21 juillet 2012

Ce Japon qui n'existe plus...


J'ai commencé ce blog sous l'impulsion de mon second voyage au Japon, en 2010. Ce pays m'a donné l'inspiration, le courage de me lancer sur la toile, d'y exposer en public mes photos, mes écrits, mes avis, ma sensibilité. Depuis le début de l'année, ma présence s'est faite discrète. Mon étang, mon espace, est indéniablement lié au Japon et aujourd'hui, à sa douleur.

Le 11 mars 2011

La rencontre avec le Japon, sa culture et ses contrastes s'est faite en douceur, presque sans que je le réalise. Certains ont un coup de foudre, une révélation. Moi, je ne m'en suis pas rendue compte. Avec le temps, quand mangas, littérature, ouvrages d'art et livres de cours de japonais ont envahi mes étagères, j'ai dû me rendre à l'évidence : ce pays m'a séduite, conquise. Il est devenu mon pays de cœur, un refuge, un lieu physique, bien réel sur cette Terre où je pouvais me ressourcer, me reposer.

Et puis, il y a eu le 11 mars. Le tsunami, le choc. J'ai compris alors l'importance cruciale que le Japon avait dans ma vie. J'ai voulu aider. Je me suis informée, tentée de m’y retrouver dans le jargon technique, et puis j'ai écrit une série d'articles pour communiquer mon désarroi, mon envie d’aider. Très vite, j'ai compris que la catastrophe naturelle n'était pas le problème majeur, que le risque venait de l'accident nucléaire. Que ce sont nous, les hommes, qui avons avec nos mains et nos cerveaux, construit ce qui peut nous détruire, ravager les paysages, ravager la Terre.

J'ai voulu garder espoir. Croire qu'une société démocratique, technologiquement avancée comme le Japon qui a gardé un lien spirituel fort avec son environnement pouvait trouver des solutions, pouvait se sauver. Sauver sa population, sauver ses enfants. Circonscrire la zone polluée.
Je me suis trompée.



Choisir entre un mensonge doux et une vérité insoutenable

En février, je suis retourné à Tôkyô pour des raisons professionnelles. A cette occasion, je me suis informée de la situation là-bas. J'avais fait un break pour cause de moral dans les chaussettes et de sentiments ravageurs. Une impuissance totale. Ma quête de vérité a été amère.

D'un côté, les média ignorent le problème et donnent même une impression de retour à la normale. Et puis, la voix officielle, rassurante, comme le site de l'ambassade, ne cesse de répéter que tout va bien. Il suffit de ne pas entrer dans la zone d'exclusion. Oui, il y a un peu de radioactivité, mais rien de grave. Pas plus méchant que des examens médicaux avec une radiographie. Des messages que j'aimerais tant croire...

Et de l'autre côté, quand on fouille, que l'on va sur les sites tenus par les veilleurs de Fukushima, la réalité est horrible. Alors qui croire ? Qui croire quand il n'y a pas de juste-milieu, quand une information dit "pas de problème" et que l'autre dit "c'est désespéré". J'aurais tant voulu croire le message d'espoir, mais j'ai perdu mon innocence.



Les veilleurs de Fukushima sont une poignée de courageux, scientifiques et personnes comme vous et moi, qui consacrent leur temps à nous informer, à déchiffrer les documentations complexes, à expliquer, à vulgariser. Les veilleurs, certains au péril même de leur santé, se battent au quotidien pour révéler au monde la réalité de la contamination, des mensonges du gouvernement et des industriels.

Aujourd'hui, le Japon assassine son peuple. Les millions de tonnes de déchets radioactifs du Tsunami sont envoyés dans tout l’archipel pour être incinérées... Mais le feu ne détruit pas les radionucléides. Et une fois devenus poussières, infirmes particules, ils se répandent dans l'atmosphère, entrent dans le cycle de l'eau, contaminent la terre, les végétaux, animaux, et bien sûr, l'homme. Quasiment tout l'archipel du Japon est aujourd'hui contaminé à des degrés divers. Un empoisonnement insidieux, lent à des doses parfois infimes et pourtant, nuisible. Terriblement dangereux.

Source : http://one-world.happy-net.jp/ukeire/

Ouvrir les yeux et ne plus jamais pouvoir les fermer.

Je ne vous ferai pas un exposé de la situation. Si vous aimez le Japon, informez-vous, vous trouverez des liens en bas de l'article.
J'ai compris que ce n'était pas l'économie qui avait besoin de soutien, mais le peuple. Et son gouvernement, les industriels, les puissants ne font rien, au contraire.
Aujourd'hui acheter en provenance du Japon présente un risque. Consommer de la nourriture japonaise, c'est comme jouer à la roulette russe avec un révolver chargé avec des balles à blanc et une réelle. Au mieux on se blesse, au pire on se tue.

J'aurais tant voulu croire à un avenir radieux. A une reconstruction. Mais les mensonges, la cupidité, la soif de pouvoir et le refus d'assumer ses erreurs dictent leur loi mortifère. Avec le redémarrage des centrales, une partie de la population se soulève. Pour les soutenir, il suffit déjà de relayer les informations et d’arrêter de disséminer un angélisme criminel en prétendant que tout va bien.

Vous aimez le Japon ? Vous voulez soutenir le peuple ? Alors, ouvrez les yeux, faites circuler les informations, arrêtez de croire aux sirènes si tentantes qui prétendent que tout va bien. Arrêtez d'être dans le déni.

Jamais plus je ne pourrai inciter quelqu'un à partir en voyage au Japon et certainement pas y vivre.

J'y suis retournée avec une conscience des risques – probablement assez partielle d'ailleurs. Jamais, dans ma vie, je n'ai connu un sentiment de déchirure aussi fort. Je voulais apprécier, m'amuser tout en prenant des précautions – je suis partie avec de la nourriture. Mais là-bas, face au déni de la population qui n'a pas d'autre choix que vivre dans une terre empoisonnée, face à des familles, des enfants jouant dehors, j'ai compris.


Faire son deuil, et retourner au combat

Mon Japon, celui d'avant la catastrophe, mon Japon-refuge, mon Japon-poème n'existe plus. Le Japon des animés, le Japon de Miyazaki, le Japon des mangas, le Japon des romans, le Japon à la cuisine raffinée, le Japon fun et rigolo n'existe plus. Ce Japon là est devenu intérieur, un espace fantasmé. La réalité et sa contamination invisible qui répand la mutation, maladie et mort, grignotent toute l'archipel.
Et ce sont les hommes, les responsables...

Alors, je vous en prie, si vous aimez le Japon, sa culture, son peuple, ne répandez plus de mensonges. Si vous voulez soutenir, faites-le sans vous faire avoir. Ce n'est pas en "achetant" ni en faisant de la promotion pour un tourisme dans des lieux probablement souillés pour des millénaires qu'on apporte une aide aux hommes. Le vrai problème vient du nucléaire et de l'humain.

