22 juillet 2015

Petit retour sur Japan Expo 2015 : se réconcilier avec la pop-culture en occultant son aspect mercantile, c'est possible !


Matcha dégusté sur le stand de la ville de Takamatsu (merci Julia !)


Attention, en préambule, je vous préviens, cet article risque d'être 1) bordélique 2) indigeste 3) totalement subjectif. Et en plus, je n'ai quasiment pas pris de photo donc si vous êtes là pour les cosplayeuses à poils, passer votre chemin avant d'être déçu ! Je regrette, j'aurai au moins dû photographier les cosplayeurs torse nu...

Je n'ai jamais été de ceux qui considèrent ce pays avec angélisme. Cependant, le déni révoltant post-Fukushima et la politique mise en place pour redorer l'image du Japon en ignorant la situation sanitaire et la détresse d'une partie de sa population a suscité en moi une immense colère. Au fil des mois et des années, elle s'est muée en rejet et distance, avec des conséquences concrètes dans mon quotidien. J'ai totalement arrêté de mater des animés et quasiment cesser de lire des mangas. Mon intérêt pour l'art contemporain est le seul intact de ce repositionnement. L'année dernière, j'avais eu le grand plaisir d'être bénévole à Japan Expo sur le stand d'une association de promotion des techniques picturales traditionnelles « Pigments et arts du monde », sous la houlette de Valérie Eguchi, peintre et animatrice d'atelier. Outre le plaisir d'être avec des amis et de rencontrer des personnes curieuses, pour qui le Japon ne rime pas avec manga, samouraï et sakura, je me suis petit à petit reconnectée avec sa pop-culture et l'aspect consumériste débridé que j'avais mis férocement mise de côté.

Forte de cette expérience, j'ai joyeusement rempilée sur le stand de l'association. Comme l'an passé, le programme était résolument artistique avec une exposition de tableaux, des ateliers gratuits et ouverts à tous (étegami, nihonga et origami) et en plus, une démonstration d'estampe absolument fascisante (je vous prépare un article dédié !). Etait aussi présent sur le stand les membres de Kokoro qui organisent des rencontres culturelles et linguistiques franco-japonaises sur Paris avec un réel objectif d'échange et non de drague déguisée !


Fanzine et droit d'auteur, quand certains confondent création et contre-façon


Bien sûr, j'ai aussi profité de ces quatre jours pour voir les copains, saluer les artistes que j'apprécie et faire quelques emplettes : principalement des ouvrages déjà précommandés avant le salon et surtout, des dessins orignaux. Avec plus de 250 fanzines présents, sans compter la zone des jeunes créateurs - où j'avoue se trouvent la majorité de mes potes - il est devenu difficile d'arriver à s'y retrouver.
Trop d'images, trop de sollicitations visuelles.
Le fan-art ne m’intéresse pas, la parodie non plus, ce qui supprime une majorité des stands présents. Je recherche des artistes en herbe capables d'affirmer un style original, talentueux et surtout, travailleurs. Aujourd'hui, n'importe qui peut imprimer un fanzine avec un dos carré collé, une maquette lisible et une jolie couverture. Cependant, si nombreux font illusion, le contenu est souvent au hétérogène voire décevant.
La difficulté est d'avoir l’énergie et la motivation d'aller chercher la perle rare dans cette jungle où on est vite noyé par le nombre, la foison de dessins et aussi, les pseudo-goodies où on trouve à la pelle Totoro et Hello Kitty.

Parce que Japan Expo est, pour beaucoup, l'occasion de se remplir les poches en espérant vider celles des visiteurs. Pour certains, le droit d'auteur et le droit des marques ne s'applique pas. Je ne parle même pas de la contre-façon professionnelle, mais juste des stands amateurs, qui se contentent d'acheter des bricoles en Chine et de les agencer pour en faire des bijoux ou autres conneries à pas cher, sans une once de créativité.
Cette tendance du « fric facile » est particulièrement présente dans l'espace soi-disant dédié à la mode où les quelques vrais créateurs, qui créent les modèles et fabriquent à la main leur produits, sont perdus entre les étales dignes d'un marché d'été avec des vêtements à bas coût et à la qualité douteuse. Difficile de faire le tri donc, fatiguant aussi. Japan Expo est devenu une machine gigantesque, bruyante, qui carbure au fric plus qu'à la passion.

