cette étape prend du temps et suppose de LIRE les bouquins du dit-éditeur ; encore une fois, cela paraît une évidence. Pourtant les statistiques et les commentaires des éditeurs sur le sujet prouvent que certains ne prennent pas la peine de savoir chez qui ils balancent leur manuscrit.
Rédiger la lettre de soumission de votre tapuscrit
Pour la rédaction de la lettre, il n'y a pas de modèle type. Si on a été capable d'écrire un texte, dans mon cas, un roman, on sera capable de pondre cette foutue lettre de soumission, certes en suant sang et eau, en se retournant le cerveau et enquiquinant son réseaux pour avoir des retours constructifs, mais on en sera capable. J'ai pris le temps de lire de nombreux entretiens avec des éditeurs et directeurs de collection où ils expliquent ce qu'ils attentent d'un texte. Je ne peux vous encourager à faire de même. Les astuces qui suivent sont pratiques mais ne remplaceront jamais l'analyse et le ressenti personnel qu'on a en pêchant soi-même ces informations cruciales.
La lettre doit être exempt de toute faute (un beau défi pour votre grenouille), claire, concise, sans être dans le larmoyant ni la condescendance. La grande difficulté est de conserver un ton objectif sur son projet tout en donnant des informations personnelles qui vont jouer en votre faveur, surtout pour tenter de faire éditer votre premier texte. Certains éditeurs apprécient l'humour, la dimension touchante d'une lettre qui donne des indices sur l'auteur et la lecture à venir. J'ai, pour ma part, préféré rester très pro dans mon approche. Je vous dirai dans quelques mois si cela a abouti !
Plan adaptable de ladite lettre
Voici un plan d'après ce que j'ai trouvé sur le web, après adaptation ma sauce. Ce n'est pas une formule magique mais il correspondait à mes besoins. Je le partage avec vous, si cela peut en aider certains :
Se présenter. Surtout si on a déjà sorti un livre ou si on a une activité dans l'écriture, il faut les mentionner. Nous sommes là pour motiver l'éditeur à lire notre texte et lui prouver que nous, petit quidam, avons dans notre expérience les capacités et le talent d'un écrivain. Bref, il faut se vendre donc mettre en avant site, blog, réseau existant...
Expliquer pourquoi on soumet ce texte à cette maison d'édition (donc définir le type de texte), ce qui implique qu'on connaît le catalogue de la maison. Inutile d'envoyer votre livre de recette de grand-mère chez Gallimard (à moins d'avoir un style d'écriture exceptionnel).
Résumer le roman de façon factuelle. J'ai opté pour une accroche (façon pitch commercial) sans dévoiler le contenu réel du texte et surtout pas la fin. Certains préconisent des résumés d'une dizaine de lignes mais j'ai préféré pour une version épurée, partant du principe que la personne qui ouvrira mon manuscrit est avant tout un lecteur, et sera moins motivée si la fin de l'histoire lui a déjà été dévoilée.
Donner le caractère unique, original de votre texte. Pourquoi le votre est différent. Attention, l'exercice est périlleux car vous devez donner des éléments objectifs ou expliquer ce que vous avez « voulu » faire. Vous pouvez donner votre intention mais pas la juger comme effective. Ça, ce sera le boulot de l'éditeur.
Dire pourquoi vous avez écrit ce lire (si c'est pour gagner un max de pognon, convertir les foules à votre religion ou pourrir la vie de votre ex, je vous conseille de mentir).
Dire à quel public votre texte s'adresse : jeunes, vieux, adultes, fans de foot (ça existe, j'en connais un ou deux), geeks, midinettes...
Remercier la personne qui va vous lire. Certes c'est son taff, mais elle a quand même entre ses paluches une choses importante pour vous et peut potentiellement lui accorder son attention. Être poli me paraît nécessaire.
Last but not least
À éviter (merci à Pauline pour ses précieux conseils), en vrac :
Ne JAMAIS se déprécier, un gros défi pour moi. Pour d'autre, c'est l'inverse, certes il faut se vendre, mais se lancer des fleurs sera très mal perçu.
Rester neutre, factuel et sans préjugé (plus difficile qu'on ne le pense). Il est facile d'employer des qualificatifs qui juge son propre travail, hors c'est le boulot de l'éditeur.
Éviter les lieux communs et les généralités quand on parle de son projet. Là encore, l’écueil peut vous suspendre discrètement à votre insu. Quand nous sommes concentrés pour être objectif, ne pas trop révéler, on finit par oublier ce qui rend notre texte unique.
Le conseil le plus important, à mon avis :
Faites vous relire et surtout, discutez-en ! C'est en parlant de sa lettre et donc de son projet, qu'on arrive à mieux cerner ses atouts, ce qui le rend si particulier.