Je comprends qu'on retourne au Japon, comprend qu'on parte toujours là-bas. Je ne juge pas. C'est un choix personnel qu'il faut faire en connaissance de cause. Et je vous en prie, ne l'imposez pas à vos enfants. Prendre des risques pour sa vie est un privilège d'adulte. Tant de petits japonais voient leur avenir raccourci par la contamination, emmener ses enfants est d'une stupidité telle qu'elle en devient criminelle.

Il m'aura fallu plusieurs mois pour avoir le courage de faire cet article. J'ai conscience qu'il va en froisser certains, en mettre d'autres en colère.
Je ne colporte ni la peur ni l'angoisse. Je communique juste ma grande tristesse et la solution que j'ai trouver : m'informer, me protéger, agir en diffusant ce que je sais être vrai et juste, donner à des associations, des sites web qui agissent sur le terrain. Réfléchir à nos actions, à ce que notre mode de vie confortable implique sur notre Terre. Réfléchir à ses impacts.

Je n'entrerai pas les débats techniques sur l'usage du nucléaire. Je n'ai ni les connaissances scientifiques ni l'envie. J'ai choisi mon camp, celui de la vie.

Enfin, je vous demande d'être respectueux dans vos commentaires. Je vous rappelle que vous êtes ici dans mon étang, si le contenu ne vous plaît (plus) pas, rien ne vous oblige à rester. Je me réserve le droit de supprimer de façon totalement dictatoriale et abusive (non, en fait c’est pas vrai) toutes réactions que je trouverai insultantes, blessantes ou idiotes.


Pour conclure sur une note positive, à l’heure où j’écris ce texte, à Tokyo, tout les vendredis depuis des semaines, une foule toujours plus nombreuse se réunit pacifiquement pour dire “non” au nucléaire. Le 16 juillet, ils étaient 170 000 à crier leur colère, sous le symbole d’une fleur, l’hortensia “ajisai” en japonais.



Merci d’avoir pris le temps de me lire.
Voici des liens utiles sur le sujet :

1 Pour agir et s'informer
- L'association d’une amie franco-japonaise Aizen :

Je vous encourage à lire notamment les articles suivants, simples et pédagogiques :


- Le point sur l’état de la centrale et une pétition en cours :
- La liste des blogs des veilleurs francophone
- Le groupe facebook francophone des Veilleurs :

2 Pour aller plus loin
- Le dossier spécial Japon sur le site de la Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la RADioactivité
- Le site de l’Autorité de Sureté Nucléaire sur le Japon
- Des informations quotidiennes en anglais et japonais sur la situation à Fukushima :


3 Mes autres articles sur le sujet :

37 commentaires:

  1. Merci pour cet article courageux et très triste.

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  2. Merci pour votre article qui reflète et dit tout haut ce que l'on ne veut pas entendre ou croire quand on aime tellement ce pays. Je n'ai pas voulu entendre tout ce que j'ai lu, entendu et vu et y suis retournée à l'automne et au printemps dernier. Une attitude qui peut paraître égoïste mais ce pays est viscéral pour moi et je n'ai fait qu'écouter ma passion et non la raison. Je ne sais pas quand et si je vais y retourner prochainement mais la tentation est tellement grande............Je prends mes responsabilités mais ne vais-je pas le regretter un jour ? Je suis tellement triste pour ce pays si magnifique et qui a encore et surtout des valeurs de respect, politesse et propreté, valeurs qui n'existent plus beaucoup chez nous en France. Je croise les doigts pour eux mais, en mon fort intérieur, je sais pertinemment que ce ne sera pas suffisant.

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  3. Musme : merci pour ta compréhension !

    Nathalie : Je suis aussi dans ce dilemme, avoir envie de retourner là bas, et m’inquiéter des conséquences. Perso, c'est vis à vis de mon conjoint que je me pose beaucoup de question. Prendre des risques pour ma santé aura un impacte sur sa vie. Je crois que si je ne retourne pas là bas, ou alors avec beaucoup de précaution, ce sera pour lui.
    Ca me fait chaud au coeur de voir qu'il y a des personnes comme toi, qui aime le Japon et qui pourtant réfléchissent ! Merci :)

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  4. Merci pour cet article, je t'avoue que nous réfléchissons malgré tout à un voyage au Japon pour des raisons familiales, peut-être l'année prochaine, avec les enfants et pour une durée relativement courte (deux semaines).

    Je suis sans cesse tiraillée comme toi, entre les informations rassurantes et celles qui le sont moins.

    La première chose importante dans tout les cas est bien évidemment la recherche d'information.

    Le Japon ne sera bien évidemment plus jamais le même, nous n'y mangerons pas de poisson et, si nous devions en effet y aller avec les enfants, nous ne mangerions probablement que des aliments venant de l'étranger comme mes amies mamans au Japon le font (pour certaines).
    Ce n'est en effet plus un voyage "pour le fun" mais un voyage ou il faut faire attention à tout, à la pluie, à la nourriture, aux endroits ou on va.

    Je suis un peu face à un dilemme car si nous n'y allons pas tous les quatre nos enfants ne connaîtront leur famille japonaise que par webcam, ce qui serait tellement dommage.
    Quels sont les risques pour nos enfants? Telle est la question principale. La nourriture est, selon ce que j'ai entendu, le point auquel il faut faire le plus attention.
    Le risque est-il nul? Certainement pas.

    Comment faire ses choix ? Si j'avais la réponse...

    Dans tous les cas je vais continuer, jusqu'au moment de décider si nous achèterons des billets ou pas l'année prochaine, à me renseigner en détail...

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  5. C'est un pays que j'aurais aimé visité, mais j'ai raté l'occasion maintenant...
    Madiapart a fait récemment une série d'article sur la situation au Japon, les photos de l'homme qui reste dans la zone de Fukushima et s'occupe des animaux m'avaient bouleversée.

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  6. Je crois qu'il faut continuer à soutenir les Japonais, y compris en se rendant au Japon. Comment témoigner autrement ?
    Certes, c'est un danger pour la santé, mais de nombreuses études ont montré que les enfants de Tchernobyl (ceux qui vivent près de la centrale dans la zone interdite et sont très contaminés) qui sont accueillis chaque année en séjour de 2 mois pendant les grandes vacances dans l'est de la France voient leurs taux de contamination diminuer plus que sensiblement au bout de deux mois. Ceux qui sont accueillis plus longtemps voient leurs taux encore plus bas au bout d'un an. On pourrait peut-être mettre le même genre de projet en place pour les petits Japonais ?
    En tout cas, pour un touriste, il n'y a que peu de risque s'il part un mois et espace ses séjours de deux à trois ans.

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  7. Estelle, il y a des moyens de témoigner notre soutient moins risqué. Donner aux associations, aux sites web des veilleurs comme celui de Fukushima diary, faire circuler l'info.

    Partir là bas présente des risques, comme je l'explique c'est un choix personnel. Ce qui me choque c'est l'idée que soutenir l'économie = soutenir les japonais. Ce sont les industriels qui participent au mensonge et à la contamination.