J'ai encore plus d’admiration pour les irréductibles fanzineux qui se décarcassent, refusent la facilité et trouvent un équilibre entre la nécessité de rentabilisé leur stand et proposer des œuvres personnelles.
Découvrir des nouveaux artistes reste une excellente raison d'aller affronter la foule à Japan Expo.


Le stand du studio Mirage avec Morgil http://obsidiurne.com et Vyrelle

Et la culture bordel ?


Ma diatribe sur la contre-façon reste gentille car, cette année, un effort réel a été fait par l'organisation. Leur engagement était même inscrit noir sur blanc sur tous les panneaux d'information. A priori, la présence depuis plusieurs années des ayant-droits Japonais, toujours horrifiés de voir l'étendu des dégâts et l'absence d'action légale des organisateurs, est devenue plus problématique que les bénéfices engrenés en vendant de l'espace aux stands de piratage.
Cependant, tout est loin d'être rose. Aujourd'hui, les produits contre-faits tendent à être mélangés avec d'autres et sont moins visibles, plus dissimulés.

Tant que Japan Expo sera principalement un lieu de débauche financière où les gamins de la France entière (voire d'Europe) viennent pour claquer leur argent amassé depuis des mois et compenser leur frustration de ne pas aller au Japon, ce pays de leurs rêves, la culture restera un prétexte, une caution vaguement éducative d'ouverture sur le monde, qui justifie une soif avide de dépenser, de consommer.

Œuvre ou produit ?


Avaler son dernier manga ou son dernier épisode en râlant quand les auteurs ne vont pas dans la direction souhaiter par les fans, gueuler quand le temps d'attente est jugé trop long.
Bref, beaucoup oublient que les auteurs sont avant tous des humains. Nombreux sont les mangas (mais le constat est le même avec le comic et même la bd) qui ne sont pas des œuvres mais de simples produits commerciaux de divertissements où le lecteur exige un taux d'amusement suffisant.
J'aime lire, dévorer parfois quand l'ouvrage me tient en haleine, mais jamais me bâfrer jusqu'à la nausée. Là où le salon du livre décuple mon envie de lire, Japan Expo et son brouhaha assourdissant tend à avoir l'effet inverse. Pourtant, j'y retourne, et mieux (ou pire) j'arrive à occulter assez cette débauche afin de profiter sincèrement des personnes que je rencontre et, plus difficilement je l'avoue, des images, objet artisanats et autres que je découvre.

L'espace Wabi-Sabi : cette grosse blague...


Heureusement, pour la promotion de la culture japonaise, il y a l'espace « wabi-sabi ». Cette zone mise en place pour promouvoir avant tout l'artisanat traditionnel est devenu, avec les années, une zone fourre-tout avec comme dénominateur commun des prix délirants (le mini balais à 300 euros) ou le pire du kitch côtoie des objets fait main de très haute qualité (et technicité) ainsi que les horreurs des loisirs créatifs fait par des mamies japonaise.
C'est beau parce que c'est japonais ?!
Le résultat est un lieu sans cohérence, mal pensée, labyrinthique, avec une scène au milieu histoire que la foule s'amasse et empêche toute circulation. Après m'être faite avoir deux fois, j'ai fini par simplement contourner l'espace plutôt que de tenter en vain de le traverser. Bref, ce qui avait été il y a quelques années ma zone favorite du salon, un espace de respiration calme, de découverte sincère, et lui aussi devenu mercantile et surtout, sans âme.
D'autres stands indépendants commencent à prendre le relais et à montrer artisanat et art contemporain en provenance du Japon sans être confiné entre ces murs devenus prisons.

L'autel de cauchemars...


Fifille... où la présence douteuse de jeunette pour assurer la promotion d'un Japon vieillissant


Alors, oui, j'ai zappé les images qui m'ont dérangée, zappé les produit estampillés Ghibli à quelques euros, zappé les katanas en plastique et les produits alimentaires douteux, zappé l'artisanat tantôt magnifique et onéreux, tantôt d'un goût douteux et toujours aussi onéreux, par contre, il était impossible de mettre mes oreilles hors service.

