En ville, trop souvent nos jambes nous mènent à un point d'arrivée, un objectif. On l'atteint le plus rapidement possible, et la ligne brisée par les immeubles et les feux de signalisation tend à être la plus droite possible.
Quand je me déplace dans Paris, souvent à pied, je profite quand même du temps que la lenteur de ce transport me donne. J'écoute de la musique, un livre audio, je regarde l'architecture ambiante.
Pourtant, si le trajet est habituel, je finis par emprunter toujours les mêmes routes, traverser aux mêmes coins de rue. Éviter le boulevard bruyant. Marcher sur ce trottoir-ci plus large et plus propre. L'acte de marcher devient presque aussi mécanique que le métro.
Rapide, nerveux.
Jeudi, je suis sortie de mon rendez-vous chez madame B. Au dessus de ma tête, un ciel où les nuages se racontent plein d'histoires et où parfois, le soleil se joint au dialogue. La température d'avril mérite de garder sa petite laine. Le trajet du retour me prend une petite heure, d'un bon pas.
Dans mon sac, mes appareils photos.
Dans ma tête, le thème du projet photo japonisme tournicote sans cesse. 回り道 - mawari michi. Détour. Le chemin qui tourne. Qui serpente. Le chemin qui s'échappe et vit sa vie, nous surprend.
Alors, au lieu d'aller tout droit et de continuer la rue Legendre avec la précision d'un GPS humain, j'ai opté ce jour-là pour un détour. Quelques rues plus loin, et voilà, blotti contre les voies de la gare St-Lazare, le square des Batignolles. Un jardin très parisien avec sa fausse cascade, sa fausse rivière, ses fausses rambardes en faux bois de béton armé.
Un détour.
A cette heure, seules quelques mamans et étudiants désœuvrés se promènent ici. Un clodo sur un banc. Les canards roupillent sous un magnifique prunus chargé de fleurs roses. Les pare-terres tirés au cordeau débordent de narcisses, pensées, tulipes. Il fait frais. Tranquille.
Soudain, la journée me paraît pleine de promesses.
Je pousse le portail en métal au vert écaillé pour retrouvé l'agitation d'un 17ème populaire. Un détour, un peu de temps perdu sur le parcours chronométré. La moyenne prend un coup.
Je crois que la prochaine fois, s'il fait beau, je retournerai voir si les pétales sont tombés...
Fleurs et plumes |
Chant |
Jumeaux |
Contorsionniste |
Au dessus de la mêlée |
Dodu |
Rêves de verre |
O-Hanami... au bord de l'eau |
Très bel article ♥
RépondreSupprimermagnifique! Quelle quiétude! Merci pour ce détour, et ces belles photos.
RépondreSupprimerJ'ai appliqué le même principe aujourd'hui: les petites rues détournées, là où on trouve des trésors ^_^ J'espère que tout le monde suivra ton conseil :)
RépondreSupprimer@Emilie : c'est lors de mon séjour à Tôkyô que j'ai renouer avec le plaisir du détour. Mes pérégrinations étaient bornées par les temples, les jardins, les cimetières. Juste apercevoir de loin un arbre, un bâtiment étrange, suffisait à me dérouter. Parfois pour plusieurs heures... En final, le détour devient un mode de vie :)
RépondreSupprimerProfite bien !
Outre de petits soucis de pluriel sans aucune gravité, tu dis : "pourtant, si le trajet est habituel, je finis par empreinte toujours les même routes".
RépondreSupprimerJe présume que tu as voulu dure "emprunter", même si le lapsus est ici fort riche, le marcheur laissant toujours quelque empreinte sur son passage ou, du moins, si l'asphalte n'est guère malléable, le chemin laisse forcément son empreinte sur le marcheur. Mais, d'une part, le verbe "empreinter" n'existe pas encore, que je sache (même s'il ne tient qu'à toi de l'inventer, car je n'y vois nulle objection), et d'autre part, il eût fallu en ce cas l'écrire avec un vrai infinitif, soit "empreinter".
Dans ce cas, le mot eût été d'une élégance parfaite, et non sans poésie, puisque que tu aurais semé dans l'esprit du lecteur un doute fort heuristique, lui laissant au final le choix de décider à sa guise s'il s'agissait d'un néologisme choisi ou d'un lapsus involontaire mais non moins éloquent. Tu aurais ainsi emprunté l'imagination de ce lecteur, en y laissant ton empreinte... ;)
@Bruno : j'ai corrigée :)
RépondreSupprimerMes fantaisies orthographiques sacrifiées sur l'autel de la rigueur...
Enfin, me connaissant, ils restent probablement une certaine quantité de fautes disséminées comme les œufs de pâques dans un jardin !
Dans ton commentaire pour annoncer que tu as corrigé, tu as réussi à placer pas moins de... 3 nouvelles phôtes ! :)
RépondreSupprimerBon, promis, je ne t'embêterai que pour les fautes rigolotes. :)
NB : je précise pour le restant de l'auditoire, je ne me permets de commentaires à la "Maître Capello" dans cet étang qu'avec l'autorisation (et même la demande) de la grenouille qui y sévit