    Partir oui, mais en réfléchissant à son mode de consommation et justement, en refusant de consommer comme un mouton (je m'emballe !).

    Merci pour les données sur les enfants de Tchernobyl, je ne les connaissais. C'est une chouette idée. Si tu as un compte FB je t'encourage à la soumettre sur la page des Veilleurs francophones :)

    Le gros risque quand on part la bas vient de la nourriture. Certains radionucléides sont hyper dangereux et il suffit d'une fois pour se mettre en danger. Donc à moins de partir avec son compteur à becquerel, c'est la roulette russe.
    En plus il faut 1) être capable de lire la provenance écrite en kanji sur les étiquettes 2) savoir si le produit est fiable car il y a beaucoup de magouille. 3) éviter à tout pris la nourriture des combini qui est la moins fiable (je n'ai pas les sources mais c'est que m'a expliqué Aizen).

    Merci pour ton commentaire constructif !

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  8. Ma belle, je suis émue par ton article. Je ne pensais pas que tu aurais couché aussi précisément tes sentiments...je savais que tu étais devenue courageuse, mais là, je me rend compte à quel point tu t'es fait violence pour écrire ce billet...

    Toutes mes pensées t'accompagnent, car pour moi aussi, la tristesse est incommensurable. Depuis le 11 mars, j'ai perdu quelque chose de précieux. Je n'ai jamais pu faire de déni, parce que je savais qu'il fallait me raccrocher à ma raison. On a souillé ce pays que j'aimais tant, ce pays qui m'a vu naître... Et il le sera pour si longtemps que l'on peut dire que ce sera pour une éternité.

    Je te remercie aussi d'avoir mentionné le travail de tous les veilleurs, car il y a des personnes tellement impliquées, loyales, courageuses en ce monde, et de toutes nationalités confondues...ils sont devenus pour moi une famille virtuelle, de compagnons de route et de combat pour la vie.

    Juste un petit détail que j'aimerais juste ajouter concernant les radionucléides : le plus dangereux est le plutonium, et il suffit d'un millionième de gramme dans les poumons pour provoquer un cancer certain. L'uranium est aussi très dangereux, le neptunium, l'américium...

    L'iode 131 est extrêmement dangereux car il se fixe sur la thyroide. Il était surtout dangereux durant les deux premières semaines après les explosions des réacteurs.

    Pour les autres isotopes, comme le strontium, le cesium, une fois ne tue pas, mais le cumul rend certainement malade, et une trop longue exposition peut en effet tuer. C'est le cumul qui est dangereux, notamment par contamination interne (inhalation / ingestion). Le professeur Bandazhevsky, médecin à Tchernobyl, a longtemps tenté de sauver la vie des enfants là bas, et a pu constater au fil du temps et grâce à ces études menées, que le cesium pouvait par cumul causer de très graves troubles cardio-vasculaires. Le professeur Chris Busby affirme la même chose...

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  9. Actuellement, les enfants de Fukushima ont divers symptômes, comme les problèmes oculaires (saignement oculaire, conjonctivite, irritation), fatigue aigüe, diarrhée incessantes, saignement de nez, maux de têtes, douleurs aux articulations, douleurs à la poitrines, toux, perte de cheveux...

    Mais ce que les gens redoutent le plus, ce sont les naissances d'enfants malformés...ces derniers temps, de nombreuses femmes se font avorter à Fukushima. C'est d'une tristesse sans nom. Cette réalité me fait en colère...

    Ces symptômes sont les mêmes qu'à Tchernobyl. Mais le gouvernement ne cesse de répéter aux mamans inquiètes que ce n'est rien d'autre que le stress, et qu'il n'y a pas d'inquiétude à avoir. En réalité, les japonais ont commencé à prendre conscience que rien de tout cela n'était normal et qu'on leur mentait, qu'on leur cachait des choses cruciales.

    Même certains médecins et infirmières ont reçu l'ordre de mentir sur les résultats de santé. Certains hopitaux annoncent clairement qu'ils ne traitent pas les cas de symptômes liés aux radiations...

    Le seul moyen de sauver les enfants des zones contaminées, serait de les éloigner de la source émettrice : les évacuer le plus loin possible.

    Le danger n'est pas le même partout au Japon pour le moment, mais la contamination nucléaire tend à s'étendre par la chaîne alimentaire, par l'air à cause des rejets depuis la centrale accidentée (pluie/ neige/ vent/ incinération des débris volontaire en plus), mais aussi par la mer (contamination progressive, actuellement, de la baie de Tokyo, de certaines rivières, de certaines nappes phréatiques...)

    Il n'y a pas que le Japon qui va être touché : l'océan pacifique est contaminé, et la contamination va progressivement s'étendre jusqu'aux Etats Unis, Canada, et bien d'autres lieux en suivant les courants marins...pour le moment personne ne sait quels seront les impacts sur le vivants d'une telle contamination marine.
    Les scientifiques sont déjà extrêmements inquiets et diverses analyses continuent d'être faites. L'expert nucléaire Arnie Gundersen tient régulièrement des conférences, ou participe à des interview pour communiquer sur les conséquences de cette catastrophe nucléaire.

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  10. Pour en revenir au fait de se rendre au Japon, moi aussi j'y ai une partie de ma famille et aussi bon nombre de proches. Je ne peux pas dire que je ne m'y rendrais plus, mais je n'irai plus jamais avec le même état d'esprit et plus jamais avec insouciance.

    Actuellement, il y a aussi le très dangereux problème de la piscine du réacteur numéro 4, remplie à rabord de près de 1500 barres de combustible, et dont le bâtiment est dans un très mauvais état. Le Japon est un pays à fort risques sismiques et absolument rien ne nous garantit que les choses se passeront bien.

    L'expert en physique nucléaire japonais, le professeur Koide Hiroiaki, avait, il y a déjà plusieurs mois de cela annoncé que si le bâtiment en venait à s'effondrer ou que la piscine se vidait à cause de fuite (causée par un tremblement de terre, ou quelconque problème), alors c'est plus de 250 km qui devrait être évacué, Tokyo inclus. Ce risque est toujours d'actualité, mais les médias n'en parlent évidemment pas en France.

    Alors ma question est telle : avons nous, comme tu dis, envie de jouer avec la roulette russe, juste parce que voyager au Japon est tentant ? Je n'ai tellement plus confiance en Tepco, en le gouvernement, en les industriels qui nous ont trahis, que rien ne peut désormais me sauver que ma propre raison : je ne veux pas y retourner dans ses conditions.

    Pour moi une chose est claire : je voudrais aider ceux qui veulent partir du Japon, à se préparer à évacuer, à vivre ailleurs, à envoyer des fonds sur place, à aider à trouver un moyen d'accueillir des enfants japonais chez nous. Le Japon n'est pas qu'un territoire : il continuera d'exister dans l'âme vivante de chaque japonais en ce monde...

    Je me répète cela chaque jour...

    Ce qu'il faut sauver, c'est la vie. Et surtout, celle des enfants en priorité.