Le volume sonore de certains stands, comme Bandai, était proprement assourdissant, heureusement, l'espace réservé aux associations culturelles est excentré. Nous étions relativement protégés. Cependant, nous avons quand même subi une partie des dommages. Mon amie Julia, sur le stand de promotion touristique de la ville de Takamatsu, était en face d'une scène qui, durant quatre jours, a été constamment active.
Le menu du spectacle : des idoru à peine pubère et, devant elles, hurlant, gesticulant, deux rangées de "chauffeurs" de salle, des français payés pour mettre l'ambiance et transformer ces gamines anonymes venue du fond de leur cambrousse en star internationale. La taille des jupe était inversement promotionnelle au volume sonore et à la qualité musique. J'ai eu envie de revoir Perfect Blue et Dolls pour me laver de cette étalage sans pudeur d'une vacuité artistique totale et surtout, glauque à souhait.
Que des cosplayeuses (pas toujours majeures) minaudent avec des photographes (à 90 % masculins) en âge d'être leur père ou leur grand père est déjà limite. Mais là, l’importation de ces gamines comme de la viande qu'on pose sous les spots light et à qui on demande de secouer les fesses frise le vomitif ou l'appel assumé à la pédophilie.

Je ne sais pas quelle était la qualité des scènes qui étaient hors des deux halls, je ne parlerai que des spectacles que j'ai entraperçu en vadrouillant dans les allées. Avec un plafond immense et de multiples installations sonores qui se font la guerre, tout devient bruit. Alors, les micro à fond, la musique devient bouillie immonde. Les démonstrations de kimono, calligraphie, ou autre tradition demandant solennité et attention semblent un cirque ridicule. Quand au taiko, à part un supplice régulier pour nos tympans, je ne comprends même pas leur présence systématique chaque année, à moins que ce soit comme une épreuve initiatique : tu vas à Japan Expo, tu dois le mériter, tu dois saigner des oreilles.


Détail de "Enchanté" œuvre de Tsun



Consommation débridée de Japon, jusqu'à indigestion


Il me semble que l'écrasante majorité des visiteurs n'est pas là pour découvrir un pays mais pour acheter des produits estampillés Japon, comme si cela pouvait assouvir leur soif d'ailleurs, calmer leurs angoisses ou leur sentiment d'inadéquation. Des ado et des jeunes en recherche de tribu, d'appartenance à un groupe, tentent par leur présence, leurs costumes ou leur habillement de revendiquer leur singularité, leur passion. Sauf que leur sincérité et leur amour sont manipulés, dévoyés avec un seul objectif : consommer. Tant d'intérêts, d'envies de découverte qui s'échouent face aux sirènes du marketing, aux produits facile à avaler, avec assez de sucre pour faire passer l'amertume du poison.
Qui peut lutter face au marketing débridé des sociétés dont l'objectif est simple : amasser de l'argent ? La proposition de découverte n'est qu'un prétexte, et dont certains ne s'embarrassent même plus ?
J'ai conscience que ces constatations pourraient me qualifier de cynique. Cependant, à mon avis, le vrai cynisme vient de ceux qui se gavent sans respect pour l'acheteur, et aussi, probablement, d'une partie de l'organisation. Heureusement, il reste encore des espaces qui proposent des activités gratuites et des passionnés qui ne viennent que pour échanger (nope, je ne rentre pas dans cette catégorie, je ne suis pas assez altruiste pour ça. Par contre, les « vraies » membres de l'asso le sont !)

J'observe aussi un glissement parmi les participants. Il y a dix ou quinze ans, la raison principale des amateurs présents en convention était le plaisir, tenter de se faire un nom en partageant une passion avec leurs pairs, et aussi, pour les plus ambitieux, ou le plus talentueux, se professionnaliser sans jamais rechigner à l'effort.

Même si je suis hors-circuit sur les mangas et animes actuels, même si je n'apprécie pas le fan-art, je continue de croire que les passionnés ont leur place. Cependant, la monétarisation des loisirs brouille la donne. Il suffit de constater la perméabilité entre blogueur et journaliste. La confusion entre gagner de l'argent facile en parlant d'un sujet qu'on aime, et rédiger sérieusement un article avec un point de vue et une analyse, se retrouve dans tous les milieux. Dans un cas, il s'agit d'un loisir qu'on espère rentabiliser, dans l'autre, il s'agit d'un métier avec des compétences professionnelles, qu'il y ait ou non rémunération. Ce travers envahit aussi aussi le fanzinat, les petits créateurs d'accessoires ou de textile...
La difficulté est de connaître la valeur réelle des choses à la fois pécuniaire et créative : comment faire la différence entre un bijou fait main avec des matériaux de qualité et un bijou qui est juste un agrégat de plastique Made in China copié sur un modèle à succès ? Comment faire la différence entre un magnifique dessin qui n'est qu'un bidouillage photoshop pompé sur une œuvre connue et une version revisitée avec un style personnel ? Le prix n'est même plus un indicateur fiable. Des petits créateurs vendent à bas prix des chose de qualité alors qu'on trouve à prix d'or des trucs qui ne valent pas un kopeck...