J'ajouterai qu'une lettre réussie est une lettre qui vous ressemble, dont vous êtes fier. Si elle ressemble à la missive que vous envoyez à une administration, aux mots doux pour votre ami(e) ou au message poli de nouvel an pour votre arrière grande tante, c'est mal barré.
Une bonne lettre de soumission ne garantie pas que votre texte sera lu mais il évitera peut-être qu'il soit mis sur la pile des recalés dès son arrivé (à condition que vous ayez respectez les consignes du début de cet article : l'envoyer au BON éditeur).
J'espère que ces conseils vous serviront. Si vous avez déjà tenté l’exercice, que vous voulez partager votre expérience et vos astuces, n'hésitez pas à laisser un commentaire. Même si je pense qu'à la cinquième mouture, ma lettre est quasi-achevée, je suis toujours avide de conseils avisé !
J'en profite pour remercier ici Cécile, la blogueuse voyageuse et traductrice de Dessine-moi un ailleurs, qui m'a donné un sacré coup de patte !
Un nouvel éditeur, le Pont Rouge petit et discret, vient de naître cet année. Il propose des livres photos de petit format à prix doux, avec une grande qualité éditoriale. Ce nom poétique
qui évoque immédiatement l’Asie est directement inspiré du titre d'une photo de l'artiste Toshio Shibata, actuellement exposé à la galerie Polka à Paris (jusqu'au 31 octobre). Le premier ouvrage de l'éditeur est d'ailleurs consacré à l'artiste Japonais, sur la thématique du pont.
Architecture et nature
Voici une série de clichés qui présente des fragments d'architecture dont la couleur franche tranche avec le vert profond d'un paysage forestier, souvent à flanc de montagne. Des lignes de fuite comme une invitation au voyage, des profils de bâtiments qui incluent l’œuvre des hommes dans la nature. Les compositions de Toshio Shibata sont léchées, parfaites dans leur géométrie, leur déséquilibre volontaire, leur grande simplicité.
Dans ces lignes épurées et ses couleurs vives, le sujet devient forme, motif et on oublie l'objet de départ. On oublie la dimension fonctionnelle des poutrelles de métal et les piles de béton. Comme si la beauté du pont était plus importante que tout, que le pont était là, juste pour l'esthétique, le plaisir d'être vu. D'ailleurs, souvent, les photo de Shibata pourraient être prise dans n'importe quel pays du monde, pour peu qu'il y ait un pont et une route goudronnée.
Photo : Toshio Shibata
La singularité d'un regard
Toshio Shibata est né en 1949 à Tokyo, après de études d'Art dans son pays natal, il complète son cursus en Belgique où il apprend la photographie. Depuis les années 90, il jouit d'une renommée internationale, même si le Japon a tardé a reconnaître son talent. Il passe à la couleur en 2005, un changement notable de direction dans son approche artistique. L'apport de la couleur, étonnamment, enrichit la force de ses lignes et de ses compositions.
Ce que je trouve fascinant avec la photographie est sa capacité de changer notre regard, nous apprendre à voir différemment. Une ville, un paysage habituel, peut devenir enchanté ou inquiétant, vide, solitaire ou joyeux et animé. Bien sûr, chacun perçoit différemment l'image, en fonction de sa sensibilité. La mienne s'accorde parfaitement à celle de nombreux artistes Japonais. Les clichés de Toshio Shibata respirent une certaine discrétion, une tranquillité mais aussi une impression d'abandon, comme s'il passait juste après que tout le monde soit parti. Il surprend les lieux dans leur calme et leur intimité.
Le petit livre The red bridge condense des photographies magnifiques avec une belle qualité de reproduction. Le format, petit, est pratique à glisser dans une bibliothèque surpeuplée. Ce n'est pas le même plaisir que de feuilleté un immense ouvrage, cependant, les photo de Shibata, très contrastées et lisibles, collent parfaitement au format. Pour 10 euros, voilà une source de plaisir visuel infini !
Depuis trois ans, à moins de ne jamais mettre les pieds dans une librairie, il est impossible d'échapper à la mode du coloriage pour adulte. Si je ne suis pas atteinte de cette marotte, j'adore les arts graphiques et le motif sous toutes ses formes. Les éditions Issekinicho, bien connues des nippophiles, viennent de sortir un ouvrage de ce type qui pourtant sort largement du lot !
Des images pour rêver
En effet, les livres de coloriages sont une manne pour les éditeurs : ils piochent allégrement dans les bibles de motifs libre de droit. Simple à fabriquer pour un moindre coût, facile à vendre. Cependant, chez Issekinicho, on se position différemment. Le projet personnel de l'artiste Nancy Peña allie le plaisir de l'image à colorer avec celui de la lecture et surtout, l'achat d'un bel ouvrage.