    Je t'embrasse fort. Arigatô.

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  11. " ... parce qu'ils ont réussi à se tirer d'affaire après le défaite de 1945 essentiellement grâce à leurs innovations techniques, les japonais ont peut-être aujourd'hui, tendance à trop miser sur elles et leur développements, au risque de leur confier aveuglément un rôle par trop important, parfois au détriment de la réflexion individuelle, de l'intelligence humaine, de la vigilance collective et des relations interpersonnelles"."... L'accident nucléaire de Fukushima, les a sur ce plan mis au pied du mur. Malheureusement, ils ont en grande partie échoué à garder la confiance de leurs interlocuteurs et des populations d'autres nationalités. Lorsque le ministère nippon des Affaires étrangères assurait en juin 2011 à Paris que "le Japon est un pays sûr, que sa nourriture, même provenant de la préfecture de Fukushima, était propre à la consommation," nul ne le croyait. Non, le Japon n'est pas un pays sûr, aucun ne l'est d'ailleurs, pour diverses raisons. Lui, est à la merci des catastrophes naturelles. Mais face à cette menace, il est mieux armé que tout autre et, le cas échéant,met de gros moyens en œuvre pour se prémunir et se rétablir, voila ce qu'il fallait peut-être dire. De la tragédie du 11 mars 2011, le Japon peut tirer de nombreux enseignements valables pour le monde entier "

    Extrait du Livre de Karyn Poupée " Les Japonais "
    CONCLUSION " La nécessaire mesure du risque "
    Nouvelle édition revue et augmentée 2012 aux Éditions Tallandier

    ✿✿✿ ✿✿✿ ✿✿✿

    Ma très chère Marianne,
    tu as ainsi trouvé le moyen d"exorciser ce démon du désarroi, de la peine et de la tristesse, provoqués par le constat des conséquences de l'accident nucléaire de Fukushima.

    Tu as voulu nous faire part de ton inquiétude et partager avec tous, l'état actuel de cette situation.

    Toi, passionnée par le Japon, cela ne t'empêche point d'être lucide.

    Ainsi, la réalité étant ce qu'elle est, les Mamans japonaises qui ont des enfants vivant à Tokyo, ne se séparent jamais de leur téléphone portable, pour, à tout moment, prendre des nouvelles de leurs enfants adultes et leur famille...
    Pour les japonais, il est impensable de quitter leur pays!
    Pour les habitants de Fukushima, forcés de s'en éloigner, le chagrin est immense, comme tu le sais, de devoir faire le deuil de cette terre natale " FURUSATO " 故郷(ふるさと) ( Lien vers une vidéo: http://youtu.be/gcmcXrCihrA )

    Et pour nous, alors?
    La réponse ne peut qu'être individuelle, personnelle.

    Ton article, va certainement permettre à ceux qui ne s'y étaient pas attardés, de porter un regard sur la situation et ainsi se faire leur propre idée.
    Remarque, ceux qui n'en parlent pas, cela ne veut pas dire qu'ils cachent la réalité...

    Il y a tant de choses à découvrir et à apprendre de cette culture!
    La littérature, la poésie, le théâtre, les mangas, le cinéma, la peinture, la musique, la calligraphie,les arts martiaux ... La mode, la cuisine, les croyances et légendes,les techniques artisanales préservées...
    Toi, accro de lecture, je compte sur toi pour continuer de nous faire découvrir certains aspects de la culture japonaise si chère au cœur des japonais,sous ta sensibilité de grenouille curieuse :)

    Partage avec nous ton Japon, quel qu'il soit et la France aussi, bien entendu!

    Je t'embrasse bien fort ♥

    Merci pour le contenu de cette page et ton amour pour le Japon.

    【がんばれ日本】 Ganbare Nippon! Accrochez vous!


    Okasan 海子

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  12. Merci infiniment pour cet article.
    les mots me manquent pour dire à quel point je suis triste aussi de ce qui se passe là-bas depuis le 11 mars.
    La tristesse d'avoir quitté le pays de mon coeur et l'impuissance de ne pas pouvoir aider...
    La honte d'etre partie pour mettre mes enfants à l'abri quand les copains de mes enfants sont restés...
    Alors, oui merci de mettre des mots sur l'indicible.
    Merci d'etre active et de relayer des infos en gardant la tete froide malgré l'émotion.
    Amicalement,
    isa.

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  13. Vous êtes une vraie amie du Japon - je souhaite que vos propos, réalistes et courageux ne soient pas déformés et qu'ils atteignent leur but - bonne continuation sur votre si joli blog.

    Une grenouille qui vit dans un autre étang - Nadine

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  14. Un court commentaire pour vous remercier. Je ne connaissais pas l'envers du décor. Quelle tristesse.
    Merci de nous informer que "soutenir l'industrie, c'est soutenir le Japon". Car c'est la réponse courante que reçoit l'européen qui se sent concerné.
    Alors merci !
    Courage au peuple japonais, à mon sens, une catastrophe nucléaire concerne le monde entier, tous les humains.

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  15. Tres bon témoignage avec des liens précieux sans lesquels certains d'entre nous serraient peut être encore dans l'ignorance. Je partage a quelques détails près la même expérience avec en 2010 un séjour de deux mois de découverte de ce pays.
    Puis en 2011 je décide d'y retourner pour voir mes amis et visiter sauf qu'en plein milieu du séjour la triple catastrophe survient.
    Avant de connaitre la catastrophe nucléaire, la catastrophe naturelle fut un choc mais que l'on arrive a surmonter, et ce avec la perte d'un ami.
    Mon pire cauchemar était une catastrophe nucléaire, sauf que celui-ci devint réalité.
    Ça broie le cerveau mais fait surgir le vrai visage de la folie humaine.
    Le pire étant de voir ce que l'on a limite idolâtré disparaître sous nos yeux avec des rebondissement sur la dégradation des évènements qui apportent des contraintes millénaires.
    Ça m'as mis hors de moi l’ambassade qui annoncé "partez vers le Sud et ne paniquez pas" alors qu'un collègue suisse s'est fait rapatrier "gratuitement" le 13 Mars.
    Donc on a évacués par nous même car la nourriture et l'eau en bouteilles venait a manquer. Des bouches en moins a nourrir peuvent en sauver d'autres dans l'urgence.
    Arrivé en France dans les médias l'info était complètement décalée quand elle n’était pas faussée et après chape de plomb.
    Merci a tout ces chasseurs de l'information pour avoir pu mètre a disposition la vérité ainsi qu'au soutien pour aider les Japonais.
    Pendant un moment j'ai cru que ce pays allait disparaître mais le courage de héros (chair a patron vu sous un autre angle) permet de mettre un frein au désastre.
    Maintenant,avec connaissance du danger, je suis venu a Kyoto mais dans un autre pays ou danger de santé et menace mondiale est d’actualité.
    Voir une partie des amis en vie est rassurant surtout dans les cortèges jaunes.
    Un élan massif est en cour au niveau citoyen pour l’arrêt de l'atome afin de limiter la casse en cour.
    La situation n'est pas Rose mais citoyennement elle prend du sens.
    Courage a tout le monde car il en faudra. On en a l'exemple et le manuel prévisionnel.
    Fred