Tant que beaucoup de visiteurs viendront à Japan Expo avec la fièvre acheteuse, il y aura en face des personnes pour leur refourguer de la merde. Triste constat.


Les créations de Rara Avis : http://fr.dawanda.com/shop/mezurashiitori

Une nécessaire vision sélective


Le Japon, depuis l'après guerre, tend à devenir un pays de contradictions franches plus que de contrastes. Parfois, je doute que ses aspects les plus antinomiques arrivent à conserver leur équilibre fragile. Je reste passionnée par certains pans de sa culture, sa spiritualité, son architecture, ses paysages, sa société névrosée voir parfois, franchement psychotique. Peu à peu, je me réconcilie avec sa pop-culture, de nouveau, je me replonge dans des mangas (J.P. Nishi, Asano...), je retrouve l'envie de regarder des animés. L'année prochaine, je sais que je retournerai là-bas, avec un projet photo sous le bras et aussi l'envie d'assister au festival d'art contemporain de Setouchi.
Japan Expo reste, avant tout, le lieu où je retrouve de nombreux copains, où je rencontre de nouvelles personnes. Un lieu d'échange où je tente d'ignorer ce qui m'agace voire me met en rogne. Je ne suis pas maso, j'y retourne car j'y trouve mon compte.

Depuis deux ans, à Japan Expo, pour moi, l'humain a pris le pas sur le reste. Je découvre, avec surprise, qu'on peut être lucide sans devenir blasée.
Encourageant, non ?



Sur le même sujet :
Un compte rendu plus nuancé sur le Journal du Japon :
- Mon p'tit article de l'année passé, axé principalement sur le stand de l'association :
- Voici une série d'articles que j'avais fait sur la convention en 2011 :Japan Expo : c'était mieux avant
- Je vous renvoie enfin à un article grandiose de l'Odieux Connard qui date aussi de 2011 :

14 commentaires:

  1. j'ai pris beaucoup de plaisir et d'intéret à lire ton article. J'avoue n'etre allée qu'une seule fois à la JE il y a quelques années (bien 5 ans) et ne plus avoir eu envie d'y retourner par la suite. Parfois avec des regrets car il y a des petits stands sur le tourisme et de bonnes associations que j'aimerais approcher, vraiment. Mais tout le reste me débecte, toute cette commercialisation de tout et rien.

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    1. La solution que j'ai trouvé - être bénévole sur un super stand avec des personnes adorables - est pour moi l'idéal. Je profite de ce qui m'intéresse sans (trop) pâtir des aspects négatifs. Cependant, même si je passe un bon moment, c'est difficile de tout ignorer.

      Je préfère largement une mini convention comme Harajuku en septembre : c'est gratuit, il n'y a que des amateurs et j'adore découvrir de nouveaux talents !

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  2. Hello !
    Bien longtemps que je n'ai pas commenté ici. Si je prends le temps de te laisser un petit mot c'est que je me retrouve totalement dans ce que tu écris, avec la seule différence que je suis toujours une sorte de fangirl d'animes et de dramas... Comme toi, j'ai petit à petit délaissé toutes les communautés "Japon" car j'en ai eu marre de ces "jeunes" qui idéalisent un pays qui a une belle culture mais qui a aussi ses défauts... Réduire le Japon aux animes, mangas, cosplay et ramen, c'est un peu facile et surtout très vite lassant... Je suis aller 2 fois à la Japan Expo. La première fois je m'étais promis de ne pas y retourner car trop cher (je n'habite pas Paris), totalement inintéressant à part les quelques stands culturels et franchement décevant sur ce qu'on peut trouver de japonais là-bas (les mangas et les peluches neko c'est bien 5 minutes, mais je ne fais pas 300km pour ça...). Des amis m'ont sollicité pour une deuxième fois et j'y suis allée en pensant passer du bon temps avec eux, et ce fut le cas mais je n'ai pas changé d'avis pour autant sur cet évènement.

    "Mon Japon", je n'ai pas besoin de la Japan Expo pour le nourrir. Je continue de m'informer sur ce pays petit à petit, et j'en consomme une partie de sa culture sur mon temps libre. Je n'éprouve pas le besoin de m'afficher dans un quelconque style, lors d'un quelconque évènement, pour appartenir à ce cercle de "fan du japon".

