15 janvier 2012

Le cerveau vert, la rébellion des insectes, porte parole d'une nature en danger

Livre de jeunesse de l'auteur de Dune, écrit en 1966, Le cerveau vert est un roman de SF un peu daté mais qui aborde le thème de l'écologie avec une approche quasi prophétique. Grande amatrice de Frank Herbert, au point de lire tout ce qui me tombe sous la patte, j'ai été agréablement surprise par ce roman visionnaire et un peu kitsch.

De la SF où "vert" rime avec calvaire

Dans un futur proche, une partie des pays décident de mettre au pas la Nature et d'éliminer tout les insectes considérés comme nuisibles ou inutiles à l'homme. Le rôle de la pollenisation est alors assurée exclusivement par des abeilles génétiquement modifiées. Cette guerre sans merci est livrée par des mercenaires tueurs d'insectes. La géographie des pays acceptants ce nouvel ordre mondial est désormée cloisonnée entre entre le Vert (les zones entièrement  nettoyées et déclarées vierge de toues bestioles) et le Rouge (les zones en cours de traitement). Cependant, la réalité du terrain et les victoires annoncés par les politiques ne coïncident pas vraiment...
L'action se déroule au Brésil, Mais un de ces exterminateur brésiliens, Joao Martinho, élevé au rang de héro national, diffuse des rumeurs bien inquiétantes. Dans le Vert d'étranges phénomènes se produisent et dans le rouge, là où la nature sauvage est encore préservée, des mutation alarmantes se produisent.

L'organisation internationale responsable du projet envoie deux représentants : Chen Lhu, et Tanja Kelly. Chen Lhu vient de Chine, la première nation ayant réussi la révolution avec succès mais jalouse de conserver le secret de sa réussite et peu encline à partager son expérience. Tanja Kelly est une belle irlandaise, plus choisie pour sa plastique que ses remarquables compétence d'entomologiste. Sa mission est de s'occuper personnellement de Joao Martinho dont les déclarations mitigé sur l'état du Vert embrassent la Chine et les grands pontes du projet. D'ailleurs, les motivations de l'organision sont-elle vraiment d'aider les brésiliens ?
Bientôt, le trio se retrouve dans une situation de cauchemar. Il est devient impossible de nier la présence des insectes dans le Vert et leur comportement étonnamment réfléchi laisse envisager le pire. Entre les protagonistes, les divergences d'opinion et de conception même d'écologie et de la place de l'homme dans le milieu, deviennent un facteur aggravant...

Herbert, un auteur visionnaire

Si le début du cerveau vert tient de l'action haletante, rapidement, le rythme s'essouffle pour laisser la place aux dialogues et réflexions. Le passage au huit-clos tend à ralentir encore le récit qui perd alors de son caractère distrayant mais gagne en profondeur. Le style manque parfois de fluidité. Je regrette surtout le traitement appliqué au personnage féminin de Tanja. Présentée comme une femme intelligente et compétente mais utilisée juste pour son physique, je m'attendait à plus d'épaisseur psychologique. Ses accès d'hystéries et ses doutes m'ont fatigué.

Heureusement, j'ai vraiment apprécié le dénouement du roman. L'absence de manichéisme et la dimension étrangement spirituelle sont autant d'éléments qui enrichissent le récit d'aventure. D'ailleurs, les sujets abordés dans le cerveau vert sont sérieux, inquiétants même surtout quand on songe que le livre a quand même plus de 45 ans. De nombreux problèmes environnementaux actuels sont déjà redoutés par Frank Herbert.

La place des enjeux politiques est centrale. Refusant de perdre la face, Chen Lhu se refuse à divulguer les informations qui pourrait sauver le groupe et même le pays entier. Les choix des Etats se font en totale ignorance des avis des scientifiques, avec une arrogance et une inhumanité terrifiante. Cette situation ressemble hélas à celle de notre monde contemporain.


Un ouvrage de SF curieux et intéressant. Même si le talent d'écrivain d'Herbert n'est encore que balbutiant, c'est une lecture au départ très distrayante - avec un suspense bien mené - qui peu à peu devient plus lourde, plus difficile.
  A mesure que la situation des personnages aggraves, les thèmes traités s'approfondissent et on quitte le divertissement pour entrer dans une réflexion salutaire sur la place de l'Homme face à la Nature.



La lecture de ce livre s'est faite dans le cadre du Défi Frank Herbert, organisée par Anudar. Pour tout renseignements (inscription, règles...) et surtout pour découvrir d'autres critiques sur les ouvrages de cet auteur phare de la SF, je vous invite à visiter cette page.



5 commentaires:

  1. Lu et apprécié !

    Bravo et continue en ce sens ;) ...

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  2. Intéressant, je vais me le procurer celui là!

    Dans la même veine et basé sur le même concept, as-tu lu Abysses? Pas le film, mais bien un livre récent qui n'a rien à voir avec ce dernier... Il est formidable. Et terrifiant car plein de vrai.

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  3. J'ai fait la connaissance de Frank Herbert, si je puis dire, il y a très longtemps, grâce à la lecture d'un livre de philosophie signé Christian Jambet et Guy Lardreau où il est beaucoup question d'ontologie et de révolution. L'oeuvre de Frank Herbert y est judicieusement convoquée et analysée (notamment le cycle de "Dune"). Un ouvrage pas facile à lire, parce que très épais, parce qu'écrit par deux philosophes inspirés par le messianisme chiite, mais un des livres de philosophie les plus originaux que j'aie lus dans ma vie.

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  4. Intéressante cette vision de l'écologie des années 60!

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  5. Gabee : je ne connais pas ce livre, tu as le nom de l'auteur ?

    Liten Blomma : je n'aurai pas le courage de mettre mon nez dans un bouquin de philo mais cela ne me surprend pas que l'oeuvre d'Herbert soit analysée sous cet angle. L'aspect psychanalytique est également très présent, notamment dans ses nouvelles. C'est vraiment un auteur très "complet"

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Marianne