Au temps de l'amour est un de ces titres qui vous remue. Un manga en un tome qui raconte une tranche de vie particulièrement difficile ; d'ailleurs, l'ouvrage flirte même avec le thriller. Une œuvre sensible et amère racontée avec le talent subtil de Yamane Ebine, une de mes auteures favorites.
Quand la vie passe par là...
Une étudiante en art, Shiori, au tempérament discret, remarque un jeune homme séduisant lors d'une exposition, Kageyama. Plusieurs fois, au gré du hasard, elle le croise à la terrasse d'un café, au bord d'un rivière... Irrésistiblement attirée par ce garçon, curieuse de savoir ce qui se cache derrière son visage impassible, elle décide un jour de se rendre de nouveau sur les berges désertes. Mais une autre rencontre se produit et altère radicalement son quotidien. Un drame qui pourtant la conduit à se rapprocher de Kageyama.
Bientôt, naît une étrange amitié entre deux êtres blessés par la vie, deux artistes à la sensibilité à fleur de peau qui s'interrogent sur leur avenir. L'histoire se déroule à la période charnière de la fin des études, quand le stress de la rédaction d'un mémoire s'additionne au grand chamboulement de l'entrée dans la vie active.
Touchée par la grâce
Parmi les auteurs de Josei, ou Lady's comic (un genre de manga qui s'adresse particulièrement aux jeunes femmes), Yamaji Ebine a un style graphique aisément reconnaissable. Épurée à l'extrême, elle dessine souvent des jeunes femmes fines et presque androgynes dans leur apparence. Pourtant, l'extrême sensualité de ses héroïnes, d'une grâce timide, me touche toujours beaucoup.
Avec Au temps de l'amour elle signe un livre bouleversant sur l'absurdité de l'existence, sur la folie et le désir. Des doutes et des vieilles douleurs s'accumulent, menacent de noyer les personnages, alors que toujours jaillissent des espoirs et de la tendresse, du soutien.
S'il y a peu de texte, les images d'une grande force suffisent à rendre les émotions et les conflits, les dialogues sont pourtant centraux. La communication et son absence régit le devenir des personnages. Quant à la fin du récit, ils apprivoisent enfin les mots et arrivent à communiquer entre eux, les blessures cessent de saigner.
Sans oublier l'expression artistique qui sous-tend la vie des protagonistes, tous des êtres à la sensibilité exacerbée. Sans jamais tomber dans le pathos, Ebine aborde des thèmes délicats et même sordides. Elle accompagne Shiori et Kageyama dans leurs turpitudes, avec pudeur et compassion. Et quand on referme le livre, le cœur serré, on se dit que même si la vie n'épargne pas, elle est quand même merveilleuse.
La couverture japonaise |
il a l'air très sympa ce manga, il faudra que je le regarde de plus près!
RépondreSupprimerErgh qu'est-ce que ça peut être moche une fille avec les cheveux si cours ! Je sais pas trop pour quoi mais ça me répugnerait presque. Rien que pour ça, y a peu de chance que je lise ce manga, dommage.
RépondreSupprimer@Cissy : c'est une lecture difficile, qui remue vraiment, mais tellement belle... j'espère qu'il te plaira
RépondreSupprimer@Anomyme : on ne dit pas "moche" mais j'aime pas. Plus sérieusement, c'est en effet bien dommage que ton à priori (ou phobie) sur la longue des cheveux de l'héroïne te fasse passer à coté d'une telle oeuvre.
Je l'avais déjà repéré celui-là. Il me tente bien.
RépondreSupprimerJ'adore les Josei et j'ajoute celui-ci à ma liste.
RépondreSupprimerJe l'ai trouvé ce matin à Gibert juste après avoir lu ton billet.
RépondreSupprimerJe dois te remercier: j'ai passé une demi heure à lire un manga à la fois sensible et léger, pourtant grave dans ce qu'il raconte. Le dessin colle parfaitement au propos.
J'ai beaucoup apprécié.
Marie : tu devrais adorer !
RépondreSupprimerMsOriginalDoll : je crois que c'est le genre qui me correspond le plus. Même si je n'aime pas tout, la proportion de titre de qualité dans le Josei est quand même impressionnante.
Zankaze : ha, Gibert, la librairie- bibliothèque :) J'ai une pensée émus pour les copains qui y bossent !