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    1. Je reste, malgré mon âge, une fangirl dans l'âme aussi ^__^ (j'ai suffisamment cassé la nénette à mon entourage et même ici avec Sherlock, par exemple). Cependant, fan ne veut pas dire décérébré, hystérique, lobotomisé !

      Et je ne crois pas que ce soit une question d'âge.
      Bien sur, la maturité aide à moins se faire avoir, à être plus lucide face à la pub, aux discours des marques... J'étais le stand avec une minette de 18 ans (oui oui Natacha, je parle de toi !) et son regard sur le Japon n'avait rien d'extatique. Enthousiaste, certainement, mais aussi avec une conscience de la complexité du pays.

      Je ne regrette pas d'y aller, vu que je profite surtout de l'effet rassembleur de l'event pour voir des potes qui vivent ailleurs en France. Mais j'avoue, le terme de "fan du Japon" et d'otaku tend à me hérisser le poil.

      Au passage, ton article sur Barakamon m'a bien donné envie de mater l'anime. Si je veux dérouiller un peu mon japonais pour l'année prochaine, je suis obligée de me remater un peu de série :P

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    2. Petit rectificatif, j'ai rajeuni Natacha qui a non pas 18 ans mais 21 !

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  3. Je suis d'accord avec beaucoup de choses dites ici, même si je tend à penser que Japan Expo est un festival qui se veut surtout populaire plutôt que culturel, et ce depuis ses débuts.

    Je ne pense pas nécessairement que ce soit directement lié aux brouzoufs amassés d'ailleurs, mais cela dit je pense qu'aujourd'hui leur souhait est de taper de le très populaire, de contenter ce public et de leur proposer, à quantité surveillée, de découvrir un autre aspect du Japon. Je suis certain que certains gamins sont touchés par ça, sans s'y attendre.

    Cela dit, ton paragraphe sur les "idols" fait clairement place à la subjectivité dont tu prévenais l'a présence en ces lignes.
    Du dégoût, de l'incompréhension et même de la colère, je suis sûr que même toi ça ne te semble pas sain comme procédé de réflexion.
    Mais je suis d'accord pour dire que c'est un sujet très difficile à capter et comprendre, même sans pour autant accepter ou respecter ensuite.
    Moi-même, qui aimait beaucoup les idols pourtant pendant un temps, il m'a fallu beaucoup de temps pour devenir juste.

    Sans vouloir défendre cette branche musicale qui, oui, a de très bons artistes, j'aimerais au moins préciser que les fans Français qui gueulaient et dansaient n''étaient en aucun cas rémunérés. Je ne sais pas où tu as entendu ça mais c'est incroyable que tu puisse jouer de réflexion aussi subtilement sans que cela ne te surprenne.

    Cette manière d'être fan est ce qui m'avait attiré dans ce milieu il y a quoi, 6 ans de ça maintenant je pense. On appelle ça le "wotagei", "ヲタ芸". A vivre c'est vraiment super, il y a une synergie de dingue et, de l'avoir fait plusieurs fois au Japon, c'est un vrai sport haha.
    Je me souviendrais encore de ce concert à Tokyo d'un "Dance Copy Unit", des gamines passionnées qui refont les chorés de leur groupe favoris devant un publuc, où le wotagei s'est terminé en mode metal grâce aux fans de métal du coin. ça m'a rappelé que ce n'était pas si différent, mais que le wotagei était une manière de privilégier le groupe à l'individu, d'aimer la perfection et de s'impliquer pour apprendre toutes les formes de ces danses et chants. Ce qui sonne très Japonais pour moi.

    Je te filerais quelques vidéos YouTube tiens, bien que depuis un bon bout de temps je suis plus vraiment dans ce délire, il y a de très bonnes choses musicalement et si se défaire de préjugés est difficile, au bout du compte on en ressort gagnant à tous les niveaux.