Les saisons du Japon mêle des haiku choisis parmi ceux des maîtres du genre (Basho, Buson et Issa). avec des illustrations d'une rare finesse qui réinterprètent l'imagerie traditionnelle japonaise. Le dialogue discret entre les poèmes et les dessins invite à l'évasion dans un Japon au charme intemporel. Les textes sont bilingues, avec une lecture romanji des kanji. Ainsi, nous pouvons tous accéder à la musique unique des mots.
Nancy Peña propose des dessins qui satisferont tant les adeptes des coloriages que les amateurs de belles images, ceux savent prendre le temps de regarder vraiment, de laisser apparaître les détails : ici une grenouille dissimulée dans les bambous, là un escargot posé sur un cailloux... Finesse extrême du trait, soin des détails, précision de la forme et grâce des courbes, voilà un livre délicat où chaque page marque le passage du temps et des saisons.
Colorier engagé !
La mode du coloriage correspond à une recherche de bien-être, une envie de se détendre ; si les éditeurs comme Hachette n'hésitent pas à profiter à outrance de la vague, quitte à friser la publicité mensongère avec une collection intitulée Art-thérapie, l'acte de colorier renvoie à notre enfance, à un temps où nos actions étaient motivées par le plaisir du jeu, la gratuité. Dans notre société actuelle où la valeur monétaire prend le pas sur l'humain et où le bonheur devient un Graal fantasmé, nous sommes nombreux à souhaiter autre chose, un autre mode de vie, une alternative plus douce.
Le coloriage est facile, n'implique pas de réflexion et de remise en cause profonde. En cela, il n'a rien de la thérapie magique que voudraient nous vendre certains. Cependant, cela reste une activité qui fait du bien, une pause qu'on s'accorde, loin des écrans, du bruit, de l'information qui nous noie, loin du jugement des autres. Colorier demande de la concentration, de la précision, une touche de créativité dans le choix des couleurs et le mariage des teintes, et aussi beaucoup de l'attention dans la lecture de l'image.
Je connais trop ma tendance obsessionnelle pour essayer cette pratique (sans compter mon niveau de procrastination naturel relativement élevé, même au repos). Je ne vais donc pas me mettre au coloriage, cependant, comme j'apprécie les belles choses, je n'ai pas pu résister au livre de Nancy Peña. Que vous soyez adepte du remplissage au crayon ou que vous aimiez juste l'esthétique japonaise et les haiku, ce livre mérite d'être découvert. En plus, au milieu de la production assez lisse sur le sujet qui pullule chez les libraires, c'est toujours appréciable de choisir l'ouvrage qui va soutenir un petit éditeur et une artiste talentueuse.
Au début du mois de septembre, j'ai eu l'opportunité de travailler pour la première fois de ma vie sur une photo de commande. Le projet était alléchant : prendre une photo d'une Kimmidoll (marque de figurines inspirées des kokeshi japonaises), accompagnée d'un petit accessoire de cinéma. Le cliché devait être pour l'affiche de l'édition 2016 du festival de courts-métrages, les "Très Court". Il y avait donc des contraintes techniques de lisibilité et de placement du sujet dans l'image. J'ai donc accepté la proposition avec des gros doutes sur ma capacité à remplir ma part du marché.
Un sacré défi pour la grenouille !
Voilà une approche photo très éloignée de mes bidouilles habituelles où seul mon sens artistique et mon ressenti sur l'instant guident ma main. Me voilà donc partie, motivée, avec quelques kokeshi et une ligne directrice à la fois stricte pour le cadrage, et très souple quant au lieu de mise en scène. Bien évidement, le délai était court et se tamponnait avec un séjour de quelques jours à Nice. La météo, pas en reste, m'a aussi donnée du fil à retordre avec un ciel orageux, toujours voilé, et une température digne d'un sauna.
J'ai eu une une première idée, sympa en théorie, qui s'est avérée riche en complications et problèmes diverses : prendre la kokeshi dans une boutique de bonzaï. Je jetai mon dévolu sur Bonzaï Center, un endroit connu des amateurs par la diversité de ses essences et l'âge vénérable de ses arbres.
Le paradis des arbres... et des trucs qui piquent
Outre le vendeur qui venait m’interrompre très souvent, s’enquérant de ma réussite éventuelle (par bonté d'âme ou juste pour que je foute le camp), j'avais négligé la difficulté de prendre des photos dans un bordel indescriptible.
Oh oui, il y avait de magnifiques arbres à la pelle ! Mais entre ceux impossibles à atteindre (j'ai fait la rencontre d'un cactus très affectueux), ceux contre un mur sans point de fuite trop lourd à déplacer, et le souci général de l'arrière plan tout moche et du manque de place pour circuler, le shooting s'est transformé en un défi étonnant. Un peu comme un parcours du combattant dans un magasin de porcelaine où on risque 1) de péter des trucs qu'on n'a pas envie de payer 2) de se blesser parce qu'on a les capacités physiques d'une moule.