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  16. Le point réellement important c'est que les japonais ont compris qu'il n'y avait pas forcément besoin de nucléaire pour subvenir aux besoins en électricité du Japon (aucun réacteur nucléaire n'a produit d'électricité en hiver au Japon). Je sais que certains d'entre vous (moi de même) allez dire, et bien pourquoi l'état japonais veut-il quand même relancer des réacteurs ? Comme c'est la raison pour laquelle les japonais sont dans les rues actuellement, je ne m'étendrais pas sur la question. Par contre, je me pose alors la question suivante ? Pourquoi diantre la France fait-elle fonctionner 46 réacteurs sur les 58 (à ma connaissance) ? Pour "subvenir" aux besoins énormes des français en électricité ? Vérité ? Mensonge ? On parle du Japon, certes, c'est très aimable mais ne devrait-on pas aussi nous préoccuper un peu plus de ce qui se passe sur notre territoire ? Car en cas de problème, l'état français fera (je vous le parie) exactement la même chose que l'état japonais pour gérer la crise (à peu près). Alors autant limiter les risques tout de suite non ?

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  17. Bonjour Kaeru !

    Ma réponse à ton article ici : http://littlesushitown.blogspot.fr/2012/07/ouvrir-sa-conscience-garder-son.html

    Ton texte m'a beaucoup touchée, et je tenais à réagir, même si je ne suis pas 100% d'accord avec toi. Merci d'avoir écrit avec tant de sincérité.

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  18. Un article émouvant et édifiant. Triste constat !

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  19. MERCI à tous !

    Cela m'a pris des semaines pour mûrir cet article, éclaircir ma pensée. J'avais vraiment la crainte que mon message sont mal compris. Deux amies très chères m'ont dit que quand on communiqué avec sincérité, sans jugement, dans le respect, le message serait forcément reçu. Elles ont raison (merci Anne ! merci Aizen).

    Je suis vraiment heureuse de vos réactions intelligentes et constructives. J'apprends beaucoup et je me rends compte que j'ai aussi exorciser beaucoup de ma douleur. Cet article me fait me sentir un peu moins inutile, un peu moins impuissante.

    Et surtout, je me sens tout à coup de nouveau légitime dans mon étang :) Et ça, c'est bien parce que j'ai des visiteurs pleins d'humanité *_*

    @Noella : avec deux enfants métis, je n'ose même pas imaginer la profondeur de ton dilemme... Mais, il me semble que tu te poses les bonnes questions. Tu n'es pas dans le déni et tu cherches une solution.

    Actuellement, comme l'explique très bien Aizen, les risques sont multiples et celui de l'instabilité de la piscine numéro 4 est le pire : il est totalement hors de notre contrôle.

    Je crois que c'est cette instabilité qui me fait le plus peur. Il ne s'agit pas d'un risque naturel comme un tremblement de terre ou quelque chose qui peut arriver à tout le monde, comme de se faire renverser par un chauffard. La, on "sait" qu'il a un très gros problème sans vraiment de solution aujourd'hui...


    @Aizen : merci pour tant de choses... ton soutient, ton engagement et puis partager tes connaissances avec toujours autant de pédagogie et de calme. Tu répètes le message sans relâche, sans jamais t'énerver.

    :) je profite bien de ta force et de ton énergie, alors, te soutenir en retour dans le formidable travail que tu accomplies pour le Japon est un petit geste !


    @Ragnagna : il y a d'autres pays à visiter dans le monde, même en Asie. Et si mon coeur est lié au Japon, je pense que mon prochain voyage m'amènera vers des horizons moins incertains...

    @Okasan : ...merci. Merci beaucoup. Si tu savais comme tes mots me touche. Et merci pour l'extrait du livre de Karyn Poupée. Je le mets immédiatement dans ma wish list !
    Et pas d’inquiétude à avoir coté découverte, j'en ai plein dans mes poches ! Maintenant que je me sens de nouveau à l'aise dans mon étang, je vais pouvoir reprendre la plume.

    @Isa : tu as fait preuve de courage... Je me souviens des messages culpabilisants à l'égard de ceux qui quittaient le Japon. Et puis, ceux qui hurlaient sur les média français qui ont très tôt parlé de la gravité de la catastrophe.

    Moi la première, je voulais tant croire que ce serait pas trop grave.

    Je suis très admirative de ceux qui, comme toi, ont su préservé la vie de leur proche, ont su se sauvegarde malgré la pression et la douleur de l'abandon. Je n'ai pas d'enfants, je n'en veux pas. Mais je considère que la planète qu'on leur laisse est de notre responsabilité. Alors, faire des choix difficile pour les sauver eux, en priorité, c'est un acte responsable, un acte d'amour aussi.

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  20. @Nadine, une autre grenouille : le cycle de l'eau connecte tout les étang du monde :) Merci d'être passé par ici.

    @Fred : merci pour ton témoignage poignant. Quand je suis repartie en février j'ai eu aussi ce sentiment de revenir dans "un autre pays". Je suis heureuse de voir l'importance de la mobilisation aujourd'hui contre le nucléaire et j'aimerai vraiment qu'en France aussi, on réfléchisse plus.

    Bien sûr, les danger sismiques ne sont pas les mêmes. Pourtant, le propre des catastrophes naturelles est qu'elles sont imprévisibles, immensément ravageuse. Il faut être d'un orgueil incroyable ou d'une stupidité sans fond pour penser pouvoir tout contrôler. Tout prévoir.

    Je suis persuadé que sortir du nucléaire est la seule issue.

    @Utsu : je suis totalement d'accord avec toi. Je me répète, mais un accident nucléaire est forcément mondial. Vu la quantité de centrale sur le territoire français, nous sommes tous concernés. Chez nous aussi, lobby économique et intérêts personnels priment sur le bien être de l'humanité...

    @Céclie : merci pour ton message et ta réponse sur ton blog, pleine de sincérité et d'amour pour le Japon.
    Quand je dis que le Japon que j'ai connu n'existe plus, je parle en réalité de ma perception du Japon. Bien sûr que la culture est toujours là :)

    Mais je vois, par exemple, un anime comme Tsuritama (http://en.wikipedia.org/wiki/Tsuritama) qui se déroule à Enoshima et vante la beauté et la pureté de la mer, c'est devenu un mensonge. Il n'est plus possible de consommer des produits de la mer au Japon sans risquer l'empoisonnement.
    Cela n'enlève en rien la qualité de l'oeuvre. Mais, cette culture va continuer de se développer en partie sur un Japon fantasmé, sur un Japon d'avant le 11/03.

    J'espère avoir éclairci mon propos.