    En général je n'aime pas défendre ce point de vue, parce que ça prend du temps et que ça en gratte une sans toucher l'autre aux lecteurs.
    Mais vu ton article, je fais le pas, tu en feras ce que tu veux. :)

    Bonne continuation en tous cas, je viens de découvrir ton blog et tu finis dans mes flux RSS. ;)

    ヲタ芸
    https://www.youtube.com/watch?v=CnKBzxDhNa0
    https://www.youtube.com/watch?v=aSrr31UvMvA

    Quelques idols intéressantes :
    https://www.youtube.com/watch?v=5jf9U1-a1B4
    https://www.youtube.com/watch?v=AMCRPkAiflY
    https://www.youtube.com/watch?v=9eM2nR0Uruo
    https://www.youtube.com/watch?v=dFf4AgBNR1E

    Comme tu le disais, il est plus juste de ne pas regarder un produit artistique seulement pour son aspect mercantile mais plutôt de s'intéresser aux personnes elles-même.
    La plupart des idols sont des interprètes, certaines sont plus ou moins douées que d'autres, mais si tu veux t'intéresser à la musique il faut plutôt te tourner vers les producteurs.

    Et pour finir, un documentaire de Vice concernant les "local idols", ces "gamines" qui viennent du "fond de leur cambrousse".
    https://www.youtube.com/watch?v=jgMhPciqciA

    Bisous.

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    1. Merci pour ton commentaire et tout les liens, mais le documentaire n'est pas sous-titrés >_<
      Je n'apprécie pas la pop en général et pas la J-pop même si je suis addict à quelques titres, surtout des générique d'anime. A force de les entendre une douzaine de fois, on finit par se prendre au jeu.

      Les idoru est un sujet que je connais mal, cependant ce qui m'a touché c'était la lassitude et l'état de fatigue des gamines, surtout lors des répet du matin, avant l'ouverture du salon au public. Là, les sourires étaient tellement factices que j'avais mal aux joues pour elles.

      Quand aux chauffeurs de salle payés pour la scène en face du stand Okinawa, j'ai eu l'info par des exposants. D'ailleurs, ces "employés" étaient très identifiables car avaient parfois des bâtons dans les mains et connaissaient toutes les choré de tout les groupes. Je ne parle que des personnes des deux premiers rang dans le public et non des autres fans ou curieux qui s'amassaient, attirés pas le spectacle. Ce n'est d'ailleurs pas le fait d'avoir des fans rémunérés qui me dérangent, après tout, ça va avec le marketing du bousin, mais le niveau sonore généré dans un espace public.

      Chaque stand à son espace. Celui qui arrive à faire le plus de bruit pour capter l'attention empiète sur l'espace d'autrui et il est impossible de s'en protéger. Concrètement, si les idoru avaient chanter moins fort, elles m'auraient moins enquiquiner ^_^ -

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  4. Bonjour,

    Je viens de lire votre article. J'y ai trouvé des choses avec lesquelles je suis plutôt d'accord et d'autres beaucoup moins.

    J'aimerai juste vous dire que chaque artiste mérite ses fans, chaque expo ses visiteurs et chaque vendeurs ses clients. Vous trouverez des vendeurs de contre façons éperdument amoureux du pays du soleil levant et un japonais présent pour vendre des babioles qu'il certifie traditionnelles simplement pour s'en mettre plein les poches.

    Votre critique est violente et égoïste. Les "idoru" dont vous parlez font un métier. Vous ne l'aimez pas ne le supportez pas, pas de soucis. Mais de là à les qualifier de las avec un sourire forcé, présentes pour se dandiner et amener le peuple masculin pervers et ignorant, je ne tolère pas. Cela me révolte que vous puissiez vous permettre de les rabaisser à ce point en remarquant tout de même l'état de fatigue dans lequel elles étaient.

    Cela en va de même avec les visiteurs. Il n'y a aucun problème à ne pas tout savoir, à ne pas tout connaître. Laissez leur de temps de découvrir plutôt sur de les citer comme étant des frustrés assez stupide pour se faire attraper par toute propagande et publicités. Vous vous êtes surement déjà faites avoir aussi à vos débuts dans votre apprentissage. Et personne (ou en tout cas je l'espère) ne vous montrait du doigt en se moquant éperdument de votre ignorance sur le pays que aimez tant. Malheureusement, c'est ce que vous faites. Et cela me fait mal.

    Encouragez les à faire mieux plutôt que de les descendre.

    C'est tout ce que je voulais dire.
    Si vous tenez à me faire parvenir une réponse, je vous laisse mon adresse mail : cly@student.42.fr

    Bonne soirée à vous.

