23 mai 2016

Les petits sentiers d'Obaasan, un album jeunesse pour découvrir le Japon sensible





De retour du Japon, après un séjour à Kyoto, voilà qui m'attend dans ma boite à lettres Les petits sentiers d'Obaasan ». C'est un délicieux album jeunesse, illustré par Pascale Moteki (la co-fondatrice de Madame Mo) et écrit par Delphine Roux (l'auteur de Kokoro), paru chez les éditions Philippe Picquier.

Grandir à Kyoto



Yuki a huit ans. Elle emménage à Kyoto et rencontre Obaasan (grand-mère en japonais), une dame âgée de 70 ans, pleine d'énergie et d'envie de partager ses savoirs, son courage, sa curiosité. Voici des instantanés de vie, révélateurs de qui était Obaasan. Ils sont racontés avec tendresse par Yuki, devenue adulte. Elle n'a jamais oublié le don précieux de cette mamie, son amour et ses conseils.

J'ai retrouvé avec plaisir l'écriture de Delphine Roux, simple, fluide et d'une grande poésie. Les illustrations de Pascal Moteki m'ont surprises par leur réalisme, un travail bien différent de celui qu'elle fait avec Madame Mo. Elle trouve le trait et les couleurs justes, avec une gamme douce. Elle utilise des roses pâle et des verts tendres qui donnent une ambiance surannée sans jamais sombrer dans une nostalgie insipide. 




« Va où va ta joie, ma Yuki, et n'oublie pas les petits sentiers... »


Le livre s'ouvre sur la chanson traditionnelle Sakura Sakura (vidéo ci-dessous) qui condense à elle-seule la sensibilité japonaise. Une invitation à la contemplation du passage des saisons, à profiter des cadeaux éphémères de la nature. Toute l'histoire de Les petits sentiers d'Obaasan sillonne tranquillement au son du koto, sans pour autant s'enferrer dans les stéréotypes d'un Japon traditionnel que ce pays sait si bien vendre. L'originalité et la force de cet album jeunesse est à la fois de saisir la spécificité de la culture japonaise tout en évitant les stéréotypes.
Obaasan, par sa gentillesse, son attachement à l'artisanat, au jardinage, est une grand-mère comme on en croise souvent dans Kyoto. Mais, elle n'est pas habillée d'un élégant Kimono. Elle porte une salopette. Elle a voyagé à l'étranger, elle est ouverte sur le monde et son univers ne se limite pas à l'île où elle est né. Surtout, Obaasan pousse Yuki à déployer ses ailes, au delà des frontières.


Ce Japon que j'aime


Difficile d'exprimer avec des mots les émotions très fortes que cet album a suscité en moi. Déjà, parce qu'en deux pages, il me réexpédie directement à Kyoto, sans passer par la case aéroport. Delphine Roux et Pascale Moteki montre le Japon des petites gens, le Japon tendre et simple, d'une générosité touchante et d'une grande curiosité. Un Japon étonnamment ouvert vers le monde, souvent avec beaucoup de naïveté, un Japon avec une transmission entre les générations. Ce n'est peut-être pas celui qui est le plus visible, mais cependant, quand on sort des sentiers battus, qu'on accepte de se perde, c'est celui qui émeut et transforme, en profondeur.
Lorsque j'avais chroniqué Kokoro dans l'étang, Delphine Roux m'avait gentiment proposer de recevoir son prochain livre. Appréciant sa plume et les dessin de Pascal Moteki, j'étais certaine de passer un moment agréable. Je ne m'attendais pas à être ainsi bousculée.
Le Japon est un pays porteur de nombreux fantasmes et illusions rendus presque solide en raison de son éloignement et de sa langue qui le rend si difficile à appréhender. Il est traité à toutes les sauces, souvent sans finesse, avec une juxtaposition de clichés. Les livres jeunesses qui se contentent d'en égrainer ses spécificités sont légions. Cependant, ceux qui saisissent avec quelques mots, quelques images, la complexité de cette culture et ses contrastes sont rares. Un seul regret, les titres des chapitres sont également noté en japonais (kana et kanji) mais n'ont pas été traduit en romanji. J'ai trouvé cela dommage.

Les petits sentiers d'Obaasan est un merveilleux livre tant pour ceux qui apprécient le Japon que pour ceux qui souhaite s'initier à ses mystères. Quand à moi, je lui dois de prolonger un peu mon voyage...






1 commentaire:

  1. Ce livre a l'air merveilleux, ta description me donne envie de le découvrir au plus vite car c'est ce Japon là que j'aime aussi. Pour y avoir vécu un an, j'ai aimé être au contact des personnes âgées (obaasan/ojiisan) curieuses, spontanées, avec du recul sur leur pays. C'est apaisant d'en croiser et de discuter avec elles. Merci pour tes critiques si justes d’œuvres japonisantes.

    Aurélie.

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Marianne