    Je conclurai en disant que j'ai presque quarante balais, ça aide aussi à perdre son innocence. Cela fait bien longtemps que je ne vis plus au pays des bisounours :)
    Par contre, je sais toujours profiter de la magie de la vie, j'ai toujours une grande capacité à m'émerveiller.


    Et encore merci à tous d'être là.

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  21. Super article et des commentaires très constructifs.
    Mon rêve depuis longtemps est le japon, je pense quand même y aller dans un an ou deux, mais bien évidemment je vais me documenter (merci pour ta liste de liens) et faire très attention une fois là bas.
    Et ton article est si vrai, en france on a pensé au japon quand la catastrophe venait de se passer et maintenant plus personne n'en parle alors que la situation ne s'est pas arrangée.

    Comme disait un commentaire précédent, à voir aussi en france, comment nos déchets nucléaires sont traités, on les enterrent il me semble , à voir sur du long terme, je ne suis pas assez technique pour parler de ça.

    Merci encore pour ce blog et ta sincérité :)

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  22. Bonjour,

    Je vais jeter un pavé dans la marre : je suis allé au Japon en Juillet 2011 avec ma femme et nos 2 enfants et j'y retournerais cet l'été prochain aussi pendant 2 semaines au moins.

    Je me base sur quelques sources indépendantes comme :

    Le rapport de l'enquête parlementaire du parlement Japonais qui pointe clairement la responsabilité de Tepco et du gouvernement

    http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2012/07/fukushima-une-enqu%C3%AAte-parlementaire-charge-la-tepco-et-le-gouvernement.html

    Les niveaux de radioactivité des grandes villes
    http://www.jnto.go.jp/eq/eng/04_recovery.htm#city

    On ne peut pas dire que c'est criminel d'aller au Japon.
    Il y a de l'espoir pour que les Japonais prennent conscience et changent de politique radicalement.

    PS : un très bon site concret sur l'après Tchernobyl
    http://www.consumedland.com/elena/index_fr.html

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  23. C'est un bien bel article et il est toujours très difficile d'aborder ce sujet dont les conséquences sont malgré tout méconnues. Je me permets d'apporter mon témoignage suite au votre. Mars 2011 au matin, je me lève et comme beaucoup, j'apprends la nouvelle par la tv. J'appelle Tokyo pour prendre des nouvelles de mes amis japonais. Entre Fukushima et les tremblements de terre, c'est la grosse inquiétude, certains ne savent pas quoi me dire. Le hasard fait que je me suis rendu au Japon tous les deux ans depuis 2005 et mes amis me demandent en juin 2011 si je compte revenir cette année. Pour être franc, c'est la Corée du Sud que j'avais prévu de visiter cet été là. "Les américains disent qu'il ne faut plus venir chez nous, est ce que tu penses la même chose ? Est-ce que tu vas revenir un jour ? Que disent-ils en France ?" me demande une amie japonaise. Que voulez-vous répondre à ca... J'annule donc la première partie de mon séjour en Corée et change mon premier vol pour Tokyo.
    Quelques jours après l'annonce de mon arrivée, une autre amie japonaise, la cinquantaine, me téléphone inquiète : "Merci beaucoup de venir nous voir mais es-tu bien sûr de vouloir revenir au Japon maintenant ? Le pays est devenu dangereux et personne ne sait vraiment ce qu'il se passe ici mais rien de bon ne va nous arriver. Je suis contente de te revoir mais je veux que tu réfléchisses bien avant de prendre l'avion..."
    Ma mère apprend mon départ et fait tout pour m'en dissuader, mon père me soutient et me dit "la meilleure façon de soutenir un pays comme celui-ci est d'y aller, tu ne dois pas laisser tomber tes amis, vas-y !". Mes amis français sont partagés, d'un côté les blagues de mauvais goût fusent, chez certains autres c'est l'inquiétude qui prime "tu vas quand même pas aller là bas???". Je profite d'une visite chez le médecin pour lui demander son avis : "rien à craindre si tu ne restes à Tokyo que quelques jours" et je lui réponds "Et pour les gens qui vivent là bas?", "L'avenir nous le dira" conclura-t-il.

    Avec tout cas, je ne sais pas quoi penser et inconsciemment je me dis "cette catastrophe est grave mais ça ne va quand même pas menacer tout un pays?... quand même pas...si ?".

    Juillet 2011, j'embarque pour le Japon l'esprit plutôt "tranquille" en acceptant evidemment d'avance de manger et vivre normalement. Mes amis m'accueillent chaleureusement. Rien ne semble avoir réellement changé à Tokyo à part les lumières éteintes dans les rues le soir. A table, dès le premier repas, le sujet est abordé, mes amis japonais sont furieux "le gouvernement nous ment depuis le début, c'est très grave, nous vivons dans un pays de menteurs....". Chacun y va de sa colère... "qu'allons-nous devenir?", "les enfants qui vivent là bas ont des saignements de nez permanents, les animaux commencent à avoir des déformations". Je soupire sans trop savoir quoi répondre. Tout le monde baisse la tête. Nous n'en parlerons plus.

    Le séjour se déroule normalement, après Tokyo, nous passons notre temps à Yokohama puis Nikko. Lors de la visite d'un temple, nous nous retrouvons au milieu d'un groupe d'étudiants. L'une de mes amies japonaise demande à un jeune garçon d'ou il vient. Ce dernier nous répond "Fukushima". Mon amie ne peut s'empêcher de lui demander alors comment ça se passe "là bas". Le jeune garçon nous répond "Ca va, mon père dit que tout rentre dans l'ordre et qu'on peut retourner chez nous...". Regards croisés avec mes amis, pas besoin de commentaires, nous nous sommes compris.

    Ma semaine prend fin et je m'envole pour la Corée avec un sentiment très amer. Je ne sais plus quoi penser. Voila, mon témoignage n'apportera pas de réponse claire au problème mais j'ai juste voulu partager mon témoignage après cet article qui me fait bcp réfléchir. Merci.

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  24. Powing : les médias recommencent à en parler. Vu l'ampleur des révélations sur les falsifications de rapport et les problèmes de surmortalité, ce n'est pas étonnant. Je t'encourage à rejoindre le groupe FB des veilleurs si tu as un compte. Tu trouveras des gens pour répondre à tes questions et surtout te donne des liens vers les info. C'est parfois assez difficile de s'y retrouver sur le net...

    @ Christophe : Lancer un pavé dans un étang met les grenouilles en pétard. Mais comme je sais que tu ne le fais pas juste pour mettre le bazars, je prends le temps de te répondre.

    Je ne rentrerai pas dans le débat sur l'indépendance des sources et la fiabilité des info. Mon article expose clairement mon point du vue.

    Je ne dis nulle part qu'il est criminel d'aller au Japon. Chacun choisit de faire ce qu'il veut de sa vie. Moi la première, j'y retournerai peut-être. On est des adultes responsable. Chacun ses choix, je ne juge pas.

