19 décembre 2014

La BD Adam Clarks : un polar de haute volée au charme rétro


Adam Clarks est un play-boy, un requin de la jet-set vain et affamé qui sous ses atours de chroniqueur mondain dissimule un cambrioleur aussi cynique que séduisant. Hélas, son talent a attiré l'attention de personnes encore moins scrupuleuses que lui et bientôt, il va se retrouver dans une situation très délicate.

Le charme des hommes dangereux


La BD Adam Clarks, scénarisée par Régis Hautière et dessinée par Antonio Lapone, souffle un air nouveau sur les étales des libraires : avec son très grand format et son graphisme particulier, elle nous propose une plongée dans un XXIème siècle imaginaire où le bloc soviétique perdure.
Dans une ambiance des années 50 et 60 pimentée d'éléments futuristes délicieusement rétro, nous suivons les aventures d'un élégant salopard prit malgré lui dans les intrigues de la guerre froide.

Adam Clarks ne peut résister à l'appel d'un objet de luxe, non pas par amour de l'art, comme Arsène Lupin, mais par le désir concupiscent de posséder ceux qui attisent les convoitises. Un énorme rubis présenté lors d'une soirée sélecte est le parfait piège pour l'attirer. D'autant que la belle Irina semble lui donner le parfait alibi pour le disculper du vol. Bientôt, notre cambrioleur est pris entre deux feux et devra faire preuve de perspicacité et de roublardise pour se sortir du traquenard dans lequel son ambition l'a fourré. Heureusement, Adam Clarks est un homme de ressources...




Du polar classique sublimé par un dessin stylé


Malgré l'attirail - armes et gadgets - Adam Clark n'est pas James Bond. Ni patriote ni fidèle à une quelconque morale, il est un parfait salopard, terriblement malin et très séduisant. Ce personnage complexe donne toute sa dimension à l'intrigue, assez classique. Le choix de la narration est audacieux : un présentateur s'immisce dans les cases et s'adresse directement au lecteur. Les auteurs ont choisi de faire un clin d’œil à la série TV Twilight Zone et à son conteur, l'acteur Rod Serling. On retrouve d'ailleurs son étrangeté cruelle dans le récit d'Adam Clarks.

Outre le choix de l'uchronie, et de la narration, l'action se déroule dans la ville de Majestic City, une vision déformée et fantasmée de New York comme l'est Gotham. La grande originalité de cette BD réside dans son dessin et son travail graphique. Il s'agit d'un concept album où l'objet et son contenu forment un tout homogène et nous transportent dans le monde d'Adam Clarks. Cette attention particulière portée au livre vient d'une volonté de l'éditeur, la taille - 29 x 37 cm - met en valeur le dessin d'Antonio. D'autant que ce dernier a fait ses armes comme affichiste publicitaire, un domaine où le packaging est aussi important que le produit qu'il abrite.




Le dessin d'Antonio est original. Il appartient à la mouvance « atome » de la ligne claire, en référence au design de l'Atomium, à Bruxelles. Très anguleux, ce dessin allie des lignes brisées à la pureté des courbes. Leur rareté les rendant encore plus sensuelles. Classieux et simple, le trait s'inscrit dans une écriture favorisant l'horizontalité. Le format autorise les variations du découpage et la présence de petites cases sans perdre de la lisibilité. La mise en couleur frise le génie par la justesse de sa gamme très spartiate. Quelques touches de couleurs suffisent à donner vie à la nuit, au froid et à cette galerie de personnages ambigus. On passe du chic au violent, du feutré au brutal avec l'impression prégnante de remonter dans le temps.

Le résultat est une BD ovni, d'une grande qualité graphique, avec une narration efficace, des dialogues justes et dynamiques. Une fois l'histoire dévorée, l'ouvrage flirte avec le livre d'art, qu'on feuille juste pour son esthétique léchée et son ambiance nostalgique et jazzie.



Le piège parfait !


Antonio Lapone fait parti de ces dessinateurs hors-normes dont le style graphique ne peut pas laisser indifférent. La première fois que j'ai découvert ses travaux, au festival BD de Ligugé, j'ai été totalement déroutée. Les angles saillants de ses dessins et l'économie de l'utilisation des couleurs m'a tellement surprise que j'étais bien incapable de savoir si j'appréciais ou non. Cependant, la qualité du style m'avait immédiatement apparu comme évidente. J'ai donc vaillamment résisté à l'achat d'autant que ce festival est toujours synonyme de Bérézina bancaire.

Le souci, c'est qu'outre le fait qu'Antonio est un dessinateur talentueux, c'est aussi une personne adorable avec une compagne également adorable (avec un caractère bien trempée !). Difficile de ne pas craquer quand on apprécie non seulement l'artiste mais aussi la personne qui tient le crayon.
Biensûr, j'ai choisi de m'offrir sa dernière BD, celle au format aberrant qui ne rentre pas dans la bibliothèque. Je savais que le dessin était bon, par contre, je n'imaginais pas que l'histoire son illustration me séduirait autant. Il ne me reste plus qu'à investir dans les autres. C'est mon libraire qui va être content...

Le blog d'Antonio Lapone
http://laponeart.blogspot.fr

Pour acheter un original de la BD :
http://www.galerie-glenat.com/categorie-%C5%93uvre/auteurs/auteurs-lapone-antonio

Le blog de Regis Hautière :
http://aspirine.canalblog.com

Voir les 10 premières page de la BD :
http://www.bdgest.com/preview-1579-BD-adam-clarks-recit-complet.html



1 commentaire:

  1. En bd j'aime les dessins épurés aux couleurs douces mais c'est vrai qu'il a l'air sympa quand même ce livre... Il plairait sûrement à mon mari donc je le note !

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Il s'affichera un peu plus tard, après sa validation.

Marianne