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    1. Bonjour,

      Merci de votre point de vue sur la culture des idols. Je dois avouer avoir beaucoup de mal à apprécier cette industrie, et si les propos de Kaeru sont effectivement francs, je ne pense pas qu'on puisse les qualifier d'égoïstes, bien au contraire. Pour avoir travaillé les quatre jours en face de la scène des idols des collectivités locales et avoir accueilli Kaeru sur mon stand à plusieurs reprises, je peux témoigner de son inquiétude pour les jeunes filles en question. Ce qu'elle rabaisse si je ne m'abuse, ce ne sont pas les artistes mais le système qui abuse d'elles.

      Je n'ai pour ma part pas d'animosité envers les fans eux-mêmes; il faut avouer que l'ambiance des concerts est assez enthousiasmante, et l'idée de soutenir des artistes en apprentissage est bien pensée. Ce qui est néanmoins déplorable, c'est que ce concept de suivre une artiste de ses débuts jusqu'à sa maturité n'est pas poussé jusqu'au bout. Malgré quelques exceptions fortunées, la très grande majorité de ces demoiselles est vouée à se faire abandonner par l'industrie une fois les 25 ans révolus. Je ne peux m'empêcher de m'attrister du gaspillage que cela implique : quel dommage pour elles de tomber dans l'oubli alors qu'elles commencent à peine à se trouver une identité !

      Je suis très mitigée également en ce qui concerne le culte de la personnalité factice. Hormis quelques rares personnalités qui parviennent à s'imposer et à se libérer du joug de leurs managers, on exige en général des idols qu'elles se conforment à une image policée et contrôlée jusque dans la vie privée.

      Nous avons tous en mémoire l'image nauséabonde de Minami Minegishi contrainte de se raser les cheveux pour avoir eu une liaison non approuvée par ses supérieurs. Certes l'acte de publicité choc a parfaitement fonctionné, mais je ne suis pas sûre que la jeune fille ait choisi d'elle-même l'humiliation publique, ni même que ce principe soit sain.

      J'ai eu l'occasion de travailler en backstage avec des groupes d'idols relativement connus. Elles ne sont pas libres d'ouvrir la bouche sans l'approbation de leur manager. Je n'oublierai pas le regard de dépit de trois d'entre elles, des adultes de grande notoriété, lorsque leur chien de garde leur a sèchement interdit de prendre des photos avec leur mascotte préférée en coulisses.

      Il me semblerait intéressant à ce titre de soutenir et d'encourager le développement de groupes moins dépendants des grandes majors du divertissement (pour la plupart assez sordides), issus d'initiatives personnelles ou associatives. Dans un genre différent de celui des idols, Japan Expo avait accueilli il y a quelques années le groupe des Satsuma Sendai Odoridaiko. Leurs membres avaient approximativement le même âge que le groupe d'idol standard, la même rigueur et les mêmes exigences. Et pourtant, elles étaient beaucoup plus émouvantes, parce qu'on les encourageait à s'exprimer avec spontanéité.

      N'étant pas non plus une spécialiste du monde des idols, je serais curieuse de savoir si de tels groupes existent !

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  5. w(°o°)w La grenouille ne mâche pas ses mots et elle a raison! C'est toujours bénéfique de se questionner à propos de ce qui dérange et de faire un tri parmi un tel marasme. Mais tu as réussi à exprimer ta pensée.

    Maintenant, j'attends de voir de belles choses et l'idée de boucher mes oreilles si j'y vais l'année prochaine, me semble bonne (^_<)〜☆

    Ah, déçue de savoir que Wabi Sabi change ... J'y ai toujours trouvé de quoi m'émerveiller avec de bonnes idées, beaux objets, belles expositions et savoirs liés aux arts traditionnels. Si cela fait fausse route, que nous reste-t-il alors?

    Merci Marianne ✿

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  6. Message 1/2

    Bonjour Kaeru !

    Un très très grand merci à toi d'être venue nous rendre visite sur le stand de Takamatsu ! J'étais ravie de pouvoir t'accueillir en personne. Je regrette en revanche de ne pas avoir pu pratiquer l'etegami avec vous, ça avait l'air passionnant ! Je ne désespère pas de pouvoir m'y mettre lors d'un futur festival...

    Je corrobore ton analyse sur le modèle économique de Japan Expo et son caractère de temple de la consommation. Il ne faut pas se leurrer, ce n'est pour l'instant pas à Japan Expo que l'on pourra faire des expériences 100% authentiques autour de la cérémonie du thé, l'artisanat, ou encore des arts martiaux, au grand dam de tous les passionnés qui sont présents chaque année pour représenter ces disciplines. Les limites de temps, d'espace et de budget ne s'y prêtent tout simplement pas. Et comme tu le soulignes, la plupart des visiteurs ne sont pas dupes : leur intention première est souvent de venir faire leurs courses dans le plus grand supermarché de culture populaire japonaise en Europe.