    Par contre, je pense qu'il est criminel d'y emmener ses enfants,
    On ne sait pas d'où provient la nourriture - et même en lisant les kanji, le trafic est réel. On ne sait pas exactement où et dans quelles conditions sont brûles les déchets radioactifs.
    Les risques sont donc réel. Et je crois à l'application simple et sans détour du principe de précaution pour ses enfants.

    Je ne répondrais plus au commentaires qui expliquent que le risque est inexistant ou minime. Sur le sujet car j'ai du mal à discuter sereinement :)

    Christophe, sur le sujet, on peut tomber d'accord sur le fait qu'on ne sera jamais d'accord !


    AL : merci pour ton témoignage ! Beaucoup de mes amis sont partis au Japon depuis le 11/03.

    Je leur casse les pieds régulièrement avec une liste de précaution longue comme le bras... Plus le temps passe et plus la situation devient préoccupante. Et la piscine numéro 4 de Fukushima menace toujours le monde.
    Tokyo est la première des préfecture a avoir accueilli à bras ouvert les déchets radioactifs du tsunami. En plus c'est difficile là bas de faire gaffe à l'alimentation. Celle qui provient des combini est vraiment la plus "pourrie".

    Plus le temps passe plus les japonais prennent conscience du problème. Il est plus facile, je trouve, de dire aujourd'hui "je ne vais pas / plus" au Japon sans se sentir coupable d'abandonner ce pays qu'on aime. Les japonais ne sont plus dupes de leur gouvernement, des industriels, des yakuza qui noyautent tout les système des liquidateurs. Ces gens là se contre-fichent du peuple, ils veulent argent et pouvoir, garder la face, toucher leur petite retraite, garder leur privilège....

    Mais je m'emporte.

    Depuis quelques jours un élan est entrain de naitre pour une manifestation mondiale en soutient au Japon :


    "500 jours après la catastrophe de Fukushima, la situation continue de s'empirer, la contamination radiotoxique s'étend, consacrez le week-end du 13 et 14 octobre à des journées d'actions MONDIALES de solidarité avec les Japonais, soyez prêts. Agissons TOUS ensemble.
    La révolution mondiale des hortensias : W.H.E:R.E 13-14 octobre 2012"

    La page FB de l’événement : https://www.facebook.com/AjisaiRevolution

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  25. Je t'avoue que déjà bien avant de lire ton article le japon me faisait peur puisque bien sûr ce genre de déchet ne s'élimine pas comme ça - et qui sait en plus jusqu'où la contamination va s'étaler, au fil du temps... C'est vrai qu'on va regretter le japon dont tu parle et sur lequel tout le monde fantasme, mais bien sûr il faut voir la réalité en face et quand on pense aux familles, aux habitants, c'est une pensée bien triste et atroce... Le pire c'est que ça peut nous arriver encore malheureusement, ce genre de cata, et qu'on ne maîtrise pas grand chose, et qu'on ne peut pas tellement non plus aider, sauf comme ils font à militer pacifiquement.
    J'aime beaucoup leur fleur symbole, sais-tu pourquoi ils ont choisi celle-là ?
    En tout cas, j'espère que ton étang ne périra pas de radioactivité à son tour, et que tu continuera à fantasmer sur le japon que tu aimais, ou bien à nous renseigner sur un nouveau japon, qu'on espère meilleur.
    En tout cas je pense comme toi qu'y retourner est dangereux, qu'on ne peut pas l'imposer aux enfants et qu'on peut dire merci à ceux qui se sacrifient sur place.
    Bise

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  26. Onee-Chan : La floraison des hortensias commence en mai. C'est une fleur très rependue là bas. Je crois qu'elle a du s'imposer d'elle même comme symbole. Et puis c'est une plante originaire du Japon ;)

    Merci pour ton commentaire ! Quand à mon étang, pas d'inquiétude !
    Écrire cet article a fait office de catharsis et m'a permis de me positionner clairement. Je me sens de nouveau légitime ici :)

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  27. C'est tellement triste... On dit souvent que les écologistes en font trop, qu'ils sont des rabats-joie et surtout des catastrophistes... Simplement, les écologistes essayent pour la plupart d'informer sur les dangers et ce qui ne sera plus si l'on va trop loin.
    Cela fait des années que les écologistes disent que le nucléaire est dangereux. Comme l'on peut le constater aujourd'hui avec le Japon, seul le peuple dit non, pas le pouvoir. Pourquoi? Parce que bien entendu, l'argent à toujours plus raison.
    Je pense qu'il est temps pour tous de prendre en considération les paroles des écologistes. Si on les avait écouté, rien de tout ça ne serait arrivé.
    Les écologistes sont simplement des amoureux de la Nature et de l'Homme, ils veulent simplement les préserver.

    En tout cas, très bel article. J'irai quand même au japon dès que je le pourrai, parce que c'est un rêve, mais je crois que j'ai manqué le coche... C'est malheureux pour ce peuple si fort, si beau... C'est malheureux pour ces terres, chargées d'histoire, ces terres magiques. Cette culture, ces hommes et ces enfants, qui eux ne connaîtront plus ce Japon.
    Il faut voir en face ce qu'a pu faire le capitalisme de ce beau pays (d'ailleurs comme les autres), il faut voir en face ce que nous voulons et ce dont nous avons besoin. On peut faire autrement.

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  28. Bonjour et bravo pour les signes d'affection et de lucidité mis dans la rédaction de votre texte : vous avez raison et avez peur, comme beaucoup d'autres d'oser dire ce que vous savez sur ces incroyables et tragiques réalités.
    Chaque ami du Japon trouvera sa propre voie pour aider le Japon, mais faire prendre conscience au reste du monde de la réalité des dérives, mensonges et tromperies criminelles qui ont conduits à cette situation et qui empêchent (ici et là-bas) de réagir avec la détermination nécessaire me semble être une priorité : bravo et ... continuez votre combat !

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  29. Je suis entièrement d'accord avec la maîtresse des lieux quand elle dit de ne pas colporter les versions officielles de déni concernant la catastrophe. Mais toute cette discussion me laisse pantois par certains côtés. Comme je vois plutôt le côté positif des choses, en lisant cet article et ces commentaires, le militant anti-nucléaire de longue date que je suis se dit: «mieux vaut tard que jamais». Si la catastrophe de Fukushima peut permettre à certains de réaliser à quel point le nucléaire est une industrie dangereuse et qu'on est encore loin de maîtriser, eh bien tant mieux.

