27 janvier 2015

Derniers jours de l'exposition coup de poing sur Niki de Saint Phalle, jusqu'au 2 février 2015


Il ne reste que quelques jours pour aller visiter cette exposition impressionnante au Grand Palais qui propose une rétrospective de l’œuvre de cette artiste majeure du XX ème siècle. Même si l'esthétique particulière ne vous attire pas, je vous conseille vivement d'aller découvrir son travail.

Une femme engagée dans sa vie et le monde


Durant des années, j'ai boudé Niki de Saint Phalle dont je ne connaissait que ces « nanas » obèses aux couleurs criardes et la fontaine Stravinski devant Beaubourg. Lors d'une visite au MAMAC de Nice, j'ai pris le temps de lire sa biographie et enfin compris pourquoi ses sculptures me dérangeaient.
Niki de Saint Phalle a grandit avec une cuillère en argent dans la bouche à une époque où, dans les milieux bourgeois, une femme devait se taire. Sa grande beauté et l'ambition maternelle dévorante l'ont conduite à être mannequin et à se marier à 18 ans Mais, derrière la façade lisse, Nikki est une boule de souffrance et de rage, brisée par les abus de son père. Une jeune femme sensible bouillonnante d'idées. Elle atterrit en hôpital psychiatrique à 23 ans et découvre alors la puissance de la peinture. Dans l'art, elle exprime toute sa douleur, son chaos intérieur mais aussi ses rêves, son désir inextinguible d'une création débridée, libre, heureuse et féminine.



Niki de Saint Phalle est non seulement une grande plasticienne qui a expérimenté toute sa vie, sans aucune crainte, mais c'est également une femme engagée avec une conscience politique, écologique et surtout, une voix pour défendre les droits de son genre, encore perçu comme décoratif et soumis à l'homme.

Son œuvre évolue tout au long de sa vie, d'abord avec un style violent, piquant, coupant, de couleurs sombres puis de plus en plus rond et coloré. L'horreur de son enfance est toujours là, mais au lieu de le jeter à la figure du spectateur, l'artiste effectue sa catharsis, et réussir à passer outre ses traumatismes. Non seulement elle effectue sa thérapie mais surtout, elle propose une réponse universelle aux maux de son époque (qui sont toujours les nôtres) et s'affirme comme une féministe intelligente. La grande force de Niki de Saint Phalle est d'avoir su utiliser son image, sa beauté et sa culture pour appâter les média et le grand publique afin de proposer une alternative joyeuse à la situation de la femme sans tomber dans la mièvrerie et sans jamais édulcorer son travail.





Voyage vers la lumière


L'exposition au Grand Palais est construite à la fois de façon chronologique mais aussi thématique avec une scénographie très réussit. De salle en salle, on navigue entre des couleurs et des ambiances à chaque fois adaptées aux œuvres présentées. L'alternance entre les périodes difficiles de la vie de l'artiste et celles plus légère permet au visiteur de ne pas être happé par la souffrance intérieure. Au contraire, nous suivront pas à pas le travail de l'artiste qui arrive à sublimer les cassures de l'enfant qu'elle a été, pour devenir une femme au cœur et à la vision aussi large que ses immenses installations monumentales.
Dedans, il y a beaucoup de vide et une structure métallique faite de brique et de broque, laide, coupante, chaotique et pourtant solide. Dehors, il y a une peau de mosaïque ou de béton, des couleurs chatoyantes, des miroirs brillants.



Si certains passages de l'exposition sont terriblement poignants voire très dérangeants comme quand elle évoque les relations familiales dysfonctionnelles (la série « daddy e) qu'elle a subit, ou le « mur de la rag » qui m'a ému aux larmes, ce qui perdure reste une impression de chemin intérieur vers la lumière. Niki de Saint Phalle a travaillé pour créer des constructions avec comme objectif que les enfants s'amusent, que le public soit émerveillé. Elle dénonce la violence sous toute ses formes et trouve un équilibre entre l'esthétique ronde, colorée et attirante et des éléments plus sombres, inquiétants et morbide.




Je suis ressortie de l'exposition avec la sensation d'avoir effectuer un long voyage, épuisée mais heureuse. Impressionnée par cette femme avant-gardiste qui a lutté toute sa vie contre les barrière sociales imposées souvent par des hommes, contre l'absurdité des guerres et des violences qu'elles soient physique ou psychologiques. Cette femme, une artiste qui a lutté contre elle même, pour ne jamais s’arrêter de créer et ne jamais se noyer dans la souffrance. La création était au départ son seule mode de survie, son salut, puis peu à peu, le moyen d'être heureux et surtout de rendre les autres heureux et conscient.

Les photos que j'ai prise sont certaines œuvres qui m'ont terriblement marqué mais ne sont pas représentatives de l'exposition. Pour avoir des info plus objectives, je vous recommande vivement le lien qui suit : 
http://www.grandpalais.fr/fr/article/niki-de-saint-phalle-toute-lexpo
Le dossier pédagogique :  http://www.grandpalais.fr/pdf/dossier_pedagogique/Dossier_pedagogique_Niki.pd

4 commentaires:

  1. Très bel article sur Niki de Saint Phalle qui permet d'appréhender cette artiste par une autre vision que celle de ses "Nanas". A voir !

    RépondreSupprimer
  2. Le mur de la rage, c'est des cacahuètes, ou des tripes et encore des tripes.
    Sympa que la racine de lotus même dans l'abysse la plus boueuse peut donner naissance à une fleur aussi impériale.

    RépondreSupprimer
  3. Je lis justement un livre sur une jeune berlinoise en 1990 qui cherche à exprimer sa rage dans ses peintures. Ton article est intéressant.

    RépondreSupprimer
  4. Je suis fane de la tête de mort !

    RépondreSupprimer

Merci beaucoup d'avoir laisser un commentaire ici !

Il s'affichera un peu plus tard, après sa validation.

Marianne