Cette année, pour la Gay Pride, je ne voulais pas rester sur le trottoir. Cette année, je voulais marcher. Être dans le cortège coloré et bruyant. Accompagner ceux et celles qui se battent contre les discrimination, accompagner ceux et celles qui veulent juste être respecter et heureux. Cette année, ce samedi-là, j'ai battu le pavé sous un soleil timide, le sourire aux lèvres et le cœur gonflé de joie.
Une marche pour unir sans uniformiser
Moi, je suis blanche, 100 % hétéro. La pression sociale et le regard des autres sont donc relativement cléments. Même si je suis une grenouille, même si je marche un tantinet hors des clous, ma vie est cool.
Cependant, j'ai conscience chaque jour de la chance que j'ai et de ce que d'autres subissent pour être simplement... eux. Si je ne suis hélas pas exempt de réaction raciste et que, moi aussi, j'ai des comportements parfois discriminatoires (surtout face à la bêtise que je tolère très mal), je tente au mieux d'accepter les autres humains avec leur diversité et leur différence.
L'homophobie ambiante de ces derniers mois m'a souvent mise mal à l'aise voire franchement en pétard. Voilà pourquoi je souhaitais participer à la marche des fiertés. J'y suis allée accompagnée de mon amie Anne qui partage mes angoisses sur l'avenir des libertés et une forte empathie pour ceux pointés du doigt et jugés en raison d'une sexualité minoritaire.
La Marche des Fiertés est complexe, elle présente une multitude de visages. Après tout, il s'agit d'un rassemblement de personnes qui ne correspond pas à la vision hétéronormative d'une partie de notre société. Être homosexuel ou transgenre tend à mettre dans un autre type de cases trop restrictives ; il n'y a pas une mais des sexualités alternatives. Gay, lesbienne, trans-genre sont autant d'étiquettes qui reflètent mal la diversité humaine.
Pour certain la Marche des Fiertés est un combat. Une affirmation de leur revendication. Une demande forte et claire pour l'égalité. Corps de métier, religieux et partie politique défilent avec des slogans intelligents qui bousculent les idées reçues. Des revendications réelles sont scandées, des réflexions et des discussions engagées agitent le cortège.
En avant la musique !
La Marche des Fiertés c'est aussi une journée festive, une parenthèse où on peut affirmer sa différence, ses préférences même quand elles dérangent. Bien sûr, c'est aussi un jeu, de la provocation sympathique pour bousculer un peu les fondations judéo-chrétiennes de notre société. Les chars rivalisent de couleurs et surtout c'est la guerre des décibels !
Après avoir passé un moment sur le bord du trottoir à admirer le cortège bigarré, nous avons trouvé un char avec un niveau sonore plus supportable et surtout une sélection musicale fort sympathique. Il s'agit de l'association des "Popin Gays". Nous avons donc passé l'après-midi en joyeuse compagnie, le sourire aux lèvres.
Pour être dans l'ambiance ! Merci à Anne pour la vidéo
Autour de nous, d'autres sourires. Une chaleur humaine, une atmosphère bonne enfant et cela, malgré l'association aux mœurs assez extrême qui nous suit. Des hommes en tenue de latex avec des costumes qui ne laissent pas des masses de latitude à l'imagination. Du cuir, des chaines, des poils et une musculature qui garantit une certaine tranquillité.
C'est avec surprise que, durant un ralentissement et une densification de la foule, je me retrouve entourée de grands gugus quasi à poils qui jouent les portes drapeaux avec beaucoup d'élégance et d'attention pour la tête de leur voisins et voisines. Surréaliste. Pourtant, pourtant malgré un instant de malaise à se demander ce qu'on peut bien fabriquer ici, on se reprend bien vite.
Après tout, ici, la tolérance règne.
Love is all !
Ce qui m'a surtout marquée, ce sont les regards, la tendresse des gestes, la douceur. Des familles qui regardent passer la foule en riant, des enfants jouant dans le cortège, des personnes de tous âges, aux tenues vestimentaires très variées.
L'amour se fout du genre, de l'âge, de l'origine ethnique. L'amour est partout. Un droit inaliénable, primaire et éternel. L'amour et le bonheur d'être avec d'autres humains.
Les mots me manquent pour transmettre à la fois la légèreté mais aussi l'intensité de cette journée. Une bouffée d'émotions tellement fortes qu'il me suffit d'évoquer ces souvenirs pour les sentir de nouveau vivantes, dans mes tripes, dans mon cœur.
J'ai de la chance d'être hétérosexuelle et blanche. J'ai de la chance d'être une femme née en France au 20ème siècle. Être solidaire et soutenir ceux qui sont dans une situation moins facile que la mienne me semble nécessaire. Évident.
J'aimerai qu'un jour être hétérosexuel soit juste un fait. Juste une donnée. Et plus une chance.
Confetti ! It's a parade !! |
« Et la tendresse? Bordel! »
RépondreSupprimerC'est tout ce qui compte
dans une existence si courte
que la nôtre.
La VIE elle est en couleur
ou elle ne l'est pas...
Et si l'on aime qu'elle soit plutôt colorée?
Roule, roule petit ballon
passe, passe
de main en main,
sous le regard brillant,
ému et ravi
de l'enfant
qui sommeille
en chacun de nous
qui veut
juste
être heureux.
Merci ma très chère grenouille heureuse ❤