28 octobre 2012

U comme usure


Usure : (de user). Détérioration que produit l'usage, le frottement, etc.
L'usure des chaussures, des roches. 2. Affaiblissement,
amoindrissement des forces, de la santé. Usure nerveuse.


Tout nous use.
Le temps le premier, qui gagne toujours en bout de course.
Les éléments.
La pluie érode, le sable émousse, le vent fatigue. Tout nous use doucement. On perd des particules, de l'énergie. On se flétrie.
Irrémédiablement.





Les autres nous usent.

À essayer de se comprendre, de communiquer même quand on ne parlera jamais la même langue.
Les relations s'usent, se détendent, se délitent. Et même les liens du sang, rouge artificiel parfois sacrificiel, finissent par s'étioler.
Irrémédiablement.





La société nous use. Ses carcans, ses artifices, sa volonté suprême de tout normaliser...
Les mensonges, l’argent usent tout et très vite. Corrompent.

Irrémédiablement.




Aujourd'hui, le calendrier me dit que je gagne un an.
Une marque concrète de l'usure mes artères, de la mort de mes neurones. Chaque année, à l’automne, j'ai l'impression de m'user plus vite.

Irrémédiablement.

Comme les pierres, comme le fer. Comme les feuilles qui se suicident et agonisent sur le pavé. Comme l'écorce qui se fendille. Comme la peinture qui s'écaille et la rouille qui grignote.




Le temps et l'usage se marque dans mon corps. Pourtant, là haut, l'usure n'est que mécanique.
Je garde affûtée ma curiosité. Je garde toujours, sans accroc ni rigidité, mon filet de pécheur pour attraper, pèle-mêle, inspiration, idées nouvelles et rencontres fortuites...




Si les humains s'usent, autant que la terre, parce que la vie passe par là, si les humains meurent, aussi, l'usure est aussi une amie.
Elle nous apprend à lâcher, laisser le poids superflus, se concentrer sur l'essentiel. Apprécier le futile sans en être l'esclave.

L'usure patine, l'usure enjolive et grave l'histoire dans les stries et les bosses. L'usure nous rappelle l’éphémère, le mortel. Et l'immense bonheur d'être là, pour profiter, se faire user, et user aussi...




Alors, quand je croise mon reflet, ou qu'un autre réfléchit celle que je suis, je suis satisfaite de mes usures, de mes failles et de mes fissures. Et je laisse à l'usure son jeu et ses joies, sans trop prendre le temps de m'y plonger vraiment, car la vie n'attend pas.

Tant de choses encore à trouver et à faire, à user !


Ces photos ont été prise à Menton. Vous trouverez d'autres clichés de la série dans l'article P Comme Parenthèse.

Abécédaire est une projet réalisé en collaboration avec Anne (trouveuse de mots magiques) et Virginie

4 commentaires:

  1. Inspirée !!! la photo de toi ! <3

    RépondreSupprimer
  2. Très jolies photos!
    Et j'en profite pour te souhaiter de nouveau un très bon anniversaire!!! ;o)

    RépondreSupprimer
  3. La vie est ainsi faite d'usures et de bonheurs....

    RépondreSupprimer
  4. @Anne : je sais que tu l'aimes bien cette photo :)

    Merci pour vos comm les filles :)

    Chrys : je partage ton avis. Vive les p'tits bonheurs !

    RépondreSupprimer

Merci beaucoup d'avoir laisser un commentaire ici !

Il s'affichera un peu plus tard, après sa validation.

Marianne