    Je me permets néanmoins de vous rappeler qu'en 1986, mais peut-être certains n'étaient pas nés ou encore très jeunes, l'explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl balançait sur une bonne partie de l'Europe tout un tas de radionucléides. Sauf évidemment en France, où notre industrie nucléaire voyant d'un mauvais œil toute atteinte à la bonne réputation de sa corporation, a diffusé l'idée que notre frontière était impénétrable à ce genre de désagréments. Des analyses ont pourtant montré que l'Est de notre pays avait été bien touché, avec de fortes concentrations de césium dans diverses plantes comestibles. Encore aujourd'hui, en Allemagne, les chasseurs qui font analyser la viande des sangliers qu'ils abattent n'ont le droit d'en commercialiser qu'un sur deux à cause du césium qu'ils contiennent. Les sangliers français ne sont pas contrôlés, rapport à la fameuse frontière étanche évoquée ci-dessus. Bref, des radionucléides, nous en avons bouffé et nous en bouffons encore.
    Certains auront peut-être la naïveté de croire que nous n'avons pas dispersé de débris radioactifs comme sont en train de le faire les Japonais. Il y a hélas dans notre bonne vieille France le cas de nombreux remblais de routes ou de parking qui dépassent allègrement la dose autorisée, des décharges plus ou moins cachées dans lesquelles on se débarrasse de produits trop chers à traiter, et autres joyeusetés du même fût…

    Donc, tout ça pour dire que ceux qui ont peur d'aller au Japon feraient peut-être bien de se soucier aussi de ce qu'on leur cache (ou qu'ils ne veulent pas voir) depuis des décennies dans leur propre pays… enfin, pas si propre que ça, du coup. Mais bon, si on réalise enfin que c'est un problème mondial, ce sera déjà un grand pas.

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  30. Fabrice : j'avais 11 ans lors de Tchernobyl et je me rappelle parfaitement et de la crainte et du mensonge de notre gouvernement. Quand à la situation de contamination en France, je sais aussi à quelle point les cancers et les problèmes de thyroïdes ont augmenté dans l'est et sur la Côte d'Azur.

    J'avoue que je ne comprend pas bien votre commentaire, Fabrice. Avoir conscience du problème en France n'empêche pas de parler du Japon, surtout que c'est pour moi la colonne vertébrale de ce blog.

    Et si, par le biais de la catastrophe de Fukushima, les jeunes français qui apprécie le Japon et lisent des manga réalisent un peu le danger de cette énergie, je trouve le débat salutaire. Encore une fois, je le réaffirme, il s'agit d'un problème mondial.

    Et accessoirement, Paris est à plus de 2000 bornes de Tchernobyl. Donc ce n'est pas les 250 km entre Fukushima et Tôkyô. Sans compter l'avenir incertain de la piscine numéro 4. Bref, aller au Japon aujourd'hui me semble plus risquer que la situation qu'on a connu lorsque le "nuage" a été "arrêter à la frontière".

    Dans tout les cas, en matière de risque nucléaire, on vit tous sur la même planète.

    Je m'emballe un peu, mais j'ai dû modérer ce matin un commentaire qui me traiter d'hystérique et expliquant que y'avait pas de radioactivité à Tôkyô, ça m'a mis de mauvais poil :)

    Fabrice, pour conclure sur une note plus positive, étant donné que tu m'as l'air d'être au fait sur ce sujet, je t'encourage à propager l'info à propos de l'organisation de la manif anti-nucléaire du 13 et 14 octobre à Paris et plusieurs ville du monde. Si tu as un compte FB, tu peux rejoindre le groupe de Veilleurs pour avoir toutes les infos :)

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  31. Bonjour Kaeru,

    Merci pour cet article auquel j'ai mis bien du temps à répondre! Je vous avoue que cette lecture m'a beaucoup attristée, mais qu'elle m'a permis de réfléchir plus en profondeur à ce sujet.

    J'ai écrit un billet sur mon blog (http://zazen-rouge.over-blog.com/article-le-japon-doit-vivre-108730959.html) qui a été motivé par les arguments que j'ai pu lire ici. Certains passages vous sembleront durs, car nos avis divergent sensiblement, mais je tiens à préciser que les mots les plus virulents ne s'adressent pas à vous mais à un public plus vaste.

    Je souhaitais, avant de convaincre qui que ce soit, expliquer les motivations qui nous poussent, moi et d'autres individus, à continuer de promouvoir les séjours au Japon, et clarifier quelques points qui ont parfois été l'objet de conceptions erronées de la part de personnes qui ont (et c'est normal) du mal à trouver des informations fiables concernant l'état actuel du Japon.

    Pour ce qui est de la culture japonaise, je m'en remets à l'article posté par Cécili@ dans son commentaire, qui exprime - de manière plus nuancée que je ne l'ai fait - des idées qui me semblent justes.

    Kaeru, merci encore pour votre témoignage, je continuerai de lire votre blog avec le même plaisir. N'hésitez pas à m'indiquer si certains de mes propos ne vous semblent pas clairs!

    Julia

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  32. Bonjour,

    merci pour cet article.

    Anne

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  33. @Julia : merci pour votre commentaire et la réponse sur votre blog. Vous prouvez qu'on peut avoir des avis différents même opposés sur certains point tout en restant urbain et intelligent dans le débat... Et c'est un soulagement !

    Je prendrai le temps de commenter votre article quand j'aurai l'esprit un peu plus disponible :) Je me suis juré d'éviter les sujets douloureux jusqu'à la fin du mois d'aout.

    Encore merci de vos visites. Et cela me fait VRAIMENT très plaisir de voir à quel point les personnes qui commentent ici sont respectueuses et ouvertes !

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  34. Hello la grenouille !

    Un article supplémentaire qui va ajouter de l'eau au moulin de ton étang : http://www.japantimes.co.jp/text/nn20120812a2.html?fb_ref=article_entertainment

    Un article intéressant, même si je ne suis pas d'accord sur tout ! ;)

    ++

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  35. @Sebukun : merci pour ton passage par ici :) J'avais vu l'info sur le groupe fb des Veilleurs. C'est intéressant de voir sa propagation.

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  36. Quelle tristesse... Quel refus de l'espoir... Quel message pour nos amis japonais... Quelle peur peut donc faire perdre ainsi tout espoir? Quel désespoir! Je suis triste pour vous, et j'espère que vous saurez un jour retrouver le positif du Yin Yang!
    Oriibu

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  37. @Oribuu : Mon article n'est pas un refus de l'espoir, au contraire. C'est en étant lucide et avec les yeux ouverts qu'on cultive l'espoir.

    Quand aux messages pour le peuple japonais, c'est un soutient sans faille pour l’arrêt du nucléaire. C'est une solution nécessaire pour le Japon mais aussi pour toute l'humanité. Ce n'est pas moi qui désespère ou qui abdique. Et danger vient de ceux qui disent "il n'y a pas de problème". Car s'il n'y a pas de problème, pourquoi se battre ? Pourquoi changer les choses.

    Alors, je ne comprends pas pourquoi vous être triste pour moi, moi qui suit lucide, moi qui suis mobilisée. Je ne veux pas de votre sollicitude. C'est le Japon qui en a besoin.

    L'avenir du monde dépend le la piscine du réacteur numéro 4 e Fukushima. Il est temps d'arrêter de se convaincre que "tout va bien" et d'agir pour prévenir la catastrophe qui se profile.

    http://tempsreel.nouvelobs.com/l-enquete-de-l-obs/20120822.OBS0162/enquete-fukushima-et-si-le-pire-etait-a-venir.html

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Marianne