Heureusement, je suis souple.
Contorsionnée dans tous les sens, j'ai tenté en vain de trouver le bon angle. Je suis pourtant une habituée de l'exercice mais je dois rarement éviter cactus (avec un succès mitigé), bonzaï branlants, pots de terre vides remplis d'eau stagnante... Sans compter qu'en fond de cours, je n'avais qu'une demi-heure d'ensoleillement direct.
Un beau bazar
Espace de travail piégé !
Savoir s'avouer vaincue...
Avec la sensation croissante que je n'arrivais à rien, que je risquais de me faire mal ou de casser quelque chose et la crainte d’enquiquiner le vendeur malgré l'autorisation préalablement obtenue, j'ai fini par remballer kokeshi, mini-projecteur, accessoires diverses et Trin (mon super appareil photo), la mort dans l'âme, avec la certitude que rien de rien ne serait utilisable.
Bingo.
Parfois, avoir raison n'apporte aucun réconfort. Pas une seule des photos ne correspondaient aux attentes pour l'affiche du festival. Certaines sont quand même bien mignonnes et j'ai décidé de vous en faire profiter. J'ai aussi servi de casse-croûte aux moustiques (probablement tigres, vu leur absolue discrétion) qui ont joyeusement festoyé sur mes mollets et mes bras (plus d'une trentaine de piqûres).
Voilà donc bien des heureux !
Farniete au pied d'un Ginkgo
Sous un pin, le soleil est déjà passé
Et repartir à l’assaut pour un second round !
Quand à ceux pour qui le suspens devient insoutenable, oui j'ai eu une autre idée après le fiasco de la boutique de bonzaï. Ma frustration et mon égo de grenouille bafoué ont aidé mon cerveau pour trouver un plan B. Je me suis précipitée à la plage pour profiter des derniers rayons du soleil, sachant que je partais le lendemain matin.
No stress. Absolument no stress at all.
Après une heure à me traîner à plat-ventre sur les galets niçois, la pêche aux images s'est révélée fructueuse ! Pour admirer le résultat de mon dur labeur (avec intervention post-prod par Paul, le graphiste) c'est par ici : http://trescourt.com
Au passage, si vous êtes d'humeur créative, les inscriptions pour participer au festival sont ouvertes, avec une unique condition : votre film doit faire moins de trois minutes, hors générique : http://trescourt.com/fr/actus/les-inscriptions-sont-ouvertes
Philippe Caza fait partie de ses dessinateurs et illustrateurs incontournables de notre époque. Il est lié à de l’avènement de la pop culture trash et geek qui démange et s'engage depuis les années 70. Artiste touche à tout, on retrouve son nom du cinéma d'animation à l'illustration de couverture de roman SF. Il est aussi un dessinateur de presse au crayon acéré, et un auteur de BD reconnu. Son dernier ouvrage, un recueil intitulé vamps, reflète cette virtuosité dans la diversité.
Pour ce livre, Caza a fouillé dans ses archives mais aussi dans ses créations récentes. Il nous propose une variation autour du thème de la vamp, femme séductrice, femme fatale. Apocope de vampire, le mot a une connotation sulfureuse, dangereuse. Les pin-up de ce recueil ne sont pas de gentilles nanas. Ici, elles sont, au mieux, inquiétantes et au pires, croqueuses d'homme au sens propre comme au figuré.
Entre ces pages, nous découvrons une féminité débridée, sauvage, mystérieuse, libre dans ses pratiques. Loin de l'image habituelle des filles lisses qui tendent à cantonner le sexe faible à des stéréotypes souvent misogyne, les vamps de Caza séduisent et intriguent autant qu'elles dérangent. Ce n'est pas le calandrier Pirelli !
Habitué de l'esthétique de l'étrange, Caza manie les archétypes et les mythes, mélange les genres, brouille la donne avec dessins de guerrières viriles à la poitrine généreuse ou de créatures androgynes et filiformes. Un galerie d'illustrations qui surprend par sa grande variété, son humour noir et sa qualité graphique indéniable. Pas une once de vulgarité dans ce bouquin, par contre, certaines images sont franches, directes, crues, comme la vie.
Que vous soyez amateur du travail de Caza ou amoureux des femmes, voici un super bouquin à découvrir. Attention, il n'est pas diffusé par le circuit habituel mais vendu sur le web : http://www.bdebookcaza.com/
En effet, depuis quelques années Caza a décidé de « prendre une retraite » bien mérité. À savoir, quitter le monde de l'édition traditionnelle pour diffuser ses livres via une structure indépendante. Comme un artiste ne s'arrête jamais, il continue donc encore et toujours, de créer, inventer, tracer des courbes généreuses et d'autres surprenantes, pour notre plus grand plaisir. Ma bibliothèque a bon nombre de ses trésors que je me décide enfin à partager avec vous !