    Toutefois, je me réjouis de voir que le côté culture traditionnelle et associative du festival s'est énormément approfondi et diversifié avec les années. Il en va de même pour le public. Si beaucoup de jeunes se cantonnent au hall jeux vidéo, nous avons également eu énormément de visiteurs sur notre stand pour nous affirmer "Avant je passais mon temps sur les stands de manga et jeux vidéo, mais ces dernières années, je ne viens plus que pour l'espace culturel".

    Certes, la qualité est inégale (le peu que j'ai vu de Wabi Sabi cette année n'a pas réussi à me convaincre), mais cela permet aussi à différents acteurs de se faire entendre. J'espère que la visibilité et l'échelle de Japan Expo nous permettra un jour d'échanger avec des Trésors Vivants nationaux. Ce n'est pas gagné, mais l'année dernière, le salon avait accueilli de véritables geishas, un exploit particulièrement rare en France.

    Je comprends l'amusement, voire l'irritation, que peuvent ressentir les personnes qui connaissent bien le Japon face aux regards idolâtres et naïfs que portent beaucoup de jeunes à ce pays. Mais j'ai personnellement été émue par cette passion débordante. Je me rappelle en effet que j'avais des épanchements bien similaires quand j'étais au lycée, et si mon image du Japon a bien changé depuis, mon amour pour ses habitants ne fait que croître.

    J'avoue avoir eu de beaux préjugés en accueillant certains jeunes cosplayés sur le stand, en me disant qu'ils allaient fuir dans la minute par manque d'intérêt. Je m'en repens honteusement, car j'ai eu énormément d'excellentes surprises : beaucoup de lycéens et d'étudiants fans de mangas ont pris la peine de me questionner sur une ville méconnue d'un pays qu'ils n'ont encore jamais eu l'occasion de visiter, ont bu et apprécié le thé que nous leur préparions, et fait preuve par leurs actes d'un immense respect pour la culture japonaise dans son ensemble.

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  7. Message 2/2

    Bien que Japan Expo ne soit pas le lieu idéal pour une expérience sereine et complète des traditions japonaises, je ne peux qu'espérer que le festival remplisse sa fonction de vitrine et donne envie à tous ces jeunes d'en savoir plus et de découvrir d'autres lieux pour assouvir cette curiosité ! Tout cela dépendra bien sûr à l'avenir de la capacité des têtes de la SEFA à trouver un compromis entre le lucratif et l'éducatif. Le caractère très commercial du festival me chagrine, mais je me réjouis d'un autre côté que son poids économique et son échelle pousse les collectivités locales et les artistes japonais à s'investir en France.

    Une brève remarque sur les motivations des compagnies japonaises à s'exporter en France et la contrefaçon : à défaut de pouvoir faire interdire cette dernière complètement (que ce soit par manque de moyens ou de volonté), on peut en tirer des leçons. Si davantage d'entreprises japonaises prenaient la peine d'être présentes, cela permettrait d'occuper les stands qui finissent par être récupérés par des boîtes douteuses. Le Japon pourrait également développer davantage ses offres légales (dramas, visual et light novels, merchandising abordable, etc.) dans nos contrées...
    Au final, je rejoins mot pour mot tes conclusions : ce qui fait Japan Expo, c'est l'humain. Ce n'est en effet pas évident d'en prendre conscience au milieu de la foule, du bruit et de la marchandise, mais il y a de très belles rencontres à y faire, j'en suis garante. Soit dit en passant, je t'encourage à aller discuter avec les gens de Tsunagari Taiko Center la prochaine fois, ce sont des personnes formidables malgré leur impressionnant volume sonore :p Une petite mention également pour des projets comme Vantan Game Academy, qui permettent aux visiteurs d'échanger avec des étudiants japonais et de participer à des workshops d'infographie, un format qui mérité d'être développé.

    Pour conclure, je te remercie encore une fois de ta visite et de cet article très intéressant ! Nous aurons peut-être l'occasion de nous revoir en personne d'ici-là, mais sache que je t'attends l'année prochaine au Japon pour te présenter à la communauté locale ! ;)

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  8. De toutes façons, le Japon, c'est de la merde...



    (Ca t'apprendra à te vanter de pas avoir eu de trolls !)

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Marianne